Vek regardait la ville grise se désagréger. La nuit allait tomber ; bientôt le sommeil viendrait emporter les habitants dans leurs maisons, jusqu’au matin. Vek avait toujours aimé le matin, avec ses couleurs, sa fraîcheur, son renouveau. Le soir, comme ça, la ville était triste, silencieuse. Le vent soufflait doucement, poussant quelques feuilles en travers de la chaussée empierrée. Le ciel s’assombrissait et on ne savait plus bien s’il faisait encore jour ou si c’était déjà la nuit ; on avait beau écarquiller les yeux, les formes se mélangeaient et les distances changeaient. Comme d’habitude, la corniche de la maison de Faren, juste en face, s’était écroulée sur la rue. Dans pas longtemps, ça allait être la fenêtre du premier étage, puis le coin du mur de droite. Il était temps de rentrer la cantine, avant que des gravats ne l'abiment. Vek commença par retirer les cales, sous les roues, puis attrapa fermement la barre horizontale et poussa sur sa droite pour faire pivoter l’encombrant assemblage. Elle sentit de grandes mains se poser à côté des siennes et leva la tête vers Matt, son fils aîné, qui l'entourait de ses bras et l’aidait à pousser sa cantine vers l’intérieur de sa maison.
— Maman, j’ai une bonne nouvelle ! annonça-t-il dans un sourire.
Vek sourit à son tour. Elle savait déjà ce qu’il allait lui annoncer, mais elle lui laissa le plaisir de le faire tout de même. C’était un bon garçon, il avait mérité ce qui lui arrivait. Il se tenait toujours bien, respectait ses aînées, travaillait dur pour finir son apprentissage avec Yuris, la maîtresse tisseuse, et prenait toujours le temps d’aider sa mère quand elle en avait besoin.
— Raconte-moi, Matt, je t’écoute.
— C’est Gérès, maman, elle m’a demandé d’être le géniteur de son prochain enfant ! Tu te rends compte ? La maîtresse cordonnière ! En plus, elle a déjà quatre enfants en bonne santé… Je suis si content !
Vek eut un petit rire.
— C’est bien, mon grand, tu l’as mérité. Réjouis-toi ! Vous avez discuté de quand tu commençais ?
— Oui, dans six jours, j’irai passer une semaine chez elle. Mais elle m’a invité à passer la soirée de demain en sa compagnie, pour qu’on discute un peu…
Matt rougit et détourna la tête. Il s’affaira à ranger correctement la cantine dans son coin et à caler les roues pour la nuit. Vek comprenait sa gêne. La première fois, pour un jeune homme, c’était intimidant. Et puis il y avait aussi la peur de ne pas être efficace, que ça ne marche pas. Pour certains hommes, ça ne marchait pas, c’était comme ça. Mais pour eux, c’était dur, de ne pas être demandé, de devoir vivre sans avoir d’enfants.
— Maman, faudra peut-être que tu parles avec Gérès, en fait… Pour les négociations et…
— Ne t’inquiète pas de ça, Matt. Je m’en occupe, c’est ma partie.
En vérité, Vek avait déjà négocié avec Gérès, quelques jours plus tôt ; mais c’était bien de laisser croire aux jeunes que seul leur charme avait pesé dans la balance. Quoique, pour Matt, c’était peut-être bien le cas. Vek avait fait une très bonne affaire, Gérès devait vraiment le vouloir dans son lit.
Ils montèrent à l’étage et s’assirent à la table commune pour partager un bol de soupe. La famille se retrouvait ainsi, chaque soir, avant d’aller dormir. La plupart du temps, ils restaient silencieux, pour profiter du calme et écouter les bruits de la ville en destruction, ou parfois un des enfants racontait une anecdote sur sa journée. Ce soir, ils restèrent silencieux. Matt, tout à sa joie de devenir prochainement géniteur. Glen, le second, plongé dans ses pensées. Pyor, la troisième, concentrée sur sa soupe, à trier les oignons qu’elle n'aimait pas manger. Tran, la quatrième, occupée à faire une montagne de morceaux de pain dans son bol. Ellès, le dernier, mangeant avec application, sans en mettre à côté. Et enfin, Mahon, le géniteur de Matt, que Vek avait gardé chez elle, parce qu’elle l’aimait bien et qu’il s’occupait de la maison.
Glen se racla la gorge et prit la parole :
— Maman… Je peux te poser une question ?
— Bien sûr, mon chat, bien sûr, répondit Vek, un peu surprise.
— Tu… as déjà vu la voiture noire ? Du Père, je veux dire.
Vek le regarda avec attention. Il avait un air soucieux, comme à son habitude, mais il y avait aussi de l'appréhension dans son regard.
— Non, je l’ai jamais vue. Mais j’aurais pu, une fois.
La tablée buvait ses paroles à présent. Tous étaient curieux de savoir des choses sur le Père.
— J’étais petite, et je jouais dans le jardin, derrière. J’ai entendu une grande clameur, c’était les habitants de la rue. Alors au début, j’ai eu peur, je me suis demandée ce que c’était. Et puis j’ai vu les nuages, au-dessus de la maison, s’écarter. Et derrière, il y avait du bleu ! Et une grande lumière, très éblouissante, qui m’est tombée sur le visage. C’était chaud, aussi, je me souviens… Et tout à coup, j’ai compris que le Père devait passer dans la rue. Alors j’ai couru pour traverser la maison, mais quand je suis arrivée, la voiture noire était déjà loin. J’ai juste vu de la poussière et un peu encore la lumière du ciel, tout au bout.
Les yeux écarquillés, ses enfants la regardaient avec admiration.
— J’espère qu’un jour je verrai aussi ça ! s’exclama Glen, plein d’espoir.
— J’espère aussi que vous en aurez l’occasion, mes enfants. Allez, au lit ! Il fait noir dehors, il faut se coucher.
Vek se leva, et tous se dirigèrent vers leurs chambres, dans les étages supérieurs.
****
Vek se levait toujours dès les premières lueurs de l’aube. Elle avait beaucoup à faire pour préparer sa cantine. D’abord, ramasser les œufs des poules ; ensuite, cueillir les légumes et les herbes ; enfin, broyer les grains pour la farine. Elle ouvrait en grand, sous l’auvent, et sortait la cantine quand tout était prêt. C’était le signe pour toutes ses habituées qu’elles pouvaient venir chercher leur repas du matin. Certaines repartaient manger chez elles, d’autres s'asseyaient sur le muret et discutaient de tout et de rien avec elle.
Le matin, l’air était piquant et la ville toute neuve, pleine de couleurs. Chaque maison avait une teinte à elle, bleu, jaune, rose, orange, rouge, vert… Vek aimait vraiment le matin ; le reste du jour, tout ne faisait que se délaver et se délabrer. Elle discutait tranquillement avec les voisines, regardait l’activité de la rue prendre de l’ampleur au fil des heures, plaisantait avec les artisantes qui passaient devant chez elle, tout en cuisinant dans son grand faitout.
À la fin de la matinée, il pleuvait un peu, et Vek rentrait se reposer avant de préparer les repas du midi. Ses trois plus jeunes enfants jouaient dans le jardin, derrière ; les deux plus grands étaient à leurs apprentissages. La maison était calme.
Elle reprenait le travail à midi, quand la pluie s’arrêtait. Pour le repas de la mi-journée, elle faisait cuire de grandes galettes qu’elle garnissait selon ce qu’elle avait à disposition et le goût de ses clientes. Mais le midi, toutes étaient pressées, entre deux tâches, entre deux livraisons… Il n’y avait pas de temps à perdre en bavardages.
Vek consacrait l’après-midi au jardinage, au soin des animaux, à l’entretien de ses outils de travail, à la fermentation des alcools, à la préparation des huiles et des vinaigres, aux mille choses, enfin, dont elle avait besoin pour nourrir les habitantes de la rue. Elle mettait également à cuire son ragoût du soir, qu’elle variait chaque jour, et que chacune venait chercher, son récipient à la main, avant que la ville se désagrège.
Vek avait une vie bien ordonnée, telle que la voulait le Père, et telle que l’avait chacune dans la ville, grâce au Père. Chaque jour était une joie ; voir grandir ses enfants, profiter de l’amitié de Mahon, rire avec ses voisines de toujours… Vek était heureuse, comblée et sans crainte pour l’avenir.
Matt s’arrêta à ses côtés pendant qu’elle servait la fille de Faren et remplissait sa petite marmite de ragoût. Elle prit son coupon de bois et lui souhaita une bonne soirée avant de se tourner vers son fils.
— Alors, Matt, tu es prêt ?
Le jeune homme rougit.
— Oui, je crois, maman… Je suis un peu inquiet quand même, mais j’ai parlé avec Mahon et il m’a donné de bons conseils. Je peux apporter une marmite à Gérès, tu penses que ça lui fera plaisir ?
— Oh mais bien sûr, c’est une très gentille attention, mon fils !
Vek attrapa une marmite sous sa cantine et commença à la remplir de ragoût. Elle enveloppa aussi une demi-douzaine de galettes dans un linge et tendit le tout à Matt.
— Allez, ne tarde pas, ces présents feront bonne impression.
Elle embrassa son fils sur sa joue piquante de barbe naissante. Matt lui renvoya un pâle sourire angoissé, prit une grande inspiration et partit à grandes enjambées vers la maison de la cordonnière.
Vek le suivi des yeux en riant sous cape. À son retour demain matin, il afficherait un grand sourire et aurait un air plus assuré, elle en était sûre ! Voyant la lumière décliner, elle commença à ranger son matériel, éteindre son feu et empaqueter ses ingrédients. Un autre jour s’achevait paisiblement sur la ville éternelle, et une autre nuit s’apprêtait à commencer.
****
Vek se réveilla en sursaut, tremblante, en sueur. Elle venait de rêver du Père. Mais pas de la voiture du Père, non, du Père lui-même ; à l’intérieur de sa voiture, assis sur une sorte de grand siège rembourré, tenant à la main un objet rectangulaire qu’il fixait des yeux, l’air concentré. Dans son rêve, le Père ressemblait à un homme ordinaire, chauve, avec un peu d’embonpoint, les sourcils froncés. Juste avant qu’elle se réveille, Vek avait vu soudain le Père relever les yeux et la regarder en face, comme pour sonder son âme ; il avait des yeux bleus clairs, pailletés de jaune. Il avait sourit, découvrant ses dents, et cela l’avait effrayée à un point inimaginable, la tirant du sommeil instantanément.
Le cœur battant la chamade, Vek repoussa ses draps et se leva sans bruit. Elle ne rêvait jamais d’habitude, c’était la première fois. Ses enfants parlaient souvent de leurs rêves, mais elle n’en avait jamais fait l’expérience. Elle avait l’impression, cependant, que ce n’était pas vraiment un rêve - ceux qu’on lui avait racontés étaient souvent décousus, fantastiques ou absurdes. Elle ne le comprenait pas, mais elle était persuadée que ce qu’elle avait vu était réel. C’était comme si une pièce manquante s’était raccrochée au bon endroit, dans un genre de mécanisme… Comme s’il y avait eu un “clic” quelque part et que le rouage se remettait en route.
Les jours suivants, Vek n’affichait plus sa bonne humeur habituelle. Elle n’avait plus le cœur à plaisanter ou à discuter des affaires quotidiennes, même avec ses enfants ou avec Mahon. Le sourire de Matt, le lendemain de sa première rencontre avec Gérès, n’avait pas pu vraiment la dérider. Elle se sentait comme hypnotisée par cette vision du Père, surtout par ses yeux. Parfois, en levant la tête de son travail à la cantine, elle avait l’impression de le voir debout devant elle, avec son sourire étrange.
Au fil des jours et des semaines, une certitude grandit en elle : le Père approchait. Il allait passer dans la rue, dans sa voiture noire. Puis elle fut sûre également d’une autre chose importante, qu’elle ne s’expliquait pas : quand il arriverait, il s’arrêterait, là, devant sa cantine.
Et Vek disparaîtrait.
****
Les années passèrent. Matt eut une jolie petite fille avec Gérès dont il s’occupa avec plaisir, et il put même finir son apprentissage avant sa naissance.
Puis ce fut au tour de Glen d’être choisi comme géniteur. Il resta pour s’installer chez Judi tant ils s’entendaient bien.
Les deux filles de Vek grandirent également et se préparèrent à entrer dans l’âge adulte.
La vie passait, les jours à la fois semblables et différents. Les habitants vieillissaient mais la ville éternelle restait identique, chaque jour renouvelée, chaque soir détruite.
Le Père approchait toujours, Vek le sentait. Pourquoi il mettait tant de temps, elle n’en savait rien. Peut-être que la ville était si grande qu’il lui fallait voyager longtemps pour arriver jusqu’à sa rue, jusqu’à sa maison.
Vek vivait donc dans l’attente, sans plus ressentir les joies quotidiennes qui lui avaient auparavant fait apprécier tout le reste. Même le petit vent chaud de la fin d’après-midi qu’elle avait toujours aimé ne la faisait plus réagir quand il soulevait ses cheveux de son front.
Après une chute dans l’escalier, elle eut la jambe immobilisée et partit chez sa sœur pendant quelques jours pour tenter d’échapper à cette pression qu’elle sentait grandir à chaque minute. Alin n’avait pas eu d’enfants malgré ses nombreuses tentatives et sa maison était calme, sans personne pour lui poser de questions sur son humeur. Vek préférait être seule avec elle-même et faire le point sur tout ça le temps qu’elle se remette de sa blessure.
Quand elle rentra, elle reprit son train-train habituel. Mahon s’était occupé de tout pendant son absence. Il la regardait parfois avec un air ennuyé ; il voyait bien que quelque chose n’allait pas, mais qu’il ne pouvait rien y faire. Il avait bien tenté de lui parler une ou deux fois, mais elle avait évité ses questions.
Puis, un matin, Ellès arriva en courant dans la maison, en criant :
— Maman ! Le Père ! Il arrive !
Il reprit son souffle avant de continuer :
— C’est mon copain Graf, il était loin loin dans la rue, il a entendu les gens crier, il a vu la lumière du ciel, comme tu nous avais raconté ! Je crois qu’il va passer, juste ici, bientôt !
Il ressortit en trombe, toujours courant, pour se poster dans la rue et voir la voiture noire arriver.
Vek avait laissé tomber sa cuillère de bois. Son souffle s’était bloqué dans sa gorge. C’était arrivé, le Père était là. Elle avait essayé de ne plus y penser, de faire taire cette sensation au fond d’elle-même. Mais elle ne pouvait pas y échapper, il fallait qu’elle affronte ce qui allait venir. Elle s’essuya les mains sur son tablier et se dirigea vers l’extérieur à petits pas, la sueur coulant le long de son dos raide.
Ellès avait rameuté toute la famille ; Matt était là, avec sa fille dans les bras. Glen, Pyor et Tran aussi, papotant joyeusement. Vek n’osait pas les regarder ou lever les yeux vers le ciel. Soudain, Tran tendit la main et chacun s’exclama : la lumière approchait. Vek regarda alors : c’était un spectacle magnifique. Ses oreilles se mirent à bourdonner doucement puis elle entendit un son aigu, comme fantomatique.
Ses yeux se brouillèrent ; tout ce qui n’était pas la lumière du ciel commença à devenir noir. Et sous la lumière, elle vit s’approcher la voiture. Mais le temps était comme suspendu, elle n’entendait plus ses enfants, les autres habitantes de la rue ou le bruit de la pluie sur les toits. Elle ne voyait plus que la voiture à présent, qui s’arrêta devant elle.
La porte s’ouvrit. Vek fit quelques pas puis entra à l’intérieur.
****
Une voix. Une voix grave et sourde, comme étouffée derrière un masque.
Vek ne sentait rien autour d’elle, n’avait plus aucune sensation. Ses sens ne fonctionnaient plus. Mais elle comprenait les mots que disait la voix à présent :
— … vous ai retrouvée. Je savais que cela ne serait pas facile, mais j’en suis satisfait. Me voyez-vous ?
Vek clignait des yeux en essayant d’éclaircir sa vision. Tout semblait obscurci, en manque de lumière ou empli de fumée. Puis elle commença à distinguer des formes et des couleurs. Elle sentit un liquide froid envelopper son visage de gouttelettes, lui entrer dans les yeux et les narines. Elle fit enfin le point sur une personne assise en face d’elle : un homme ordinaire, chauve, d’un âge moyen, un sourire éclairant son visage glabre.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-elle.
L’homme partit d’un rire joyeux.
— Qui je suis ? C’est une question compliquée, madame… Mais je vous la retourne : qui êtes-vous ?
— Je…
Vek essayait de mettre de l’ordre dans ses pensées, sans succès. Elle avait les oreilles bouchées, la tête dans du coton.
— Je ne sais pas.
Cette constatation, bien qu’étrange, ne l’angoissa pas. L’homme souriait toujours et il avait l’air de vouloir l’aider.
— Bien. C’est normal, ne vous en faites pas. Il faut… patienter un peu ? Oui, c’est la formule.
L’homme se tut et pencha la tête vers un objet plat et rectangulaire émettant une pâle lumière. Cela donnait un air blafard à son visage devenu inexpressif. Vek regarda sur sa droite, à travers ce qui semblait être une fenêtre ; elle vit passer des formes floues, vaguement familières. Elle était dans un genre de véhicule en mouvement, comprit-elle.
Le coton qui entourait sa tête et son esprit commençait à s’estomper. Puis, comme un grand coup de vent, elle se souvint.
— Je m’appelle Vek. Et vous êtes le Père… Je suis dans votre voiture noire !
Sa frayeur n’avait fait qu’augmenter à l'énoncé de ces faits. Elle sentait ses cheveux se hérisser sur sa nuque et un frisson descendre le long de ses bras.
— Pourquoi suis-je ici ? Que me voulez-vous, Père ?
Sa voix se brisa sur ces mots et des larmes commencèrent à rouler sur ses joues. Le Père la regardait toujours d’un air bienveillant, sans manifester aucune émotion.
— Eh bien, Vek, je suis bien content que vous le demandiez. Voyez-vous, je vous cherchais depuis… Cela n’a pas d’importance. Je vous cherchais. Et je vous ai trouvée. Vous semblez être la solution à un petit problème qui me turlupine. Dites-moi, comment est la vie, là, dehors ? Avez-vous des enfants ?
Vek essayait de ravaler ses larmes pour répondre.
— Oui, j’ai des enfants, bien entendu, mais…
— Grandissent-ils ? Ont-ils des enfants à leur tour ?
— Oui, bien sûr ! Nous avons une vie très agréable, nous profitons de vos bienfaits, nous aimons nos partenaires et nos enfants… Nous avons toutes de quoi manger, nous vêtir, nous loger ; vous nous offrez une vie parfaite, Père.
Vek se sentait oppressée par ces questions et par l'insistance du Père.
— Bien, bien… Au moins, une partie de ce que je souhaitais s’est réalisé. Mais vous devez également être de grands érudits, de grands inventeurs, avec tout ce temps qui passe ? Racontez-moi ces merveilles.
— Des érudits ? Je ne connais pas ce mot, Père… Et inventer, cela ne m’est pas étranger, mais ce n’est pas dans nos habitudes, je dirai.
Le Père avait froncé les sourcils à cette déclaration. Il s’agita sur son siège rembourré et pencha à nouveau la tête sur son objet rectangulaire.
— Mais, enfin, les capteurs temporels me disent que le temps s’écoule, à l’extérieur. Cela fait très longtemps que vous êtes là, mes sujets ! Vous devriez avoir évolué, avoir construit une société complexe, avoir acquis de nombreuses connaissances, avoir avancé… Y aurait-il des anomalies… dans les données ?
Le Père s’était replongé dans l’examen de son étrange objet, sur lequel il tapotait de plus en plus fébrilement. Vek ne savait pas quoi lui dire. Elle ne comprenait rien à ses questions ; il était le Père, il devait savoir toutes ces choses.
Il releva soudain la tête et planta son regard intense dans le sien :
— Parlez-moi du temps. Le temps passe, n’est-ce pas ?
Sous la tension, Vek ne put s’empêcher de rire nerveusement.
— Évidemment, le temps passe ! Comment ne pourrait-il pas passer ? Comme on dit : “Regarde mes rides, c’est le temps qui file”. Enfin, heureusement pour nous, le temps est gracieux pour les êtres de sang. S’il devait passer aussi vite pour nous que pour les autres, nous serions bien en peine… Le temps est capricieux, Père.
Le Père ouvrait à présent de grands yeux, les sourcils hauts levés sur son front.
— Comment ça, le temps est capricieux ? Que voulez-vous dire ?
Vek se sentait un peu gênée de devoir expliquer une chose si simple au Père en personne.
— Eh bien, c’est comme ça. Nous, les femmes, les hommes, nous vieillissons lentement, les enfants grandissent lentement aussi. Les plantes grandissent très vite par rapport à nous, c’est comme ça qu’on peut avoir à manger tous les jours. Les animaux, eh bien, ça dépend, mais ils vont plus vite aussi, le Père soit loué ! Les choses qu’on fabrique, certaines vieillissent lentement, d’autres plus vite. C’est la ville qui vieillit le plus vite, mais heureusement, elle recommence à neuf tous les matins. Le matin, la ville est si belle, comme vous l’avez conçue, Père : propre, colorée, toute neuve. Elle est éternelle, comme vous !
— Non !
Le Père avait crié et s’était pris la tête dans les mains. Il resta un long moment prostré dans cette position. Vek voyait ses coudes trembler, mais aucun son ne sortait plus de sa bouche. Elle avait peur d’avoir dit une bêtise, de l’avoir contrarié. Mais elle n’avait dit que la vérité, pourtant.
Elle avança la main vers lui, pour essayer de le réconforter, pour lui dire que tout allait bien. Elle ne put terminer son geste ; son bras semblait paralysé, ou pris dans une sorte de gelée compacte. Simultanément, l’objet rectangulaire que le Père avait posé à côté de lui se mit à émettre un son strident et à clignoter d’une lumière rouge. Cela sortit l’homme de sa torpeur. Il attrapa l’objet, puis remarqua Vek, le bras toujours bloqué à l’horizontale dans sa direction.
— Que… Que faites-vous ? Vous êtes entrée dans mon champ de graviton, espèce de folle ! Non ! Il faut que j’inverse le processus !
Le Père tapait frénétiquement sur son objet, l’air de plus en plus paniqué. Vek s’acharnait toujours à essayer de retirer son bras de cette gelée, mais il semblait au contraire être attiré vers le Père. Celui-ci continuait à prononcer des paroles sans queue ni tête.
— J’aurais dû écouter les autres, on m’a dit que le temps est une donnée trop instable pour les expériences… Mais je suis le premier à avoir prouvé son existence ! Il faut bien que je démontre ma théorie… J’ai pris toutes les précautions, pourtant, en introduisant une donnée de contrôle interne, pour surveiller l’écoulement normal de… Oh, gravité ! Mais, ce n’est pas possible… Vous !
Il pointait un doigt accusateur sur Vek, qui se sentait toujours attirée vers lui, l’épaule presque entièrement prise dans la gelée. Elle pleurait à gros sanglots, persuadée de l’avoir blessé.
— Je suis désolée, Père, libérez-moi, je vous en prie ! Je ne voulais pas vous faire de mal, je vous le jure…
— Vous n’êtes pas la donnée de contrôle, vous êtes une anomalie. Mais bien sûr, vous ne le saviez pas vous-même, n’est-ce pas ? Non, non… Ce n’est pas possible… Je ne peux pas inverser le processus ? Mais, comment cela se peut-il…
Le Père continuait à s’agiter et à marmonner, et la main de Vek n’était plus qu’à quelques centimètres de son épaule. Elle avait cessé de lutter, cela ne servait à rien. Quelque chose de grave était en train de se passer, mais elle se sentait comme détachée de tout. Elle ne pouvait rien y faire, de toute façon. Elle laissa son esprit vagabonder vers ses enfants, ses amies, sa sœur, ses voisines… Sa cantine, son jardin, sa maison. Sa vie était bien remplie. Avait été bien remplie, plutôt, parce qu’elle sentait qu’elle ne ressortirait pas de la voiture noire, quoi qu’il arrive en fin de compte.
****
— Où est-il ? tonne l’homme en tenue blanche en entrant dans le laboratoire.
— Il est dans le champ d’expérimentation, chef. Il lance son projet, vous savez, celui dont il parle, sur le temps, comme il appelle ça.
— Mais il perd la tête, je reçois des données très contradictoires à ce propos ! J’espère que l’expérience n’est pas dans notre dimension, au moins ! Vérifiez, s’il vous plaît. Je pense que nous avons affaire à un champ instable.
L’homme en blanc tape du pied en regardant l’autre chercher les données.
— Oui, chef, tout va bien, il est ailleurs, il n’est pas dans notre univers. Cela ne nous affecte pas. Il ne rentre pas toutes les données, mais il nous dit qu’il fait un rapport…
— Je ne crois pas, non, qu’il fait un rapport ! Regardez ces données : il crée une singularité ! Il n’est pas dans son champ de graviton, il disparaît… Bien, au moins, nous avons des relevés sur ce nouveau paramètre, le temps. Cela décourage d’autres “inventeurs” de tenter des expériences aussi risquées, avec une donnée aussi instable. Je lui dis que cela ne marche pas, que son idée de temps est folle, mais il n’écoute pas !
L’homme repart, énervé par cette histoire. Il doit surveiller les autres paramètres mis en jeu dans cette expérience ratée. Avec une singularité, qui sait ce qui peut se créer ? Cela affecte aussi leur dimension, peut-être… On ne peut pas jouer ainsi aux apprentis sorciers et espérer que tout se passe bien ! Il marche un peu dans le parc, pour compiler les relevés au calme.
L’homme prend soudain conscience d’une donnée importante de ce soi-disant “temps” : cela rendrait certains processus irréversibles.
Son chercheur avait-il pensé à cela avant de lancer cette expérience ? Il ne pouvait plus revenir en arrière, maintenant, il était trop tard… Un jeune homme si prometteur, c’était malheureux.
Sentant soudain la tristesse l’envahir, l’homme s’assit sur un banc et se perdit dans la contemplation des feuilles tombant doucement des arbres.
C'est la deuxième histoire que je lis qui vienne de toi et j'aime beaucoup ta plume. C'est fluide et on a vraiment envie de savoir la suite. C'est difficile de s'en décrocher une fois commencer. Quoi qu'il en soit, je me joins aux autres commentaires, j'ai pas trop compris la fin, enfin je m'en fais une petite idée mais quelques explications de plus seraient les bienvenues !
Voilà, mais sinon j'ai bien aimé quand même et c'est toujours avec beaucoup d'imaginations et de plaisir que je lis tes textes
Merci beaucoup pour ton commentaire et les compliments !
Gnnnnii oui cette fin décidément, ça va pas >< J'ai pas trop la motivation de reprendre cette nouvelle en ce moment, mais ça viendra bien un jour :)
Merci encore pour ta lecture !
Bisouuuu
Nana
J'ai lu ta nouvelle dans de très mauvaises conditions, je dois l'avouer, j'attendais un bus, puis j'ai été coupée, puis j'ai relu en attendant un bus, enfin n'importe quoi, et je pense que ça a affecté ma lecture. J'ai été un peu déçue de l'intrigue, parce que je pensais qu'il y aura beaucoup plus d'action, et ma curiosité est retombée comme un soufflé raté en attendant l'arrivée du père. En fait à la fois c'est bien, quand j'y réfléchis rétrospectivement, mais sur le coup j'aurai aimé plus de kitsch. Mais peut-être que si tu avais mis plus de kitsch j'aurais pas du tout aimé. Ce que je raconte n'a aucun sens.
J'aimais bien l'idée de la fin, vraiment, avec le mec qui fait ses expérimentations et tout. J'ai pas du tout compris le truc où Vek tend son bras et est comme pétrifiée et attirée par le père, par contre. Je n'ai pas lu les commentaires des autres, mais en fait j'aurais aimé un peu plus d'explications à la fin et un peu moins du reste, surtout que tu t'appesantis pas mal sur son fils aîné qui va aller forniquer alors qu'au final ce n'est pas si important - à part pour montrer la vie dans la ville éternelle. Ah et j'aurais aimé plus de description du rythme particulier de la ville, aussi, parce qu'il est plus évoqué en quelques lignes qu'autre chose, alors que justement c'est ça qui est important, plus que l'accouplement de mister machin.
En résumé : y a plein de bonnes idées mais j'aurais voulu un peu plus d'explicitations, alors je suis un peu mi-figue mi-raisin et frustrée. Bref, j'ai pas tant accroché que ça. Comme Vek est assez passive, ça m'a fait un peu bizarre, mais ça change des héros entreprenants.
Bisous <3
Merciii pour ta lecture, c'est trop cool \\o/ (même si c'était dans de mauvaises conditions...)
Ah, c'est vrai, il n'y a pas beaucoup d'action, désolée :/ Et c'est vrai aussi que c'est pas très kitch, mais ma playlist durant cette écriture ne poussait pas trop vers ce genre-là xD
Ce que tu dis ensuite résume très bien mon processus complètement aléatoire dans l'écriture de cette nouvelle xD Je suis partie d'une idée très vague, j'ai développé un truc, et après je me suis dit "mais où vais-je ?" Voila voila... Mais le fornicage c'est important aussi, nan ? :P
Donc, comme on me l'a dit aussi dans les autres commentaires, pas mal de trucs à revoir quand même !
Je suis bien contente que tu ai lu mon texte, même si ton impression est mitigée :)
Merci Tac <3
Bisouuuu
Nana
Hello Nana !
<br />Haaaaan mais il y a tellement de bonnes idées là dedans ! Je vais un peu répeter ce qui a déjà été dit mais cette société matriarcale est vraiment intéressante, de même que cette ville qui meurt chaque jour. Cela créé effectivement des images très poétiques.
Au début justement je me suis demandée si c'était juste une "image" le coup de l'éfondrement, je trouvais cela déjà bien joli comme ça, mais quand j'ai compris que non, c'était physiquement le cas et pas juste une manière très belle de dire que le soir tombe, j'ai encore plus aimé !
Concernant la fin, il s'est passé un petit truc trop bien me concernant, le genre de choses qui me font briller les yeux et penser "hoooo, mais ça c'est vraiment trop intelligent !", c'est le fait que le personnage du scientifique ne parle qu'au présent de l'indicatif... non mais l'idée de fou pour illustrer une dimension sans temps quoi ! ♥
Et peut-être que cela pourrait être une piste pour vraiment donner de la profondeur à cette fin, et "encastrer" mieux les deux univers l'un dans l'autre. Par exemple, pour le moment le Père utilise le passé ou le futur (ex : "je vous cherchais..."), bizarre pour un homme qui fait des expériences sur le temps en se demandant s'il existe. L'étrangeté de l'homme pourrait venir de son présent de vérité général dans ses paroles, et la réponse à cette étrangeté serait donnée par le scientifique qui lui aussi parle à 100% au présent dans le chapitre suivant. Bon c'est une idée hein, pas obligé de la suivre ^^"
D'ailleurs sur la toute fin, j'ai trouvé dommage que de nouveau des marques de temps apparaissent dans le récit (ex : "son chercheur avait-il pensé..."). Je ne sais pas si c'est exprès pour signifier que l'expérience a déjà commencé à influer sur leur monde, mais je trouve cela un peu trop difficile à comprendre sans prendre plus de soin pour l'amener... les simples feuilles qui tombent me semble une image assez forte en elle-même.
En fait je fini par me demander si le dernier paragraphe ne pourrait pas être réécrit de façon vraiment plus "métaphysique", c'est à dire non seulement au présent de l'indicatif, mais en plus avec une absence de cause à effet, pour donner un effet d'absolu et renforcer cette absence de temps... par exemple "une donnée est créée" plutôt que "il créé une donnée"... Je ne sais pas si c'est très clair mon truc xD
Disons que je les trouves très "humains" dans leur manière de penser ces scientifiques vivant dans un monde radicalement différent du notre sur un point aussi fondamental. J'adore l'idée d'utiliser la langue pour le montrer, peut-être faudrait-il le pousser un peu ?
A voir... mais en tout cas, vraiment oui, je pense qu'à tête reposée cette nouvelle vaudrait le coup d'être retravaillée car il y a tellement d'ingrédients hyper intéressants qu'il y a matière à vraiment tout défoncer.
: D
Merciiii pour ta lecture \\o/ Tout ce que tu me dis me fait hyper plaisir <3
Et je suis contente que t'ai repéré le coup du scientifique qui parle au présent ! En effet, j'ai hésité pour le Père, et je n'arrivais pas à savoir si ça faisait sens qu'il parle aussi au présent, ou si, comme il est dans cette dimension où le temps existe, il pouvait utiliser le passé et le futur... J'avoue que je me pose encore la question. Le mieux serait peut-être de le faire utiliser des temps, mais que parfois il se "trompe" et revienne au présent, par habitude... Faut que je creuse un peu ça !
Et je vois ce que tu veux dire pour la fin, ça serait en effet intéressant de moins "personnifier" ces personnages et de les considérer plus comme des entités sans qu'on ait de repères, sans humanité... Et plus garder ce côté, comme tu dis, "métaphysique".
Bon, faudra que je me repenche sur ce texte pour essayer d'améliorer tout ça !
Encore merci pour tes compliments c'est trop cool :)
Bisouuuuu
Nana
Je suis très intriguée par ta nouvelle ! Ce n'est pas un format que je pratique mais j'aime pourtant bien en lire de temps en temps.
Dès les premières lignes, tu arrives à nous planter un décor surprenant avec cette ville qui s'effondre chacun soir pour renaître le lendemain matin. Je vais te paraître trop pragmatique peut-être mais je me suis demandée du coup comment faisaient les habitants pour survivre à cet effondrement sachant qu'ils se réfugient dans leur maison la nuit tombante...
Pour le reste de la nouvelle, j'ai trouvé que les idées effleurées sont intéressantes et mériteraient même d'être développé plus profondément mais ca donnerait plus un roman qu'une nouvelle : le fonctionnement de la société, le mode de "reproduction", la facon dont les familles sont constituées...
Je reste par contre dubitative pour la fin. En lisant tes réponses aux autres commentaires, je comprend que tu étais pressée par la date limite de réponse à l'AT. Peut-être qu'il faudrait développer un peu plus le décor et le personnage du scientifique pour comprendre la différence entre ta trame principale et cette fin qui a le mérite de rompre avec le reste et d'offrir une bonne chute à ta nouvelle.
Bravo en tous les cas pour ces idées !
Cliène
Merci beaucoup pour ta lecture !
Hihi, alors je ne sais pas non plus comment se passe le moment du "reboot" de la ville, si elle se détruit totalement ou pas, comment font les habitants... En fait, j'ai laissé ça en point d'interrogation dans ma tête ! (mais en vrai moi aussi je me demande xD )
Cette fin est décidément problématique, et en effet il faudra que je la reprenne pour faire un truc plus abouti... L'idée de développer le tout est aussi tentante, ça me donne envie d'y réfléchir !
Merciiii pour ton commentaire, ça fait trop plaisir !
Bisouuuuu <3
Nana
Merci beaucoup de m'avoir lue !
Alors, en effet, à l'écriture et à la relecture je me suis dit aussi que le concept de la ville qui se détruit et le modèle de société que j'y développe n'avaient aucun lien entre eux... xD Mais je ne voulais pas effacer ou lisser l'un des deux, et je ne savais trop qu'en faire, donc, par facilité, j'ai laissé comme ça en me disant que ce n'était pas si gênant ! Donc, le fait que tu le pointes me met la puce à l'oreille, je reverrai ça pour expliquer le lien qu'il y a entre les deux ;)
Super aussi tes petites remarques très ciblées, j'aime entrer dans les détails et je reprendrai ça aussi !
C'est trop bien, parce que ça me permets de me rendre compte qu'il y a encore trop de trucs à améliorer \\o/ J'adore les commentaires en fait xD
Merciii Olga pour ton com c'est trop cool <3
Bisouuuuuu
Je viens de lir eton intrigante nouvelle et ai beaucoup de choses à dire dessus.
Je vais d'abord parler de ce qui "marche" pour moi, pour ensuite aborder les points à mon avis un peu moins réussis.
Dès la première phrase, on comprend que quelque chose cloche, n'est aps comme dans notre monde. Je n'ai probablement pas compris la deuxième phrase, mais ce n'est pas grave, ça rend curieux.
Tes personnages sont vivants, ta société différente. En peu de mots, tu réussis à poser un cadre très différent.
Le Père et ce qu'il représente pour les citoyens est à mon sens encore ce que tu as le mieux réussi. Déité incomprise mais physique, intrigante, fascinante.
Là où je suis moins convaincu, c'est au moment de conclure l'histoire. Ça va trop vite. Des points qui mériteraient développement défilent, et si on comprend ce qui se passe, plein de questions restent sans réponse et il me manque comme une pique finale.
Alors oui, super, l'idée d'une dimension sans temps où un scientifique mènerait une expérience en introduisant le paramètre "temps" dans une autre dimension. Mais je pense qu'on ne remarque pas assez de différences entre l'intemporel et le constamment renouvelé; entre les scientifiques hors du temps et les gens de Vek qui vieillissent. Qu'y a-til comme autre conséquence à part le renouvellement de la ville?
La société a l'air matriarcale, c'est intéressant, mais manque peut-être de dévellopement.
Sinon, j'ai trouvé vraiment très fort cette image de Dieu contrarié, échouant dans son projet, créateur d'un homme éternellement moyennageux.
Merci mille fois de m'avoir lue !! Ça fait trop plaisir <3
Je suis bien contente que cette nouvelle t'ait intrigué en tout cas ! En effet, j'ai toujours du mal avec mes fins :/ Et les pistes que tu me donnes sont très intéressantes... J'ai dû finir cette nouvelle assez rapidement, je dois l'avouer, et j'ai galéré à trouver une idée pour la fin. Du coup je l'ai un peu bâclée je crois. Il faudrait que je reprenne tout ça à tête reposée sans le stress de la date limite !
Merciii Mart !!
Bisouuuu