Mercy pila devant une voiture dont le chauffeur lui adressa un droit d'honneur. Elle le lui rendit en marmonnant une insanité, repassa d'un geste sec la première. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, résonnait dans son casque. Conduire représentait une vraie épreuve lorsqu'on n'avait pas touché une moto depuis plusieurs mois – et puis, qu'est-ce que tous ces gens foutaient dans la rue à cette heure-là ? Même la supérette en bas de son immeuble lui avait paru bondée le matin même. Peut-être qu'elle avait passé beaucoup trop de temps à dos d’estrys dans les steppes de Per’lysian pour se sentir à son aise au milieu de tous ces gens. Peut-être qu'en réalité elle n’avait jamais été en l’aise sur Terre. Trop présente, et pourtant transparente. Désagréable. Oubliable.
Un crissement de pneu la fit sursauter.
« Pas une flèche, bordel de merde, pas une flèche, marmonna-t-elle entre ses dents. Y en a pas ici, idiote. »
La jeune femme freina brutalement en remarquant un feu rouge, s'attirant un nouveau coup de klaxon. Elle se força à l'ignorer, lâcha son guidon et fit craquer ses doigts. Ses phalanges protestèrent, lui tirant une grimace. Quatre jours. Cela faisait à peine quatre jours qu'elle était revenue dans ce monde, et elle avait déjà perdu son sang-froid, elle avait hurlé, elle avait frappé ce connard qui avait trouvé tout naturel de lui toucher les fesses alors qu'elle se penchait sur sa voiture en panne. Quatre jours, et la colère était revenue, cette colère qui colorait son monde en rouge, qui lui mordait le ventre et lui brûlait la gorge.
D'un mouvement du poignet, Mercy fit gronder son moteur, savoura la vibration qui se communiquait à son corps. La journée touchait à sa fin, le vent frais d’octobre lui fouettait le visage quand elle remontait sa visière, un café brûlant l'attendait après ce carrefour. Elle se crispa sur les poignées de sa bécane. Avant, sentir l’engin ronronner sous elle aurait suffi à lui apporter un peu d'apaisement, alors pourquoi se sentait-elle toujours aussi... inadaptée ?
Elle regarda cette rue, ces immeubles, ce fleuriste sur le bord du trottoir. Elle habitait cette ville depuis trois ans maintenant, alors pourquoi ne pouvait-elle pas la dire sienne ? Elle pourrait enfin mettre son nom sur sa boîte aux lettres, dans le hall de sa résidence. Renseigner ce champ « lieu de vie » dans le répertoire de son téléphone. Savoir que répondre lorsqu’on lui demandait d’où elle venait, sans honte. Mais déjà, quand on portait un prénom tiré d’une télé-réalité américaine, la honte, on ne la connaissait que trop bien.
Elle était née dans une ville de campagne paumée, un trou sans éclat et sans ambition, juste assez grand pour étaler son béton, les HLM de sa cité, les mobil-homes de sa périphérie, ses PMU dégoulinant de jeunes désœuvrés et de saoulards sans d’autre avenir que ces banquettes tâchées et BFM-TV crachotant dans un coin. Ses parents, dans un élan de lucidité, avait tenté de fuir. La capitale, Paris, ses lumières, une idée qui rallumait une lueur d’espoir dans les yeux de sa mère, voilés par les cachetons. Ils avaient atterri dans la banlieue. Encore du béton, des HLM – et même plus de camping, même plus de bars, juste des rues vides et mortes. Elle avait connu une autre banlieue, ensuite, avec du béton tagué cette fois, des recoins sombres, et des insouciances mortes, fracassées. À son tour de fuir. Retour à la ville de campagne paumée, une autre mais toute pareille, retour à ces vies assez petites pour tenir toutes entières dans quelques acronymes. Retour à un autre nulle part.
Elle se souvenait beaucoup trop nettement à son goût du jour où elle avait quitté le domicile familial, après une violente dispute avec son grand frère – encore une. Les cris, les yeux écarquillés de sa petite sœur, l’expression dépassée de sa mère, la rage qui monte, qui faisait trembler sa voix, ses mains, son corps tout entier et jusqu’à ses larmes, qui lui avait fait hurler des horreurs qu’elle ne pensait pas, ou pas tout à fait du moins. Le pire, c’était que son frère, lui, ne perdait jamais le contrôle. Ce n’était pas de la fureur, chez lui, pas vraiment, c’était trop froid, trop maîtrisé, c’était plus proche de la haine. Et ses mots chargés de venin, lui, il les pensait. « Vas-y, salope, va-t’en ! Tu ne nous manqueras pas. » Mercy avait attrapé son sac – un sac pour une semaine, pour aller dormir chez une amie –, avait claqué la porte, puis s’était retrouvé seule, frissonnante dans la nuit, avec ce sac trop léger et ce cœur trop lourd. Son portable avait sonné dans sa poche jusqu’à ce qu’il n’ait plus de batterie. Le lendemain, elle avait rappelé sa mère. Pour la rassurer, d’abord. Puis, plus tard, pour lui dire qu’elle quittait la ville. Elle était allée loin, en stop, en bus, jusqu’à ce qu’il ne lui reste plus qu’un vieux billet de cinq euros en poche. Au début, elle pensait repartir. Elle avait travaillé comme serveuse quelque temps pour acheter sa moto, puis au final elle était restée là, dans cette ville qu’elle ne connaissait pas, à cause d’un étrange présentiment, ou peut-être de la routine qui s’installait. Quand sa mère vint la voir, elle lui annonça qu’elle était embauchée dans un garage. Bien sûr, elle couchait de temps à autre avec le patron, parce que qui choisirait une fille comme apprentie autrement ? Surtout qu’elle n’était pas belle, avec ses épaules trop larges, sa poitrine plate et sa mâchoire rude, pas assez féminine, elle ne servirait à rien pour attirer les clients. Ça ne les empêchait pas de baver, toutefois, puisqu’elle avait un vagin.
Elle n’était jamais revenue chez elle.
La vue du Café Béatrice la tira de ses réflexions. Mercy enjamba sa moto à peine le moteur coupé, se débarra de son casque et secoua la tête, laissant ses cheveux blonds se replacer à leur guise. Elle traversa la route sans précaution, poussa la porte de l’établissement, ferma les yeux pendant une brève seconde. Trop de néons. Quand elle les rouvrit, son regard tomba sur un jeune homme typé asiatique, assis un peu plus loin, qui s'était retourné à son arrivée. Elle resta quelques secondes inerte, tentant de replacer ce qu'elle voyait, puis les émotions déboulèrent si brutalement qu'elle eut juste envie de faire demi-tour. Elle s'avança, cependant. S'assit en face de lui, en heurtant la table de la hanche, sans un mot. Se sentit sourire.
« Je commençais à douter de te croiser ici. Tu m'avais pourtant dit que tu venais tous les jours... avant. »
Mercy le fixa alors qu'il faisait tourner sa tasse entre ses mains. Il se mordillait les lèvres, comme à son habitude. Des cernes soulignaient ses yeux sombres. Il avait l’air trop jeune pour ces yeux-là.
« Qu'est-ce que tu fous là ? attaqua-t-elle.
— Je te cherchais.
— Alors pourquoi tu me regardes comme si je débarquais de la planète Mars ? »
Il releva la tête, croisa son regard, ne le lâcha plus. Elle se laissa aller contre le dossier de la banquette, tentant de cacher son émoi sous une façade revêche. Une petite partie d’elle-même s’attrista de sa facilité à revêtir ce masque – cette armure.
« Je te regarde comme quelqu’un que j’ai croisé en rêve dans un autre monde nommé Mney’Sa, » répondit tranquillement le jeune homme.
Entendre ce nom dans la bouche d’une autre personne la fit frissonner et elle ne put s’empêcher de jeter un œil aux alentours. Personne ne semblait les écouter. Pourquoi le feraient-ils ? Il y avait bien ce vieil homme, au comptoir, qui s’intéressait plus aux autres consommateurs qu’au journal déplié devant lui. Il devait se sentir seul – elle faisait la même chose, dans ces cas-là, elle observait les autres de loin. Sur Mney’Sa, elle n’en avait pas eu besoin.
Elle prit une profonde inspiration, s’agaçant de la sentir trembler quelque part dans sa poitrine.
« Putain, on est tarés ou quoi ?
— Aucune idée, répliqua Shao en haussant les épaules. Ça semblait plus réel que… tout ça, en tous cas. »
Mercy acquiesça, balaya à nouveau du regard la salle presque déserte, carrelée de blanc, où trônait un imposant comptoir aussi orange que les sièges. L’ensemble agressait un peu la rétine, toutefois ils savaient faire du café. Noir et fort, comme elle l'aimait.
« Ne m’en parle pas, grogna-t-elle. Je n’ai jamais autant détesté ce trou paumé.
— Toi non plus tu n’arrives pas à te… réadapter ?
— Bordel, non, absolument pas. J’ai jamais aimé rester en place, la fermer, être sage, et avec le sourire, alors maintenant que je sais ce que ça fait de vivre autrement, je... J’ai déjà cogné un connard qui voulait me peloter, ajouta-t-elle en jetant un regard à ses mains meurtries. Le problème c’est que si ça s’ébruite je vais être virée de mon appart’.
— Pourquoi ?
— Parce que je suis dans un foyer pour jeunes travailleuses et qu’on est pas censé causer de grabuge.»
La jeune femme se saisit de la tasse de son ami, attendit une protestation qui ne vint pas et prit une gorgée de son contenu. Du lait et du sucre. Mauviette.
« J’ai aussi dû expliquer à ma coloc’ et à mon patron, au garage, pourquoi j’étais subitement devenue gauchère... » ajouta-t-elle en lui rendant sa boisson.
Elle jeta un coup d’œil à sa main droite, posée à plat sur la table, et à cette vision vint se superposer dans son esprit celle de la lame qui avait remplacé sa main sur Mney'Sa. Elle l’avait perdue au combat, lors de l’attaque des spectres réveillés par Aar’de. Elle ne pourrait jamais oublier le chaos et la désolation qui avaient régné dans les rues du village après le passage des monstres, et encore moins le sang répandu – et surtout, elle ne pourrait jamais oublier le moment où elle avait compris que c'était une partie d'elle, là, par terre, au milieu de la poussière, l'instant de stupéfaction et d'horreur, avant que la douleur arrive, avant qu'elle ne se plie en deux pour vomir.
« Et malgré tout, la seule chose que je veux, c’est y retourner, reprit-elle.
— Malgré la violence, tu veux dire ?
— La souffrance, plutôt. »
Il prit une gorgée de son café.
« Moi aussi. Mais je ne crois pas que l’on puisse. »
Mercy acquiesça sans un mot. De longues minutes s’écoulèrent. Ils ne parlaient pas, elle fixait la table en fornica, en comptait les rayures. Elle releva la tête, fixa un point un peu au-dessus de l’épaule de son ami. Elle devinait son reflet dans le paravent en plastique qui les séparait de la table voisine – celui d’une grande fille blanche aux traits forts et aux yeux fauves. Le silence s’éternisait. Pourtant, pour la première fois depuis son retour, elle se sentait à sa place, presque heureuse.
La souffrance, sur Terre, n’était peut-être pas physique, mais cela ne la rendait que plus insupportable.
« Tu as des nouvelles des autres ? demanda-t-il finalement.
— Non. Mais je crois savoir où trouver Loanne. »
Cette pensée l’avait aidée à traverser ces derniers jours.
« Vraiment ?
— Hum. Elle m’avait décrit une statue du parc sur lequel donnait sa maison, un soir, et elle avait aussi précisé que c’était celle avec la porte bleue. Je ne sais pas pourquoi elle me racontait ça, ni pourquoi je m’en suis souvenue. J’ai pas une bonne mémoire, en plus. Mais… bah, c’est resté, et je l’ai retrouvée avec Internet. »
Elle se remémorait ces quelques minutes penchée sur l’ordi de son patron, au garage – il n’y avait plus d’Internet dans sa résidence depuis quelques jours et le propriétaire rechignait à régler le problème –, les yeux si écarquillés que la lumière crue de l’écran la faisait ciller. Quelques clics, l’image satellite qui s’affichait lentement, son cœur qui s’emballait.
« Tu es sûre ?
— Non, avoua-t-elle en haussant les épaules. Au pire, quoi, on frappe à la mauvaise porte, on s’excuse et on a perdu la journée, c’est tout, hein ? On a vécu pire, il me semble.
— C’est où ?
— À une trentaine de kilomètres d’ici.
— On pourrait prendre ma voiture.
— Comme j'imagine que l'idée de monter à l'arrière de ma moto ne t'enchante pas... Ça me va. »
Ils se donnèrent rendez-vous pour samedi, dans deux jours, dans une éternité.
« C’est drôle quand même que nous habitions si proches les uns des autres. »
Elle haussa les épaules.
« Peut-être qu’il y a quelque chose de spécial à propos de cette vallée, poursuivit Shao sans se décourager. Peut-être que la toile entre les mondes était plus fine ici. »
Elle renifla, amusée.
« Tu lis trop de romans. On est pas à Brocéliande ici, mais dans le trou du cul du monde.
— Peut-être. Mais peut-être que j’ai raison, qu’il existe vraiment quelque chose qu’on pourrait trouver, qu’on pourrait activer ? Je n’arrête pas d’y penser. Ce serait… je ne sais pas, quelque chose d’enterré, peut-être, ou dans l’air, ou… ?
— La seule chose qui stagne au fond de cette cuvette, c’est la pollution et la connerie.
— Je t’ai connue moins défaitiste. »
Il y avait une nuance de reproche dans sa voix. Elle secoua la tête, se laissa aller au fond de son siège, croisant ses bras musclés sur sa poitrine.
« Tu ne m’as jamais connue sur Terre, c’est pour ça. »
Il ne répondit pas.
« Tu n’as pas envie d’y retourner ? s’enquit-il au bout de quelques minutes, avec une hésitation qu’elle ne lui connaissait pas non plus.
— Si, bien sûr, mais j’ai pas envie de rester plantée là à attendre qu’un portail daigne s’ouvrir. J’en ai ma claque de courir après des chimères.
— Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ?
— On peut prendre notre vie en main. On peut dire « ras le bol », claquer la porte et ne plus revenir en arrière. Oublier le passé. Je pense partir d’ici, ajouta-t-elle après une courte pause. Aller dans le Sud.
— Tu veux nous oublier ? »
Elle se força à relever les yeux, à rencontrer les siens. Shao finit par détourner le regard, son attention attirée par l’horloge sur le mur qui lui faisait face.
« Il faut que j’y aille. On se voit samedi, hein ?
— Oui. »
Alors qui enfilait son manteau, Mercy garda la tête baissée, hésitant à reprendre la parole, s’excuser, ajouter quelque chose, n’importe quoi, pour ne pas finir avec cette impression d’inachevé… Elle prit son courage à deux mains, releva la tête. Il était déjà parti. Elle resta encore quelques minutes sur la banquette, les mains serrées autour de sa tasse de café à lui, vide bien sûr, avant de se lever à contre-cœur.
Ce fut sur le retour, alors qu’elle échafaudait déjà des plans pour remplir le vide de sa soirée, qu’il apparut.
Le portail.
Elle emboutit la pédale de frein et faillit perdre le contrôle de sa bécane. Elle posa un pied à terre pour la stabiliser, les yeux écarquillés, le souffle court. Décidément, cet arbre devant elle n’appartenait pas à ce monde-là. Qu’est-ce qu’un arbre foutrait en plein milieu du macadam, d’ailleurs ? Et puis il était bien trop rose. Et cette bestiole avait bien trop d’yeux. La jeune femme mit quelques secondes de plus à assimiler l’aberration devant elle, et quelques secondes de plus à distinguer la ligne floue qui délimitait le portail, comme le contour mal dessiné d’une fenêtre sur un autre monde, où apparemment la génétique des animaux s’était inspirée de celle des araignées terrestres et où la végétation affichait une couleur barbapapa écœurante.
C’était comme celui qui l’avait amenée sur Mney’Sa. Oui, contrairement aux autres, elle ne dormait pas, non, elle était dehors, assise sur un banc au milieu d’une rue terne, une cigarette entre les lèvres. Elle s’était avancée jusqu’au portail, l’avait contemplé quelques secondes. Puis elle avait fait encore un pas en avant.
Voilà pourquoi elle n’en avait jamais parlé – il fallait être taré pour quitter son monde sans autre forme de cérémonie. Ou vide.
Ce pas, depuis son retour sur Terre, Mercy l’avait effectué chaque nuit, dans ses songes. Et la colère revenait quand elle rouvrait les yeux sur les traces d’humidité qui gangrenaient son plafond. Pourquoi moi, pourquoi m’avoir renvoyée sur Terre, pourquoi, pourquoi, pourquoi.
Mais aujourd’hui elle ne rêvait pas, pas cette fois.
« Bordel, » laissa-t-elle échapper en relevant la visière de son casque.
Elle hésita. Elle l’avait déjà fait. Pouvait-elle le refaire ? Un pas. Rien qu’un pas. Elle abandonnerait sa moto là, sur cette route de forêt, et…
Elle ne bougea pas, fixant l’apparition jusqu’à ce que celle-ci perde de sa consistance et finisse par s’évanouir totalement, la laissant seule au milieu d’une route de forêt déserte. Seul le phare de sa moto trouait l’obscurité. Lentement, Mercy reprit ses esprits, reposa ses mains sur le guidon et redémarra. L’arbre rose dansait encore devant ses yeux, et ce n’était pas grave si la vision n’avait duré que quelques minutes – ce portail avait existé, elle l’avait vu, cela seul importait. D’ailleurs, il ne menait pas à Mney’Sa, elle le savait confusément ; pourtant elle sentit l’espoir poindre au creux de sa poitrine, petite flamme tremblotante.
Peut-être qu’elle parviendrait à se trouver un chez elle, après tout.
En attendant, « chez elle », c’était cet immeuble au crépi grisâtre dont Mercy franchit le seuil en retenant une grimace. Putain, ça sentait toujours autant la pisse ici. Avant, devoir taper le digicode l’agaçait prodigieusement, surtout que le syndic’ s’entêtait à le changer tous les mois et qu’invariablement elle ratait le mémo, se retrouvait à la porte aux heures les plus improbables – le comble étant quand même ce jour où ses règles étaient arrivées en avance – et devait attendre que quelqu’un lui ouvre en fumant rageusement, le cul sur les marches gelées du perron.
Maintenant, la porte était cassée, et il y avait les odeurs âcres de pisse, les bouteilles vides, le junkie qui avait élu domicile dans la cage d’escalier et qui lui foutait la trouille un matin sur deux. Elle en serait presque venue à regretter le digicode.
« Jamais contente, ma pauvre fille. »
Les jappements de l’abominable peluche de Madame Blaire l’accueillirent quand elle poussa la porte de son étage, cependant la bestiole restait à bonne distance depuis que Mercy avait testé son aérodynamisme à grands coups de rangers après s’être fait mordre les mollets une fois de trop – c’était son jean préféré, merde, elle en avait sa claque des petites traces de crocs dans toutes ses fringues.
Elle claqua la porte derrière elle, abandonna blouson et casque de moto sur un meuble à l’utilité non-identifiée qui, étant vissé au mur, encombrait le couloir depuis son emménagement, alla droit à sa chambre et se laissa tomber en travers de son lit. Le silence qui régnait dans l’appartement l’assourdissait. Elle aurait préféré que sa colocataire soit là – même si elles n’étaient pas vraiment amies, elles étaient heureuses de combler leur solitude l’une avec l’autre.
Elle pensa à Shao, à Loanne, à Amare, à tous les autres rencontrés dans ce rêve éveillé.
« Samedi… »
Les taches d’humidité du plafond se brouillèrent devant ses yeux alors que ses larmes débordaient.
Eh ben ça commence fort, avec le doigt d'honneur xD Paie ton contraste en effet avec Per’lysian - que je ne connais pas, mais dont on devine en creux les agréments x) J'aime bien cette approche pour faire sentir le retour un peu brusque au monde habituel.
J'aime beaucoup le ton de ce chapitre. Là où la lassitude était la teinte dominante chez Shao, on sent ici beaucoup de colère, une révolte qui bouillonne à l'intérieur de Mercy, et un intéressant contraste entre le fait qu'elle se sente "trop là" et pourtant transparente. Un peu hors du monde tout en étant pleine de celui-ci, agressée et agressive.
Le dialogue est top et super tableau des fureurs de la ville, j'étais vraiment dedans et rageais avec Mercy xD Et si je comprends bien, les personnages vont se retrouver au fil des chapitres en passant aux points de vue de l'un à l'autre, l'idée fonctionne bien.
A bientôt !
La colère, c'est une des émotions que je préfère écrire :P Donc content de voir que ça passe bien ici, et que le ton change suffisamment d'un point de vue à l'autre ! Et oui du coup, au chapitre suivant on bascule sur l'autre fille, Loanne, et ainsi de suite ^^
"agressée et agressive" -> j'aime beaucoup :P
Trop cool ! Je ne m'attendais pas à une petite histoire continue entre les différents perso, je pensais que tu allais traiter le retour de chaque "héros" indépendamment les uns les autres, c'est une heureuse surprise ! Hâte de rencontrer les autres et de savoir s'ils vont réussir à retourner "chez eux" ou au moins à se réaclimater au "vrai" monde, ou si tout va finir en dépression collective ^^ Bref, à très vite pour la suite
Je ne te dirais rien quant à la fin, sache juste que j'ai un petit penchant pour les scènes de dépression collective héhé
Ce chapitre envoie ! Rien que par la narration de Ndeye, le rythme est dynamique, piquant, drôle et percutant. On lit d'une traite, sans trébucher, sans ralentir. On y va à tout allure, tout comme l'héroïne qui, malgré son côté hostile et tranchant, est drôlement attachante. Tu présentes ici une autre conséquence du retour du monde normal : celui de se sentir mal dans sa peau et de ne pas se sentir à sa place dans le monde dans lequel on appartient. On s'identifie facilement à ce problème, car qui n'a jamais été mécontent de sa vie ? Du coup, je comprends très bien pourquoi Ndeye tenait tant à être dans l'autre dimension et qu'est-ce qu'elle signifiait pour elle. C'était moins clair dans le chapitre précédent avec Shao, je trouve. On voit aussi ici que la dimension surnaturelle a déteint sur Ndeye. Elle ressent maintenant plus de rage et la canalise à coups de poings. Franchement, j'ai adoré connaître ce personnage flamboyant !
J'ai trouvé intéressant que Shao et Ndeye se retrouvent, on sent à quel point ils se sentent à côté de la plaque au point de se demander s'ils ne sont pas fous.
L'apparition du portail me donne de l'espoir : peut-être que les héros pourront y retourner et peut-être qu'on aura même droit à y guigner aussi, en tant que lecteurs ?:)
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Remarques :
pour jeunes travailleuses et qu’on est pas censé causer de grabuge.» → pas sûre, mais ici je pense que je mettrais « censés » ou « censées »
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à plus !
Jowie
Contente de te retrouver par ici !
Je suis ravie de lire que ce chapitre passe bien, j'ai pris du plaisir à écrire du point de vue de Ndeye :P (Et j'ai essayé de rendre au mieux les changements de point de vue à travers la narration, ça ma rassure que ça se voit / que ça plaise !) Ravie aussi que tu la trouves attachante, j'avais peur que son mauvais caractère rebute un peu le lecteur...
Tu es la première à me faire la réflexion, je crois, quant aux raisons pour Shao de retourner sur Mney'Sa... En plus, j'ai des réponses à cette question-là (pour une fois lol), je me note de plus les développer / de les rendre plus explicites alors ! (Du coup, je te les explique ici : déjà, il y a son compagnon, Aki ; ensuite, sa vie sur Terre n'est pas palpitante, il est plutôt seul, ses parents sont froids, rien ne le passionne vraiment ; et enfin, il a toujours lu beaucoup de fantasy, il rêvait d'aventure, donc en vivre une... Et il est... um... vaniteux, on va dire (même si c'est pas vraiment le terme juste), or sur Mney'Sa, grâce à l'Etincelle, il avait un pouvoir, il était quelqu'un. Sur Terre, il n'est plus rien.)
Ah, non désolée, on ne connaîtra pas beaucoup plus Mney'Sa... Tu me diras à la fin si ça t'a dérangée ou pas, je verrais si je peux pas rajouter un pitit épilogue :P
(Pour la remarque, normalement on est pas censé (haha) accorder le participe passé avec "on" (puisque c'est du singulier neutre), mais les deux sont tolérés je crois)
Au plaisir de te revoir par ici !!
C’est sympa de reformer le groupe. Je me demandais si c’était normal qu’ils habitent tous presque au même endroit. J’imagine que tu nous expliqueras ça plus tard…
Je n’ai pas compris le coup du portail, je ne comprends pas pourquoi tu appelles ça un portail, alors qu’après tu dis que c’est un arbre… ca a sûrement un rapport avec la façon dont ils sont arrivés dans l’autre monde, mais comme on ne le sait pas, ça surprend un peu.
Pas mal de petites coquilles :
Peut-être qu'elle ne l'avait jamais été : pas très clair pour moi. Jamais été à l’aise, c’est ça que tu veux dire ?
La jeune femme emboutit à nouveau sa pédale de frein: le verbe me parait un peu fort. Ecrasa ?
Les cris, les yeux écarquillés de sa petite sœur, le petit sourire suffisant : repet. Tu peux enlever le second, je pense.
chez cette femme : c’est étrange de dire « cette femme » pour sa mère. un peu too much peut être ?
paraissait vouloir imiter : un peu lourd ces trois verbes à la suite
Et puis ils parlèrent et les minutes n’importèrent plus : je ne trouve pas cette phrase très naturelle.
Elle emboutit la pédale de frein : tournure à varier ?
finisse pas s’évanouir totalement : par
l’abominable peluche : lol
sur une meuble : un
inidentifiée : n’existe pas… non identifiée ?
Je le ferais demain, S : ferai
pour que les gens se rappellent d’elle, lui sourissent : lui sourient (subj présent)
Et, euh, non, pas d'explication de prévue XD De temps en temps, une p'tite facilité scénaristique, ça fait pas de mal, si ?
Je vais préciser cette histoire de portail alors ! Pour moi, il s'est ouvert un sorte de fenêtre sur un autre monde, du coup elle voit l'arbre à travers, et si elle s'en rapprochait, elle basculerait dans cet autre monde...
- Oui, je voulais dire "jamais été à l'aise" - j'étais pas très satisfaite de cette phrase, mais je ne voyais pas comment la tourner autrement... je vais chercher :P
- Haha, oui, en effet, pov' pédale de frein, deux fois emboutie XD Tu as l'oeil dis donc !
- Je me demandais justement si le "cette femme" était too much ou pas... j'ai ma réponse lol
Pour le reste des coquillettes, je vais corriger ça !
Merci de ton commentaire, tes remarques m'aident beaucoup !!
D'un côté, cela me rappelle un peu les livres axés sur des soldats que j'ai lu. Le retour à la vie "normale" après la guerre. C'est très plaisant à lire. Mais c'est carrément une Rambo là! "On va y retourner... Et pour gagner cette fois!"
"Du lait et du sucre. Mauviette" J'aurais dit "Fragile" maaaaais j'aime pas le café donc je peux rien dire.
Malgré l'envie de faire des blagues nulles sur les arbres (et non les traditionnels éléphants) roses. Ou sur Ndeye parce que j'ai parfois l'humour assez débile en ce qui concerne les noms... C'est cool!
A voir quand ils vont commencer à péter des phalanges et des machoires. Parce que je ne connais pas encore suffisamment le caractère des personnages pour m'attacher à leurs épanchements affectifs.
Oui, c'est vrai que ça fait vraiment ça, j'y avais pas vraiment pensé ! Dans tous les cas, j'ai toujours envie d'avoir "l'après" quand je lis un bouquin / regarde un film où des gens "normaux" se retrouvent confrontés à des choses anormales, parce que je commence à trouver que c'est limite plus intéressant que l'intrigue de base :P Et oui Ndeye est une warrior mdr
Bah en fait le premier adjectif qui m'est venu en tête état "femmelette", mais c'est légèrement sexiste (en plus de pouvoir avoir des consonnances homophobes dans le contexte), et je trouve que "fragile" avait un peu le même effet (genre, masculinité toxique, et tout...) Et j'aime pas le café non plus, ceci dit !
Bah j'ai voulu y aller cash avec l'arbre, histoire qu'on comprenne bien qu'il est pas terrestre ! Et... c'est quoi la blague sur son prénom ? Je suis curieuse ^^
Je crains de te décevoir, y a pas beaucoup d'action :( Surtout que les chapitres suivants sont sur des personnages plus "calmes" que Ndeye, surtout dans le cas de Loanne (troisième chapitre)... Tu me diras ce que tu en auras pensé, au final ?