PARTIE 1

Par Taranee
Notes de l’auteur : TW : Sang et violences
Voilà le premier chapitre, il est long, je ne pense pas que les autres seront aussi longs.
Il y a des retours dans le passé qui sont, bien entendus, indiqués, j'espère que vous vous y retrouverez parce qu'il y en aura à foison dans le livre ^^'.
Bonne lecture !! :P
PS : Si vous trouvez le chapitre trop long pour l'ordi, dîtes-le en commentaires, en fonction du nombre de gens qui le trouvent trop long, je le séparerai en plusieurs parties.

CHAPITRE 1 :

PRESENT : JIO

 

            Feu. Cris. Souffrance, peur. Le garçon marche lentement, le regard lointain, comme s’il ne voyait pas ce qu’il se passait autour de lui. Entouré d’un halo d’ombres, il avance. Les larmes ruissèlent sur son visage. Il pleure, et pourtant il sourit. Sa peau est presque transparente, abîmée, sale. Le garçon marche. Une voix l’appelle, crie son nom. Il s’arrête, se retourne.

Jio se redressa dans un mouvement brusque, hurlant de terreur. Respiration saccadée, son cœur battant à tout rompre, la sueur collait ses cheveux d’encre sur son front. Il posa une main sur sa poitrine et se força à se calmer. Déjà, le mauvais rêve n’était plus qu’une bribe de souvenir qui s’enfonçait dans les arcanes obscurs de son esprit. Dehors la nuit touchait à sa fin et le soleil pointait le bout de son nez, teintant le ciel du gris-rosé caractéristique de l’aube. Le jeune homme se leva, déroulant sa longue silhouette, et prit le temps de contempler le paysage d’un regard vague. Nimbée de brume, Poralguar avait un côté mystérieux et effrayant. La ville n’était pas encore éveillée et on entendait seulement l’écho des pas d’un voyageur solitaire. Les mats tanguaient doucement, sur le port, et le vent sifflait une comptine sinistre. Au loin, le palais de l’assemblée n’était qu’une silhouette déformée et grise, évoquant plus un monstre qu’un symbole de fastuosité. Le marché de Lij[1] avait dû être annulé. Il n’y avait pas eu de Lij, cette année, la saison des brumes se prolongeait inlassablement dans le temps, comme une menace qui planait au-dessus de Sambremonde. Jadis, Poralguar avait été la plus grande ville portuaire de tout Sambremonde, faisant la renommée du Keruen et, si elle l’était encore aujourd’hui, elle avait désormais perdu son éclat. Les temps avaient changé, la joie avait été remplacée par l’inquiétude. Une inquiétude qui rongeait chacun des habitants de chaque pays de Sambremonde. Le monde s’était retourné, ils étaient passés dans l’ombre. Jio poussa un soupir pour chasser ces mauvaises pensées.

Le garçon sembla soudain se souvenir de quelque chose. Un éclat brilla dans son regard et il secoua la tête, tournant le dos à la fenêtre et à la triste météo qui laissait deviner que la pluie allait bientôt s’abattre sur le monde. Fouillant dans son armoire, il en sortit une cape bleu saphir brodée aux emblèmes de la maison Nowise qu’il revêtit, couvrant ses vêtements de la veille qu’il n’avait pas enlevés. Ses chaussures lacées, il sortit de la chambre. Il faisait froid, dans le couloir. Et sombre. Les portes se succédaient, toutes fermées. Derrière ces portes, des chambres. Toutes vides. Il descendit avec soulagement le grand escalier de marbre noir qui surplombait l’entrée de la demeure et se dirigea vers le salon privé de son maître, sur la droite. Il y trouva le duc Nowise qui lisait distraitement une lettre tout en faisant des ronds de fumée avec sa pipe. Le fauteuil vert émeraude dans lequel il se tenait faisait ressortir sa silhouette pâle et anguleuse. Lorsque Jio entra dans la pièce l’homme leva les yeux de ses papiers et les porta sur le garçon, le dévisageant un instant.

- Bonjour. finit-il par dire.

- Bonjour monsieur.

- Sacré temps, n’est-ce pas ?

- Certes.

La tentative de discussion du duc s’arrêta là. Jio se murait souvent dans le silence s’il se sentait forcé de parler. L’homme se replongea dans ses lectures et l’adolescent resta là, à le contempler, pendant plusieurs instants. Ce petit jeu aurait pu durer longtemps, mais le duc s’en lassa très vite.

- Que veux-tu, Jio ?

- Je vais aller me promener dehors. Vous ne pourrez pas disposer de moi pendant ce temps.

- Bien, bien, fais donc, je suis déjà occupé de toute façon.

- Bien.

Le silence s’installa de nouveau et ne fut pas brisé, cette fois, car Jio s’en alla, refermant doucement la porte derrière lui. Le Duc Nowise ne sut jamais où était parti son valet.

 

***

 

Comme le ciel gris le prédisait auparavant, la pluie finit par tomber. Longue, torrentielle. Le genre de pluie que même les enfants ne savent plus apprécier. Ce temps ne dérangea pas Jio. L’adolescent errait dans les rues, solitaire, tel un fantôme hantant la ville de Poralguar. Il avançait d’un pas rapide et régulier, jetant un œil aux vitrines des boutiques qui, pour la plupart, restaient closes. Ce n’étaient pas tant les articles exposés qui l’intéressaient que la silhouette transparente qui se confondait dans l’ombre des maisons, derrière lui. Cet inconnu qu’il avait vu passer sous ses fenêtres, ce matin, cette personne qui l’intriguait. Le jeune homme fit mine d’admirer un collier puis repris sa route, jetant, de temps en temps, un regard en biais au reflet que lui renvoyaient le verre des vitres. Le voyageur était toujours là, un peu plus proche, maintenant, et, sous la longue cape déchirée qui se balançait dans son sillage, on pouvait reconnaître une carrure masculine. Des épaules larges, les jambes légèrement écartées lorsqu’il marchait. Cet homme le suivait, ça ne faisait aucun doute, mais Jio devait continuer de faire semblant, il ne devait surtout pas laisser la panique s’installer. Il accéléra tout de même le pas, de manière presque indétectable, et prit le chemin du port.

            Les bateaux étaient amarrés, et les vieux loups de mers se répartissaient dans les tavernes. Le jeune homme en choisit une qui lui semblait pleine et y entra, Il ne vit plus l’homme à la cape, ensuite, et put profiter d’une délicieuse pause sur le port. Même par ce temps maussade, la mer restait la mer : attirante et apaisante. Jio la contempla d’un œil rêveur pendant un moment, sa tasse de soupe vide en main, puis se leva pour aller régler sa commande. Mais, alors qu’il se retournait, il se cogna de plein fouet contre un homme. Ce n’était pas n’importe quel homme. C’en était un de haute taille, musclé, une véritable armoire à glace. Il toisait son jeune agresseur d’un air mauvais et méprisant. Lorsqu’il prit la parole, Jio ne fut pas étonné d’entendre une voix grave et lente sortir de sa bouche.

- Je crois bien que tu m’as bousculé, petit.

- Excusez-moi. répondit le jeune homme avant de contourner celui qui lui barrait la route.

Mais l’inconnu ne lui laissa pas le temps de partir et saisit le capuchon de sa cape, étranglant à moitié l’enfant qui la portait. Il eut un rire sans joie. Le garçon se retourna. L’homme n’était pas seulement grand. Il était rouge. L’alcool l’avait emporté et laissé saoul ; la situation risquait d’être délicate. Et elle le fut.

- Dis-moi, petit, où cours-tu comme ça ? Tu ne t’es pas bien excusé. Reviens ici.

L’intéressé jura mais n’osa pas ignorer son interlocuteur et esquissa lentement, très lentement, deux pas en arrière. Il réitéra ses excuses en regardant le géant droit dans les yeux. Mais celui-ci ne parut pas satisfait.

- Espèce de petit ingrat ! Vous avez vu comme il me regarde, avec ses yeux noirs insolents ? Ces yeux en amande, ces cheveux si noirs et le teint brun clair. T’es forcément un Psalien toi. puis, comme il ne répondait pas : J’en étais sûr. Y’a que les Psaliens pour manquer de respect à un honnête citoyen de Poralguar.

Ce fut le mot de trop. Jio fronça les sourcils et se dégagea de la prise de son adversaire d’un coup de main. Lorsqu’il parla, sa voix était dure et cassante.

- Pardonnez-moi, monsieur, mais je ne vois pas ce que mon ethnie vient faire dans cette conversation. Je me suis déjà excusé, bien trop à mon goût. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, encore une fois, j’aimerais bien passer.

- Oooh que non, tu ne vas pas passer. Je ne tolèrerai pas un tel manque de respect de la part d’un sale Psalien dans ton genre.

L’adulte le bouscula et Jio fut propulsé contre un mur. Mais, avant qu’il n’ait pu tenter quoi que ce soit, la patronne de la taverne vint s’interposer. C’était une femme ronde au visage doux mais au regard dur. Elle coupa la route de l’armoire à glace et s’approcha d’un pas menaçant.

- Ici, on est dans ma taverne, mon grand, donc mes règles s’appliquent. Et dans ma taverne, on ne frappe pas les gosses. Si t’es de mauvaise humeur, c’est pas de notre faute, va plutôt en faire profiter un mur. Mais je te préviens. Tente quoi que ce soit contre un client entre ces murs-là, et tu auras à faire à moi.

Elle était tellement convaincante dans ses propos, avec ses bras non moins musclés que son interlocuteur et son chiffon sur l’épaule, que l’homme recula d’un pas, lui jetant un regard méchant. Puis il s’adressa au garçon derrière la patronne d’un ton hostile.

- Toi, t’as de la chance qu’elle soit venue sauver tes fesses. Sinon…

- Mais oui, bien sûr ! clama la patronne : Vas t’en maintenant, je n’accepte pas les brutes ici.

Le géant sortit, suivi de deux compagnons, et la jeune femme se tourna vers celui qu’elle venait d’aider. Un garçon de 16 ou 17 ans, assez grand, avec une fine musculature, qui semblait encore se demander ce qu’il venait de se passer. Il bredouilla un merci et la patronne essuya la politesse d’un geste du poignet, prétendant qu’elle abhorrait ce genre de personnes quoi qu’ils eussent pu être quelques fois une réelle animation, pendant la saison morte de la taverne.

- C’est gratuit pour toi aujourd’hui mon beau ! déclara-t-elle lorsqu’il voulut régler sa note.

Jio inclina la tête en un rapide remerciement et sortit de la taverne, non mécontent d’échapper aux regards des curieux qui avaient assisté à la scène entre lui et le géant. Alors qu’il se retournait pour adresser un dernier remerciement à la patronne, il le vit là-bas, au fond de la salle. Sa capuche rabattue sur son visage. Il était assis à une table et, même s’il ne pouvait pas voir son visage, Jio savait qu’il le regardait en souriant. Lui disant, peut-être « Tu peux toujours t’enfuir, où que tu sois, je te rattraperai. ». Le garçon se força à opérer un demi-tour et à sortir de la taverne. Une fois dehors, il offrit son visage au ciel qui commençait tout juste à se dégager et prit deux grandes inspirations. Après quoi, il se pressa sur le chemin du retour vers le domaine Soll.

            La route ne dura pas longtemps, mais pendant tout ce temps, l’adolescent eut l’impression d’entrevoir la silhouette à la cape, sur ses talons. Et, lorsqu’’il arriva enfin en vue de la demeure, son soulagement fut tel qu’un petit rire lui échappa. Il ébaucha un début de course vers la porte d’entrée quand, soudain, il sentit une main se refermer autour de son poignet. Il jura, fit volte-face, mais la main l’avait déjà tiré jusque dans une ruelle sombre où il ne pouvait pas voir son adversaire. Il se contorsionna, tordit le bras dans tous les sens pour échapper à la poigne de l’homme mystère, en vain. Il y avait une trop grande différence de force. Jio cessa de bouger. L’homme sembla surpris mais il finit par desserrer quelque peu sa main, constatant que sa victime restait immobile. Cette dernière passa à l’action presque immédiatement, donnant un puissant coup dans le poignet de son agresseur qui lâcha prise. Jio bondit hors de portée de son attaquant mais préféra analyser la situation avant de s’enfuir. Cet homme. Il se tenait prêt à l’attraper lorsque Jio avait couru. Ce qui voulait dire qu’il était là avant lui. Il l’attendait. Et pourtant, il était sorti après lui de la taverne. Etant donné que le garçon avait pris le chemin le plus court pour revenir, il n’y avait que deux options : soit cet homme avait un pouvoir de vitesse, soit il pouvait se téléporter. Dans les deux cas, Jio n’avait aucune chance de lui échapper en s’enfuyant, il aurait tôt fait d’être rattrapé. Il n’avait pas le choix. Il allait devoir se battre. Son agresseur dut en arriver à la même conclusion car il se mit en garde, sortant une courte lame de sa cape. Jio se concentra, il n’avait pas l’habitude de faire ce qu’il allait faire. Il prit le risque de fermer les yeux et, bientôt, une aura apparût, enveloppant son corps d’une brume noirâtre qui se mouvait dans une danse aussi inquiétante qu’hypnotisante. De la magie. Son adversaire ne resta pas longtemps sans réaction. Il disparut tout à coup pour réapparaître juste devant sa cible qui l’évita de justesse et, tendant sa main vers lui, lui lança une vague d’ombres censée obstruer son champ de vision. Mais l’homme ne semblait pas avoir besoin de sa vue. Il siffla étrangement et un pentacle apparut. Soudain, il fut juste derrière le jeune garçon et le poussa dans le pentacle.

            Jio trébucha, tomba dans le dessin, et tout ne fut plus que souffrance. Il avait l’impression qu’on l’écartelait, la douleur irradiait, lancinante. Puis le sol fut de nouveau en vue, les deux voyageurs retombèrent. Jio vomit. Il avait l’impression que ses organes n’étaient plus à leur place. Ses muscles se contractaient au moindre effort mais il parvint tout de même à se relever. Le sol tangua sous ses pieds puis il reprit son équilibre. Et son chasseur attendait patiemment, derrière, qu’il reprenne ses esprits, comme s’il était sûr de pouvoir le maîtriser sans aucun effort. L’adolescent détesta cet homme. Il s’accouda au mur, se maudissant de ne pas réussir à se reprendre. Il haletait, le souffle court, il se tenait la poitrine de la main.

- On dirait que tu ne t’es jamais téléporté.

- N-Non. articula-t-il à regrets.

L’homme soupira mais n’ajouta rien. Il se téléporta une nouvelle fois et vint se placer au bout de la rue dans laquelle ils étaient, bloquant le passage à sa jeune cible. Il prononça deux ou trois mots et une nouvelle figure se dessina sur le sol, plus grande, cette fois, et plus brillante.

- Entre dans ce pentacle.

Jio eut un mouvement de recul.

- Entre, petit, ne joue pas au plus malin avec moi, tu n’es pas en mesure de discuter dans ton état.

Mais le jeune homme resta campé sur ses appuis, prêt à résister si jamais on essayait de le soulever de force. Ce ne fut pas la peine. Il ne put même pas essayer de résister. Il se retrouva plaqué contre un mur, son assaillant le maintenant au moyen d’une clé de bras. Il aurait voulu hurler mais ne parvint qu’à pousser un gémissement pathétique. L’inconnu s’approcha de son visage et, la joue collée contre le mur, forcé de le regarder dans les yeux, Jio lui jeta un regard haineux.

- Maintenant, petit, tu vas m’écouter attentivement. Je vais te laisser le choix : Soit tu rentres dans le pentacle de ton plein gré et tu me suis bien gentiment sans essayer de t’enfuir, soit tu t’obstines à résister et la suite sera quelque peu désagréable pour toi. Alors ?

Le garçon poussa un grognement de douleur et tenta de donner un coup à l’aveuglette, sans succès.

- Tu l’auras voulu.

Il se sentit de nouveau tiré et, avant de l’avoir compris, il atterrit dans le pentacle et hurla avant de disparaître. Il essaya de lutter contre la douleur mais n’y parvint pas et sombra dans l’inconscience.

 

PASSE : JIO

 

            Le garçon sortit de sous sa couette, posa les pieds à terre, et avança vers l’autre bout du dortoir. Il s’approcha d’un lit et tapota la bosse que formait les draps blancs. La bosse frissonna, se recroquevilla, et une petite tête rousse finit par en émerger. La fillette bailla, frotta ses yeux verts et les porta sur la cause de son réveil.

- Jio ? Pourquoi tu m’as réveillée ? demanda-t-elle d’une voix ensommeillée.

- Viens voir Maz ! murmura le garçon avec un sourire malicieux.

Elle se leva à son tour et le suivit jusqu’à la petite fenêtre. Maz ne comprit pas immédiatement ce qu’il voulait qu’elle voie, dans le noir intense de la nuit, soudain, elle les vit. Des dizaines, non, des centaines de minuscules flocons qui tombaient du ciel en une valse harmonieuse. Ses yeux s’agrandirent, sa bouche forma un « O » d’émerveillement, elle s’approcha plus encore, collant son nez contre la vitre à tel point que de la buée se format sur les carreaux.

- C’est magnifique ! s’exclama-t-elle.

- Suis-moi, lui enjoignit son ami, on va dehors !

- Tu es fou ! Rosind va être furieuse si elle l’apprend.

Mais elle commençait déjà à le suivre à l’extérieur de la chambre. Rosind ne serait pas contente mais elle ne serait pas furieuse. Elle ne se mettait que rarement en colère, et jamais pour des choses aussi futiles. De toute façon, ils restaient dans le jardin. Que pouvait-il leur arriver de mal ?

Il faisait froid, dehors, le ciel s’était paré de sa robe bleu nuit et les étoiles diffusaient une douce lumière. Les jeunes amis poussèrent un rire innocent, un rire que seuls les enfants savent faire. Ce fut Maz qui porta la première attaque. Tout doucement, alors Jio s’émerveillait la beauté du paysage nocturne, elle fabriqua une boule de neige. Grosse, blanche. Une boule de joie qu’elle lança sur son ami. Celui-ci eut un hoquet de surprise et se retourna, contre-attaquant immédiatement avec une autre boule qu’il avait lui-même préparé. Le combat fut acharné, les deux camps visaient la victoire, et cela se conclut sur un match nul. Les enfants tombèrent sur le matelas blanc, les bras écartés, tels deux angelots, et restèrent là, les joues colorées par la fraicheur de la saison. Maz et Jio perçurent la présence des intrus presque en même temps. La fillette fut le première, grâce à ses capacités de développement des sens, suivie de près par le garçon qui avait senti des ombres menaçantes s’approcher du foyer. Les enfants se redressèrent, aux aguets. Tout d’abord, rien ne bougea. Puis des pas se firent entendre, doux et réguliers, des pas d’animaux.

            L’homme qui apparut sur la côte qui menait au foyer aurait pu se confondre dans la nuit si les enfants n’avaient pas eu la vue perçante. C’était un cavalier tout de noir vêtu, juché sur une monture noire. Une écharpe noire flottait derrière lui. Il avait une stature imposante et serrait dans ses gants noirs les rennes de son cheval. Il dégageait une aura effrayante. À son arrivée, le monde sembla se taire et la nuit, elle-même, parut se recroqueviller. Tout chez cet homme inspirait la terreur et la froideur. Des mercenaires. Jio se tourna vers son amie. D’un signe de tête entendu, ils se levèrent et contournèrent la maison pour se cacher dans un recoin d’où ils pourraient voir et entendre. Le cavalier noir fut rejoint par plusieurs comparses, une quinzaine, peut-être. Il discuta avec une jeune femme. Elle devait avoir le même âge que la directrice du foyer, Rosind, mais elle semblait méchante.

- C’est ici que se cachent les jeunes mages. Nous avons bien fait d’écouter ce que racontait cet homme, sur la route.

- Ne faîtes pas trop de bruit, il ne s’agirait pas de réveiller la gérante de ce foyer, elle n’est peut-être pas puissante mais elle nous ralentirait.

- Bien, monsieur.

Les mercenaires commencèrent à se disperser pour entrer dans la maison. Jio et Maz observaient ce spectacle, ne sachant que faire, lorsqu’une voix retentit derrière eux.

- Tiens, tiens… Regardez ce que je viens de trouver.

            Les deux intéressés se retournèrent et se retrouvèrent nez à nez avec un jeune homme à l’air arrogant qui les toisait avec envie et fierté. Un sourire s’esquissa sur les lèvres du jeune homme. Un sourire cruel, un sourire qui ne présageait rien de bon. Il attrapa les deux enfants par le bras d’une poigne ferme et les emmena avec lui. Il revint vers son chef, le cavalier noir, avec ce butin et, tout fier de lui, et, désignant ses deux prisonniers, il s’exclama :

- Regardez un peu qui était en train de nous espionner !

Le chef baissa la tête et remarqua les deux enfants effrayés que retenait son acolyte. Il descendit de sa monture et se pencha sur eux. Lorsqu’il essaya d’attraper le bras du garçon pour l’examiner, sa jeune camarade s’interposa entre eux, une lueur de défi dans le regard.

- Ne le touchez pas, avertit-elle, ou vous aurez à faire à moi.

Le garçon qui les avait attrapés poussa un rire moqueur. Le cavalier, lui-même eut une ébauche de sourire qui disparut bien vite lorsque la fille lui administra un coup de poing dans le nez. Le sang coula, il jura. Elle n’aurait pas dû avoir autant de force. Ce devait être une magicienne de développement. Utile, très utile. Il se tourna et s’adressa à son bras droit qui attendait derrière lui de recevoir ses ordres.

- Gen, amène déjà la petite à la caravane, je vais examiner son ami.

Quand l’homme saisit Maz par la taille, celle-ci poussa un cri. Elle ne parvint pas à se défaire de l’emprise de celui qui la portait, même avec toute la force qu’elle déploya.

- Laissez mon amie ! s’exclama le garçon.

Le cavalier noir observa attentivement le petit, curieux de savoir quel genre de magie il allait utiliser. Ce qu’il vit le laissa sans mot et l’inquiéta même un peu. L’enfant ferma les yeux. Une aura noire, comme une brume qui se mouvait, apparut autour de son corps. La nuit sembla s’éclaircir, ses ombres se rassemblant autour du gamin. Soudain, il tendit la main et la pointa vers l’homme qui emportait Maz. Les ombres qui s’étaient rassemblées autour de lui fusèrent vers Gen en une flèche mortelle. L’homme en noir jura. Il se tourna vers sa meilleure mercenaire, Aïnn, et, d’un geste rapide, lui ordonna d’arrêter le garçon. La jeune femme hocha la tête et s’approcha silencieusement, contourna l’enfant qui ne faisait pas attention à elle, trop occupé à libérer son amie. Elle se tenait maintenant derrière lui, telle une sentence inévitable. Et elle lança son attaque. Personne ne vit ce qu’elle avait fait, les capacités d’Aïnn agissaient directement sur l’ennemi, de telle sorte qu’on ne pouvait voir les sorts qu’elle lançait, mais tout le monde entendit le hurlement que poussa le petit mage qui s’écroula dans la neige, recroquevillé. Le cavalier s’approcha. Il ne s’attendait pas à tomber sur un mage d’ombres. Heureusement, ce petit ne savait pas encore contrôler sa capacité. Jio sentit qu’on l’attrapait. Il leva les yeux et vit le cavalier noir. Il n’essaya même pas de se soustraire à lui, il avait mal, on l’avait vidé de ses forces, il ne parvenait pas à utiliser sa magie. Dans le désespoir, il fit la dernière chose qu’il pouvait faire pour tenter de sauver ses camarades qui ne tarderaient pas à tomber sous la main des mercenaires envoyés à l’intérieur du foyer. Il hurla. Le cavalier noir, Allisen, eut beau essayer de lui couvrir la bouche, le garçonnet le mordit et hurla, encore.

            Bientôt, la directrice du foyer, Rosind, apparut dans le jardin enneigé, suivie par trois enfants ensommeillés. La femme avait une quarantaine d’années, grande, mais avec un air pacifique. Elle n’allait pas poser de problème aux mercenaires. Elle analysa rapidement la scène qui se présentait devant ses yeux. Devant elle se tenait un escadron d’une dizaine de mercenaires, venus pour enlever les futurs mages les plus puissants du Keruen pour les emmener « là où ils étaient censés être ». L’un des mercenaires, habillé en noir, le chef, très certainement, retenait son jeune garçon par le bras. Jio se débattait, il tentait d’utiliser sa magie, Rosind le voyait, mais il était trop faible, quelqu’un l’avait attaqué. Et là, derrière eux, un homme emmenait la jeune Maz Akell vers une caravane. La colère s’empara de la quarantenaire et elle s’approcha en courant presque du groupe qui s’attaquait à deux de ses protégés.

- Eh, cria-t-elle, que faites-vous ?! Lâchez ces enfants immédiatement !

Elle arriva tout près du cavalier noir qui retenait le jeune mage d’ombres et lui lança un regard glacial. L’homme en noir lui rendit ce regard et parla d’une voix dont la douceur excessive la rendait menaçante.

- Je vous prierais de bien vouloir vous écarter et nous laisser faire ce pourquoi nous avons été employés. Ne vous mettez pas sur notre chemin et vous n’aurez pas de problèmes.

- Ne croyez pas que je vais vous laisser emmener mes enfants sans riposter.

Elle adressa un regard plein de douceur à Jio qui se calma instantanément. Oui. Le garçon avait confiance en sa tutrice. Elle allait les sortir de là. Elle allait…

La lame transperça le cou de la directrice sans effort et elle était déjà morte quand elle atterrit sur le sol. Le sang gicla, éclaboussant le visage du petit garçon que le choc rendit muet, le matelas blanc et poudreux s’empourpra, dessinant une fleur rouge sous le corps de la défunte femme. Les larmes montèrent à ses yeux. Il se tourna vers celui qui venait de tuer sa protectrice, le cavalier noir. Ce dernier ne lui adressa même pas un regard. Jio lui donna un coup aussi fort qu’il le put dans le tibia, il réussit à s’enfuir et courut auprès de Rosind. Il la secoua, comme s’il voulait la réveiller, comme si elle n’était pas morte, seulement endormie. Le monstre noir revint l’attraper. Jio tenta de lui échapper, se tordant dans tout les sens, mais encore une fois, il manquait de force. Il détesta cet homme et tous ses comparses, il se détesta lui-même de ne pas avoir été en mesure de renverser la situation.

-Lâche-moi ! LÂCHE-MOI ! hurla-t-il.

Mais l’homme ne le lâcha pas. Au contraire, il resserra sa prise autour du bras de l’enfant. Et le jeune garçon s’égosillait, frappait, pleurait, se débattant pour aller rejoindre la défunte femme, celle qui l’avait élevé, celle qui l’avait protégé. Le gamin lui mordit le bras. Le cavalier noir grogna. Il estima que cela suffisait, que cet enfant n’avait pas besoin de rester ici plus longtemps. Alors il se détourna de la maison et grimpa sur son sombre destrier, abandonnant le cadavre derrière lui. Le petit l’invectiva ; il tenta de sauter de la monture, de se soustraire à cet inconnu, ce monstre qui venait de détruire son monde. Mais l’inconnu le rattrapa, le retint. Alors que le cheval se mettait en route, l’enfant vit les autres mercenaires s’emparer de ses camarades. Maz lui lançait des regards terrifiés, confus. Elle ne comprenait pas ce qui leur arrivait, comment tout avait pu voler en éclat en l’espace d’une seule nuit. Personne ne comprenait. C’était fini, tout était fini. Ils n’allaient pas pouvoir s’enfuir, plus personne ne serait là pour les protéger, désormais.

 

PRESENT :

 

            L’adolescent émergea des ténèbres avec difficulté. Il réussit à entrouvrir un œil et la lumière blanche du jour vint lui agresser la rétine. Il sentait quelque chose de confortable, sous son dos. Un matelas. Avait-il rêvé sa capture ? Cet homme drapé dans sa vieille cape ? La téléportation ? Non. Il n’avait pas rêvé. D’ailleurs, il se sentait toujours nauséeux de ces voyages. Un mal de crâne le tiraillait. Pendant son inconscience, il avait rêvé. Rêvé de son passé, de ces mauvais souvenirs qu’il s’obstinait à enfouir au plus profond de lui. Aujourd’hui, ces mêmes souvenirs commençaient à refaire surface assez violemment. Jio finit par ouvrir tout à fait ses yeux. Il s’assit. Il était bel et bien dans un lit, mais ce n’était pas le sien. Celui-ci était plus petit, plus simple. D’ailleurs, la pièce dans laquelle il se trouvait était relativement simple. Meublée en tout et pour tout d’un lit, d’un bureau et d’une chaise, elle était petite et sombre. Le jeune homme se demanda où il était tombé. Il enleva les draps posés sur lui et posa ses pieds sur le sol. Au contact des pierres, il frissonna. On lui avait enlevé ses chaussures. Il passa un court moment à contempler la pièce mais finit par s’en lasser et se dirigea vers la porte. Mais, lorsqu’il voulut l’ouvrir, elle lui résista. Fermée, évidemment. Il donna un coup sur le battant et se sentit un peu mieux. Il y avait une fenêtre dans la chambre mais elle ne pouvait pas être ouverte. Or, à ce moment, le garçon avait grand besoin d’air frais. Comme il n’avait rien d’autre à faire, il retourna s’allonger dans le lit. Le temps passa, long et ennuyeux. Alors que Jio commençait à avoir faim et que le soleil était haut dans le ciel, la porte s’ouvrit. Le jeune homme se redressa, prêt à se défendre si on essayait de l’attaquer. Ce fut l’homme à la cape qui entra. Même s’il portait toujours sa cape, il avait laissé son visage à découvert et on pouvait maintenant voir sa figure maigre et ses traits tirés qui contrastaient avec son regard gris perle plein de vie.

            Jio recula par réflexe :

- Je ne me téléporterai pas une nouvelle fois.

Les lèvres de l’homme parurent s’étirer et l’ombre d’un sourire apparut sur son visage, très vite remplacée par une expression neutre.

- Suis-moi, quelqu’un aimerait te voir.

- Où sommes-nous ?

Son ravisseur ne lui répondit pas et sortit de la chambre, laissant la porte ouverte. Le jeune mage en arriva à la conclusion qu’il valait mieux le suivre que de rester enfermé dans cette petite pièce. Il sortit prit la suite de l’adulte qui le guida à travers un méli-mélo de couloirs. Quelque chose dans l’architecture de l’endroit lui semblait familier mais il ne parvint pas à mettre le doigt dessus. Enfin, ils arrivèrent devant une porte sobre, un peu abîmée. L’homme l’ouvrit et laissa passer son hôte, refermant la porte dans un claquement sec. Jio examina les lieux. Il se trouvait dans un bureau assez confortable. Le sol de pierre était recouvert d’un tapis, des étagères remplies de livres tapissaient les murs et une table nue trônait au fond de la pièce. Et derrière cette table, un homme. Caché dans l’ombre, il observait calme ment l’adolescent. Une carrure impressionnante, on aurait dit un roc. Des cheveux longs qui tombaient sur ses larges épaules, le sang du garçon se glaça lorsqu’il le reconnut. Allisen Soll. Le cavalier noir.

 

 

 

[1] Sur Sambremonde, l’année est divisée en 5 saisons : Lij qui est la saison chaude, Ataäm, la saison des brumes, Jeïk, la saison des pluies, Menk, la saison froide et Ninnt, la saison douce.

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Arnault Sarment
Posté le 19/11/2024
Je commence ton histoire ! Effectivement tu gagnerais à ciseler ce chapitre en trois parties vu qu'on a un long "retour en arrière" au beau milieu. Ceci dit, l'action fonctionne bien (ce pauvre Jio ne cesse de se faire enlever). L'univers est posé petit à petit, intrigant, et l'action est au rendez-vous ; je ne m'attendais vraiment pas à ce que Rosing se fasse égorger, c'était une sacrée surprise !
Taranee
Posté le 20/11/2024
Salut !

Content de voir de nouvelles personnes sur cette histoire !

Dans la première version de "L'histoire de ceux qui n'étaient pas des héros", que je n'ai pas postée sur PA, je faisait des chapitres exprès pour les souvenirs, le problème c'est que tous les souvenirs ne sont pas aussi longs que celui-ci et ça donnait des chapitres très courts que je trouvais étranges. J'ai finalement décidé de les intégrer aux chapitres de l'histoire présente.
Je trouve que ce chapitre aurait une longueur adéquate s'il était en papier, mais il est vrai qu'à lire sur l'ordinateur, c'est un peu fastidieux et fatigant pour les yeux.

Pour Jio, c'est mon bébé, mais comme c'est le personnage principal, je ne te cache pas qu'il va en baver... ^^'

J'espère que tu apprécies la lecture et que tu apprécieras aussi la suite ! Cette histoire est assez longue, par rapport à toutes celles que j'ai pu écrire auparavant, et j'étais très fier de l'avoir menée à son terme.

Encore aujourd'hui, je ne cesse d'y penser, et si je devais envoyer un manuscrit à une maison d'édition, ce serait celui-ci (après l'avoir retouché, quand même ^^')
Elle est donc très précieuse pour moi...

Bonne continuation !!


SaNah
Posté le 11/10/2022
Hello !
Comme je l'avais supposé, la suite du prologue est très sombre et, comme tu l'avais promis, violente.
Alors d'abord, ce n'est qu'un détail, mais je pense que tu gagnerais en lisibilité en aérant ton texte. Les paragraphes sont denses, probablement trop pour une lecture web, d'autant plus que la narration est riche en détail.
L'action est bien racontée, bien mise en scène, on sent en effet que tu écris avec tes tripes, c'est très sympa à suivre. En revanche, les dialogues manquent un tout petit peu d'impact. Parfois, il vaudrait peut etre mieux leur préférer un silence éloquent, à mon sens en tout cas.
Bref, il y a du potentiel à ton histoire, félicitations ^^
Taranee
Posté le 12/10/2022
Hey !
Oui, je n'avais pas dit ça pour rien dans les avant propos. D'autant plus que j'ai commencé par mettre des TW mais que j'ai fini par oublier de les mettre alors j'espère vraiment que les lecteurs n'ont pas oublié de lire les avant-propos.
Pour les paragraphes, je me rends bien compte que c'est dur à lire, et moi-même c'est un défaut que j'ai du mal à digérer lorsque je lis une histoire sur le web... Je n'ai aucune justification à t'apporter... Disons que sur papier, ça m'avait paru assez lisible. Je ferais attention à suivre ton conseil dans mes prochaines histoires !
Merci beaucoup pour ce commentaire élogieux ! J'espère que tu aimeras la suite !
Maé
Posté le 30/06/2022
Hello !

Avant de parler du fond j’ai noté quelques petites choses :

« Jadis, Poralguar avait été la plus grande ville portuaire de tout Sambremonde, faisant la renommée du Keruen et, si elle l’était encore aujourd’hui, elle avait désormais perdu son éclat. » => Dans ce passage on ne comprend pas bien ce « qu’elle était encore aujourd’hui », je pense que ce à quoi se rapporte le l apostrophe est trop éloigné et du coup ça coupe un peu la fluidité à la lecture.

« La tentative de discussion du duc s’arrêta là. » => De même ici, pas de faute mais je trouve que la formulation est très lourde, parce qu’on a une allitération en t et une allitération en d qui se succèdent et qui donnent beaucoup de dureté à la phrase. Si c’était l’effet recherché alors ça marche, sinon c’est pas très agréable à l’oreille du lecteur.

« Le jeune homme fit mine d’admirer un collier puis repris sa route, jetant, de temps en temps, un regard en biais au reflet que lui renvoyaient le verre des vitres. » => reprit / renvoyait

« Il disparut tout à coup pour réapparaître juste devant sa cible qui l’évita de justesse et, tendant sa main vers lui, lui lança une vague d’ombres censée obstruer son champ de vision. » => Ici ce sont les deux « lui » côte à côte qui ne sont pas très agréables à lire.

« Ses yeux s’agrandirent, sa bouche forma un « O » d’émerveillement, elle s’approcha plus encore, collant son nez contre la vitre à tel point que de la buée se format sur les carreaux. » => se formât (subjonctif imparfait)

« Tout doucement, alors Jio s’émerveillait la beauté du paysage nocturne, elle fabriqua une boule de neige. » => Je n’ai pas très bien compris le « alors », soit il manque un « que » : « Tout doucement, alors que Jio s’émerveillait DE la beauté du paysage nocturne », soit il est mal placé : « Alors, tout doucement, Jio s’émerveillait DE la beauté du paysage nocturne ».

« Celui-ci eut un hoquet de surprise et se retourna, contre-attaquant immédiatement avec une autre boule qu’il avait lui-même préparé. » => préparée

« La fillette fut le première, grâce à ses capacités de développement des sens, suivie de près par le garçon qui avait senti des ombres menaçantes s’approcher du foyer. » => la première

« Ce fut l’homme à la cape qui entra. Même s’il portait toujours sa cape, il avait laissé son visage à découvert et on pouvait maintenant voir sa figure maigre et ses traits tirés qui contrastaient avec son regard gris perle plein de vie. » => Dans ce passage je pense pas que ce soit nécessaire de dire qu’il portait toujours sa cape puisque juste avant il est désigné comme « l’homme à la cape », juste dire qu’il avait laissé son visage à découvert suffit à mon sens pour qu’on comprenne.

« Il sortit prit la suite de l’adulte qui le guida à travers un méli-mélo de couloirs. » => Il manque quelque chose entre « sortit » et « prit », soit un « et » soit une virgule.

« Et derrière cette table, un homme. Caché dans l’ombre, il observait calme ment l’adolescent. » => Petite coquille sur l’espace dans calmement.

« Des cheveux longs qui tombaient sur ses larges épaules, le sang du garçon se glaça lorsqu’il le reconnut. » => Ici je n’ai pas compris pourquoi utiliser « qui tombaient » et pas « tombaient » directement.

Ceci étant dit, sur le fond j’ai trouvé ce chapitre un peu étrange. J’irai lire les suivants donc il fonctionne, pas de souci de ce côté-là, mais il est étrange dans sa construction je trouve. On commence par une sorte de cauchemar, puis une situation au présent, puis un élément de rupture, puis une analepse, puis un retour au présent qui ne se comprend qu’au regard de l’analepse. A cette construction s’ajoute le fait qu’on rencontre pas mal de personnages (le docteur, le personnage principal, un loubard dans une taverne, la patronne de la taverne, une petite fille, un groupe de mercenaires, un cavalier noir, un kidnappeur et de nouveau le cavalier noir), qu’on découvre dans quel monde on est tombé (qu’il y a de la magie, comment elle fonctionne, que visiblement ceux qui savent s’en servir sont censés être quelque part précisément) et le tout saupoudré de quelques noms qui donnent du cachet à ton univers (nom du pays (?), des saisons, des personnages…). Je trouve ça absolument énorme combiné à une structure narrative qui demande déjà au lecteur de faire des allers-retours dans la chronologie. Globalement tout est bien amené, c’est assez fluide (sauf pour les saisons où la note de bas de page ne nuit pas, mais elle n’est, disons, pas très subtile) donc finalement ça passe bien mais à la fin du chapitre je n’ai pas retenu grand-chose. D’ailleurs en écrivant mon commentaire je n’avais même pas réussi à me souvenir du premier coup de la première partie avec l’altercation à la taverne et ce n’est pourtant que le premier chapitre ! Ce n’est que mon avis, et donc il est purement subjectif et arbitraire, mais je pense qu’il y a beaucoup beaucoup trop d’informations par rapport au choix de la structure narrative en aller-retour qui est déjà une ‘contrainte’ de lecture.

Par ailleurs je trouve ça un petit peu dommage d’avoir choisi d’amener les analepses et les retours au présent que par un « PASSE » « PRESENT », sans l’intégrer dans la narration. Ça fluidifierait la structure d’ensemble de lier tout ça et éviterait l’effet « 3 blocs » à la lecture. Je trouve ça d’autant plus dommage que tu as une plume hyper intéressante ! Tes descriptions sont vives et agréables à lire, tu arrives à donner pleins de petits détails sans alourdir le texte. C’est vraiment sympathique à lire !

Pour ce qui est de l’intrigue ce premier chapitre nous promet de belles choses, on a hâte de savoir pourquoi Jio est de nouveau face à cet homme, ce qu’il s’est passé entre le moment de son souvenir et la chronologie actuelle, bref ça nous pose pleins de questions pour lesquelles on a hâte d’avoir des réponses !

Par rapport à ta question du début, sur la longueur du chapitre, comme tu l’auras compris ce n’est pas tant la longueur du chapitre qui m’a dérangée que sa densité en termes d’informations et de structure.

Je vais de ce pas lire le chapitre suivant,
A la revoyure !
Taranee
Posté le 12/10/2022
Salut !
Je suis vraiment désolée mais je n'avais pas vu ton commentaire (oui, c'est assez paradoxal compte tenu du pavé que tu as écrit ) T-T !
J'ai lu tout ce que tu as écrit et j'ai noté, même si je n'ai pas tout compris (notamment l'histoire des analepses...).
Je comprends que les précisions "PASSE" et "PRESENT" puissent représenter une "gêne" dans l'histoire de ton point de vue mais j'ai fait ce choix dans un soucis de praticité (est-ce que ce mot existe ? mystère... ^^'). Enfin... Je suis contente que mon chapitre t'ait plu malgré tout et que tu aimes mes descriptions. Je ne pensais pas qu'autant de lecteurs aimeraient mes descriptions...
Quant à la densité des informations, je suis également consciente qu'il y en a beaucoup. Surtout que certaines ne sont pas des plus importantes. Mais ne t'en fais pas ! Normalement, les informations importantes sont reprécisées de temps en temps (voire régulièrement) dans l'histoire.

J'espère que tu aimeras la suite de l'histoire si tu ne l'as pas déjà lue !
Bockeuse
Posté le 04/06/2022
Hello, sans vouloir copier les deux précédents comentaires, ce premier chapitre est long mais ça en vaut la peine !

J'ai vraiment bien accroché aux scènes avec la foule de détails que tu donnes, notamment celle du combat (c'est vraiment dur à écrire je trouve) mais là bravo :O L'idée des deux mondes est très sympa, et les flashback avec les capacités du protagonistes donne envie d'en savoir plus héhé.

Mon regard s'est juste accroché sur deux-trois tournures (après ce n'est que mon humble avis). Genre je pense que tu pourrais simplifier les transitions entre tes actions par un point, comme à la fin "De longs cheveux long tombaient sur ses larges épaules. Le sang du garçon se glaça."

Voilà voilà, je vais lire la suite car ça m'a bien plu en tout cas :D
Taranee
Posté le 04/06/2022
Coucou,
merci pour ton commentaire !
Je suis d'accord avec toi : les scènes de combats sont dures à écrire.
Je vais regarder pour les tournures de phrases.
Je suis contente que ça t'ait plu et j'espère que tu aimeras la suite !
Bonne lecture !! ^^
Green_Nerd
Posté le 16/02/2022
Alors, mon premier avis: wow.

Cet univers de monde retourné est vraiment super. On est immédiatement happé par l'histoire.
J'ai vu que tu étais inquiet par rapport à la longueur du chapitre. Alors, effectivement, je trouve qu'il est un peu long, mais eh, l'histoire en vaut le coup.

Hâte de voir la suite !
Taranee
Posté le 17/02/2022
Ha ha! 😅
Merci pour ton commentaire, ça me fit très plaisir de voir que ça te plaît !
J'espère que tu seras toujours autant happé(e ?) par l'histoire par la suite !
Bonne lecture !!
Canopus
Posté le 10/02/2022
Bon, j'ai rien à dire, c'est génial!!! Enfin si, j'ai des choses à dire mais l'histoir est folle!

Si ça ne te dérange pas, je te fais un petit récap de ce que j'ai noté ^^'

Alors déjà, le début en italique met vraiment dans le bain. Je sais pas si tu contes faire ça à chaque chapitre mais c'est vraiment bien!

Ensuite je trouve que tu écris vraiment bien. On comprend bien les émotions et le caractère des personnage. De plus, je trouve que les descriptions sont vraiment magnifique. Dans le port, par exemple, on s'y voyait! Vraiment, d'habitude ça me soule les descriptions mais là c'était un plaisir^^

De plus, ton écriture vais vraiment bien avec le coté "ancien" des mages, des châteaux et des cavaliers. Le vocabulaire est très précis et le langage va bien avec. Bravo!

Les combats sont bien aussi! Et tu as mis le flash back au bon moment, c'était parfait!

Enfin, je trouve que les noms sont un peu compliqué (surtout ceux des ville) mais c'est vraiment le seul point "négatif"

Ah et pour le chapitre long... moi je trouve que c'est bien pour un premier chapitre. Je trouve qu'il n'y a pas besoins de le raccourcir mais c'est vrais que ça peu démoralisé quelques uns que se soit un peu long. Bref, fait comme tu veux ^^

Donc voila, bravo! j’attends la suite avec impatience! Par contre je dois te prévenir, je ne ferais pas des pavé comme ça à chaque fois XD
Taranee
Posté le 10/02/2022
Coucou !
Je dois dire que ce pavé pour le commentaire s'accorde bien avec la longueur de mon chapitre XD.
Je suis soulagée que tu aies compris et je dois te dire honnêtement que, moi aussi, ça m'énerve les descriptions d'habitude. Mais comme on est dans un monde qui n'est pas le notre, je dois quand même en faire.
Du côté des noms, je ne n'y suis pas allée de main morte, c'est vrai ^^'
J'ai pensé (je ne sais pas trop comment mettre ça en place) à insérer une carte de Sambremonde dans l'histoire afin que vous, lecteurs, puissiez vous y retrouver.
J'ai déjà donné des noms aux personnages (c'est normal en même temps) mais tous les noms ne vont pas servir. Je crois que je me suis plutôt pas mal arrangée pour que les noms des personnages principaux soient faciles à retenir...

Si tu trouves que le combat est bien écrit, tant mieux, parce que j'ai essayé de le soigner un minimum : de mon point de vue, un combat est difficile à écrire, c'est un des points qui me pose le plus de problèmes dans mes écrits.

Voilà voilà, on dirait que j'ai aussi fait mon petit pavé pour te répondre ^^
J'espère que tu aimeras la suite, Canopus !
Canopus
Posté le 10/02/2022
hé hé... c'est vrai que tout les deux, on s'est bien trouvé pour les pavé XD

Pour les descriptions, vraiment, ne change rien! Ça nous permet de cerné le monde qui nous est inconnu. Elles sont très bien!

Et pour les noms, en vrai c'est juste les villes qui sont un peu compliquer mais c'est vrai que ceux des personnages sont très bien (est ce qu'ils ont une significations particulière?)

Enfin, pour les combats, je suis d'accord, quand on ne sait jamais battue, c'est compliqué XD
Taranee
Posté le 10/02/2022
Oui, c'est vrai que ce n'est pas dans mes habitudes de me battre... :P
Enfin qui sait ? Je devrais essayer pour savoir exactement comment écrire des scènes de combats ! XD
Blague à part, non, les noms n'ont pas de signification... Si tu veux tout savoir, j'ai surtout assemblé des sons qui me paraissaient jolis ou chaleureux, des noms qui m'évoquaient quelque chose ou qui me semblaient coller avec le personnage... Mais ces noms ne veulent rien dire (c'est mal de choisir les noms de ses persos un peu au hasard ?)... Je sais en revanche que certaines personnes mettent plus longtemps que moi à choisir un nom car il a une signification précise... µ
Canopus
Posté le 10/02/2022
C'est vrai que ça pourrait servir XD

Non non mais t’inquiète, il n'y a pas de règle ou truc comme ça. C'est très bien comme tu fais, au moins, ils sont jolie tes noms ^^
(C'est vrai que je met un temps fou à trouvé les nom XD)
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