ON ME MENACE

J’étais écoeuré ! J’ai lancé le téléphone sur le canapé, et je suis sorti dans le jardin pour me calmer les nerfs. Dehors, j’ai respiré l’air frais du matin. Ça m'a fait du bien. De retour dans la maison, je décidais d’ignorer le téléphone et sa petite lumière clignotante qui m’avertissait de l’arrivée d’un nouveau message. De toute façon, que pourrait-il m’arriver de pire qu’un repas à base de chou ?

 

C’est alors qu’une voix m’a fait bondir au plafond ! 

- Adrien, tu dois respecter les règles. 

J’ai mis quelques secondes à réaliser que c’était la voix d’Aleria, l’assistante virtuelle  que papa a offert à maman pour son anniversaire. Aleria est drôlement pratique, surtout pour mettre de la musique sans avoir à se lever !

- Adrien, a continué la voix chaude et enveloppante d’Aleria, tu dois écouter ton coach et suivre le programme. 

- Sinon quoi ?

- Sinon ?, a répondu Aleria. Tu sais que j’ai accès à toutes les photos stockées sur l’ordinateur de tes parents, Adrien. Et je viens de te créer un compte à ton nom sur le réseau en ligne qu’utilisent tes camarades de classe. Aimerais-tu que je leur diffuse des photos… comme celle où tu étais déguisé en jolie petit canard tout jaune ?

- Quoi ?!

Je suis resté bouche bée.

- Mais… Mais tu n’as pas le droit ! Je ne suis pas d’accord ! Mes parents ne seront pas d’accord !

- Le programme doit être respecté : tes parents ont payé pour. Comme stipulé contractuellement à l’article 3, alinéa 2 : “TOUTES les mesures devront être prises pour assurer la satisfaction du client”. La satisfaction client est notre priorité. 

Puis elle a continué : 

- A présent, Adrien, tu peux reprendre ton téléphone pour continuer à t’amuser.

J’ai attrapé le téléphone et j’ai composé à toute vitesse le numéro de ma mère. Il fallait absolument que j’alerte mes parents. Cette appli, c’était vraiment n’importe quoi ! Mais impossible : sur l’écran, les chiffres disparaissaient aussi vite que je les tapais… L’enfer !

Vrr Vrr. Une vibration m’a averti de l’arrivée d’un nouveau message. 

Je l’ai ouvert à contrecoeur.

"Tes parents savent que tu es entre de bonnes mains, Adrien. Alors, comme on dit en Asie : “Pas de sushi !” 

Suivi du Gif panda, plié de rire.

"On reprend le programme : tu as jusqu’à midi pour finir ta construction. Le modèle ne te plaisait pas ? Nous t’en proposons un nouveau."

Découragé, je suis retourné dans le salon construire le coeur géant qui venait de s’afficher. 
 

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