Octobre

Un souffle, écho égaré dans la tranquillité de l’instant.

 Il est le roi du monde, debout sur le rocher, en plein milieu du champ, les bras tendus vers le ciel. Le vent porte une odeur de fin d’après-midi, de froid et de feuilles après la pluie. L’univers entier lui appartient tandis qu’il se tient droit, seul, lançant toutefois de fréquents coups d’œil en arrière de peur de voir arriver les véritables propriétaires de son royaume d’une heure. Il a déjà été coursé par une vache, un jour, il y a longtemps. Mais cela l’a assez marqué pour lui passer l’envie de réitérer l’expérience. Plus haut, le champ continue de s’étendre. À gauche, la pente verte est interrompue par un massif d’ajoncs, long, touffu. Il avise les épines d’un regard chargé de ressentiment. Il aura sa vengeance sur les méchantes fleurs jaunes.

Il inspire, contemple la forêt en contrebas. Il essaie de se concentrer sur ce qu’il a, de ne pas penser à ce qu’il a perdu mais c’est trop tard, l’image, la scène s’impose à lui.

Mauvais souvenir.

Il la chasse de son esprit, comme ce qu'elle est. Une pensée, un souvenir, une émotion fugace. Il reprend une inspiration. Aujourd’hui aussi, elle restera là-bas, dans les tréfonds de sa mémoire.