Et si votre oreiller se mettait à parler ?
Oui, votre oreiller. Vous ne l’entendez pas ? Pourtant, voilà des années qu’il s’égosille. Il vous appelle, et vous, faible humain que vous êtes, vous ne l’entendez jamais.
Alors, imaginez, imaginez une seconde que vous vous mettiez à parler le langage des oreillers…
Déjà, plus besoin de réveil-matin ! Vous n’avez qu’à lui demander de vous réveiller – disons à six heures et demie. Il se fera une joie de participer dès les premières heures de la journée à votre emploi du temps. Bien sûr, attendez vous à ce qu’il vous réveille un peu plus tôt que prévu – disons deux heures et demie. C’est que ça s’ennuie un coussin, tout seul.
Ceci m’amène à mon deuxième avantage : discuter. Besoin de réconfort dans des moments difficiles – par exemple lorsque vos parents veulent vous faire changer d’oreiller (un ami, ça ne se remplace pas) – ? Besoin de faire passer le temps en parlant de tout et de rien ? Besoin de vous faire vérifier votre vocabulaire d’Allemand ? Rien de plus facile ! Prenez votre coussin préféré avec vous, faites-vous une petite place sur votre lit, faites-en-lui une grande – les invités d’abord – et laissez le faire, il s’y connaît mieux que vous. Car les oreillers sont de grands bavards, eh oui ! Moi-même j’ai eu l’occasion – le malheur – de lancer une discussion en compagnie d’un petit coussin de canapé vert, et j’y ai passé toute la soirée. Et encore, il ne s’est tut qu’après s’être assoupi – parler est l’une des choses qui les fatigue (ouf !) –, me laissant à peine le temps de partir en douce.
Maintenant que j’y pense, écouter ses oreillers, c’est bien sympa, mais c’est pas toujours très drôle. On peut même y trouver certains inconvénients… Imaginez donc : avez vous des frères ? Des sœurs ? Oui, bon, j’ai dit imaginez ! Donc, prenons votre petit frère. Il n’a que deux ans de moins que vous, et ensemble vous n’êtes pas toujours sages comme des images – vous suivez ? Alors, supposons que vous vous retrouviez seuls à un endroit aléatoire – allez, disons votre chambre. Et maintenant, imaginons que votre vilain petit frère, dans toute sa cruauté, a osé toucher à VOTRE petite voiture rouge. Vous vous rendez compte ? Alors, tout de suite, vous voulez vous venger. Et que faites-vous ? Hein ? Vous n’avez pas trouvé ? Ce que vous êtes ennuyant… Vous prenez votre oreiller et vous le frappez avec ! Et vlan, en plein dans la figure ! Mais attention, STOP ! Arrêt sur image ! Si votre oreiller parlait, hein ? Il ne serait pas très content… Alors, comment redresser votre voleur de petit frère si vous ne pouvez user de l’illustre, l’immuable, l’inaltérable bataille d’oreillers ?
Deuxième désavantage, l’intimité. Eh bien oui, quand un coussin s’occupe de tout ce qui ne le regarde pas, on ne peut pas être en paix. Et des coussins, il y en a partout ! Alors, imaginez encore quelques instants que vous vouliez parler tranquillement, sans être dérangé, avec votre grande sœur – oui, ça va, j’ai compris que vous êtes fils unique. Dans votre chambre : des coussins. Dans le salon : des coussins. Dans la cuisine : des coussins. Sur le balcon : des coussins. Ils sont partout ! Ils vous envahissent !!! Eh, parfois les humains me déçoivent… Pourquoi craindre d’être envahi par des extraterrestres si on l’est déjà par des dizaines de ces moelleuses créatures ? Mais pour en revenir à notre problématique, si vous voulez éviter les coussins, seules solutions : tous les jeter par la fenêtre (fortement déconseillé, dormir avec un oreiller énervé contre vous n’est pas une mince affaire), aller discuter dans la salle de bain ou les toilettes (c’est indécent, je vous l’accorde, mais c’est une possibilité comme une autre) ou alors, plus simple des trois, entasser tous ces petits espions dans une seule et même pièce. Mais faites tout de même attention si vos parents sont des adeptes du rangement minutieux. Et cette dernière possibilité peut également créer un bruit assourdissant : ce n’est pas souvent que des coussins de différentes pièces se rencontrent…
Une autre problématique : certains coussins, j’en fais allusion déjà ci-dessus, s’énervent contre leur petit propriétaire. Alors, je ne vous souhaite pas d’avoir un oreiller susceptible, car leur vengeance peut s’avérer terrible !!! Pon pon pon ! Hum, pardon… Je disais donc, certains de ces adorables tas de plumes se fâchent pour un rien. Prenons un exemple qui m’est arrivé tout personnellement : mon coussin était de très bon caractère et se montrait compréhensif quant à mes heures de sommeil nécessaires. Malgré tout, il avait un petit – mais non négligeable – défaut. Il avait horreur de l’eau. Dans cette situation, et en tant que coussin, cela constituait un problème problématiquement problématique. À cause de cette phobie, il me haïssait après chaque passage à la machine à laver. Et, enclin à la vengeance, il me renvoyait ses souffrances… comment dit-on déjà ? Œil pour œil, dent pour dent, plume pour plume. Durant la nuit, il se repliait sur moi, fermant tout accès pour mon visage vers l’extérieur. Suffocant, je me réveillais en sursaut, mes poumons à la recherche d’oxygène. Alors seulement je pouvais repousser mon joyeux compagnon pour respirer. Et il recommençait malheureusement un peu trop à mon goût. Mais au bout de deux ou trois nuits, il oubliait l’incident à l’origine de notre dispute. De vous à moi, les oreillers n’ont pas une très bonne mémoire… Mais, ne le leur dites jamais, ils se vexeraient.
Personnellement, suites à des tracas de ce genre, j’ai décidé de ne plus utiliser de coussins. Se pose alors la question du matelas… Mais ça, c’est autre chose encore.
une petite parenthèse symptathique une petite divagation poétique. Je me demandais bien où aller m'emmener cette histoire :-) C'est vrai qu'on peut de se demander "si nos objects prenaient vie, qu'auraient-ils à nous dire ?".
Bruno
Merci pour ton commentaire !^^ Hihi, en effet, une petite parenthèse au milieu de cette prégnante réalité ne fait pas de mal :))
Tu arrives à créer un univers vraiment intéressant, plein d'humour et de philosophie.
La chute qui nous parle des matelas m'a fait rire.
J'ai hâte d'aller découvrir tes autres écrits !
Haha merci beaucoup pour ton commentaire, ça me fait chaud au cœur ! :)
J'espère que tu apprécieras mes autres textes ! ;))
J'ai beaucoup apprécié cette nouvelle, j'avais pris des notes malheureusement j'ai fait une pause dans la lecture et j'ai fermé la fenêtre où je les avais mises ^^ Quelques détails et puis les passages que j'avais préféré.
C'est génial d'avoir consacré cette nouvelle à l'oreiller et d'avoir créé un mini-univers autour de ça. C'est super drôle par moments, avec de très belles trouvailles (la bataille de coussin, l'oreiller qui a envie de dormir...). La chute du chapitre est excellente, ça donne envie de lire la suite ahah Il y aurait moyen de créer tout un univers (=
Je suis agréablement surpris par la variété de ton style entre cette nouvelle et l'autre que j'ai lue (=
J'ai vu que tu avais mis les Yeux de la Nuit sur PA, je suis curieux d'aller découvrir ça xD
A tout bientôt !
Merci pour ton commentaire^^
L'idée des oreillers m'est venue un peu par hasard, j'avais juste commencé à écrire “Et si”, dans le but de commencer un petit texte, mais je n'avais pas de suite. Et puis j'ai continué la phrase de façon complètement irréaliste, mais pas du tout dans le but d'en faire un texte entier. Et puis j'ai ajouté une phrase. Une phrase encore Et là j'ai commencé à faire un peu n'importe quoi haha, enfin je me suis aussi beaucoup amusée en écrivant^^.
En effet, rien à voir avec l'autre nouvelle que tu as lue. En réalité j'écris plutôt rarement des textes d'humour, j'en ai quelques autres, mais ils datent de deux ou trois ans déjà^^' Mon style “habituel” actuel est plutôt celui que l'on retrouve dans “Les Yeux de la Nuit” :)
Ouiii je l'ai mis haha, j'espère que ça te plaira :))
À tout vite ;))
J'ai adoré ce texte ! Comme un petit bonbon sucré.
C'est bien écrit, bien pensé et très bien rythmé je trouve. Plus d'une fois ça m'a fait sourire donc on peut dire que l'objectif est atteint :)
Hâte de savoir ce qu'il va se passer avec le matelas. Méfis toi aussi du sommier. Ses craquements sont certainement un code pour te trahir.;)
Hahaha ! J'écouterai bien ce soir. Du morse peut-être ?
Je n'avais pas vraiment prévu d'écrire la suite avec les matelas, mais qui sait ? Si j'arrive à maintenir l'intérêt sans rendre le tout trop long et répétitif... ;)
Merci pour ton petit passage sur mon profile, ça m'encourage à fond !^^