Pirouette de pensée

Notes de l’auteur : Thomas Émile

 Paradoxe répréhensible

Thomas Émile Ouellette


 

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Une simple expérience de pensée m’est venue lors d’un échange intellectuel entre deux personnes cultivées empreintes d’un trait d’esprit philosophique qui tend à démontrer le pouvoir de l'absurde. En effet, le côté philosophique d’une défense judiciaire victorieuse lors d’une simple algarade d’opinions peut trancher triomphalement lorsque l’on transpose l’argument adverse dans la relativité. L’idée, aussi farfelue soit-elle, démontre qu’une accusation, même bien fondée, peut être repoussée contre l’instigateur même de preuves savamment recueillies d’une acuité méticuleuse. Cette expérience nie temporairement le flux de moralité et de conscience hâve qui se pâment dans l’inégalité d’un monde moulé. Si l’on change le sens même d’une humanité ou d’une opinion, alors nous serons à même de façonner un monde, une idéologie qui changera le cours d’une création rabougrie qui tend infiniment à la modestie d’une justice équitable. Et si, pour une fois, l’absurde, art perdu de générations passées, servait à relativiser, pour un court moment, le monde et sa conscience ?






 

                





 

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Qu’est ce que l’absurde ? Selon Albert Camus, célèbre écrivain philosophique né en 1913 et décédé en 1960, l’absurde est avant tout une condition. Celle qui incarne l’homme qui, en se penchant sur lui-même, crée son destin en toute neutralité d’expression. Ce concept d’idée inspire l’imagerie morale d’un autre dessein, celui de combler le vide par le vide. De faire l’impression, la création d’un vent théâtral de vie qui comble l’imagination et laisse mûrir la sagesse. L’idée de Camus influença l’éthérée d’une pensée collective des plus grands philosophes contemporains. Cependant, bien que cette thèse remplisse une fonction importante de l’absurde, celle-ci ne couvre pas toutes les subtilités kaléidoscopique de cet origami de complexités et d’utilités. L'absurde nous fait réfléchir, nous fait avancer en tant qu’être. Les aspects éclectiques d’abondance de l’imagination peuvent s'avérer utiles lorsque bien utilisés. La transcendance d’une fougue libérée de ses chaînes peut illustrer les miasmes profonds d’un niveau de réflexion.

Si l’humilité du lecteur prend quelques secondes pour y réfléchir, l'absurde ne peut être décrit avec des mots. Représenté sous toutes ses formes depuis l’antiquité, l’absurde fait partie de l’histoire humaine. Cette dernière à été poussée à l’évolution par les mouvements frénétiques et éternels de l’incohérence paradoxale. L’utilisation presque naturelle de l’irrationnel par l’humain a conduit celui-ci à pouvoir l’utiliser en toute situation. Voilà le concept d’une rationalité presque banale de l’absurde. Bien que chacun ait son opinion sur ce sujet, nul doute que l’irréfléchi est une arme puissante à exploiter. Dans ses réflexes cognitifs millénaires, l’humain est capable de tout lorsqu’il ne réfléchit pas, comme il fût prouvé nombre de fois à travers les âges. Cette force surprenante est un outil peu commun que nous allons utiliser à bon escient lors d’un procès. Si, par quelques bribes fuligineuses survenues lors d’un excès cognitif, l’ivresse de savoir vous emporte, souvenez-vous de ceci ; Il faut toujours se fier, se dévouer à l’idée 0, celle qui constitue l’ensemble de l’absurde. 



 

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Pour ce chapitre, la force d’imagination du lecteur dictera la finesse d’une compréhension réussie du problème, en l'occurrence un procès fictif. La supposition du contexte et de 

l'effervescence des contraintes du procès témoignera d’une justice affublée de liens qui tendent à la création d’une défense exemplaire. Pour ce faire, l’absurde, grande source d’imagerie loufoque d’une palpable haine exemptée, nous aidera. Commençons par examiner les contraintes de votre procès ;







 

  • Votre client, Mr. Johnston, est accusé du meurtre prémédité de vingt-trois personne

  • L’arme du crime, une hache souillée de sang, a été retrouvée

  • La scène de crime est située près d’une forêt, dans un stationnement

  • Tous les corps ont été retrouvé

  • Le juge n’est jamais clément avec le défenseur de l’accusé

  • Le jury est convaincu de la culpabilité de votre client

  • Le procès s’étend sur une durée de deux semaines

  • Il n’y a personne pour témoigner en votre faveur

  • Il n’y a personne pour témoigner contre vous

  • Votre client, Mr. Johnston, vous a avoué en privé qu’il était coupable


 

Les contraintes qui, à première vue, sont désobligeantes par l'austérité des conflits judiciaires qui s’opposent à votre client, sont bien plus utiles pour vous que pour le jury. Prenons certaines de ces contraintes pour mieux les comprendre pleinement ;

 

  • Le fait que personne ne peut témoigner aide à abaisser la gravité du meurtre dans la relativité. Il devient plus facile de limiter les excès de pensées ou de questions de la partie adverse.

 

  • Bien que le jury et le juge croient en la culpabilité de votre client, cela ne le condamne pas systématiquement. Le tout est d’ébranler la confiance du jury dans la vision d’une justice équitable.

 

  • Les corps et l’arme du crime retrouvés, il est difficile de faire croire que votre client est innocent. À l’aide d’une grotesque breloque d’imagination, nous allons contourner cette difficulté.














 

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Tout de suite, l'ambiguïté d’une défense réussie devient plus claire. Dans l’idée synthétisée d’un schisme d’opinion libre qui exerce l’influence fondamentale d’une société hâve, nous pouvons déceler une logique imparable dans laquelle nous pouvons fonder les espoirs les plus certains dans la défense. La relation entre les avocats adverses que vous entretiendrez pourra se représenter sous la forme d'une croisade d’esprit. Celui qui prendra à revers les troupes ( ou plutôt les arguments ) le plus tôt se montrera victorieux. Dans bien des cas, les connaissances de vos adversaires seront suffisantes pour faire stagner l’opinion publique et ainsi gagner le procès. En le prenant de court dans l’étendue trismégiste de l’absurde, il sera pour vous aisé de prendre avantage. Si nous limitons nos contraintes à de simples obstacles cognitifs, nous noierons dès lors l’esprit opposant dans les eaux boueuses de la défaite. En toute connaissance de cause, la vaste hypothèse de contre arguments vains embourbés à tout espoir démontrera l'incapacité d’une réaction quelconque. Si nous considérons notre exemple sous l’angle étroit d’une absurde déflexion de sujet, la défense imparable nous protègera de toute tentative en provenance du plaignant. Continuons notre procès avec Mr. Johnston

 

  • L’idée de présenter notre client sous l’angle d’un innocent est peu séduisante si l’on tient compte des outils et des preuves que possède l'avocat du plaignant. Sans toutefois plaider coupable, nous pouvons nous référer à l’abaissement de cause et espérer obtenir un résultat intéressant.

 

  • Si les meurtres sont confirmés par l’autorité locale, l’osmose des meurtres se répandra dans la frêle conscience du jury. Nous devons à tout prix éviter cela.

 

  • Votre opposant, Mr. Guilman a une certaine difficulté à imposer son autorité lors d’un procès. Il faut absolument jouer cela à notre faveur !

Labor omnia vincit improbus







 

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Avec la clairvoyance des événements possibles, tout espoir peut sembler s’évanouir. Toutefois, en utilisant l’absurde, la dépendance irrationnelle de la logique se liquidera sous le flux saccadé mais constant de l’absurde. Un vrai Alea Jacta est. Le discours, un monologue de question immatérielle, devra imposer la logique au détriment de la raison. Sans être agressif, il vous faut être confiant. Il faut s'imprégner d’idéologies abstraites qui dérouteront au moment venu les certitudes du juge. Voici un exemple de déclaration possible ;


 

Dans l’incapacité d’une réclamation de témoignage de mon opposant, monsieur/madame la/le juge, je déclare mon client responsable du meurtre de vingt-trois arbres. ( Incompréhension de l’adversaire ) En effet, mon client, Mr. Johnston, a, à l’aide d’une hache Adler Long Splitter, mortellement attaqué les arbres se situant à l’aube de la forêt Grafwich ( lieu du crime ). Cependant, selon la charte canadienne de droit et de liberté, il n’est aucunement interdit de bûcher sur des terrains nationaux. En quoi la justice aurait-elle le droit d’empêcher un brave citoyen de profiter des valeurs communes du territoire ? - Objection mon honneur ! ( votre adversaire se lève ) [ La cour donne la parole à Mr. Guilman ( votre opposant ) ] - Comment votre client, Mr. Johnston aurait pu confondre de pauvres humains qui crient et qui essaient de s’enfuir pour leur vie avec des arbres ? Vous répondez alors - L’arbre est un organisme qui se développe en fonction de son environnement tout au long de sa vie. Il bouge, grandit, se nourrit, et répond aux stimulus extérieurs. Pouvez-vous, Cher Mr. Guilman, me donner une définition différente de l’humain ? ( bien sûr que non, Mr. Guilman ne répond pas, ses yeux vous foudroyant de rage ) Et vous, mesdames et messieurs du jury, qu’est qui vous confère un meilleur jugement d’une justice équitable qu’un arbre. En quoi êtes-vous plus humains qu’un arbre ? En quoi les crimes commis par mon client, qui, je le rappelle, est une série de meurtre d’arbres, le rendent-il moins humain que vous. Les arbres, juges impassibles de la vie, sont peut-être mieux placés que vous pour soumettre la gravité des actions de mon client à la moralité. Mais en quoi, ou plutôt pourquoi, Monsieur/Madame le/la juge, la moralité d’une justice équitable tend à punir plutôt qu’à récompenser ? Mais qu’est ce que la justice, après tout ? Avez-vous déjà coupé un arbre, monsieur/madame le/la juge ? Si vous condamnez moralement mon client pour un meurtre d’arbre et que vous ayez, par le passé, reproduit la même action, il vous est impossible de poursuivre l’activité de juge, puisque la justice ne tolèrerait pas l’incartade meurtrière à votre égard. En tant que criminel passible de condamnation, vous ne pouvez émettre une sentence à l’égard de mon client. Qu’est ce qui prouve que vous n’ayez jamais porté la main contre un arbre ? Je  vous pose la question, Monsieur/Madame le/la juge ! L'irrationalité du raisonnement commun ne prouve rien et ne justifie en aucun cas les sentences possibles.








 

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Dès ce moment, le jury et le juge ne peuvent que vous acquitter. Si le juge vous condamné coupable, il est condamné ( selon antécédent probables ) lui aussi et ne peut plus revendiquer à son poste de juge. Par cette raison, la sentence émise auparavant par ce dernier n’est plus jugée légale. Le juge, malgré son esprit vindicatif, ne peut que vous conférer l’absolution inconditionnelle. Si votre opposant, Mr. Guilman, avait répondu sur l’inconditionnelle question de la définition philosophique de l’arbre, vous auriez pu contre-argumenter aisément tel suit ;

 

 En quoi cette faible réponse est censée soulever l’ère rationnelle d’une clémence à l’idée d’une présence de confusion ? À la lumière de votre opinion, mon cher Guilman, vous avez imposé l’importance d’une humanité émotionnelle sur le choix d’une victime… Je nie point les décès tragiques qui sont survenus il y a quelque temps… Cependant, la loi ne peut punir, selon présomption d’innocence, la confusion entrainant le meurtre d’arbre. Dites-moi, cher jury ( Il est important de s'adresser tour à tour aux facteurs d’une possible sentence ), comment pouvez-vous irréfutablement penser que les victimes étaient humaines et non de simples arbres ? Je m'adresse ensuite à vous, Guilman ! En quoi le meurtre pérpuétué d’arbres entraine inexorablement la moralité d’un acte inhumain ?? ( Il est important D’imposer ses paroles sans laisser le temps d’un possible contre argument ) Les taxons hyperbolique conférant la discrimination des espèces libres ne peuvent avoir l’autorité d’implanter l’étiquette symbolique qui entrave le droit mondial. En quoi l’arbre est-il moins humain que vous ? La nonchalance d’accusations injustifiées nuit au cours du procès !


 

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L’absurdité philosophique résidant dans les questions détournant subtilement tout questionnements prouve l’importance du chaos. Celui qui émerge de nos plus lointains instincts, ceux qui poussent à l’amélioration. Le point du vue symbolique d’une justice archaïque justifie l’utilisation de l’absurde. Cette dernière a évidemment beaucoup plus d’utilité qu’un simple procès. Le tout d'exempter abîmes d’imagination recelant les meilleures idées ; Les idées 0.

Ce simple exemple de procès sert à démontrer l’incroyable puissance de l’absurde. Dès lors, peut-être commencerez-vous à l’utiliser ? Le flux palpable, quoique dantesque par son vide inconditionnel qui nous surplombe par sa grandeur antédiluvienne, de la transition entre le réel, le vécu ( ou, moins modestement, l’histoire ) et le futur peut être brodé sous le fil et la coupe d’une conscience omniprésente dans l’intégralité du contenu de l’irrigateur abreuvant nos sources limpides et brutes de création. Bien que lourdes, les chaînes du conditionnement académique bridées par une sois-disante connaissance qui se cache dans les méandres des miasmes obsolètes confinées au petit et attachées à nos poignets peuvent être brisées. La clef de notre cage de l’influence sociale et éthnique, notre prison antique, se trouve dans le refus et de la capacité d’une outre-conscience de notre monde. Nul besoin de compréhension, celle-ci ne faisant que nous ralentir dans notre progression du sommet du monde éthérée. Seulement d’un autre regard.

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Le Diable
Posté le 01/11/2024
Quel talent redoutable dans la plaidoirie: vous êtes un véritable avocat du Diable, ma parole! Envisageriez-vous de travailler pour moi? Il ne vous en coûtera que votre âme...
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