Attablés dans le salon, éclairé par une bougie, un couple se regardait dans les yeux.
— Alors, que voulais-tu me dire ? demanda Hélène , intrigué.
Robert ne pouvait plus faire machine arrière. Si au moment d’annoncer à sa femme qu’il devait lui parler, cela lui semblait une bonne idée, il en était moins sur le moment venu. Il prit une grande inspiration et jeta un œil en direction de l’escalier, vérifiant qu’il ne serait pas interrompu.
— Ils sont dans leur chambre, dit Hélène, afin de signifier à son époux qu’il pouvait parler librement. Je t’écoute. Ajouta-t-elle.
Hélène et Robert Vallente célébraient leur anniversaire de mariage au rez-de-chaussée de la maison familiale. À cette occasion, ils avaient demandé à leurs enfants de rester dans leurs chambres respectives. Au-delà du simple désir de passer une soirée en amoureux, Robert avait planifié quelque chose qui exigeait l'absence totale des jeunes âmes innocentes.
Pendant de longues années, sa femme avait cherché à percer les mystères de son passé. Elle avait soif de connaître les moindres détails de la vie de l'homme qui partageait son existence. Mais Robert avait toujours gardé le silence, protégeant jalousement les secrets enfouis en lui. Hélène, consciente que ce passé renfermait des douleurs indicibles, avait finalement cessé de le presser de questions. Cependant, en cette soirée particulièrement, Robert avait décidé de briser les chaînes du silence et de s'ouvrir totalement à sa femme, espérant que cela ne bouleverserait pas l'harmonie fragile de leur foyer. Il le savait, les révélations de ce soir risquaient d’ébranler Hélène et peut-être que rien ne serait jamais plus comme avant.
Pendant ce temps, à l’étage, leurs deux enfants vaquaient à leurs occupations respectives. Zak, à peine âgé de cinq ans, était en quête de moyens pour occuper son esprit vif et curieux. Il avait transformé sa chambre en un royaume de l'imagination, parsemé de jouets éparpillés et de coussins dressés en forteresses. Il créait des histoires fantastiques avec ses figurines, les mettant en scène dans des combats contre des monstres invisibles pour défendre des contrés imaginaires.
Tandis que Zak laissait libre cours à son imagination, sa sœur aînée Marie, âgée de onze ans, était absorbée par une conversation téléphonique avec une amie. Leurs rires et leurs confidences résonnaient doucement dans l'air, contrastant avec le calme presque oppressant qui régnait dans la maison. Cependant, tout bascula lorsque le son strident de la sonnette de la porte d'entrée retentit. La mélodie envoûtante de leur conversation fut brisée net. Marie quitta sa chambre, intriguée par cette visite surprise à une heure aussi tardive. Se rapprochant des escaliers, elle scruta l'obscurité environnante.
C'est à ce moment-là qu'elle aperçut Zak, déjà sur le point de descendre les premières marches. Un instant de panique l'envahit, tandis que la silhouette de son jeune frère prenait une allure sinistre dans la pénombre. Cette inquiétude fut toutefois balayée quasiment instantanément par un sentiment de stupidité.
— Zak, retourne dans ta chambre, souffla-t-elle à voix basse. Je vais voir qui est à la porte.
Zak, surpris, obéit en silence. Il remonta les escaliers, son esprit en ébullition, mais se conformant aux instructions de sa sœur aînée. Il referma doucement la porte derrière lui, se retrouvant plongé dans le calme oppressant de sa chambre.
Pendant ce temps, Marie descendit les escaliers avec précaution, sa main glissant le long de la rampe pour guider ses pas. Les lumières tamisées créaient des ombres dansantes, et elle atteignit le bas de l'escalier tout en restant partiellement cachée dans l'ombre. Son père se tenait près de la porte, le visage illuminé par la lumière extérieure alors qu'il ouvrait celle-ci.
Bien qu'elle ne puisse pas voir les visiteurs qui se trouvaient devant la porte, quelque chose dans la posture de son père, dans l'expression de son visage, laissa présager un événement hors du commun. Une vague d'anxiété la submergea, imprégnant l'air d'une tension palpable. Figée à l'ombre de l'escalier, elle ne pouvait détacher son regard de la scène qui se déroulait sous ses yeux.
Un frisson glacial remonta le long de son dos. Une terreur inéluctable l'envahit tandis qu'elle continuait d'observer, ses sens en alerte. Les détails restaient flous, mais une aura de menace semblait flotter dans l'air. Les ténèbres qui enrobaient la maison s'épaississaient, transformant l'atmosphère en une présence quasi tangible qui imprégnait tout.
Sans même s'en rendre compte, Marie fit demi-tour, remontant discrètement l'escalier pour regagner sa chambre. Cependant, son instinct protecteur envers son jeune frère prit le dessus. Arrivée en haut de l'escalier, elle jeta un dernier coup d'œil en bas. Son cœur battait la chamade, elle se hâta alors vers la chambre de Zak.
— Zak, viens avec moi, vite !, lui dit-elle d'une voix emplie d'angoisse.
Zak, bien que confus, la suivit. Il sortit de la chambre, guidé par Marie. Elle le conduisit jusqu'à son sanctuaire sous l'escalier menant au grenier. Les ténèbres du placard l'accueillirent, enveloppant le jeune garçon dans leur obscurité rassurante.
— Ne bouge pas d'ici le temps que je ne viens pas te chercher. Dit-elle, l'affolement dans la voix.
Là, dans le noir, Zak prêta l'oreille aux événements qui se déroulaient à l'extérieur. Les murmures de sa sœur semblaient à peine audibles, noyés dans le tumulte qui s'installait. Le chaos commença à régner, les voix se mêlant en un concert de cris désordonnés. Zak écoutait, tétanisé, tandis que l'oppression grandissait, les sons de lutte paraissant s'approcher de plus en plus, comme les battements de son propre cœur.
Un frisson parcourut son échine lorsqu'il entendit des bruits sourds, comme des objets qui tombaient. Les cris de ses parents se perdaient dans un tumulte de sons étranges et inconnus, créant un crescendo terrifiant dans l'obscurité. Zak se recroquevilla dans son petit havre de paix, son souffle devenant irrégulier tandis que son imagination nourrissait sa peur grandissante.
Puis, soudainement, tout devint silencieux. Un silence si profond qu'il paraissait étouffer même les sons les plus infimes. Zak tendit l'oreille, espérant entendre quelque chose, n'importe quel indice qui pourrait expliquer la situation. Mais le silence persista, lourd et interminable. Le temps s'étira, les minutes se transformant en heures.
Peu à peu, la fatigue se mêla à sa terreur. Épuisé par l'attente et la peur, Zak finit par s'endormir. Sa fatigue l’emporta finalement sur l'angoisse. Ses rêves étaient peuplés d'ombres menaçantes et d'échos de cris lointains.
Lorsqu'il se réveilla enfin, il se trouvait dans les bras d'un homme en uniforme, la lueur d'une lampe torche éclairant faiblement les ténèbres qui l'entouraient. Confus et désorienté, il tenta de regarder autour de lui, en quête de réponses.
— Où sont mes parents ? demanda-t-il d'une voix tremblante, ses yeux reflétant l'incompréhension qui l'habitait.
L'agent de police garda le silence, son regard empreint de compassion posé sur le jeune garçon. Il ne pouvait rien lui révéler. À la place, il le serra plus étroitement contre lui, offrant une présence réconfortante au milieu de ce moment de confusion et de terreur.
Ensuite il y a beaucoup le mot ''terreur'' dans ce chapitre, en plus d'être dans le titre, cela fait perdre son aura de peur au récit. Il y a plein de façons d'inspirer la peur dans ce chapitre : les cris et les objets qui se brisent, comme tu les as utilisé, puis le silence.
Un silence lourd, vide.
"Mais où est Maman ? Où est Papa ?
...
Ils ne jouent plus en bas ?"
La désillusion pour un gosse de son âge est crédible, et vraiment marquante pour le lecteur. Ensuite l'horreur psychologique n'a sans doute pas sa place dans ton histoire, mais si l'on suit l'histoire de Zak, il aura une peur panique qui le poursuivra toute sa vie sur un truc en particulier (les cris, le noir, le silence, la solitude...); et le faire présager dans le premier chapitre pourrait être un grand plus.
Ensuite je suis une sombre personne, et ton chapitre d'entrée est très bien. Il y aura toujours des gens qui critiqueront ton travail, même lorsqu'il sera parfait, donc je te donne des pistes que j'aurais appliquées dans mes histoires, mais c'est important que tu laisses ta marque et ton âme dans tes récits. Ils t'appartiennent, plus qu'à quiconque.
Je mettrais les autres versions au fur et à mesure. Mais déjà je vais vous présenter le récit. L'écriture du premier jet touchant à sa fin, le vrai travail va commencer.
Un début de chapitre qui ne laisse pas imaginer une telle fin. Est-ce la faute du père que cette situation dramatique a lieu ? C'est intrigant. J'imagine au vu du titre et du résumé que le petit Zack plus grand cherchera à se venger. Hâte de découvrir la suite.
Le sentiment d'angoisse et d'oppression est aussi très bien dosé, et la fin sans explication est parfaite, nous laissant comprendre qu'il s'est passé quelque chose de terrible sans qu'on en connaisse réellement la nature.
Mis à parts quelques fautes, j'ai vraiment beaucoup apprécié la lecture :)
Une réécriture est prévue pour bientôt.
Peut-être qu'il faudrait revoir les premières lignes concernant les parents : on passe de leur point de vue à celui des enfants et notamment celui de Zak, ce qui, à mon sens, crée un peu de maladresse.
Il y a cependant un vrai questionnement sur ce qu'il se passe dans cette maison et le proposer depuis le regard des enfants est une bonne idée.
Affaire à suivre ;)
H.