Métamorphose

Elle cherche du regard, mais quoi ?Nous nous sommes déjà rencontrés.Moi ?Dans cette taverne malfamée.Pourquoi ?Nous avons de suite ressenti de l'attirance.Que puis-je lui offrir ?Malgré notre différence.Elle sait pourtant ô combien je suis dangereux...Elle a bu du vin, je l’ai regardé. Elle m'a confié sa solitude et sa peine. Son mari et ses amantes, la violence de ses coups, le déshonneur qui la hante, son désir de liberté.Elle sait ma vraie nature. Alors qu'elle devrait trembler, elle est fascinée.Elle a attendu que je me livre, son regard jade dans le mien.Est-elle revenue pour l'éternité ?Je ne sais pourquoi je me suis senti hypnotisé. Tant de grâce et d'innocence m'ont rappelé mes années envolées.J’ai tué devant elle. Elle ne devait pas être là. Elle m’a regardé sans peur, ni dégoût. Curieuse. Moi, j’ai ressenti de la culpabilité. J’ai eu l’impression d’avoir détruit sa candeur. Mais pourquoi est-elle revenue ?Je l'ai quitté, sans connaître son prénom, ni elle le mien. Nous sommes restés des étrangers, c’était d'une magnifique pureté.J'ai été pris d'une faim démesurée. J'ai cherché ma victime sans prêter attention au reste. Elle a vu ce qui sommeil en moi. Pris en flagrant délit, j'ai lâché ma victime, tétanisé. Sans un mot, elle s'est avancée, a enjambé le cadavre et s'est blottie dans mes bras.Je crois que je suis tombée sous le charme à ce moment. Ses yeux humides, ses bras solidement liés autour de ma taille. Le désir a consumé mon corps.

Comment aurais-je pu ? Transformer cet ange en une bête assoiffée de sang ! J’ai refusé. Elle a insisté. Elle a prétendu que je serai son guide, mais pour l'emmener où ? Qu'ai-je fais pour mériter tant d'amour ?Je suis parti en m'arrachant de son étreinte. Tout mon être a réclamé le contraire. Plusieurs soirs de suite, elle est revenue. Je ne sais si elle a cherché à me revoir ou à se tuer. J'ai tenu bon jusqu'à maintenant, mais ce soir, je ne peux plus l'ignorer, je la veux. Je suis sortie de l'ombre et je l'ai invité à me suivre jusqu'à mon antre.

Nous en sommes là. Je lui tourne le dos et cherche une réponse dans les constellations. Je ne suis plus très sûr de moi à présent, même si l’odeur de son sang est une torture. Je le sens qui cours dans son corps.Elle me fixe, debout sans un mot. Je l'observe dans le reflet de la vitre. Elle est bien plus chimérique qu'à notre première rencontre. Elle détache ses cheveux de jais qui coulent jusqu'à ses hanches. Sa mise à nue débute. Ses gants glissent le long de ses doigts et dévoilent des poignets d'albâtre avant de terminer leurs courses sur le sol. Mon aimé me tourne le dos et délasse avec prudence son corset. Sa tête de trois quart tournée vers moi, repose sur son épaule. J'admire ses yeux demi-clos, la sensualité de sa bouche charnue à peine fermée. Je me perds dans ma contemplation. Elle est douce et précise dans chacun de ses gestes.Seulement vêtue de son collier de rubis, je l'arrête. Je la veux ainsi. Elle tremble, peut-être de froid, peut-être de peur. Elle en devient que plus appétissante. Je m'approche, sans doute un peu carnassier.

Son corps réagit à mes caresses. Elle devient mienne et s'offre sans retenu. J'en deviens fou de la tenir contre moi. L'orgasme monte et je saisis l'occasion pour planter mes crocs dans sa nuque. Le sang jaillit dans ma bouche, lui arrachant un cri de plaisir et de douleur. Que c'est sucré ! Elle s'agrippe tremblante, ses mains plongées dans ma chevelure. Son corps se tord contre le mien puis se relâche.La mort plane autour de ma créature, je ne la laisse pas partir. Mon sang se mêle au sien et réanime son corps. Elle rouvre les yeux. Leur couleur a pris une teinte absinthe, sa peau devenue presque transparente dévoile une bouche sanguine. Je la maintiens dans ses bras, nos corps encore enlacés. Son âme m'appartient.

L'éternité s'offre à nous. Belle et immortelle, je souhaite à Clarisse la bienvenue dans le monde des ombres.