Il y avait un mur large haut solide invisible
Un mur qui palpitait comme une blessure
Un mur plus fort que les pierres, les briques, le béton et l’amour.
Il n’y avait qu’un mur mais ils étaient des milliers, entassés. Ils croupissaient, affamés. Ils mourraient. En noir et blanc. Et des gouttes de rouge partout qui suintaient sur les corps blêmes. Des barres sur les ventres, des chiffres sur les bras, des milliers, des milliers, des milliers de regards sans étincelles. Des cendres comme sol, la vie comme fin. Des cris plus de voix plus rien et toute l’horreur. La faim, la soif, la terreur. Des points rouges sur les visages et sur les cœurs. Des poings rouges de sang invisible. Et autour, des dates, des mots, un résumé. Une photographie en noir et blanc. Et leurs yeux comme des larmes et des lames qui arrachent et déchirent, montrant la béance de l’impuissance.
La mort n’est comprise que lorsqu’elle vous étrangle avec ses deux mains noires de suie, blanches de cendres, brunes de sang séché, pleine de souffrance passée et future. Cette réalité impalpable fissure le temps. Un instant pour sentir la légèreté d’un estomac vide et la question dans le regard d’un enfant. Pourquoi l’agonie ?
A travers le temps, une espèce de douleur transparente comme des milliers de bulles qui éclatent dans la cage thoracique.
Je suis heureuse de pouvoir transmettre ça !
C'est vrai qu'il est difficile de dire les choses mauvaises (ou douloureuses) sans tenter de enjoliver, les adoucir...
E.
La confrontation avec une image qui d'un coup t'a secoué au plus profond?
J'aime beaucoup le paragraphe central, il est très fort dans sa description anonyme d'une mort aveugle et vorace.
Bravo !
Merci pour tous ces commentaires, ça réchauffe le coeur !
E.
Beaucoup d'infos sortent maintenant sur toutes les colonisations, les génocides, les asservissements... Plus j'en apprends, plus la tête tourne dans ce tourbillon d'horreurs.
Je trouve beau que des gens comme toi mettent ça en mot et en émotions.
C'est le seul moyen sincère que j'ai pour m'exprimer alors je m'y accroche !
Tu penses que le rôle de l'artiste c'est de réconcilier? Ou peut-il être agressif, choquant?