Les yeux fermés, Mélissa se retrouvait au seuil de la maison. En face de l’immeuble, on voyait l’eau de la mer qui valsait au rythme du vent. Plusieurs végétations de toute sorte ornaient la résidence. C’était l’endroit idéal. Enfin. Voici la maison qu’elle avait tant voulue. Elle toucha son ventre bien rond. Elle portait un premier enfant. C’était une fille. Liliana. Elle la désirait plus que tous au monde. Elle voulait une maison qui serait bien pour sa famille. C’était le bon choix. Elle n’en doutait point. Les yeux fermés, elle pénétra dans la gigantesque maison. Les propriétaires du moment avaient mis plusieurs décorations africaines et il y avait des plantes et végétaux de tout genre. De différents parfums chatouillaient ses narines. Même l’odeur de la place était un rêve. Tous étaient si merveilleux.
En sueur, Mélissa se réveilla dans son lit. Mais que se passait-il ? Où était sa fille ? Elle se souvenait de la quête qu’elle s’était donnée. La trouver. La réveiller. La préparer pour la journée qui s’annoncerait magnifique. Même si le ciel était gris et que la météo annonçait des orages, la joie de vie qu’amenait Liliana était indiscutable.
Le Soleil brillait. La cour arrière de la maison était illuminée de la présence de son mari et de sa fille. Elle avait à peine un an, on pouvait les voir s’amuser dans la piscine creusée. Les yeux fermés, Mélissa savourait son jus d’orange assis près du patio et s’imprégnait de l’image savoureuse de sa famille.
— C’est à mon tour, dit-elle en se levant et se dirigeant vers son mari.
Avec un grand sourire, ce dernier sorti de la piscine pour porter Liliana auprès de sa mère. Elle souriait toujours, elle était parfaitement innocente. Mélissa ressentait le besoin de soutenir sa fille.
D’un bon, les paupières fermées, Mélissa se réveillait. Toujours dans son lit. Un mal de tête la prit aussitôt. Elle se dirigeait vers la salle de bain pour prendre des médicaments et contrer ce mal. Avant même qu’elle ne pose sa main sur la pharmacie, un souvenir récent la frappa. Elle devait trouver sa fille. Ses yeux étaient toujours fermés. Impossible de les ouvrir. Rien n’avait été aussi clair pour elle. C’était le matin. Et comme à son habitude, elle se dirigeait vers la chambre de sa fille. Tout en rose, le minimalisme de la pièce apportait un réconfort à Liliana. Mélissa voyait, même les yeux fermés, que sa fille n’était pas là. Pourquoi n’était-elle pas là ? Elle se mit à fouiller dans toutes les pièces de la maison. Aucun signe de vie de sa part.
Ah ! Les journées étaient longues sans Liliana. Impossible de se concentrer au travail. Assis devant son bureau, les paupières fermes, Mélissa ne pouvait se concentrer. Un cognement sourd se fit entendre dans la porte d’entrée de son bureau. C’était son secrétaire.
— Madame, sur la ligne un, votre mari, dit-il simplement.
Mélissa posa les dessins d’édifice architectural de son client et prit le téléphone.
— Oui, mon amour ?
— Je vais chercher Liliana à la garderie, j’ai pu me libérer.
— C’est parfait mon cœur.
Elle raccrocha. Elle aurait voulu finir plus tôt elle aussi, mais elle avait une liste de tâches à accomplir.
D’un bond, les paupières fermées, Mélissa se réveilla dans son lit. Mais que se passait-il ? Une seconde, elle était ailleurs, l’instant d’après elle se retrouvait ici. Et sa fille ? Elle ne l’avait toujours pas trouvé. Elle posa les pieds à terre pour partir à sa rencontre. Cette fois-ci, toujours les yeux fermés, elle ne prit pas la peine de se diriger vers la chambre à coucher de Liliana, car elle se rappelait étrangement l’avoir déjà fait. Où était-elle ?
Comme à chaque souper, le mari de Mélissa, sa fille et elle-même se retrouvaient autour de la table de cuisine pour manger. C’était une belle soirée comme à l’ordinaire. Toutefois, Mélissa pouvait sentir que quelque chose clochait. Elle était en parfait contrôle de tous ses états. Sauf qu’elle avait les yeux fermés. Cela portait à confusion, car elle aidait sa petite fille à manger. Elle passait en revue la journée extraordinaire qu’elle avait eue aujourd’hui et le racontait à son mari. Ils riaient. Ils étaient heureux. Mais pourquoi avait-elle les yeux fermés ? Elle ne savait pas. Son instinct maternel ressorti, lorsqu’elle vit sa petite fille pointer son doigt vers les pommes de terre pilées.Toujours les yeux fermés elle prit une purée de pommes de terre et le déposa légèrement dans le plat de Liliana.
— Je veux jouer, dit-elle.
Dès que ces mots sortirent, Mélissa se réveilla automatiquement dans son lit. Elle ne comprenait pas ce qui s’était passé.Il y a quelques instants, elle était en train de manger avec sa fille et son mari, l’instant d’après elle était loin, envelopperdans ses draps.
— Liliana, où est Liliana ?
Les yeux fermés, Mélissa sortit du lit pour se retrouver à l’extérieur de la formidable maison qu’elle s’était appropriée il y a maintenant 5 ans, avec son mari. C’était leur première maison. Les orages commençaient à résonner dans ses oreilles. Toujours pas de nouvelle de sa petite fille. Les yeux fermés, elle se dirigea calmement vers le balcon de son entrée, en face de la mer. Elle portait toujours sa nuisette et n’avait même pas songé à se camoufler. Le délicieux souffle du vent frais lui caressait la peau. Calmement, sous une puissante pulsion qui lui semblait jusqu’à présent inconnue elle descendit du balcon pour poser ses pieds sur le sol sablé.
Mélissa vit au loin sa fille de quatre ans. Liliana. En plein milieu de l’eau, elle était nue. Sa chevelure bouclée valsait au rythme du vent. D’un son sourd et prise de peur pour sa fille, Mélissa se mit à crier.
— Chérie, éloigne-toi de là. Éloigne-toi de la !
Elle ne l’entendait pas. Elle voulait simplement jouer. Mais c’était dangereux. Les vagues étaient puissantes et à tout moment, elles pouvaient l’engouffrer. Rapidement, Mélissa se mit à la poursuite de sa fille pour la sortir de là. Pourtant, plus elle s’approchait et plus les vagues de la mer éloignaient sa fille au loin.
— Non, non, non, dit Mélissa prise de panique.
Sans même crier gare, une énorme vague engloutit Liliana au fin fond de la mer. Les yeux toujours fermés, sans se rendre véritablement compte de ce qu’elle faisait, Mélissa courue vers la mer et y plongea tête première. Elle ne s’arrêtait pas. Elle nageait sans cesse, jusqu’à ce qu’elle voie enfin ce qu’elle désirait et ce qui était si cher à son cœur. Sa fille.
La pluie commençait. Toujours sous l’eau, elle voyait l’ombre indistincte de Liliana. Étrangement, Mélissa pouvait voir les yeux fermés qu’elle s’approchait de sa fille.
Alors qu’elle s’apprêtait à l’attraper pour l’extirper de l’eau, une poigne puissante la força à se retirer de la mer.
— Elle est là, hurla-t-elle. Je dois la sortie de l’eau. Elle va se noyer.
Subitement, Mélissa ouvrit les yeux. Elle était allongée sur le sol proche de la mer et son mari la soutenait dans ses bras. Mélissa était incomprise face à la tristesse qu’elle voyait au fond de son regard. De concert, elle remarquait qu’elle était toute mouillée de la tête au pied et que lui aussi. Enfin, elle réalisa que tout ça n’était qu’un malheureux songe. Sa fille était déjà morte. Elle s’était noyée. Elle n’avait pas réussi à la rattraper. Elle était partie pour toujours.
Quant à Mélissa, victime de somnambulisme, elle ne s’était pas rendu compte qu’elle était simplement en train de rêver.
Ce n’était qu’un rêve, mais tellement réel, que cela lui semblait être… une seconde chance.
ce n'est qu'au2/3 du récit que je tablais vraiment sur un rêve. Mais même là, le récit reste intense, et prend au corps.
Le coup du rêve qui n'en finit pas donne des frissons (en tout cas pour moi qui en ait déjà vécu).
Je n'avais pas pensé au somnambulisme. Plutot que de donner l'explication par le narrateur, (qui fait un peu trop 'ah je vous explique'), ne pourrais-tu pas faire parler le mari, genre : "C'est rien chéri, tu as juste fait une crise de somnambulisme. Ce n'était qu'un rêve".
Car là on sent un peu trop l'auteur, à mon goût.
(tout en gardant la dernière phrase tel quel, qui est vraiment puissante)
merci pour le partage de cette belle nouvelle.
Déjà, mes sincères excuses pour le délai de réponse. Dû à des situations externes, je n’ai pas pu me connecter sur PA depuis un bien bien gros bout de… temps, mais bon. Je suis contente de voir que cette courte histoire t’a plu !
Et oui, je vais prendre à la lettre ta rétroaction, car je suis franchement d’accord avec ça !
« Laisser l’intelligence au lecteur »…
Je suis encore en herbe et je n’avais d’ailleurs pas fait lire à un bêta au préalable ! je vais travailler là-dessus !
Quand même, merci pour la rétroaction positive et bonne chance à toi et tes projets ! J’irais faire un tour sur ta page prochainement !
C'est une très chouette petite nouvelle. L'idée de base est très, très bonne et la fin assez inattendue, ce qui est un très bon point. On s'attache très vite au personnage principal, même si on ne comprend pas tout de suite ce qui se passe. J'avoue avoir été un peu perdue sur le début, ahah.
Il y a un tout petit point qui m'a dérangé dans ton style, c'est l'enchaînement des phrases très courtes qui donnent un rythme un peu cassé à ton récit, par exemple dans ton premier paragraphe. Attention également aux petites fautes d'orthographe et de conjugaison. Par exemple pour le "D'un bonD", auquel tu oublies le "d" final.
C'est très chouette en tout cas, très belle découverte.
Le rythme est parfait, soutenu, le suspense présent, c'est fluide à lire et la chute est la cerise sur le gâteau ! Tes descriptions sont très bien construites, nous nous retrouvons bien immergés dans ta nouvelle !
En bref, j'ai adoré !!!
Bravo à toi !
Merci d’avoir pris le temps de me lire ! C’est nettement apprécié et je suis contente que tu aies aimé :) <3
C'est très poignant comme histoire !!
Quelques petites fautes par ci par là, si tu peux/veux demande à un tiers une petite relecture (ou laisse l'histoire reposer quelques jours pour la relire avec un regard frais) ! Ça ne brûle pas non plus les yeux donc c'est que ce n'est pas si "horrible" que ça ^^
J'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire avec "l'alternance" enfant/plus d'enfant, j'étais un peu confuse au début, mais une fois dedans, j'ai beaucoup aimé ton style :) J'ai trouvé ça agréable à lire malgré un sujet sensible/difficile.
Après lecture je vois bien le rapport entre l'histoire et le titre/la couverture, mais j'avoue que pendant j'ai pas vraiment fait le lien (ou la connexion :p) ^^"
C'est une chouette histoire, originale, et j'ai pris beaucoup de plaisir à la découvrir :)
Du coup un grand merci à toi pour ce partage <3
Plein de bisous volants :*