Le soleil était haut dans le ciel. Un bruit sourd recouvrait la place du marché, aussi appelée place centrale.
Il s’agissait des habitants qui s’échangeaient des mots sur la tranquillité de leur vie parfaite, tout en affichant un sourire aussi brillant qu’une pierre de cristal. Par terre coulait une eau cristalline débordant de la fontaine de jouvence qui se situait au beau milieu de la place et qui donnait à l’endroit une atmosphère reposante et rassurante, mais surtout un air de paradis, de vie idéale.
Un monde où tout se pardonne, une vie où l’on s’oublie, et où l’on ne respire que pour soi-même.
Chaque journée passait et se ressemblait. Une ville de paix et de calme dans laquelle hommes, femmes et enfants vivaient comme bon leur semblait, dans une harmonie divine.
Chaque instant, chaque moment et chaque seconde qui s’écoulait sonnait comme une douce mélodie à l’oreille. La palette de couleur des bâtiments et des maisons apportaient aux yeux une douceur indescriptible et le doux parfum omniprésent de cet éden construit sur une vie de guerre transformait n’importe quelle personne en un être de sérénité. Il s’agissait là d’une véritable utopie aux couleurs chaudes et aux matériaux parfaits, une terre d’amour idyllique.
Par terre, les fleurs aux couleurs arc-en-ciel chatoyaient les pupilles de chaque être vivant. Leur forme flottait dans une brise légère avec la grâce d’une femme, dans un mouvement lent et agréable à regarder.
“- Regarde ces fleurs, ne sont-elles pas magnifiques ?
- Oui.
- C’est une si belle journée.. Tu ne trouves pas ?
- Assurément.
- Et regarde, le ciel ! Cette couleur.. Elle apporte une certaine pureté, une certaine poésie.
- C’est vrai. Mais il n’y a rien à faire, ici.
- Profite de l’instant présent. Fais comme moi..”
Elle s’en alla. Elle semblait être la personnification même de cet endroit: parfaite, trop parfaite, presque irréelle, tel un mirage.
Ses cheveux bleus s'entremêlaient et flottaient sous la brise d’été, tandis qu’elle se vêtit de son chapeau de paille duquel elle ne se séparait jamais. Et sa robe.. Sa robe, elle semblait avoir été cousue sur mesure pour elle, tant elle mettait sa beauté pure et naturelle en valeur. Et il était certain que les personnes qui se trouvaient devant elle au moment présent s’étaient directement plongés dans la sublime couleur onirique de ses yeux verts clairs.
Et lui.. Ce n’était personne. Il était juste abasourdi par la beauté de cette séduisante femme au nom inconnu et par le fait qu’elle s’était adressée à lui sans aucune indiscrétion, alors qu’il contemplait encore cette silhouette fine et majestueuse.. Ça n’était que trop magique. Ça n’avait que trop duré. S’accroupissant, le genou au sol, il arracha un lys blanc à cette terre molle et moulue. De part sa curiosité, il mit la plante sous son nez: celle-ci dégageait un doux parfum envoûtant. Puis plus rien. Cette fraîcheur avait subitement disparue. Et il la jeta.
Il se releva, jeta un coup d’oeil à gauche, puis à droite. Et il s’en alla, lui aussi.
Il passa non loin d’une jeune fille brune qui jouait du violon pour son seul plaisir. Elle bougeait ses bras et son corps dans toute sa splendeur avec une grâce incroyable, créant des sons harmonieux remplis d’émotion. Elle aussi, portait une robe. Celle-ci semblait faite à partir de nuages, donnant l’impression que la jeune fille flottait, heureuse, dans son monde.
Bientôt, elle ne serait éventuellement plus là.
Ce monde n’existait pas.. Ce n’était ni la vie, ni la mort. C’était un monde parfait, aux allures de purgatoire. Personne ne savait ce qu’il se passait à l’extérieur de la ville, ni même à l’intérieur.
Non loin, des hommes et des femmes étaient assis à la terrasse d’un café, en sirotant leur boisson, café, thé, ou grenadine, de façon distinguée, en discutant de tout et de rien. Et parfois même; des éclats de rire illuminaient ce lieu. Ces personnes semblaient satisfaites, tout comme celles qui venaient de faire leurs courses au marché et qui passait par la Rue de l’Ouest, ou même celle du Sud, du Nord ou de l’Est, car l’on pouvait trouver dans toutes des petites boutiques, des cafés ou bien des restaurants. Plus loin se trouvaient les premières habitations, des bâtiments empilés et harmonieusement rangés et décorés.
D’autres personnes, majoritairement des enfants, s’asseyaient sur le bord de ce qu’on appelait la fontaine de jouvence qui était le centre même de la ville. Une publicité mensongère, puisque même si l’eau ici est purifiée et majestueuse, elle ne faisait pas réellement rajeunir les rares personnes qui s’y baignaient puis qui traînaient des pieds sur la pavé chaud couleur jaune orangé.
“Ce monde.. Cet endroit.. C’est tellement ennuyant.. Tout est ennuyant.
Il ne se passe rien d’intéressant. Et pourquoi je suis ici, d’ailleurs ? Je n’ai rien à faire ici.
Je sais que ce n’est pas le paradis… Ça se saurait, sinon. Puis, ça n’existe pas, le paradis.
Non. Je devrais être chez moi, dans ma petite maison de banlieue. Cet.. Cet endroit n’est pas un rêve.. C’est plus un cauchemar réaliste qu’autre chose. Un cauchemar d’une nullité exceptionnelle. Pourtant, j’ai l’impression d’avoir toujours voulu être là.
Mais si cet endroit n’existe pas, alors pourquoi est-ce que je n’arrive pas à me réveiller..?”
Les rêves sont des mensonges.
La nuit commença à se coucher sur la terre et le crépuscule surplombait le ciel. C’était l’heure où la moitié de la population montait sur les collines et les dunes pour admirer le spectacle du coucher de soleil, en empruntant soit la longue Rue de l’Ouest, soit les ruelles d’à côté puis en suivant directement le chemin de pierres jaunes et rouges qui menait aux plaines. Certains s’allongeaient près d’une rivière transparente qui ruisselait sous les chants des oiseaux et qui respirait la vie, d’autres se posait simplement sur une pente ou sur un terrain plat mais agréable. On pouvait admirer les quelques enfants qui s’amusaient entre eux et qui de temps en temps traversaient la rivière en sautant sur les roches pour rejoindre leur famille qui avait préparé un dîner en plein air.
Au-dessus, le dégradé orangé semblait presque irréel tant il était beau. Les visages semblaient émerveillés, alors que ceux-ci pouvaient voir la même chose presque tous les jours. Ces gens-là… Ils semblaient être dénués de toute intelligence avec leur allure de robot programmé à s’extasier sur tout ce qui les entourait et sur tous les petits détails que ce paradis leur proposait, jusqu’à ce que le soleil disparu totalement, laissant le satellite lunaire avoir son heure de gloire.
Un par un, les corps se relevaient, et marchant sur l’herbe douce et voltigeante des collines aux formes parfaites, rentraient chez eux. Même la nuit, tout semblait tout droit sorti d’un rêve, ou bien être directement issus d’une rêverie inimaginable. Ce soir-là, la température était idéale, notamment pour une nuit d’été, et le firmament était profond et illuminé de milliers d’étoiles qui scintillaient une à une, presque dans un ordre précis, pendant que le vent apportait avec lui son chant si doux et si particulier qui emportait avec lui quelques brins d’herbe voletant ça et là. Chaque cellule de ce qui composait cette nature vivait comme un amour platonique.
Puis au bout d’un moment.. Plus rien. Le calme. La paix.
La cité était en pause et le monde en pleine suspension, quand un jeune homme au visage familier, la quinzaine environ, emprunta avec discrétion le petit chemin de pierre jaune et rouge en quittant sa résidence pour se rendre sur les plaines. Près de 10 minutes de marche après, il se posa et s’allongea dans la verdure, les mains derrière la tête, les cheveux flottants et le visage caressé par un vent brûlant. C’était une nuit tranquille pour se reposer, pour compter les étoiles, admirer les dessins qu’avait laissé dans le ciel une peut-être divinité. Mais il sentait en lui comme un chagrin, une souffrance qui le rongeait tout entier. Il avait mal.
“Je ne comprends vraiment pas.. J’ai.. L’impression de souffrir. Suis-je le seul ?
Pourquoi devrais-je souffrir sans raison alors que cet endroit a l’air d’un monde parfait, sans souffrance, sans guerre, sans dispute, sans.. Rien ? Tout ça n’a aucun sens..”
Le jeune homme posa une main à terre, près de sa hanche, la paume face à l’au-delà. Et il sentit comme une force immatérielle qui l’attrapa et qui serra celle-ci avec poigne. Mais il n’avait pas mal, au contraire, la seule impression qu’il avait était que cette mystérieuse force faisait disparaître tous ses maux, ses douleurs, et lui faisait se sentir.. Bien.
Juste bien.
Les yeux du jeune garçon commencèrent peu à peu à scintiller et à s’étinceler. Il ne sentait plus qu’une force qui lui tenait la main mais une vraie personne qui était assise à ses côtés, et qui continuait sans arrêt à lui serrer le main avec fermeté et ténacité, comme si cette personne sans nom ni visage semblait abattue et souhaitait la compagnie du jeune garçon, au point d’être à deux doigts de lui briser les os de la main.
Mais cela ne lui faisait pas mal. Il ne sentait rien.
Cela ne faisait que le rassurer. Ce monde serait donc tellement irréel et parfait qu’il créerait même des esprits qui permettraient aux gens de ne plus se sentir seul ou qui soigneraient leurs blessures..
Les yeux du jeune adolescent, éblouis par les astres flamboyants, lâchèrent quelques larmes, qui coulèrent sur ses joues rosées. Il ne bougeait plus, et la seule chose qui le maintenait éveillé était cette force illusoire de ce corps invisible.
Ce corps, ... C’était quelqu’un qu’il connaissait. Il s’en doutait. Mais pourquoi ?
“Que veux-tu me dire ? J’aimerais dormir.. Arrête un peu.. Tu vas finir par..”
Les étoiles perdirent de leur éclat; le ciel s’assombrit pour ne laisser plus qu’une couleur morose. Avec elle, la verdure se ternit pour donner à l’herbe une vulgaire et pâle couleur de détresse perturbant le jeune homme, qui affichait soudainement un air non pas d’inquiétude mais plutôt de déplaisir. Est-ce que c’est ce qui arrive, en pleine nuit ? Est-ce que dans un monde où la journée, les rues sont à moitié remplies, où chaque personne sourit et est heureuse, où les couleurs sont chaudes, puissantes et si jolies, où tout est si idyllique, la nuit était triste et insoucieuse, emplie de rancoeur et de peines incolores ?
“Est-ce c’est toi qui fait tout ça ? J’étais si bien, en paix, tout était si merveilleux et si onirique, pourquoi a-t-il fallu que tout se transforme en pensées affligées ? Cette utopie.. C’est vraiment un cauchemar.. Et j'ai l’impression que tu essaie de m’attirer quelque part.. Mais où ? Tu essaies de me faire passer un message et tu transformes cette idéalité en réalité.. Je ne comprends pas. Je ne suis qu’un simple habitant de cette ville.. Cette ville.. Comment s’appelle-t-elle, déjà ?”
Les larmes continuaient de couler en abondance, sans qu’il ne sache pourquoi. Il ne savait même pas si c’était des larmes de tristesse, de joie, de haine ou de douleur. Mais ces larmes avaient perdu de leur éclat si innocent et pur.. Ce n’était plus les mêmes.
“Il faut que je te demande.. Comment ça se passe chez toi ?
Ici, tout est toujours calme, il ne se passe rien. Il n’y a jamais ce qu’on appelle des accidents, des drames.. C’est triste. Tout le monde est joyeux. Trop joyeux. Tout cela m’ennuie; ce n’est pas du tout comme je l’imaginais.. Je déteste cet endroit.
Et j’ai cette impression de n’être ici que depuis quelques secondes, mais en même temps de l’être depuis des mois entiers, voir des années.
…
...
Je ne vois plus les étoiles. Est-ce que je m’endors ?”
Sa tête pivota légèrement vers la droite. Il ne voyait rien, mais sentait toujours cette main saisir la sienne, lui donnant ce sentiment de sûreté. Au milieu de nul part, le vide pouvait être pesant et lourd, mais cette sensation de chaleur humaine le clouait au sol et drainait toute crainte de son cerveau. Il se sentait.. A l’aise.
Puis soudainement, plus rien.
Absolument rien.
Il lui semblait que cette main lui ai été complètement volée et qu’elle avait laissé derrière elle un cri. Un cri de terreur et d’effroi, de tristesse et de rage. Un cri strident à en glacer le sang, alarmant le jeune homme. C’était comme si on lui avait arraché un membre, et il avait du mal à bouger. La seule chose qu’il pu faire fut de se retourner sur le ventre pendant qu’une violente migraine prenait possession de son corps. Il pleurait encore, et encore, mais en passant ses doigts sur sa joue droite, il réalisa que ce n’était plus des larmes;
mais des larmes de sang.
Des sentiments d’insécurité et de danger commencèrent alors à fleurir dans son esprit. Il ressentait comme une disgrâce dans les mouvements de la nature causés par une brise qui devenait de plus en plus froide et morbide... Cette harmonie et cet amour qu’il pouvait ressentir dans chaque recoin de cette terre avait disparu.. Puis un hurlement.
Une voix de femme qui lui hurlait et l’appelait de toute sa voix d’un prénom, dans une rage désespérée. Elyan.
C’était son nom à lui. Et c’était.. Qui c’était, cette voix ? Avec toute la force qu’il lui restait, il se leva et fonça vers la ville. Sa vision se troublait et chaque pas entraînait un véritable coup de massue dans la tête du jeune garçon. Sa respiration se faisait de plus en plus forte, devenait de plus en plus lourde. Ce sentiment d’épouvante et d’agitation avait entièrement prit possession de son corps. Lorsqu’il clignait des yeux, un sifflement dans lequel il entendait le même cri lui déchirait les tympans. Un sentiment d’incompréhension… Puis des coups.
Tout cela s’apparentait à de la folie. Cet endroit n’était plus le paradis dont il prétendait. C’était un enfer sans nom.
La victime tomba de nombreuses fois, sans comprendre la cause de tout cela. Un bourdon résonnait dans sa tête qui lui faisait perdre tout l’équilibre qu’il pouvait avoir.
Mais les coups continuaient, et à chaque clignement d’oeil, tout se transformait devant son frêle corps impuissant: des cris de détresse résonnaient, des maisons brûlaient, les gens se bousculaient, un trouble inconnu. Et à chaque fois, tout cela empirait. S’aventurant dans la Rue de l’Ouest, il se faisait pousser par des gens blessés qui tentaient de fuir et se prit des coups de personnes qu’il ne voyait pas, voyant des enfants qui avaient perdu leurs parents et qui se faisaient atrocement battre. Il souffrait tellement que c’en n’était plus humain. Les Hommes, affolés, ne savaient plus où aller, dans cet enfer de douleur, où Elyan subissait un véritable martyr sans pouvoir faire quoique ce soit, jusqu’au moment où il tomba, la tête la première au sol.
A l’instant même où sa tête heurta le pavé, il rouvrit grand les yeux et vit devant lui un homme armé d’une batte dans laquelle étaient enfoncés des clous. Celui-ci frappait, frappait le corps allongé et désormais difforme du garçon, qui était tâché de sang et de bleus.
L’arme ensanglantée lui infligea des coups plus puissants encore. Il crachait du sang, ne voyait plus que d’un oeil. L’autre était probablement déjà crevé. Mais ce qu’il pouvait apercevoir, il s’en souviendrai pour toujours; même mort: un paysage apocalyptique dans lequel tout semblait rouge et dont le feu, la mort et les armes régnaient en maître, puis des cadavres, dont certains qui le regardaient avec des yeux blancs dont toute vie avait été entièrement drainée, comme pour dire “rejoins-nous”. La maison dans laquelle il se trouvait, cette maison de banlieue était entièrement démolie et tous les débris recouvraient le sol qui avait perdu toute sa couleur.
Petit à petit, il ne sentait plus rien. Il n’avait à peine remarqué qu’une partie de la peau de son ventre était déchirée et que ses organes étaient visibles. Aussitôt, le cruel homme devant lui écrasa sa batte à l’intérieur, et fit hurler Elyan. Les boyaux juteux avaient fait un son spongieux et avaient éclaboussés sur le mur et le sol déjà entachés par la mort, et sa voix rauque devenait de plus en plus faible.
Jamais un cri n’avait autant hurlé le désespoir et la mort que celui-ci. Il symbolisait la torture qu’il subissait, le massacre indéfinissable dont il était victime.
C’était le terme exact. Il se faisait littéralement massacrer sous les fausses notes du chant des morts et des gargouillis de ses organes vitaux qui lui faisait cracher son sang comme du vomi. Sa tête couverte de plaies et de sang, tout comme le reste de son corps, était tombée sur le côté gauche, le laissant apercevoir le cadavre livide de sa mère qui le regardait, le bras comme tendu pour lui prendre la main. Il laissa tomber son bras gauche, mais elle était trop loin. Il n’avait pas réussi.
Et cet échec, ce fut la dernière chose qu’il ai vu avant que l’inconnu ne lui décapite la tête une bonne fois pour toute et ne ressorte de la maison détruite et ouverte à la mort, laissant à l’intérieur de la bouillie humaine et une puanteur exécrable qui envahissait ce monde, le monde réel et cruel dans lequel résonnaient les gouttes de sang qui tombaient une à une. Non loin, une jeune femme qui semblait un peu plus âgée et totalement terrifiée sortit de sa cachette et s’approcha des deux corps. A côté de celui d’Elyan, celui de la mère semblait presque intact, elle qui s’était juste faite plantée au coeur. Remarquant la position de ceux-ci, elle s’accroupit et rejoignirent d’un geste attendrissant leur deux main. Cette utopie impossible et aujourd’hui massacrée dont parlait si souvent son frère, et la dernière chose dont il avait rêvé..
“Puisse-tu la vivre avec la personne qui t’aimait le plus..”, dit-elle avec une voix faible.
La femme dont la peau était pâle et couverte d'égratignures savait qu’il ne restait plus qu’elle. Les yeux vides mais remplis de rancoeur, elle s’avança donc dehors, vers une fin certaine qu’elle n’avait jamais souhaité, attendant la mort qui viendrait d’ici une à deux minutes.. Un coup de feu ? Une explosion ? Ou bien un coup de poignard ?
Rien.
Elle était seule, et commença à fredonner un air qu’elle connaissait bien. Une mélodie frêle et fragile mais harmonieuse et remplie d’émotion. Ce thème qu’elle jouait à son petit frère chaque fois qu’ils se voyaient..
Elle marcha vers le centre.
Bientôt, elle ne serait éventuellement plus là.
Et tout autour d’elle, la mort. Ce n’était pas l’enfer, c’était la vie, une vie cruelle qui arrachait à chacun les êtres aimés et leur donnait des souvenirs douloureux.
Une vie de guerre.
Le soleil était haut dans le ciel rouge et gris. Un bruit sourd recouvrait la place principale, au centre de la ville.
Il s’agissait des habitants au sol à moitié vivants qui se lamentaient sur leur sort et qui priaient Dieu pour que cette guerre cesse, tout en affichant sur leur visage une souffrance aussi déchirante que la pire des souffrances qui pouvait exister. Par terre coulait une eau cristalline qui se mélangeait à cette peinture rouge et qui donnait à l’endroit une atmosphère sombre et apocalyptique, mais surtout un air de jugement dernier, de mort imminente.
Un monde où tout se pardonne, une vie où l’on s’oublie, et où l’on ne respire que pour soi-même...