Où est-il ?
L’a-t-il égaré ? L’a-t-il abandonné ?
Puis-je le lui inventer ? Ou le lui dessiner ?
On l’a cherché ensemble. Il ne se rappelait plus de la dernière fois où il l’avait eu – c’eut été trop simple. On a cherché sous ses lèvres, dans un recoin de son menton, à l’ombre de ses cils, à l’intérieur de son regard, dans ses sourcils, entre les plis de son visage, derrière sa tête – d’ailleurs, il y avait une idée là-bas. Ni à droite, ni à gauche de son nez.
On a commencé à s’agacer, alors on a changé de tactique. On s’est séparé. Moi, j’ai cherché entre les pages d’un vieux livre – seulement une fleur séchée ; lui, il n’arrêtait pas de souffler : il voulait vérifier s’il n’était pas coincé dans un soupir ! Je lui ai dit qu’il risquait de le faire s’envoler plus loin. Je lui ai dit avec une voix en colère ; j’étais inquiète pour lui.
Je suis sortie de chez lui pour continuer mes recherches dans le quartier. J’ai observé le vent au cas où il s’était fait emporter ; j’ai fouillé à la surface des flaques s’il s’était transformé en reflet ; j’ai soulevé une plaque d’égout, il était peut-être dans les détritus… Je ne l’ai pas trouvé, et lui non plus. Je commençais à être vraiment mal : j’en avais trouvé pleins ! c’étaient jamais les bons. J’ai voulu les rendre, mais certains n’en voulaient pas. Ça me fendait le cœur, et moi qui n’arrivait pas à trouver le sien ! J’en perdais le mien.
Lui, il a haussé les épaules en disant qu’il n’était pas si mal sans. Il a mis ses mains dans ses poches. Et il a fait une tête bizarre, un peu comme la grimace qu’on fait lorsqu’on veut cacher qu’on est heureux. Ça faisait ça sur son visage, je comprenais pas pourquoi.
Alors il m’a tendu la main : il était dedans !
Son sourire n’était pas perdu, il était froissé au fond d’une poche !
C'est espiègle et très poétique. Je t'avoue que je n'ai pas deviné de quoi il s'agissait avant la dernière phrase, ce qui prouve que c'était bien amené et donnait envie d'aller jusqu'au bout!
J'aime beaucoup cette ambiance presque d'un conte dans une réalité à peine décalée, ça rappelle les jeux de l'enfance où on se laisse porter par une histoire qu'on sait inventée, mais qui nous fait rêver
Merci du commentaire héhé :)
Je me suis amusée aussi à l'écrire comme une enfant. Je suis contente qu'on ne devine pas de quoi il s'agit :)
J'espère que tu fais de bonnes lectures !
Écris-tu toi personnellement ?
Ce fut une belle aventure, un peu comme un défi personnel.
Je dirais que de mon côté, écrire c'est comme vivre des émotions que je n'ai pas forcément ailleurs. Ça ouvre des "possibles"...
Ça a changé quelque chose d'écrire ?
C'est vrai que l'écriture, tout comme la lecture, ouvre des possibles inimaginables (ou justement, si, imaginable héhé)
Je ne sais pas si ça m'a changé d'écrire, mais ce qui est certain c'est que ça m'a permis de me découvrir.
En se relisant, on prend de la distance sur soi.
J'ai par exemple découvert que j'ai un lien fort avec le passé, les choses anciennes, et même avec la mort qui est un thème récurrent. Sans être triste, c'est un monde qui me pose question en tout cas, et je n'en étais pas conscient avant d'avoir écrit.
Ça explique que la généalogie de ma famille m'ait passionné.
De ton côté, le journal que tu écris, est-il plus rempli de questions que de réponses?
Justement, j'utilise le journal comme endroit où balancer tout ce qui me passe par la tête et ça me fait découvrir des parts de moi - autre que l'écrit fictionnel - dont j'avais une conscience trouble. J'ai aussi beaucoup de mal à parler et comprendre ce qui se passe sans passer par l'écrit alors c'est étonnant de se découvrir des ressentis, des avis. J'utilise beaucoup le journal pour ranger mon esprit finalement ! Alors des questions entraînent des réponses qui amènent des questions... Etc.
''la distance sur soi'', comme tu le disais, c'est exactement ça
Mais j'ai l'impression que chaque façon de faire - journal, poème, écrit, oral, même toute forme de créativité - nous permet d'exprimer quelque chose de nous différent, certains traits ressortant plus via certains supports
Il me semble que ceux qui ont l'esprit en bataille ont besoin de ranger leur environnement. Serait-ce ton cas? (sourire). J'ai aussi utilisé le journal, à certains moments, et tout comme toi, c'est un effet constructeur que de mettre en écrit ses émotions. Ça leur donne du sens car les phrases qu'on écrit nous obligent à une cohérence. Au final, on relit et on se "voit", on se comprend. Et ça fait du bien!
A propos de ce qu'on exprime, n'as tu pas eu le sentiment, à travers les retours sur tes écrits, que les lecteurs ne voient pas exactement ce que tu voulais y mettre? Qu'on peut ressentir une toute autre émotion que celle qui t'a poussée à écrire?
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