Le brouillard traversait les landes comme un troupeau endormi, répendant son sillon humide sur les plaines somnolentes. L'air était frais, et une bruine légère accomplissait un rite silencieux avec la rosée matinale. Des étoiles, des milliers d'étoiles scintillaient encore dans le ciel tandis que le soleil tardait à sortir de son lit.
Les nappes de coton enveloppaient une silhouette qui avançait lentement parmi les spectres des gouttes, plus envahissants encore que la veille. Ici et là, des pics rocheux émergeaient de la brume, ruisselants des larmes que projetait le brouillard sur sa pierre. Les pieds nus de l'ombre vêtue de lambeaux évitaient soigneusement ces lances immobiles. Ses longs cheveux noirs flottaient derrière elle tandis qu'elle retenait tant bien que mal le peu de chaleur qui lui collait au corps. Elle grelottait. Mais elle s'en moquait. Elle continuait d'avancer, laissant derrière les traînées de poussière qui se soulevaient sur son passage. D'un œil amusé, elle observait les alentours, laissant de temps à autre son regard glisser sur un panache de fumée qui s'échappait des nappes de brume. Ses orteils s'enfonçaient dans les herbes folles des landes, parsemées d'éclats de boue et de roche, auquel elle mélangeait quelques gouttes de sang. Il n'y avait pas un seul bruissement de pas ou de vêtement, pas un seul bruit. Un long et pesant silence régnait sur les prairies endormies.
Au loin, des nuances d'orange, de pourpre et de coton nacré apparaissaient, se mélangeaient et se rependaient sur le bleu du ciel comme des pigment de peinture sur une aquarelle. Des arbres se détachaient sur le fond tâché d'ocre, des longs arbres fins qui pliaient sous la brise matinale. Adossé à l'un d'eux, un jeune homme brossait ses bottes en cuir, usées par le temps. Parfois, il levait le regard, cherchant des yeux un quelconque mouvement dans cette mer de coton. Dès qu'il aperçut cette silhouette avancer parmi la brume, il enfila ses chaussures à peine propres et courut à sa rencontre. Depuis plusieurs heures, il désespérait de la voir arriver. Alors il galopa au milieu des herbes, ignorant les flaques, ignorant les sillons du brouillard, ignorant les pics.
Elle tenta de lui hurler de s'arrêter, de marcher prudemment et lentement, mais tout ce qui sortit de sa bouche fut un long râle rauque qui témoignait de l’asséchement de sa gorge. Elle fit des grands gestes, agita ses bras dans tous les sens, mais rien n'y fit. Il courait dans sa direction, sans se soucier le moins du monde de ce qui l'entourait.
Et ce qui devait arriver arriva. Son pied gauche percuta l'un des pics rocheux qui parsemait les landes. Il vint s'écraser contre la roche, et une détonation se fit entendre. Elle plaqua ses mains sur ses deux oreilles tandis que des éclats de granit volaient au dessus des champs. Des lambeaux de chair brûlée retombaient dans les nappes de brouillard. Des morceaux de vêtements calcinés étaient projetés autour du pic. En quelques secondes, il n'y avait plus rien. Un éclat de lumière, c'est tout ce qu'il y avait eu. Une détonation et un éclat de lumière. Elle tenta un nouveau cri, mais rien ne sortit de sa gorge nouée, pas même un souffle. Étouffée par ses propres larmes, elle suffoquait, avalait les gouttes et augmentait sa difficulté à respirer. Lentement, elle se laissa tomber parmi les herbes sauvages qui l'emportèrent dans son dernier sommeil.
Et, alors que toutes les étoiles avaient cessé de se pavaner dans le ciel, c'est une nouvelle lueur qui naquit d'un éclat de feu dans les landes. Une nouvelle étoile, un nouveau phœnix, qui naquit cette fois de l'explosion d'une mine.
Par contre, je dois avouer que l'issue est terrible. Elle est jolie, mais terrible. Pourquoi tu fais exploser les gens ? Qu'est-ce qui s'est passé dans ta vie Lyra ? Quelqu'un a voulu poser ton pied sur une mine ? Tu as vu quelqu'un mourir ainsi ?
Mais sinon c'est très joli la naissance de cette étoile, sanglante, mais jolie.
Déjà merci, ça me fait plaisir que tu aies trouvé ça joli, vraiment <3
Et ensuit, mow tu me fais rire avec ces questios :') si ça peut te rassurer c'est non dans tous les cas, c'est juste que les explosions c'est la vie. Les gens empalés aussi, c'est la VIE.
Merci d'être passée si vite! Et à bientôt sur possession
Je....Je... je ne sais pas quoi dire là, mercimercimerci ça fais super plaisir que tu ai autant aimé ce petit texte. Vraiment, surtout que les descriptions on longtemps été ma bête noire, alors que tu me dises qu'elles soient absorbantes et poétiques, ça donne l'impréssion d'avoir progréssé ♥
Merci pour le relevé des coquilles restantes, elles sont corrigées! (et quel jeu de mot dis donc! :D)
Encore merci pour ce si gentil commentaire!
A plouf! Et bon PaNo à toi!
Les coquillettes :
"répendant son sillon humide sur les plaines somnolentes. L'air était frais"
"de l'ombre de lambeaux vêtue" Pourquoi cette inversion ?
"des longs arbres fins"
"sans se soucier le moindre du monde" Ce n'est pas plutôt "moins" ?
"mais rien ne sortit"
"dans son dernier sommeil" Elle meurt là, ou juste après à cause de la mine ??
Ah...
Tes descriptions sont magnifiques, j'aime beaucoup la comparaison avec l'aquarelle :)
C'est très court, mais percutant... Quelle horreur, ces deux... amants ? frères et soeurs ? séparés par les résidus d'une guerre...
Belle comparaison aussi que celle du phoénix. C'est beau et triste à la fois, bravo...
"dernier sommeil" est une expression que je trouve assez jolie et douce pour décrire la mort de quelqu'un : ça signifie que la personne ne se réveillera jamais. A priori, elle s'étouffe, mais elle aurait aussi bien pu mourir de sa chute, avec tous les pics rocheux qu'il y a autour... là dessus je n'en sais pas plus que toi, même si ça semble bizarre à dire...
Je suis contente que mes description t'ai plu, j'ai longtemps eu du mal avec elles.
En fait je ne sais pas plus que toi leur relation, à part qu'ils sont très proches. Je l'ai écrit un peu sur le vif, alors il n'y a pas réellement de background...
Merci d'être passée, contente que ça t'ai plu, et au plaisir de te lire!
En plus je sais pas, au début je me suis dit que c'était drôle, parce qu'on se sentait comme à la fin d'une histoire. Il y a eu une bataille, une guerre, je sais pas, mais beaucoup de souffrance, et la fille et le garçon se retrouvent et courent l'un vers l'autre et je me voyais déjà dans un happy end MAIS NON. C'est vraiment la fin, finalement. Même si la dernière phrase est porteuse d'espoir.
Bref, toutes mes félicitations pour ce petit texte. C'est impressionnant ce que tu arrives à transmettre en si peu de mots ! Mais dis-moi juste, du coup, par curiosité : tu as une idée de qui ils sont, ces deux personnes ? De ce qui leur est arrivé ? Si non, franchement ça ne fait rien. Mais je suis curieuse.
J'ai aussi relevé deux-trois petites choses au cours de ma lecture (avant que vienne le gros choc de l'explosion ;.;), du coup je te les note au cas où. Évidemment, ce sont des suggestions et tu en fais ce que tu veux !
"répendant son sillon" -> répandant
"auquel elle mélangeait" -> Certes, c'est son sang, mais elle ne le mélange pas volontairement avec la boue et la roche (enfin, je crois !) ; du coup j'aurais mieux vu "auquel se mélangeaient quelques gouttes de sang". Comme elle est la seule personne présente, je pense qu'on se doutera qu'il s'agit de son sang à elle... ?
"se mélangeaient et se rependaient" -> idem, répandaient
"avancer parmi la brume" -> Alors c'est peut-être juste moi, mais "parmi" ça sonne comme s'il y avait plusieurs éléments. Du coup, j'aurais mieux vu "parmi les nuages de brume" ou tout simplement "dans la brume".
Je suis ravie d'avoir lu cette nouvelle, c'est une chouette découverte des HO ! À très vite <3
merci pour tous ces compliments ça me touche vraiment ♥
(Par contre je ne sais absolument pas qui ils sont ni ce qui leur est arrivé, désolée ^^)
merci beaucoup pour les coquilles je vais corriger ça! Remarques très pertinentes en plus, ça sonne super bien"parmi lesnuages de brume" je trouve.
En tout cas merci d'être passée et d'avoir commenté, ton commentaire ma fait très très plaisir <3