Il lui serrait la main et ce contact qui s'éternisait ne lui plaisait pas. Sa main était prisonnière de cet homme qui profitait de ce moment pour imposer sa domination physique. Elle ressentait de plus en plus la moiteur de sa paume dont la peau lui faisait maintenant horreur. Elle ne savait comment s'échapper de cette contrainte. Ses doigts remuèrent doucement de façon à envelopper encore davantage sa main. Son pouce caressa le dos de sa main en demi-cercles vicieux, puis il impulsa une lente rotation qui meurtrit son poignet. Soudain, il pressa si fort qu'elle ne pût retenir un léger cri, ce qui eut l'effet de l'encourager à persévérer. Une tension sur son bras lui fit comprendre que son corps entier se rapprochait dangereusement du sien. Ils se faisaient face et elle ne savait où poser son regard. Elle tenta un pas en arrière, mais son avant-bras puissant la retint et vint se coller contre sa poitrine. Lentement, sa main enserrée dans la sienne descendit contre son ventre. La libérant alors, il conclut : « Pas besoin de garantie, vous n'aurez qu'à passer à l'agence signer le bail ». S'ensuivirent aussitôt des geignements provenant du sol, où un corps gisait en position fœtale. Toute l'énergie comprimée par tant de pressurages lui avait donné une force animale pour le frapper en retour à l'entre-jambes. Toute tremblante, son genou ne lui avait pourtant pas fait défaut.
Moralité : Nulle leçon morale n'arrête le pervers mieux qu'un rappel à sa fragile anatomie.
Au début, j'ai pensé qu'il y allait avoir plus que cette poignée de main, mais ta description suffit à imaginer ce qui aurait pu se passer si elle n'avait pas réagi.
Dans ta description, on dirait que tu mets toute une vie. Cette poignée de main semble durer des heures... C'est très bien écrit.
J'aime bien la chute de l'histoire.
La chute est très bien amenée, et franchement, en tant que lectrice, j'ai cru que la personne au sol était la jeune fille (ce qui m'a profondément révoltée). Quel ne fut pas mon soulagement en lisant la morale de ce récit !