Classé ultra confidentiel
Ministère de la Surveillance du Huge Data et du Black Web HDBW
De : H4a3bZuv99bX38
A : EW54uHY37v9mos99
Urgent
Paris le 7 Février 2037 10h42
Objet : dialogue potentiellement subversif intercepté sur les réseaux sociaux, entre Suzanne P. et Maïa A.
Robert,
Qu’est-ce que c’est que ce PA et leur casque magique ?
Faites-moi une analyse du texte ci-dessous.
Je veux le rapport demain matin.
Followmyrulesly Yours
Suzanne :
J’ai été surprise par ce que tu m’as raconté, Maïa. Comment c’est aujourd’hui PA ? Quand j’étais jeune, je m’y connectais pour lire des textes ou écrire quelques chapitres. Aujourd’hui, je suis perdue, les technologies ont évolué tellement vite ces dernières années. Mais je croyais que PA n'existait plus ?
Maïa :
Je te confirme, Mamie, PA existe toujours, et fête ses trente ans cette année !
Suzanne :
Trente ans déjà ! Je n’ai pas vu le temps passer. Je pensais que plus personne n’avait envie de lire ou d’écrire.
Maïa :
C’est tout le contraire ! Bien sûr, les choses diffèrent aujourd’hui par rapport à ton époque. Désormais pour se connecter à PA, on commence par mettre un casque. Il est très léger et design, les points de contact avec la boîte crânienne sont brillants et bourrés de nano-capteurs performants. On ne les sent pratiquement pas, et pourtant ils pénètrent dans la tête. On a fini par accepter l’implémentation de corps étrangers sur nous, c’est tellement pratique ! La prochaine étape technologique sera la pose d’un implant, alors on sera connectés en permanence. Ce sera un progrès phénoménal ! Aujourd'hui, il est devenu inutile de se loguer, l’intelligence du casque prend le relais sur la main. A peine a-t-on enfilé le léger arceau que l’on se trouve déjà sur PA. Le casque réagit au moindre stimulus. Une pensée sur l’histoire en cours d’écriture ou celle qu’on a envie de lire, et on est déjà dans un autre monde, celui de l’imagination à l’état pur !
Suzanne :
Tu veux dire qu’on se rend instantanément d’un espace réel à un espace virtuel en posant un casque sur sa tête ? Comment est-ce possible ? J’ai l’impression qu’on se déshumanise à grande vitesse avec ce dispositif. Il n’y a plus de clavier ni d’écran ?
Maïa :
On est complètement maître de ce qu’on fait. Les vieux outils, clavier et écran, sont obsolètes. Tout se gère dans la tête, à partir du casque magique. Il y a des choses formidables auxquelles on s’habitue très vite. Par exemple, grâce à cette technologie, des malvoyants et des paraplégiques ont pu rejoindre PA et être très actifs. Cela a donné de nombreux membres supplémentaires à la communauté. A cause des problèmes d’environnement liés au réchauffement climatique et des ravages provoqués par les pandémies, il était urgent de trouver de nouvelles formes d’expression et de rendu adaptées à tous les types de population. C’était primordial pour les personnes qui souffrent de troubles ou de séquelles dus à des événements traumatiques ou dramatiques.
Suzanne :
Je l’avoue, c’est très bien. Il y avait en effet besoin de rendre accessibles toutes les formes de lecture et d’écriture aux malades et aux gens isolés.
Maïa :
Pour réussir ce pari difficile, des évolutions très novatrices ont été mises en place. Maintenant, l’histoire qu’on imagine dans sa tête peut directement être transformée en texte. Mais les mots ne sont plus qu’une manière de coder les pensées et de les stocker pour les restituer ensuite à volonté et à l’infini.
Suzanne :
Tu me donnes le vertige. Mais quand tu écris, ce n’est pas linéaire. Tu peux hésiter. Ou avoir envie de modifier quelque chose. Comment fais-tu alors dans ce monde qui n’existe pas pour de vrai ?
Maïa :
Mais il existe pour de vrai, d’une certaine façon. Toutes les corrections ou modifications sont prises en compte immédiatement. Le texte, si l’on peut dire, s’adapte aux changements qui se produisent en même temps que ton inspiration. Et si tu as besoin de revenir en arrière, c’est possible aussi. Tu revois ce que tu as écrit, le processus est complètement réversible dans les deux sens. C’est une nouvelle façon de lire en fait.
Suzanne :
C’est fou.
Maïa :
Oui, mais n’était-ce pas ainsi quand tu lisais ou écrivais avec des mots ? Tu voyais l’histoire se dérouler dans ta tête, les lieux, les paysages, les personnages prenaient corps dans ton imagination. Aujourd’hui, on s’évade complètement tout comme autrefois, mais dans un monde encore plus beau, encore plus fantastique. Tu vis ton histoire, que tu l’aies écrite ou que tu la lises. Tout est pareil qu’avant, mais c’est branché directement sur ton cerveau, tu n’as pas d’efforts à faire pour communiquer.
Suzanne :
C’est justement ce qui me gêne.
Maïa :
Ce que je voulais dire est que tu n’as pas d’effort à faire pour écrire, mais ton imagination doit travailler tout autant. D’ailleurs, j’oubliais de te préciser que le casque peut aussi récupérer les idées que tu as eues dans la journée, ou même celles que tu as eues en dormant. Tu cumules une matière formidable, tu ne perds rien, tu n’oublies rien. La difficulté, c’est de trier et de choisir.
Suzanne :
Il n’y a plus de limites. Tu as accès à tes rêves alors ? Et tous les membres de PA aussi ? On peut te voler ton intimité, cela ne me plairait pas du tout.
Maïa :
Je t’explique. Tu disposes d’un espace individuel inviolable, où toi seule a accès. Une sorte de sauvegarde de ta mémoire. Dans cette zone, les images de tes rêves sont récupérables mais uniquement par toi. Elles ne sont pas toujours exploitables car extrêmement complexes. Il y a encore des composants à améliorer pour capter les images et les transformer en texte. La sécurité de PA a fait l’objet d’études très poussées et de tests exigeants.
Suzanne :
Tu as réponse à tout. Et l’orthographe ? La grammaire ? Tout se perd si on n’écrit pas ou si on ne lit pas.
Maïa :
Les règles sont tout simplement codées dans la machine.
Suzanne :
Les enfants peuvent se connecter à PA. Que se passe-t-il quand ils sont trop jeunes pour lire ou écrire ?
Maïa :
Ils peuvent accéder aux livres pratiquement dès la naissance. Un monde fantastique leur est offert, tu peux l’imaginer. Evidemment, il est très contrôlé. Au fond, le plus difficile, ce sont les contrôles. Car les enfants ne peuvent pas lire n’importe quoi, ils ne doivent avoir accès qu’à ce qui convient à leur âge et leur maturité. Des algorithmes de calcul très puissants attribuent des scores qui ouvrent ou non la possibilité de lire un texte. Tout ceci se trouve dans le casque, c’est lui qui pilote les authentifications et les autorisations. Des études complémentaires ont été menées par PA auprès des parents dont les enfants sont connectés. Leurs résultats scolaires sont étonnants, car leur imagination est très développée. Ils s’expriment beaucoup plus tôt que la plupart des autres élèves, ils naviguent dans un océan de langage et d’images dès leur plus tendre enfance.
Suzanne :
Mais dans le monde où ils se rendent en se branchant sur PA, font-ils la différence entre leurs rêves et la réalité ? En sont-ils capables ?
Maïa :
Tu poses beaucoup de questions ! C’est que tu es très intéressée ! Si tu veux, je peux te proposer un casque, tu pourras tester l’accès à PA et entrer dans le monde des livres, c’est complètement intuitif. Cela explique pourquoi les enfants se le sont approprié.
Suzanne :
Tu ne réponds pas à ma question.
Maïa :
C’est vrai. PA ne peut pas tout faire, les parents doivent accompagner leurs enfants dans leurs voyages fantastiques. Autrefois, c’était pareil avec la télévision et les réseaux sociaux. Aujourd’hui, de nombreux adultes ne font plus la distinction entre le rêve et la réalité. C’est un véritable problème de notre époque. PA met à disposition un système qui permet de lire ou écrire des histoires, c’est à nous de nous discipliner pour ne pas confondre la fiction et le monde IRL.
Suzanne :
Dans les temps sinistres dans lesquels nous vivons, on a bien besoin de s’évader et de rêver. Pourquoi refuser de se faire du bien ? J’ai encore des questions, car ton système m’intrigue. Est-ce qu’il arrive que le casque ait un défaut ? Ou qu’il soit incapable de rendre le service qu’on attend de lui ?
Maïa :
Le casque est connecté à PA. Dès qu’un dysfonctionnement est constaté, l’appareil est remplacé très rapidement. En général, tous les membres disposent de deux casques, ainsi tu ne tombes jamais en panne. Pour répondre à ta deuxième question, il peut y avoir des erreurs, on appelait ça des bugs autrefois. On est dans un univers où les contrôles sont effectués en continu et le codage est relivré en permanence, parfois tous les quarts d’heure. Dans ce contexte, les erreurs sont vite identifiées et corrigées. Elles ont une durée de vie très brève.
Suzanne :
Tout est prévu on dirait !
Maïa :
PA a beaucoup travaillé avec les membres, à partir de questionnaires, de forums, de foires aux suggestions. L’imagination des lecteurs et des écrivains a été la base de leur réflexion sur le devenir de PA. Le chantier des versions évoluées de PA a duré de nombreuses années. Le projet a démarré il y a environ quinze ans, à la suite d’un concours. Plusieurs années ont ensuite été nécessaires pour concevoir la solution du futur, puis quelques années pour la réaliser avec l’aide d’informaticiens de génie et des magiciens, et encore du temps pour tester. J’ai moi-même été bêta-testeur, c’est pour te dire combien je suis motivée pour utiliser PA que je trouve génial.
Suzanne :
Et que fait PA pour contribuer au sauvetage de la planète ?
Maïa :
Une foultitude de choses. Par exemple, le respect du Zéro papier, aucun livre n’est édité. Le seul dispositif nécessaire pour chaque membre est le casque. Il est fabriqué à partir de matériau entièrement recyclable, issu de l’agriculture locale. Les capteurs sont également élaborés sur place. L’usine fonctionne avec de l’énergie renouvelable et un contrôle drastique de la pollution et des déchets. PA utilise des machines virtuelles implémentées sur des satellites qui tournent autour de la terre. Grâce à la miniaturisation, le stockage des données s’est considérablement réduit, et il n’affecte plus la planète mais l’espace. De même, l’énergie provient de stations spatiales collectrices d'énergie solaire, en orbite géostationnaire autour de la Terre.
Suzanne :
Arrête-toi ! Ce catalogue de réussites me donne la migraine. Le système PA est donc parfait, vertueux et jamais en panne. Aucun défaut ? Aucune critique ?
Maïa :
Si, j’en ai une et elle est énorme. Il me faudrait plus de temps pour lire et écrire. C’est le temps qui me manque, il y aurait tant de choses à découvrir, et mon petit cerveau humain est limité.
Suzanne :
C’est bien le problème de l’homme, il a toujours été confronté au manque de temps. Demande à PA de réfléchir à une solution !
Maïa :
C’est exactement ce qu’ils sont en train de faire. Ils nous donnent rendez-vous dans quinze ans pour nous proposer la multi-lecture et la multi-écriture. Ils vont commencer à travailler sur ce sujet avec des équipes de mathématiciens, car on passe dans des univers à plus de trois dimensions.
Suzanne :
Je suis encore plus perdue ! Que vont-ils inventer ?
Maïa :
Je ne sais pas te répondre, mais l’avenir est déjà en marche chez PA.
Classé ultra confidentiel
Ministère de la Surveillance du Huge Data et du Black Web HDBW
De : EW54uHY37v9mos99
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Paris le 7 Février 2037 10h51
Réponse : dialogue potentiellement subversif capté sur les réseaux sociaux, entre Suzanne B. et Maïa T.
Pas d’inquiétude, chef, tout est sous contrôle.
J’utilise moi-même ce dispositif étonnant car je suis membre de PA.
Vous ne connaissiez pas Plume d’Argent ? HDBW l’a identifié dans le cadre des évolutions technologiques révolutionnaires. Un tel progrès ne passe pas inaperçu !
Je vous procure un casque et vous l’envoie par les circuits habituels.
Essayez-le, vous verrez par vous-même.
Bon voyage dans l’imaginaire avec PA.
Atyourservicely Yours
Bob
Oui ça fait penser à Big Brother ... en même temps si on considère les précédentes générations, qu'auraient-ils dit de nous voir aujourd'hui rivés à nos téléphones portables dès le réveil jusqu'au coucher ?
Merci de ne voir en ce texte qu'une exploration car c'était de la science fiction :)
Du coup, je veux un casque !
Par contre, je ne suis pas sûre que je m'en servirais pour écrire. Ah oui, il y a quand même une question à laquelle je n'ai pas eu de réponse. Pour moi l'écriture est un plaisir à deux niveaux : l'imagination du récit, mais aussi la rédaction elle-même. Le choix des mots, de la syntaxe, du style, les métaphores, l'expression des personnages... Mais si je comprends bien, avec le casque, l'auteur.e n'est plus maître de cet aspect-là, si ?
Quoi qu'il en soit, c'est une chouette invention, très bien défendue ! Bravo !
Merci pour ta lecture et ton commentaire. Non, je ne suis pas commerciale, et je n'ai jamais été attirée par les techniques de vente :)
Tu as raison sur la partie rédaction, le plaisir n'existerait pas. Ta remarque me fait penser au moment où on a quasiment remplacé l'écriture sur papier avec un crayon ou une plume, par le traitement de texte. Du coup, déjà que j'écrivais mal, j'ai maintenant parfois l'impression de plus former les mots quand j'écris. En fait, toute avancée technologique semble se traduire par l'abandon de la 'technologie' précédente. Je pensais aussi à l'orthographe à laquelle j'imagine que tu es aussi attachée, à la grammaire que certains voudraient voir simplifiées. Pour moi, une langue comporte toute son origine depuis la nuit des temps, ce qui explique les complexités, et tous les enrichissements qui la font vivre au fil du temps. Il me semble que lorsqu'on écrit mal un mot, c'est qu'on ne comprend pas forcément ce qu'on écrit. Enfin tout ça c'est un débat sans fin, c'est juste mon ressenti. Mais oui bien sûr, je d'accord avec toi sur le plaisir d'écrire.
Merci encore
Voici une nouvelle qui se démarque par sa vision positive du futur !
Bien sûr qu'avec notre esprit critique et désabusé d'aujourd'hui on a du mal à ne pas se méfier... mais d'une certaine manière, je trouve cela plutôt bien vu, de fait, de ne pas avoir fait le choix de la dystopie mais bien d'un avenir vécu comme positif par le personnage : )
Cela m'a surprise en bien, ce petit "bonbon" de positivisme auquel je ne m'attendais pas ^^
La fin met le sourire aux lèvres et le dialogue est vraiment mignon entre les deux générations, ce texte fait plaisir à lire !
Merci pour cette nouvelle : )
C'est vrai que dans le contexte actuel et ce depuis longtemps, on a peu de raisons d'être optimistes et positifs. Heureusement, l'écriture, la lecture et la science fiction nous permettent une évasion qui même si elle est virtuelle / intellectuelle nous ouvre tout de même des portes pour rêver ou imaginer que le futur ne sera pas totalement noir..
Je viens m'égarer ici à mon tour haha eh bien, que d'innovations technologiques prévues pour PA, je me demande ce que Sej pensera du bug corrigé sous quinze minutes hahaha (même si je me doute que dans ce futur, y'aura une équipe, je m'amusais juste à imaginer sa bouille de grenouille)
Et j'ai beaucoup aimé la chute avec Bob qui dit à son supérieur : "non, non, c'est très bien chef, tout est sous contrôle", je sais pas pourquoi haha ça m'a fait rire
Du coup, je prends cette nouvelle comme le descriptif du casque avant tout, puisqu'en dehors de l'introduction de la notion du ministère, il y a peu d'interaction avec l'extérieur. Honnêtement, je me sens pas vraiment prête à sauter le pas du casque :') j'ai cru voir dans les coms que toi aussi. Mais j'aime l'idée que ça soit construit avec du matériel éco-conçu, du coup des systèmes bio-informatiques je suppose ? Ça serait une belle avancée effectivement pour dans quinze ans !
Merci pour ta nouvelle encore et bon dimanche à toi !
Merci pour ton commentaire.
Déjà aujourd'hui, dans le cadre des devops et plateformes d'intégration continue, il y a des corrections de bugs hyper rapides, réalisées par des équipes qui travaillent en même temps, chacune à leur tour et qui relivrent en permanence. Donc oui j'ai peut-être un peu appuyé le trait, mais pourquoi pas dans 15 ans imaginer que certains bugs pourraient être corrigés en 1/4h ? et parfois même par une machine, avec des tests automatisés derrière. Dans l'histoire on est dans la science fiction, donc je me suis affranchie de quelques limites :) !
Pour ta dernière remarque, il faut espérer que le plus rapidement possible (càd avant 15 ans) on aura trouvé des solutions pour que l'informatique soit plus écoresponsable, aussi bien au niveau du matériel qu'au niveau du stockage des données et de la consommation énergétique.
J'ai hésité longuement sur la façon de tourner mon commentaire sans passer pour une vieille folle, et je pense que je vais lamentablement échouer, mais bon, au moins, j'aurai essayé. Je préfère prévenir pour que tu ne prennes pas toutes mes élucubrations pour toi, parce que ton texte est très bien. ^^
Ton texte se lit bien, donc, et est très sympathique. Ce que j'aurais à redire (et c'est sur ce point que je vais passer pour une psychopathe, mais ainsi soit-il, il faut assumer, dans la vie), c'est qu'il m'a paru TROP positif. Je m'explique (ou en tous cas je vais essayer) : la grand-mère et la petite-fille ne font pratiquement que s'extasier de cette merveille de perfection qu'est le casque, à tel point qu'à la fin, ce n'est presque plus crédible. En tous cas pour moi. Je précise bien que mon avis est purement subjectif et n'engage en aucun cas la qualité de ta plume qui est fort bien posée. C'est ça, l'essentiel de mon message. Le reste, ce sont mes ronchonnements personnels. xD De mon point de vue (de vieille chouette, j'insiste sans honte), le concept est potentiellement intéressant, mais il est vraiment trop porté au superlatif pour me paraître réaliste. Alors oui, c'est de la SF, mais j'ai un esprit rationnel un peu trop prononcé pour suivre un tel élan enthousiaste. Encore une fois, c'est vraiment une question de goûts et de couleurs, de perception du monde, je ne dis pas que tu te trompes, juste que mon esprit dérangé n'arrive pas à croire à tant de positivité. ^^# Et je suis par ailleurs convaincue que la plupart des gens vont au contraire se laisser emporter par ton optimisme. Mais je me suis aussi dit que garder complètement mon avis pour moi ne te rendrait pas justice. Et tu as le tout à fait le droit de me répondre que je me trompe et que j'aurais mieux fait de me taire, auquel cas je me répandrai en excuses... ><
Aussi (deuxième point vieille chouette, et après j'arrête, promis), j'ai eu la même réaction sur un autre texte du concours, mais ça tape un peu dans mes principes de remplacer l'écriture par les mots par une écriture "par la pensée". L'idée de déléguer l'orthographe et la grammaire à une machine, notamment, ça me dérange. C'est prometteur d'un certain côté, je pense notamment pour des individus dyslexiques ou autre, mais pour moi ça devrait être un média entièrement différent de l'écriture, et ne surtout pas la remplacer. C'est un peu comme la peinture numérique vs la peinture disons classique. Ce sont deux arts distincts, même si très proches.
Ceci étant dit, je trouve quand même positif que les "lecteurs" de ton futur doivent tout de même en quelque sorte alimenter leur lecture par leur imagination. Ça me dérange un peu moins que l'idée qu'on pourrait simplement leur télécharger le livre dans la cervelle comme un film en 5D, sans aucun effort mental quel qu'il soit. Ce point-là a un peu rassuré mon esprit exagérément cartésien. =D
Sinon, en dehors de mes idéaux tordus, j'ai bien aimé le mode disons épistolaire entre les deux protagonistes, revisité à la sauce e-mail. Comme c'est court il y a un effet ping pong, mais justement, c'est entraînant.
Aussi, j'ai trouvé le retournement de situation intéressant. Je vais être honnête, au tout début, avec l'introduction de l'échange, je me suis dit que ça allait être beaucoup plus sombre que ça ne l'est en réalité. J'ai vraiment pensé à un gouvernement totalitaire, mais en fin de compte, les deux interlocutrices ne font pas d'efforts pour dissimuler leur propos (premier marqueur que tout n'est pas si sombre qu'on ne l'a pensé de prime abord), et à la toute fin, on a confirmation que la surveillance n'est probablement pas aussi contrôlante qu'on n'aurait également pu le penser. Après, du coup, je ne vois pas trop ce qui a pu paraître suspect dans cet échange en premier lieu, si les raisons de la surveillance sont légitimes, comme par exemple prévenir des attentats et des attaques, du trafic de drogue ou d'humains, bref, des choses objectivement répréhensibles. Un mot clé m'aurait-il échappé ? xD Quoi qu'il en soit, c'était vraiment un bon retournement de situation, ce qui n'est pas toujours facile sur des textes aussi courts, et surtout en exposant autant d'idées que tu l'as fait au sujet du casque.
Enfin voilà, un joli petit texte à classer dans la catégorie des positifs de cet évènement PA. Je n'ai pas de mal à admettre être beaucoup trop aigrie pour mon âge, et autant je n'arrive plus trop à croire à une espérance aussi pure que celle exprimée ici, autant je suis quand même très contente qu'elle habite encore certaines personnes. Et visiblement tu en fais partie, alors merci à toi de porter en toi tout cet espoir et cet entrain. =)
Cartésienne, je le suis aussi, et c'est parfois un travers difficile quand on écrit car il faut que tout s'explique et on se tord le cerveau. Parfois de trop car finalement il faut savoir faire simple ...
Quand tu parles d'enthousiasme, je dirais 2 choses :
1) je ne voudrais pas que PA dans 15 ans ne soit pas dans une dynamique positive, car porter des personnes qui ont l'envie et le goût de l'écriture me semble être le sens de son existence, aujourd'hui et demain.
2) dans l'histoire, la petite fille est positive car elle vit avec son temps, mais la grand-mère revient sur toutes les propositions, alors est-ce si optimiste ? Cette ambivalence me faisait penser à l'engouement pour les réseaux sociaux aujourd'hui (pour faire un parallèle).
Quel que soit le monde dans lequel on vivra (ou pas) dans 15 ans, il y aura des optimistes et des pessimistes, des gens qui tireront vers l'avant et des résistants au changement. Alors où serons-nous personnellement ? Difficile à dire aujourd'hui car tout bouge vite. C'est sûrement là que nos valeurs entreront en jeu pour nos choix et nos décisions.
Pour le côté subversif de l'échange (je l'ai un peu tourné à la dérision), l'exigence du chef est une paranoïa inutile, comme le montre l'employé à la fin, celle de quelqu'un qui est dépassé par les événements, mais qui possède l'autorité. On le voit tous les jours aujourd'hui et probablement demain :).
Merci encore pour le partage des idées et la réflexion sur le sujet.
J’étais obligée de lire cette histoire en premier avec ce titre ! (j’ai plusieurs histoires de « casque magique ») 😉
J’ai beaucoup aimé ce futur imaginé et la clarté d’utilisation du casque. Tout est très clair. J’ai un peu moins aimé le fait qu’il n’y ait pas vraiment d’histoire, mais surtout une description de ce futur.
Et je ne m’attendais pas à cette fin ! Il y a tellement de choses qui pourrait mal tourner avec un tel casque que je ne pensais pas que la fin de l’histoire pourrait être positive (mais ouf pour le futur, elle l’est !) 😉
Merci pour ton commentaire. Ta réflexion rejoint celle de alienorlx sur le potentiel piratage du casque et les dangers qui en découleraient.
Je suis d'accord avec ta conclusion, il reste à savoir comment seront les choses dans 15 ans et peut-être alors que la fin de l'histoire pourrait être positive.
C'est très ludique comme façon de faire d'espionner un échange pour pouvoir raconter quelque chose dans les détails. Pour le coup, on pourra pas te reprendre sur le respect du thème.
Bonne chance !
Merci pour ton commentaire. Un tel espionnage, même s'il est tourné en dérision pour alléger l'histoire, existe probablement beaucoup plus qu'on ne croit dans le cadre des analyses du Big Data.
toutes les explications que tu donnes sur le casque le rendent tellement réaliste, bravo ! Si j'osais j'utiliserais tes formules de politesse au boulot : "Followmyrulesly Yours" et "Atyourservicely Yours", c'est brillamment trouvé.
Et le top du top : une technologie qui rend le plaisir de la littérature accessible aux personnes que la vie a blessées tant physiquement que psychologiquement ...
Merci pour ton histoire et pour la bouffée d'empathie qu'elle apporte.
Merci pour ton commentaire. Moi aussi ça m'a souvent démangée de mettre une formule de politesse bien sentie au bas d'un mail !
La première chose à laquelle j'ai pensé en écrivant l'histoire, est qu'un tel casque ouvrirait des portes à la lecture et à l'écriture des personnes qui ne peuvent pas le faire ou pas facilement le faire. Peut-être une solution moins intrusive sera un jour trouvée pour arriver au même résultat !