Assise au bord de la mer, Marine observait les alentours d’un air dédaigneux. Partout où elle posait les yeux, le dégout lui courbait les lèvres. Il y avait d’abord le sable, désagréablement niché dans chaque plis de son corps et qui recouvrait l’étendue de la plage. Il jouait à réverbérer le soleil dans sa rétine. Le sable était de mèche avec l’eau, Marine n’osait la fixer tellement elle était plus forte à ce jeu. Il ne restait plus qu’à poser ses yeux sur ces corps librement dévoilés, si certain nous exposait leur muscle et leur régime, d’autre nous dévoilait plutôt les excès accumulés de l’année. De plus Marine n’était pas une sainte, mais elle aurait volontiers enseigné la pudeur à quelques un. Et même si Marine fermait les yeux, il restait les bruits qu’elle entendait et qui lui faisait regretter de n’être pas née sourde. Il y avait dans son oreille droite les hurlements d’une famille qui construisait un château de sable à la force de leur vociférations plutôt que de leur coup de pelle.
Et pour l’oreille gauche les bruits multiples et animaux provenant d’un match de volley ball. Le vent ainsi que le bruit des vagues incessant martelaient ses tympans comme pour les achever. Et de temps à autre une orde de mouette venait la traiter de tous les noms. Non décidément, elle ne voyait pas ce que les gens trouvaient de si agréable à la mer. Marine ne comprenait pas comment cette masse bleue hostile, froide, immense et agitée ravivait le coeur de ses semblables contemplatifs.
Il y avait quelque vacanciers courageux qui osaient même se mouiller à force de grimaces frigorifiées. Marine ne comprenait pas cette envie de s’aventurer dans les abysses. En sécurité sur la terre, Marine les haïssaient de survivre à cette balade humide, quand son père, lui, n’en était jamais ressorti.
Toujours assises sur la plage, elle même contemplative, elle se mis à penser que les petites puces de sables étaient au final la chose la moins dérangeante de tout ce spectacle.
Mais pourquoi rester alors? Pourquoi ne pas partir de la cote, si la simple pensée de la mer est si dérangeante ? Ça elle y avait déjà réfléchit. Mais sa famille lui disait toujours qu’elle ne survivrait pas loin de la mer, que tous ses ancêtres avait vécu ici. Ici même. Ils n’avaient jamais quitté la terre de leur naissance et que tous ceux qui avaient voulu partir avait péri d’une manière ou d’une autre. Les explications n’étaient pas plus détaillées, mais les légendes variées. A vrai dire Marine savait très bien qu’ils n’en savaient rien si finalement ceux qui étaient partis avaient survécu ou non. Le contact avait été coupé, le lien rompu. Après des années d’absence, même venant de ceux qui aimait le plus la famille, on n’avait jamais eu de nouvelles des déserteurs. «une fois parti on ne revient pas» avait un jour dit sa tante d’un air grave. Marine n’était pas d’une nature aventurière mais elle voulait partir. Et chaque jour la peur de quitter le nid familiale, de quitter sa famille qui l’aidait en cas de besoin, l’immobilisait sur place.
Mais aujourd’hui alors que les vagues allaient et venaient inlassablement, que ses oreilles et ses yeux périssaient de douleur, et que sa peau toute asséchée par le sable se déchirait, elle fit le premier pas comme frappée par la dangerosité de son propre atermoiement. Elle se leva, et ne replongea pas dans le sable. Elle savait qu’elle s’épanouirait dans les herbes vertes et l’ombre qu’elle voyait au loin. Très loin. Elle voulait les atteindre. Cette envie d’une vie meilleure lui insuffla la force de continuer car elle était plus forte que tout. Et même plus forte que la peine qu’elle ressentait de se retrouver seule et de quitter les petites puces de sable. Elle fit un premier bond, puis un deuxième. Au troisième elle se retourna, et promit de retourner voir sa famille qu’elle abandonnait, pour leur prouver que la vie hors du sable était possible. Puis elle fit dos à la mer, et le vent, qu’elle avait toujours détesté, l’aida pour la première fois à faire des bonds plus haut et plus grand vers les herbes vertes.
PS : quel est votre rythme de publication ?
Si seulement elles étaient toutes comme Marine, elles vivraient paisibles dans les hautes herbes et nous sur la plage ! (cette nouvelle n'a pas fait l'objet de recherche scientifique sur l'écosystème et la biodiversité des plages et hautes herbes...)
Ma fréquence de publication est aléatoire, au fil du vent et des marées. Je fonctionne aussi par sollicitation d'autre auteur ;)
A bientôt au coeur de la folie ! <3