Elle avait fait un joli rêve cette nuit là. Des couleurs qui n'existaient pas lui étaient apparuess, elle avait ouvert la boîte du chat de Schrödinger mais ne ne souvenait plus si elle l'avait vu mort ou vivant, et elle avait inventé l'eau chaude. Puis elle rouvrit les yeux.
Elle était allongée sur le sol, perdue dans le noir.
Elle rassembla ses jambes pour se relever, mais fut aveuglée par une lumière que l'on maintenait devant ses yeux. Elle mit sa main en visière sans savoir d'où venait la luminosité, et cette dernière s'éloigna d'elle même, de quelques mètres seulement.
Sans trop comprendre où elle était, elle tenta d'habituer ses yeux à cette soudaine lumière trop vive. Lorsqu'elle y parvint, elle laissa retomber son bras et renonça à se lever pour l'instant. Elle préféra s’asseoir en tailleur.
Une petite créature noire se tenait devant elle. Le chapeau de paille qui se trouvait sur sa tête faisait de l'ombre à tout son petit corps. Malgré tout, la lanterne qu'il tenait au bout d'une canne à pêche parvenait à éclairer péniblement ses immenses yeux noirs de vide et sa bouche qui ne formait qu'une fente sur son visage. Une autre lueur émanait de derrière son dos où il cachait son autre bras. Cette lumière, pourtant plus faible, éclairait la petite sacoche brune qu'il portait en bandoulière.
L'un en face de l'autre, ils se dévisagèrent sans un mot. L'un était curieux, et l'autre demandait des réponses du regard sans en connaître les questions.
La petite créature noire rompit le silence en premier :
- Bonjour.
La jeune fille ne sut quoi dire. Elle se contenta de continuer à la fixer en penchant la tête, comme si elle espérait que cela lui permettrait de savoir si elle s'était vraiment réveillée. La créature sortit son bras de derrière son dos et lui tendit une citrouille où l'on avait glissé une bougie après lui avoir taillé un visage et dans laquelle on avait planté un manche en bois.
- J'espère qu'elle te plaît.
L'intéressée hocha la tête. Elle tendit le bras pour s'en saisir puis se releva, les doigts fermement serrés autour du manche.
- Ton nom ?
- Louna. Je m'appelle Louna.
- Moi c'est Numéro neuf, enchanté.
Numéro neuf posa sa lanterne puis ouvrit sa sacoche. Il en sortit un feutre noir avec lequel il s'approcha de Louna. Il sauta sur la citrouille que la jeune fille maintenait près de son visage, repoussa les quelques cheveux qui venaient se loger sur son front et y écrit, avec plus ou moins de facilités, « LOUNA » en lettres majuscules.
La jeune fille n'eut pas le temps de réagir et ajouta le pourquoi son prénom était écrit sur son front à sa liste de questions. Ce qui en tout, faisait une seule question clairement formulée dans sa tête.
Numéro neuf descendit aussitôt de la citrouille, rangea son feutre et reprit sa lanterne.
- Comme ça, je n'aurai pas à te demander ton nom une nouvelle fois.
L'air absent, Louna hocha la tête.
- Où sommes nous ?
- Je ne sais pas trop.
- Oh...
La jeune fille cligna plusieurs fois des yeux, puis se souvint des alarmes qui avaient sonné beaucoup trop fort, et des visages inquiets qui se penchaient au dessus d'elle.
- Je suis morte ?
- Je ne sais pas trop.
- Oh...
- Je dors ?
- Je ne sais pas trop.
- Oh...
Elle essaya d'éclairer autour d'elle, mais la lumière était à faible portée. Elle crut apercevoir quelques reliefs de feuilles, mais rien de bien précis. Lorsque Numéro neuf le fit à son tour, elle vit seulement des troncs ainsi que le long chemin en terre qui s'étendait devant eux.
- Qu'est ce qu'il y a par là ?
- Bonne question, je débarque à peine moi aussi tu sais.
- On y va alors ?
- Si tu le souhaites.
Louna hocha la tête. Elle commença à marcher, et Numéro neuf l'imita. L'un à côté de l'autre, ils avancèrent sur le sentier terreux bordés d'arbres qu'ils découvraient au fur et à mesure.
Puis la jeune fille se rendit compte que c'était vraiment très bizarre. Elle haussa les épaules et continua à mettre un pied devant l'autre. Peut être était-ce simplement la continuité de son rêve. Peut être pas. Elle n'avait pas vraiment envie de le savoir.
Numéro neuf s'arrêta, et la jeune fille l'imita. La créature tenait sa lanterne à bout de bras pour éclairer les pancartes que l'on avait planté là, à la croisée des chemins. Sur le morceaux de bois qui indiquait le sentier qui arrivait de gauche, il était écrit « MONTAGNE » en lettres majuscules. De la même façon, il était écrit « PLAINE» sur le panneau qui désignait la route qui filait tout droit devant eux, et « MER » celui qui montrait le sentier à leur droite.
Numéro neuf l'interrogea du regard, attendant sa décision pour continuer à avancer.
- Mer, déclara simplement Louna.
La créature hocha la tête puis poursuivit sa route en suivant les indications des pancartes. Le sentier fut bordé d'arbres jusqu'à ce que la terre ne se change en marches en bois, puis en sable lorsqu'ils arrivèrent sur la plage.
Il faisait toujours très sombre.
Et Louna réalisa enfin qu'il n'y avait pas de lune. Seules les lanternes produisaient des reflets clairs sur l'eau à peine troublée qui s'étendait devant eux. Le sable blanc luisait encore d'avantage et donnait ainsi l'impression d'être fluorescent.
Peut être l'était-il. Peut être pas.
Numéro neuf s'assit et observa la mer. Il avait l'air ravi. La jeune fille regarda à sa droite, où elle ne vit rien d'autre que de l'obscurité uniquement troublée par le blanc du sable, puis à gauche où elle aperçut une autre lumière au loin.
- Qu'est ce qu'il y a là bas ?
- 'Pas la moindre idée.
Louna resta immobile quelques instants à regarder les reflets de l'eau remuer devant elle, puis se décida à se diriger vers la lueur à sa gauche. Numéro neuf se leva et fit de même, son chapeau de paille toujours solidement enfoncé sur sa tête.
Il avancèrent longtemps sur ce sable trop blanc, voyant la lueur grossir au fur et à mesure. Citrouille à bout de bras, Louna éclaira bientôt une péniche en bois amarrée à un ponton qui émergeait de l'eau. La lumière venait d'une bougie sous cloche collée près de l'anneau d'attache. Une autre lanterne se balançait au bout d'une chaîne accrochée à un bâton que l'on avait coincé à l'avant du bateau.
Numéro neuf monta sur le ponton, aussitôt suivi de Louna. Le plancher grinça, rompant ainsi le silence ambiant, et couina de nouveau lorsqu'ils posèrent un pied sur le bateau. En longeant la cabane qui faisait de cette très grande barque une péniche, la jeune fille regarda par l'un des hublots. L'intérieur était éclairé. Un hamac pendait entre le mur du fond et celui sur lequel elle s'appuyait, des petits meubles lui faisaient face, très certainement des placards, ainsi qu'un évier, et une table devant laquelle trônait une chaise en plastique coloré. Et entre tout cela, un pied de mandarines poussait dans un bac de terreau fraîchement arrosé.
Alors que Louna regardait l'intérieur de l'habitation, Numéro neuf était allé au bout de la péniche où une autre lanterne éclairait un vieux pécheur assis face à la mer, la canne calée entre les genoux. Lorsqu'il s'aperçut de la présence de la créature, il se retourna, bière à la main et casquette enfoncée sur son crâne presque chauve. La lumière de sa lampe éclaira ainsi ses bottes en caoutchouc, sa salopette en jean et surtout son visage couvert de petites cicatrices et de rides, qui le parcouraient en nombre raisonnable, ainsi que ses deux yeux bleus qui brillaient comme l'eau.
Louna arriva et observa à son tour le vieux pêcheur qui avait entre temps bu une gorgée de sa boisson.
- Bonjour, dit-elle sans quitter l'homme du regard.
- Bonjour ! répondit-il.
- Comment vous appelez vous ?
- « Le vieux pêcheur » devrait suffire, Louna.
D'abord étonnée que l'homme connaisse son prénom sans qu'elle ne se soit présentée, elle se souvint qu'il était écrit au feutre sur son front.
- Vous avez encore des choses à faire sur la terre ferme ?
Louna et Numéro neuf secouèrent la tête en même temps. Le vieux pêcheur les regarda quelques instants sans rien dire puis déclara soudainement :
- Alors larguez les amarres !
Numéro neuf pivota sur lui même et courut vers le ponton afin de couper la corde qui les maintenait près de la plage. Les vagues décidèrent d'elles-mêmes de faire avancer la péniche, et cette dernière s'éloigna de la berge.
Alors que Louna regardait le sable blanc s'éloigner, l'homme lui tendit une bière et une mandarine bien mûre. La jeune fille posa sa citrouille et se saisit de ce qu'il lui donnait. Puis elle lui demanda :
- Je dors toujours ?
L'homme haussa les épaules et porta sa bouteille en verre à ses lèves. Louna l'imita et décida de s'en moquer elle aussi. Elle aurait bien le temps de le savoir plus tard. Numéro neuf les rejoignit tandis qu'elle s'asseyait sur le bord du bateau. Elle éplucha sa mandarine, en jeta la peau à la mer au dessus de laquelle ses jambes se balançaient, puis croqua à pleines dents dans le fruit.
Il était vraiment très bon.
Le jus encore dans la bouche, elle songea qu'elle resterait bien ici. Elle, le vieux pêcheur, la petite créature noire avec ses énormes yeux et son chapeau de paille, la mer, les poissons et les mandarines. Rien d'autre.
Il n'y a rien à faire qu'à se laisser porter et c'est ce que je vais faire bien vite jusqu'au chapitre suivant !
J'ai adoré la référence au Chat de Schrodinger (que je n'aurais pas saisie si je ne regardais pas big bang theory :D)
Merci ;)
Merci pour ton commentaire Isa je suis content que ce premier chapitre t'ai plu. Que tu y associe ces adjectifs me ravi, je pense que ça décrit bien l'atmosphère générale de la bestiole donc c'est chouette
merci à toi d'être passée! a34;
J'adore le ton de ce récit ! On navigue dans un rêve, mais tout est normal :-) Je me suis laissée emporter, et c'était bizarrement... relaxant !
Je ne sais pas du tout où tu vas côté intrigue - mais je me dis que tu pourrais continuer l'exploration de cet univers sans véritable intrigue, tellement cet aspect étrange/normal/rêverie est prégnant...
(une seule petite coquille, soit dit en passant : Sur le morceaux de bois -> morceau au singulier)
A très vite pour la suite !
Liné
C'est trop chouette si ça a pu t'emporter ainsi, et encore plus que le côté sans intrigue réelle et exploration te plaise puisque qu'effectivement le reste des aventures est dans cet esprit. Du coup si tu repasse j'espère que les autres explorations te plaieront aussi
(hop je corrige ça merci)
Et merci pour ton commentaire et pour être passé me lire Liné! A bientôt
Eh bien voilà, ça y est, j'ai tout dévoré sans m'arrêter. Et pouaaah j'ai tout plein de superbes images dans la tête <3
Je ne vais pas te faire une revue des petites coquilles qui traînent par-ci par-là parce que ça a déjà été relevé ^^ <br />Au chapitre quatre, quand tu décris l'intérieur, on saisit vraiment bien l'atmosphère, mais je trouve qu'il y a beaucoup d'indications de directions, et ça en devient presque confus, et je n'arrive plus à placer clairement les meubles XD <br />Un truc tout bête qui m'a fait tiquer, Louna croque ses mandarines. Ainsi ne s'amuse-t-elle pas à la découper en petits quartiers ? :o
Dès le début j'ai été totalement embarquée dans tes atmosphères et c'était vraiment très agréable de découvrir ce monde en même temps que les personnages (d'ailleurs Neuf est beaucoup trop mignon XD). Tu m'as déchiré le coeur en tuant le monsieur de la péniche, c'était beaucoup trop gratuit XD Mais du coup ça m'a fait un peu moins mal pour Eddo et Ayo, je m'étais préparée au pire. Et c'était un immense soulagement d'avoir enfin une explication de tout ça à la fin !
Je n'ai pas cessé de m'émerveiller devant tous ces nouveaux endroits - particulièrement sous l'eau, je dois l'avouer ! Ensuite, Cerveza est clairement le meilleur prénom du monde entier XD ET QLKJDQKD LES CHAUSSONS/SAC MEROU. JE LES DESIRE ARDEMMENT ! Merci pour cette trouvaille qui m'aura valu un sacré fou rire <3 <br />J'envoie aussi beaucoup d'amour à Öyün parce qu'il est vraiment adorable !
J'ai clairement surkiffé cette fin avec ce joli raisonnement, avec la mer et les mandarines pour boucler la boucle :D !
Voilà voilà, bravo et merci pour cette histoire toute pleine de couleurs et de jolies ambiances !
Pour le chapitre 4 c'est noté, tu n'es pas la seule à avoir fait la remarque il me semble en plus, il faut que je regarde ça et corrige cette histoire. Et en effet elle mord dedans à pleine dents, pas le temps de faire des quartiers comme les faibles que nous sommes
Le reste de tes remarques donne tellement le smile pfiou, je suis ravique tout ceci t'ai plu, autant les prénoms, les ambiances et ce sac mérou qu'honnêtement j'aimerais avoir aussi :P
Merci d'avoir lu cette histoire et pour ton commentaire!<3
Je ne peux pas ne pas lire un truc qui a le nom de quelque chose qui se mange, alors me voici !
Tes écrits me surprennent toujours, parce que tu choisis des environnements peu conventionnels pour tes histoires. Cette fois, on est dans une dimension un peu onirique (même si, comme Louna, on ne sait pas si elle dort ou elle est morte xD). Braf, je trouve que tu as bien réussi à représenter les petits moment wtf des rêves, comme quand par exemple le pêcheur connait le nom de la fille alors qu'elle ne s'est pas présentée. ça m'intrigue tout ça, j'ai envie de savoir le pourquoi du comment, j'ai envie de voir quelle sera l'aventure de Louna et de numéro neuf ^^
Petit chipotage : Vu que "numéro neuf" est ici une sorte de prénom, je lui mettrais des majuscules (je suis quelqu'un d'assez visuel, et du coup ça me fait moins réfléchir pendant ma lecture, je ne sais pas comment expliquer. ça ne fait aucun sens xD Si par hasard, t'as compris ce que je voulais dire, bravo xD)
Bref, je repasserai pour la suite ^^
à toute !
Jowie
En parlant de trucs qui se mangent je suis toujours en retard sur bal aveugle ;u;
Ah pour la majuscule tu fais bien de le soulever. Je crois que j'y pense après quelques chapitres, je ne sais plus à partir duquel, mais va savoir pourquoi, j'ai zappé sur les premiers... mais c'est corrigé ici maintenant! Je file le faire sur les chapitres suivant.
Et merci pour ton opinion, c'est chouette que ça t'ai plu. Merci d'être passée :D
à touti!
Lyra
ça me fait plaisir de pouvoir avoir ton avis :D
Pour le chipotaage (qui n'est est pas qu'on se le dise, c'est très utile), voilà les fautes corrigées merci infiniment! Pour le coup de la question je l'ai gardé parce que je trouvais ça rigolo sympa mais je l'ai clarifié un peu, qu'en penses-tu? : " et ajouta le pourquoi son prénom était écrit sur son front à sa liste de questions. Ce qui en tout, faisait une seule question clairement formulée dans sa tête."
Je suis vraiment contente que ça t'ai plu (wah Ghibli carrement .__.), faire passer une ambiance étant l'un des "objectifs" si tenté qu'il y en ai eu un jour, alors c'est chouette si ça a bien fonctionné sur toi. (et "ode aux plaisirs simples" c'est exactemment ça, j'aime beaucoup comment tu l'as formulé <3 )
Je file à tes autres commentaires!
On dirait que ça se passe dans un rêve, il y a des trucs bizarres et presque insensés, mais ils ne sont pas questionnés, les personnages les acceptent comme si c’était normal. Ça m’amuse.
J’aime bien tes personnages, en particulier Numéro neuf et son habitude d’écrire les noms des choses partout. Je trouve que c’est vraiment bien trouvé et très drôle ! Louna et lui font un duo très attachant et mystérieux.
J’ai hâte de découvrir le reste du monde, ça a l’air vraiment chouette ! J’ai hâte de voir où tu nous emmènes !
Détails :
« Des couleurs qui n'existaient pas lui étaient apparu » : apparues
« La jeune fille ne su quoi dire » : sut
« monta sur le ponton, aussitôt suivit de Louna » : suivi
« une chaise un plastique coloré » : il manque quelque chose, là, je pense
« la cane calée entre les genoux » : canne
« Numéro neuf pivota sur lui même et couru » : courut
« la corde qui les maintenaient près de la plage » : maintenait
« Les vagues décidèrent d'elles mêmes » : d’elles-mêmes
« Rien d'autres » : d’autre, je pense
Je suis vraiment contente que l'histoire et les personnages t'aient plut, j'espère que le reste ne te décevra pas!
Et merci beaucoup pour les fautes, les voilà corrigées, ça devrait être mieux comme ça :D
L'ambiance de ton chapitre est vraiment onirique, très mystérieuse et même, je dois dire, un peu oppréssante. On s'imagine très bien tout ce que tu décris.
J'ai notté quelques fautes par-ci par-là, des inattentions.
- "sa bouches"
-"les pancarte"
- "que l'ont tendait "
- "le terre"
- "son visage couvert de petites cicatrice et des rides qui le parcouraient en nombre raisonnable"
Il s'agit sans doute d'une erreur d'inatention, un s malicieux est venu se coller sur un "de" sans crier gare !
Bref ! Mis à part ces petites coquilles, c'est une expérience étrange que de te lire ! Dans le bon sens du terme ;)
Je me demande quel est la nature exacte de ce voyage onirique, j'ai bien envie de voir comment tu vas nous dévoiller ça peu à peu (ou pas ?).
A bientôt !
Wah je ne connaissais pas Magyk mais la ressemblance des noms est assez troublante, je vais voir si je peux m'en procurer un!
Merci beaucoup pour le relevé de faute il m'est très utile, les voilà corrigées. Et puis je suis contente que ça t'aie plut :)
Merci d'être passée par ici!