Les feuilles vertes sortent timidement de la terre. D'abord elles poussent tout en longueur. Il leur faut gagner de la hauteur pour atteindre la lumière au plus vite. Elles crèvent la surface sombre qui les maintenaient dans l'obscurite ; elles étalent leurs premières pousses au soleil. Et, bien qu'elles ne possèdent aucunes caractéristiques de ce qu'elles seront plus tard, un aromate, une herbe folle, un arbre centenaire, elles embaument d'un parfum qu'elle garderont toute leur vie, et qui les conditionne dans leur nouvelle existence. D'ailleurs entre deux éclats verts pointent un brouillon de ce qu'elles seront plus tard ; ces feuilles-là ont déjà leur forme adulte et ne demandent qu'à grandir. Mais attention ! Si la terre où elles se nourrissent et se protège se désséche, elles fanent aussi, et d'un vert tout jeune se tranforment en un jaune passé. Leur jardinier n'a alors pas intérêt à tarder ! ou elles mourront avant même de n'avoir pu se réaliser, et nous n'aurons plus qu'à pleurer les basilics morts-nés.