Mes chers lecteurs, me voilà enfin prête émotionnellement pour vous raconter mon « aventure » avec un des intérimaires de mon service. Je vais ainsi pouvoir mettre en avant le désespoir de mes collègues pour trouver un agent motivé à travailler avec une rémunération si basse qu’il est même difficile d’appeler ça un salaire… Il y en aurait beaucoup à changer et discuter, mais ce n’est pas le sujet, je voulais vous parler de cet homme qui a eu des difficultés à comprendre le mot « respect ».
On va l’appeler Gaston, c’est bien Gaston, c’est le prénom d’un méchant personnage dans un dessin animé très connu (cf : la Belle et la Bête de Disney) et je trouve qu’il va bien avec son caractère sans intérêt et sa bouche si grande qu’un ours pourrait la prendre pour grotte si l’odeur qui en émanait n’était pas aussi pestilentielle.
Je m’égare à nouveau décidément, donc ce Gaston est un intérimaire qui aide au nettoyage de nos points d’apports volontaires si cher au cœur de nos usagers, comme vous avez pu le constater dans l’épisode précédent.
Le midi je mange au réfectoire avec tous mes autres collègues masculins, on intègre vite Gaston dans nos conversations qui sont constitué pour la plupart de plaintes et de plaisanteries. Ça fait déjà plusieurs semaines que Gaston déjeune avec nous, un jour il rentre de la salle et mon maudit sens de l’observation constate tout de suite un changement chez lui.
« Ha tu t’es rasé aujourd’hui ? » demandais-je.
Il me répond que oui, je passe évidemment à autre chose car ce n’est pas un sujet digne d’intérêt non plus. Il se passe bien une demi-heure depuis cette réflexion et Gaston qui ne m’a pas lâché du regard me dit soudainement :
« Tu m’observe ou quoi ? »
Je me tourne vers lui interloquée :
« Bah de quoi tu parles ? je lui demande complètement larguée.
- Tu as vu que je me suis rasé donc tu me regardes ! »
J’ai quand même eu quelque seconde de blanc. Je ne voyais pas tout de suite où il voulait en venir.
- Non je ne t’observe pas plus que ça, c’est juste que ça se voit c’est tout.
Je dois vous avouer que dans ma tête je suis écroulée de rire, car non seulement mes collègues retenaient leur souffle connaissant mon caractère et parce que cet homme a l’âge de mon père, le physique d’un blobfish et dépourvu d’intelligence (je ne ferai aucune comparaison animalière avec son intelligence, car c'est une insulte pour l'animal en question ). Je laisse donc couler cet incident.
Mais malheureusement des incidents il y en eu plusieurs depuis ce jour-là, plus souvent des propos misogynes et sexistes, et au vu des regards lancés, directement pour me provoquer.
Mais ma patience a des limites et il les a clairement dépassés ce jour-là.
Quelques semaines plus tard j’étais en pleine conversation à la pause midi. On débâtait sur un sujet qui aujourd’hui m’échappe totalement. Et Gaston, pour s’incruster à la conversation nous dit d’un ton accusateur :
- Vous êtes mauvaises langues, vous ne faites que râler, on dirait des bonnes femmes.
J’avoue qu’après toutes ces semaines de provocations, mon sang n’a fait qu’un tour, quand je ne manque pas de répartie, je monte vite dans les tours, et je me suis sentie investie d’une mission : me défendre moi ainsi que les femmes si sévèrement et injustement jugées.
- Gaston, pour commencer tu n’es pas dans la conversation donc ton avis tu peux te le carrer où je pense et en plus je ne suis pas sûre que tu apprécierais qu’on vous juge comme tu le fais en disant, « ha les bonhommes tellement grandes gueules …
Il ne me laisse pas terminer ma phrase qu’il se dirige droit vers ma table tape de ses poings dessus et se rapproche à 10 centimètres de moi et se met à crier :
- Tu sais ce que ce que ma grande gueule fait à des pisseuses dans ton genre ?!
Grossière erreur, je me suis levée, et me suis mise hurler plus fort que lui :
- Rien du tout ! Tu dégage d’ici, sors de cette pièce, tu ne me fais pas peur, alors vire de ma vue !!
Je l’ai senti (je ne parle pas de ses effluves buccale), il voulait dominer la seule femme, montrer qui est le patron, et j’ai compris qu’il ne fallait lui laisser le plaisir de voir du doute ou de l’appréhension dans mon regard. Ces hommes-là on le sait tous, ont besoin, pour exister, de montrer qu’ils sont supérieurs aux femmes. Et il s’est dit qu’avec mon visage d’ange ( -70% sur les fleurs j’en profite), je serais une cible facile.
Mes collègues l’ont sorti du réfectoire et m’ont soutenu comme ils ont pu !
Je dois admettre que j’ai été fière de moi et que seul mon sentiment de légitimité m’a permis de tenir tête à cet abruti sans nom…
J’ai évidemment signalé l’incident à son supérieur. J’aurais aimé vous dire que Gaston n’a plus jamais été repris, mais on est dans la réalité, pas dans un Disney.
Mon collègue avait vraiment besoin d’effectif et est passé au-dessus de ce qu’il a fait, lui a demandé de simples excuses, et a continué de l’employer.
Je vois beaucoup de problème à travers cette histoire :
- Qu’il est difficile de vivre dans un monde d’hommes qu’en tant que femme il faut constamment se battre.
- Que la société actuelle nous oblige à garder des personnes fort peu recommandables, car nous sommes incapables de donner un salaire décent aux personnes qui en veulent vraiment.
- Que ce Gaston avait vraiment une haleine de chacal.