Le réveil
24 Septembre de l'an 604
Lorsque j’ouvris les yeux, j’eus la désagréable sensation de ne pas être à ma place. Comme si le monde tournait à l’envers.
Il me fallut un instant pour me souvenir de l’endroit où je me trouvais.
La chaleur de mes draps m’enveloppait comme un cocon réconfortant mais quelque chose… Quelque chose n’allait pas. Était-ce le parfum qui embaumait le tissu, un parfum si différent du mien ? Ou ce mal de tête affreux qui tambourinait mon crâne plus violemment que n’importe quel marteau frappe une enclume ?
Et puis le silence… Le silence qui régnait autour de moi, sous l’étoffe soyeuse. Je me risquai à émerger de mes draps pour vérifier l’étendue de ce changement dont l’existence n’était même pas assurée.
Ledit changement me fit un tel choc et je restai quelques instants pétrifiée, comme sonnée par un coup de poing imaginaire.
Je voulus crier, mais n’en eus pas le temps. Une servante déboula dans la pièce et me hurla quelques paroles qui me semblèrent sorties d’un langage imaginaire. Les acouphènes dans mes oreilles, que je n’avais au début pas remarqué, s’intensifièrent. Une brusque nausée me prit au ventre et j’eus l’instinct de me ranger sur le côté pour vomir sur le tapis brodé les restes de mon dernier repas.
Tout était flou. Rien n’avait de sens.
J’eus vaguement conscience que l’on m’attrapait par le bras. La servante peut-être, qui semblait vouloir que je la suive.
La descente des escaliers, à toute volée. Les acouphènes et derrière, le brouhaha, le chahut, la courses des domestiques et des valets qui, affolés, traversaient les différentes pièces et couloirs à la recherche… A la recherche de quoi exactement ?
Le bruit n’était qu’un bourdonnement incessant.
Derrière l’escalier une porte, d’autres escaliers, plus sombres cette fois. L’humidité, un frisson ? Je n’étais pas assez lucide pour me rendre compte du froid. Ou peut-être que si ?
J’arrivai dans une vaste cave éclairée de torches vacillantes. Une femme se précipita vers moi et me prit dans ses bras. Incapable de réagir, je laissai mon corps, si étroit, immobile.
A travers cette pénombre, cette odeur rance de vieille moiteur, mon regard ouaté par un voile invisible sur mes prunelles, je parvins tout de même à déceler son murmure.
- Oh, Corina… Je suis tellement désolée.
Je ne fais que supposer.
J'adore toujours autant le fait que ce soit raconté comme dans un journal.
J'attends de lire la suite pour en apprendre plus sur elle et sur les épreuves qui l'attendent.
A+