Lorsqu’il arriva sur le parvis de Notre-Dame d’Amiens, Matthieu sentit un frisson parcourir son échine comme un avertissement. Il remonta machinalement le col de sa veste afin de se protéger du vent froid de cette fin du mois d’octobre mais rien n’y faisait.
Il se dissimula dans un coin de la place pour observer les alentours, tirant nerveusement sur sa cigarette. L’endroit était désert. La cathédrale le dominait de toute sa hauteur d’une pâleur inquiétante, reflet de la pleine lune qui illuminait cette nuit sans nuages.
« Bon, quand faut y aller, faut y aller » murmura-il en écrasant son mégot de la pointe de sa chaussure.
Après avoir vérifié que la voie était libre, il se dirigea d’un pas pressé vers la porte de la Vierge Dorée. Comme prévu, celle-ci n’était pas verrouillée. Il la poussa doucement afin de faire le moins de bruit possible. Hélas, malgré ses efforts, la porte en bois émit un faible grincement qui retentit de manière sinistre dans l’ensemble de la bâtisse.
Pour la discrétion, on repassera. Bon, de toute façon, ce n’est pas comme si j’étais attendu mais quand même.
A pas feutrés, il gagna la croisée du Transept. Le clair de lune éclairait l’intérieur du bâtiment à travers les vitraux, projetant au sol l’ombre du pentagramme présent au centre de la rosace. C’est quand même bizarre, qui met un pentagramme inversé dans une église ? C’est pas très catholique tout ça. Ah,ah,ah faudra que je la ressorte celle-là.
Matthieu avait bien étudié le plan avant de venir et avait fait du repérage lors des heures d’ouverture du monument La tombe qui l’intéressait se situait derrière le chœur juste en face du célèbre Ange pleureur. Il n’avait jamais aimé cette statue d’ange rondouillard accoudé sur un crâne et ne comprenait pas l’engouement qu’elle provoquait. Elle le mettait mal à l’aise pour une raison qu’il ignorait.
Le moindre bruit était amplifié par la réverbération étrange qu’offrait les lieux. Matthieu eut plusieurs fois l’impression d’entendre des bruits de pas. Pas des bruits de chaussures, non, comme si on marchait pieds nus sur le carrelage. Non, mais tu débloques mon vieux. Sa nervosité augmentait au fur et à mesure qu’il s’enfonçait dans les entrailles de la bâtisse. C’est ton imagination c’est tout.
Des ombres se dessinaient le long des murs. Les statues projetaient au sol des formes aux contours biscornus. Franchement, j’en ai déjà eu des idées à la con mais celle-là c’est le pompon. Essuyant la sueur qui perlait sur son front avec la manche de son manteau, Matthieu continua sa progression. Qu’est-ce qu’il m’a pris de fanfaronner comme ça auprès des potes ? Putain, je m’entends encore « Hé les mecs, il y a une statue qui ressemble à Cthulhu dans la Cathédrale... ».
Tout en gambergeant, Matthieu continua son périple et arriva enfin derrière le chœur. Et Denis qui me laisse tomber au dernier moment. Soi-disant que Monsieur a rendez-vous avec une meuf... et rôliste en plus. Sérieux, il me prend pour une bille. Une meuf rôliste c’est aussi rare qu’une carte foil. Il a eu les foies, ouais.
Levant la tête, il vit l’Ange pleureur. Matthieu lui fit un coucou de la main et murmura « Salut, le joufflu ».
S’approchant de la tombe, il sortit son portable de sa poche pour l’inspecter plus précisément. Il n’avait jamais pu faire cela en journée. Il aurait éveillé les soupçons, personne ne se mettait à quatre pattes pour examiner une tombe sous toutes ses coutures. Matthieu retrouva rapidement la petite statue «d’homme » sculpté sur le côté droit de la tombe.
Examinant avec minutie, cette fameuse barbe, il entrevit dessus ce qui ressemblait à des petites aspérités comme des creux. La régularité de celles-ci laissait deviner qu’il ne s’agissait pas de l’œuvre du temps mais du sculpteur.
Passant son doigt dessus, Matthieu sentit les petits creux...tels des ventouses. Je le savais, c’est bien des tentacules pas une barbe. Il doit y avoir d’autres indices quelque part.
Continuant son inspection, Matthieu s’immobilisa soudainement. Les bruits de pas avaient repris plus proches cette fois. Arrête de flipper, grande andouille. Il essaya tant bien que mal de se concentrer sur son objectif mais un nouveau frisson parcourut sa nuque et cela n’était pas dû à la fraîcheur du vent d’Octobre. T’es seul ici. Sinon t’aurai entendu le bruit d’une des portes. Leurs grincements réveilleraient un mort. Il avait la désagréable impression d’être observé, que l’on jouait avec lui. Et si on était rentré avant moi. Il se redressa subitement pour étudier les environs à l’aide de la lampe de son portable.
Rien.
Revenant sur ses pas, il se retrouva derrière le chœur, devant le tombeau du chanoine Lucas. Un sentiment de malaise le gagna. Levant la tête vers les statues qui surplombaient celle-ci, son sang se glaça dans ses veines lorsqu’il constata que l’ange n’était plus en train de pleurer les orphelins, accoudé sur son crâne. Je suis en train de rêver, ce n’est pas possible. Pourtant, ses yeux ne le trompaient pas. L’ange avait disparu. Volatilisé. On me fait une blague. Derrière lui, un bruit de pas martela le sol. Je n’aurais pas dû en parler à Denis. La sueur de Matthieu coula le long de sa colonne vertébrale. Je suis sûr que c’est lui qui s’amuse. Il était tétanisé, il n’osait se retourner. Un rendez- vous avec une rôliste, il m’a bien eu ce baltringue.
Un rire cristallin brisa le silence et se propagea dans toute la cathédrale. Putain, c’était quoi ça. Matthieu sursauta, il sentit quelque chose se faufiler entre ses jambes. C’est un animal, juste un animal. Un chat. Un rat. Son cœur tambourinait de plus en plus dans sa poitrine. Il se redressa et se figea quand il vit que l’ange avait repris sa place. J’ai rêvé, voilà. Le stress. Les bruits. Comme s’il pouvait bouger ce stupide ange joufflu. En braquant sa lampe sur le visage de l’ange, Matthieu constata avec effroi que celui-ci pleurait des larmes de sang. Sérieux, comment il a fait ça Denis. Celles- ci avaient coulé le long de ses joues et gouttaient sur son genou.
S’approchant avec prudence, il tendit une main tremblante vers la jambe de la statue. A peine eut-il effleuré celle-ci que l’ange ouvrit les paupières révélant des yeux totalement noirs comme injectés d’encre. Il n’eut pas le temps de hurler que l’angelot se jeta à sa gorge, montrant ses crocs sous ses lèvres de pierre.
Matthieu sentit la chaleur de son sang couler le long de son cou contrastant avec le froid glacial des lèvres de son agresseur. S’écroulant au sol, il ne cessait de se dire : C’est impossible, je fais un cauchemar. Les yeux exorbités, se vidant tel un cochon, il contempla le petit ange repu regagner sa place. Celui-ci adressa à Matthieu un petit coucou de la main et de nouveau un rire cristallin éclata dans les entrailles de la bâtisse.
Le corps de Mathieu fut retrouvé à l’aube par l’agent de sécurité. Nul n’arriva à expliquer les circonstances de sa mort ni pourquoi l’ange pleureur avait la bouche maculée du sang de la victime.
Chouette histoire qui fait peur. Je pense qu’il faudrait insister au début sur l’ambiance sinistre et inquiétante de l’église, peut-être préciser les motivations de Matthieu pour s’y rendre.
La première pensée de Matthieu est rapportée avec des guillemets et le reste en italique. Peut-être tout mettre en italique non ?
« Il sortit son portable de sa poche pour l’inspecter plus précisément ». Le pronom « l’ » est ambigu, il pourrait faire référence au portable bien que ça doit être la tombe, avec la la commande lampe de poche du téléphone. Il faut revoir cette phrase à mon avis.
Dernier paragraphe : Matthieu n’a plus qu’un -t.
Voilà pour mes petites remarques ! La fin est top.
Bien à toi
J'ai bien la fin, je me demande dans quel but le personnage est venu dans cette église/cathédrale, et aussi : L'ange a-t-il déjà fait d'autres victimes ?
En tout cas, super histoire et c'était une très bonne lecture !
Elle vous glace le sang.
Brrr... La fin est...
Sinon, l'ambiance est bien décrire. J'aime beaucoup les pensées de ton protagoniste, ça contraste bien avec l'atmosphère. Et ça augmente l'effet de surprise et le choc avec la fin sanglante et le petit coucou, narquois, de l'ange.
Deux petites coquilles ont survécut (contrairement au protagoniste -;) :
- "pleurerles" ==> espace manquant
- "comme il a fait" ==> comment
Bonne continuation
Première chose, je me demande pourquoi la porte est resté ouverte ^^. Après est-ce que l'ange l'attaque parce qu'il a déclenché quelque chose en touchant à la statue à la barbe à tentacule ?
C'est effrayant et on se demande pourquoi la statue se réveille à cet instant.
J'ai l'impression d'un pari idiot qui finit très mal.
Mais qu'elle est flippante cette nouvelle !
J'ai bien aimé aussi les intrusions de pensées de Matthieu qui m'ont beaucoup fait rire et qui contrastent avec l'ambiance générale, cela le rend très humain, très loin des enquêteurs stoïques ou expérimentés de beaucoup d'histoires ^^
Moi aussi ce texte m'a beaucoup fait pensé aux anges de Docteur Who, haha ! ♥♥
L'ambiance d'horreur est très ben retranscrite dans les derniers paragraphes, on sent bien la tension monter, ça fonctionne bien, bravo pour ce texte ! : )
C'est ambiance bien sympathique que tu nous as posé là !
J'ai passé un bon moment de lecture en compagnie de Mathieu, un meilleur que lui vraisemblablement ! J'ai beaucoup les petits trais d'humour qu'il se fait à lui-même, ça permet d'assez rapidement se dresser un petit portrait du personnage. Cela fonctionne très bien.
La fin est aussi chouette que sanglante. L'échange de coucou de la main était une excellente idée. Ca rajoute au macabre comme il faut !
A bientôt :)
C'est bien mené et bien écrit, bravo !
Il y a des soucis de mise en page, ainsi que quelques coquilles de ponctuation et autres. Ça vaudrait le coup de faire une relecture à haute voix pour bien tout corriger :)
Pour le reste, je dirais que j'aime bien l'ambiance, mais je ne suis pas complètement convaincue par le procédé des pensées du personnage. Déjà parce que je ne l'ai pas trouvé hyper attachant (sa blague, bon, et puis la petite phrase sur les filles rôlistes...), mais surtout parce que ça me sortait un peu de l'ambiance inquiétante que tu installais par ailleurs. D'une certaine façon, j'ai trouvé ça un peu intrusif. Pour moi il aurait fallu un petit peu moins d'interventions mentales pour que je sois vraiment gagnée par l'angoisse. Je n'ai pas non plus trop compris ce que Matthieu était venu faire exactement : je veux dire, il aurait pu poser la question de ce mec à barbe / Cthulhu à quelqu'un qui travaille à la cathédrale pour commencer, non ? Il commence ses recherches par une entrée illégale dans une cathédrale en pleine nuit. J'ai eu du mal à rentrer dans le texte pour cette raison.
Voilà, autrement c'est une idée originale et il y a quelque chose de fluide dans ton écriture, c'était plutôt agréable à lire !
Bref, sinon, j'ai bien aimé cette conversation qu'il a avec lui-même, en passant à l'italique, c'est très efficace.
Voici mon ressenti.
Je trouve que Matthieu rentre un peu facilement dans la cathédrale. En plus j'imagine qu'une cathédrale c'est très surveillé ..; j'aurais vu une entrée plus compliquée, là ça parait un peu simple.
J'aime bien la partie où il explore l'intérieur, quand tout le fait flipper, et qu'il essaie de se raccrocher au fait que son copain l'a laissé tomber. Surtout le moment où l'ange soudain s'est volatilisé, là c'est une trouvaille. Et la barbe en tentacules aussi. Ces deux bonnes idées à mon sens elles ne sont pas assez exploitées ... désolée c'est juste mon ressenti, mais c'est là que se trouvait l'originalité.
Du coup, je trouve que la fin tombe trop vite par rapport aux bonnes idées précédentes. J'aurais vu une fin plus décapante en fait.
PS jolie parenthèse pour les filles rôlistes, mais c'est juste la normalité hahaha !
Je découvre ta nouvelle dans le cadre d'Octobre Imaginaire ! On sent que tu connais bien la cathédrale en tout cas, le cadre est bien dépeint et on se représente très bien le bâtiment ! Le pauvre Matthieu, sa fin est quand même plutôt énervée haha, et pas très joyeuse, se faire pourrir comme ça par une statue
Attention, ta mise en page saute le long du texte, ce qui perturbe un poil la lecture je dois dire. Et aussi, Matthieu est quand même particulièrement stoïque haha, j'aimerais bien avoir le quart de son sang-froid et me dire que c'est mon pote qui me fait une vanne dans ce type de situations
En tout cas, les clins d'oeil et les références étaient très chouettes ! Puis, je connais des filles qui font du jdr hahaha nan, mais elles existent ! Je m'inclus pas dedans, parce que dans mon cas, ça a été une parenthèse, mais je crois en l'existence de la copine de Denis
Comme dit dans les autres commentaires, il y a quelques maladresses et faute de frappe, mais rien de bien méchant.
J'aurai effectivement aimé un plus grand développement, plus de référence au GN ou JDR, mais ce concept des statuts vampires est bien exploité.
Bravo !
Ouuuh alors déjà le ton est donné dans ton résumé. J'y ai repéré quelques maladresses je te les partage. Dans cette phrase :
<< Lorsque l'exploration d'une cathédrale un soir de pleine lune, Matthieu découvre que celle-ci détient plus d'un secret. >>
- J'aurai dis " Lors de l'exploration.... >> Et un peu plus loin, toujours dans le résumé, j'aurai mis " ces pas " et non " ses pas " eheh
En tout cas déjà ton résumé m'a donné envie. Puis, quand je suis tombée dans ton récit j'ai bien aimé le fait que tu incorpores directement au texte les pensées de ton personnage. On partage à fond ses peurs et angoisses, en tout cas j'ai flippé avec lui ! Je ne m'attendais pas à cette fin si sanglante, j'ai adoré et j'ai encore plus adoré quand le p'tit ange lui a refais coucou en rigolant ahah ! Il manquerait peut être d'un poil d'explications sur le pourquoi la statue est animée et affamée. Mais ce n'est pas si manquant que ça à l'histoire car je l'ai quand même apprécié !
Un récit très sympa en tout cas :3
J'aime ta façon d'introduire en italique les pensées de Matthieu. Cela rend le récit très fluide.
Et même si le motif de cette visite nocturne me parait un peu léger pour s'introduire de nuit dans une cathédrale, l'histoire est crédible et la montée de la tension bien rendue.
C'est très personnel mais je trouve que l'expression " se vidant tel un cochon" contraste un peu trop avec le reste.Et j'ai du mal à imaginer quelqu'un qui se vide de son sang contempler un petit ange repu regagner sa place.
Dernière remarque: Pourquoi ce titre?
Te lire fut un vrai plaisir.
A bientôt