Prologue : Abandonné de tous
Par une froide nuit d’hiver, une figure encapuchonnée se frayait un chemin à travers la neige, sous le regard indifférent de la multitude d’étoiles scintillantes. Les flocons avaient cessé de tomber et tout était calme. Même le vent s’était tu, et les seules sensations qui restaient étaient le froid, son odeur, et son silence uniquement rompu par un pas léger et le ténu frottement de la cape sur la neige.
La cape lissait les traces de pas, les rendant plus discrètes, mais, dans le calme de la nuit et l’abondante lumière blanche des astres réfléchie à l’infini par le manteau qui couvrait le paysage, leur origine restait claire pour qui les aurait observées : les montagnes des Ombres.
Mais personne ne l’observait. Depuis longtemps déjà les yeux des sentinelles s’étaient fatigués de regarder les flancs montagneux. Depuis la Grande Paix il n’y avait plus de raison de s’en méfier. Encore loin de la figure, et pourtant déjà si terriblement proches, quelques lueurs jaunes s’échappaient d’auberges et tavernes. Mais aucun écho de leur gaieté ne venait l’importuner ou la soulager ; la neige étouffait tout.
Elle progressait lentement mais assurément. Son regard était perdu dans le vague à ses pieds, et son avancée presque automatique ; la beauté du moment lui échappait. Ses traits restaient dans l’ombre de sa capuche, mais si son pas régulier pouvait passer pour décidé, ses épaules courbées disaient une tout autre vérité sur ses émotions.
Ses bras étaient repliés sur son abdomen, comme si elle souffrait de maux de ventre ou cachait quelque chose dans les plis du rugueux tissu gris de sa cape.
Déjà elle approchait de la bourgade. Celle-ci n’était ceinte que d’une pauvre palissade, mais dans le mélange de la noirceur nocturne et de la lumière crue partout réfléchie, les pieux paraissaient particulièrement hauts et menaçants.
La petite porte d’accès était ouverte, et s’il y avait un garde, il ne se montra pas. La silhouette silencieuse et recroquevillée se glissa dans les rues désertes, incontestée.
Elle évita les grands axes : personne ne semblait vouloir s’y aventurer. Mais même à cette heure avancée de la nuit, un citoyen pouvait à tout moment décider de rentrer chez lui. Ce serait probablement en titubant, mais elle n’avait nulle envie de rencontrer un soûlard. Elle s’en tint donc aux rues plus modestes sans pour autant s’aventurer dans les plus petites ruelles qu’on devinait miteuses rien qu’à l’odeur de pourriture qui s’en dégageait.
Elle s’enfonça ainsi dans la ville, s’éloignant des remparts pour trouver les meilleurs quartiers. Ce n’étaient maintenant plus seulement ses épaules qui étaient courbées ; elle avançait le dos voûté, comme accablée d’un immense fardeau. Elle eut l’air de chanceler un moment, mais ce n’était en fait que le début d’un mouvement bien rythmé, balançant tout son corps de gauche à droite.
Elle continua d’avancer ainsi un moment, puis lentement reprit son pas normal. Elle n’alla pas beaucoup plus loin ; elle s’arrêta devant une maison de taille moyenne visiblement bien entretenue, sans pour autant jouir d’un luxe excessif. De la cheminée sortait de la fumée et à l’étage brûlait encore une lumière. Sans doute la maison d’un artisan et de sa femme. Elle ne pouvait espérer trouver un meilleur endroit.
Elle s’accroupit devant les marches et, lentement, écarta les bras. Bien emmitouflé dans le même tissu que celui de la cape se trouvait un nourrisson. Seul son petit visage joufflu n’était pas couvert, et ses traits étaient ceux d’un bébé dormant d’un sommeil bienheureux.
Elle se pencha au-dessus du petit garçon et l’embrassa une dernière fois sur le front, avec tant de douceur qu’elle l’effleura à peine plus lourdement qu’une brise chaude d’automne. Elle écarta sa tête de lui, une unique larme s’échappant dans le mouvement pour tomber comme une perle sur le tapis de velours de la neige, puis elle déposa son enfant sur les marches, se redressa, frappa énergiquement à la porte et s’enfuit.
Lorsque, quelques minutes plus tard, un robuste homme grisonnant vint ouvrir la porte, il ne vit rien. Il scruta la rue de gauche à droite, mais n’aperçut que des traces de pas sillonnant la neige. Il allait refermer la porte lorsque le froid réveilla le nourrisson et le fit pleurer. Le regard de l’homme se baissa un instant, tomba sur le tissu, en examina la fabrique, et se releva.
Les sourcils froncés, il referma la porte sur les pleurs du bébé. Il ne recueillerait pas d’enfant lors de la veillée mortuaire de sa femme.
Je me pose beaucoup de question sur l’origine du bébé, et on est qu’au Prologue, ça prouve que ce que tu as réussi la première étape avec le prologue. J’ai hâte d’en savoir plus sur ton univers, ses fonctionnements, sa politique qui au vu du résumé y tient une place importante. Je suis impatient de faire la connaissance de tous ses personnages, qu’il s’agisse du héros ou de la princesse. Très bon début vraiment.
Je me pose beaucoup de question sur l’origine du bébé, et on est qu’au Prologue, ça prouve que ce que tu as réussi la première étape avec le prologue. J’ai hâte d’en savoir plus sur ton univers, ses fonctionnements, sa politique qui au vu du résumé y tient une place importante. Je suis impatient de faire la connaissance de tous ses personnages, qu’il s’agisse du héros ou de la princesse. Très bon début vraiment.
Tout n'est jamais tout blanc ou tout noir : même dans les situations les plus noires, il y a un rai de lumière.
J'espère que la suite te plaira également !
J'ai eu pas mal d'aide pour relire ce prologue, ç'aurait été dommage qu'il y traîne des coquilles, bien que cela reste possible.
Je suis content que le style du prologue te plaise ! J'espère que la suite saura t'accrocher aussi :-).
C’est un chouette prologue que tu nous offres là, qui aurait pu paraître "classique" (si j’ose dire) avant ce retournement de situation surprenant à la fin !
Personnellement, j’aime bien les débuts mystérieux comme celui-ci : ténèbres, neige, silhouette encapuchonnée… le genre de combo qui fonctionne toujours très bien sur moi !
Pour expliquer l’attitude de la femme, j’avoue que j’hésitais entre une blessure ou un bébé. La vraie surprise est venue du fait de voir la porte se refermer sans pitié sur ce pauvre petit garçon qui n’avait rien demandé à personne : ça, j’avoue que je ne l’avais pas vu venir ! Paradoxalement, ça m’a fait sourire, alors qu’en tant que telle, la situation ne s’y prête pas vraiment.
Ça a un côté assez poétique quelque part au vu de la fin du chapitre : une nouvelle vie et une mort récente.
Ravi de te voir ici! Et encore plus d'avoir pu te surprendre.
La fin du chapitre est assez prophétique, si je puis dire, mais je vais essayer de ne pas expliquer ça xD.
Enfin bon, tout début signifie la fin d'un autre début, mais toute fin n'est pas propice à n'importe quel début ^^.
Merci pour ton commentaire !
C'est très poétique et en même temps très précis, hyper évocateur. Un prologue intrigant aussi du point de vue de l'intrigue : mais que va-t-il arriver à ce pauvre bébé ?!
Les impressions d'hiver et de froid sont bien rendues, on a presque froid avec ton personnage. Tu nous surprends deux fois, la première quand on découvre ce que cache cette femme/jeune fille qui marche, et la seconde quand la porte se referme à la fin. Belle chute, on a clairement envie de savoir ce qui va arriver à ce bébé.
détail : les pics en bois : piques, plutôt
Merci pour ton commentaire! Ça me fait plaisir que tu aies eu envie de venir découvrir La Guerre des Ombres.
Tant mieux si mon prologue remplit bien son office! Il me semble que tu es la première à parler de double surprise, et ça me rassure : j'ai peut-être alourdi ce début d'histoire en voulant obscurcir l'identité et le but de ma mystérieuse silhouette... Si ça t'a plu, j'en suis ravi!
Merci pour la petite coquille, je suis directement allé la corriger, en mettant aussi les adjectifs au féminin.
Sur ce, je continue ma lecture d'Arkologie ;)
Une ambiance très bien mise en scène pour accompagner le cynisme de ce début de récit.
Car, oui Mart, tu es cynique, forcément, voire sadique vu le temps que tu prends pour nous faire ressentir la douleur physique et morale de cette femme, ses hésitations, son soucis de donner les meilleurs chances à son enfant... et en deux phrases CRAC ! tu anéantis ses espoirs, et les nôtres !
Ne nie pas : je sais reconnaître un sadique quand j'en vois un ! Sûrement parce que je le suis aussi, paraît-il :D
Plus sérieusement, si on te déteste autant ;) à la fin de ce prologue, c'est parce que tu nous emmènes exactement là où tu voulais, pour mieux nous faire tomber. Ce qui prouve qu'il est très bien écrit ! Les descriptions, tous les détails, mêlés aux émotions de la mère, tout ça m'a fait beaucoup d'effet.
Je continue !
J'ai d'abord répondu à ton dernier commentaire. Je pensais y donner une bonne réponse unique, mais en relisant tes commentaires, je me suis rendu compte que j'ai oublié certaines choses... Et que j'ai confondu sadisme et cynisme! (oups hihi)
En le relisant encore une fois, je me dis d'ailleurs que ce commentaire est vachement bien écrit... L'exercice paye, hein? :P
Merci pour toutes ces belles choses que tu me dis :) (moi aussi je vous aime xD )
La fin est à tomber par terre. C'est vraiment prenant. Je trouve que c'est un joli contre pied que tu fais. S'il avait récupéré le nourisson, le début de ton histoire aurait été classique alors que là ! Ca donne tout le Wahou de ton texte.
Je n'ai pas de remarque à faire sur ce prologue (héhé je me garde de la réserve pour la suite :P ). On pourrait dire que le début est assez calme ou lent mais... Je trouve que le rythme correspond bien à l'ambiance du prologue et surtout, cela met en valeur la dernière partie.
Je reviens vite pour lire ton premier chapitre !
Au plaisir,
Flowrale
Que d'enthousiasme! Je suis ravi que le début ait su te plaire.
La suite risque d'être "Wahou", surtout n'hésite pas à dire tout ce qui t'as traversé la tête pendant la lecture (trop d'infos d'un coup, trop lent...).
Merci beaucoup pour ton commentaire!
Au plaisir de te lire,
Mart
J'ai découvert ton prologue grâce à superbe lecture de Tac <3 et j'ai été saisie. Tu arrives vraiment bien à retranscrire cette ambiance de neige et de glace.
C'est étonnant, on ne sait pas vraiment où tu vas nous mener au début. Je me suis posée plein de questions, changeant sans cesse d'idée. Puis, quand finalement on comprend que l'enfant va être abandonné, on ne s'attend certainement pas à la fin que tu nous offres ! L'effet est frappant.
Vraiment, bravo ! Je reviendrai vite lire la suite :)
À bientôt !
C'est qu'elle m'a fait un sacré coup de pub, cette lecture de Tac! (Je l'ai adorée aussi! <3 )
Je suis content que le début t'ait plu! J'espère que la suite saura encore te surprendre et te plaira tout autant.
Merci pour ce que tu dis sur l'ambiance de neige et de glace, ça me fait plaisir. J'ai vraiment essayé de "faire des tableaux" en plus de raconter une histoire.
À bientôt! :)
Que de gaieté dis donc dans ce prologue ! Je t'avoue que la réaction de l'homme m'a surprise à la fin. Si je m'attendais en découvrant le prologue à une scène classique - si je puis dire -, voilà une chute qui surprend le lecteur. Pauvre bébé, va-t-il survivre avec ce froid ?
Néanmoins, je trouve que tu écris très bien. Je suis impressionnée d'ailleurs: tu as dit avoir écrit cette histoire avec le nanowrimo, mais la qualité du style est vraiment présente.
PS: je viens de voir dans ta bio que tu veux poursuivre tes études en Espagne. J'espère que ton projet se concrétisera, tu voudrais aller où ? (j'aime tellement ce pays, j'ai eu la chance d'y aller en erasmus l'année dernière, c'était top).
Elia
Ouais, c'est joyeux hein? :D
Justement, je ne suis pas arrivé à maintenir le rythme: ça me prenait au moins quatre heures de remplir le quota du nanowrimo avec cette histoire alors qu'avec par exemple mon autobiographie, en même pas deux heures j'avais deux mille mots... Mais je ne voulais en aucun cas bâcler ce récit. Je suis content que tu apprécies mon style :).
Je suis en Espagne en ce moment en fait! Ma bio n'a pas été mise à jour depuis longtemps (mon premier jour sur FPA), et je suis en ce moment à Carthagène, bien que j'étudie et vive à Murcie. Je suis tes pas donc ;).
Au plaisir de te lire,
Mart