Prologue

Par Benriya
Notes de l’auteur : Bonjour, on vous présente notre première histoire, écrite à quatre mains par deux amies qui, après des années passées à composer dans leur coin, ont décidé d’affronter la lumière. On espère que cette histoire vous plaira, et on attend vos retours avec impatience (may Easima watch over us)

Bakeneko, quarante ans plus tôt.

 

  Les rues de Bakeneko étaient remplies d'un silence étouffant, dérangeant pour cette ville qui ne semblait jamais totalement fermer l'oeil, où chaque heure était peuplée par son lot de cris et de vie. A l'aube les marchands ouvraient leurs échoppes, étalaient leurs tentes dans un mélange de jurons et de rires, apostrophant leurs concurrents et les habitués du coin en se souhaitant une bonne journée, pleine de recettes si Easima se montrait bonne. 

  Quand le soleil embrassait de ses rayons la Capitale, les familles se mettaient à sortir, les enfants à courir dans tous les sens, les vieilles dames investissaient les murs bas ou les bancs pour se raconter les dernières nouvelles ; les patrouilles commençaient leurs rondes, jouant des muscles pour se frayer un chemin parmi les civils, séparaient quelques rixes, s'occupaient de la circulation, prêtaient main forte à un homme dont le poids des affaires faisait ployer ses épaules. L'après-midi était une répétition de la matinée jusqu'à ce que le soleil décline et que la nuit déverse avec elle les lève-tard et autres fêtards. 

  Ce matin, les marchands conservaient leurs lèvres closes et même leurs gestes se faisaient plus prudents, comme si le moindre son, la moindre tasse cassée, le moindre panier renversé aurait suffi à troubler le calme solennel dans lequel s'était plongée la ville. Dans les maisons, les mères préparaient leurs enfants, les habillant de robes et blouses sombres, coiffant leurs cheveux, séchant les larmes qui roulaient sur leurs joues en retenant les leurs. 

  A midi, le son des cloches sembla se répercuter sur toutes les maisons. Le bruit des pas, des portes que l'on claque et le murmure des voix se fit alors plus fort : Bakeneko ressemblait à une ruche bourdonnante. Tout le monde avançait dans un unique sens, vers le palais dont tous les drapeaux s'étaient teintés d'un mélange de pourpre et de noir, les couleurs du royaume et du deuil.

  Le prince Kumon était mort et le peuple pleurait avec ses souverains. 


 

  Dans la basilique du château, le grand prêtre récitait ses chants sous le regard indistinct d'une Easima au visage voilé. La déesse passeuse d'âmes avait toujours noué le ventre de Kazumori. Il lui trouvait quelque chose de lugubre, à l'image des sœurs qui s'activaient autour du corps de son cadet. Kumon avait toujours été un bon vivant. Un garçon joyeux et souriant, au regard aussi brillant que pouvait l'être le soleil de midi. Il aurait détesté ça, détesté cette cérémonie funeste, détesté les pleurs que tentait d'étouffer leur mère dans un mouchoir de soie. Claquant sa langue contre son palais, Kazumori quitta le sanctuaire. 

  — Il avait changé.

  Kazumori tourna la tête en direction de la voix et serra les mâchoires, soutenant le regard que sa tante posait sur lui. 

  — Toi aussi tu as changé, souffla-t-elle.

  Le prince avança d'un pas, cherchant à fuir cette conversation qu'il redoutait mais la main de sa tante encercla son poignet, lui interdisant toute tentative de retraite. De la paume, elle caressa sa joue et attrapa son menton. Lâche-moi, voulut-il hurler sans qu'aucun son ne s'échappe de ses lèvres. La magie de sa tante semblait brûler sa peau, pesant de tout son poids sur son corps d'adolescent. Kumon était un bien meilleur nak que lui, Kumon aurait pu résister à la magie de leur tante mais lui qui n'avait jamais été premier que dans l'ordre de leurs naissances ne pouvait rien faire d'autre que se soumettre à la volonté de cette femme. 

  — Dis-moi Kazumori, est-ce que toi aussi tu vas boire du poison ? Est-ce que toi aussi tu vas perdre la tête comme ton frère ? Vous avez changé tous les deux, oh oui. Le roi n'a peut-être rien remarqué mais rien n'échappe à mon regard. Que s'est-il passé ? Qu'est-ce que vous avez vu ? Qu'est-ce que vous avez appris ?

  Rassemblant ce qu'il possédait de force, le prince repoussa la main de sa tante et recula de quelques pas. Dans quelques années ce serait lui qui siégerait sur le trône de Bakeneko, lui qui déciderait du destin des cinq provinces et, s'il n'était encore qu'un adolescent, ses ennemis seraient alors plus terribles que sa tante. Sa voix claqua, ferme comme celle qu'employait son père quand il rassemblait ses ministres :
  — Kumon était un fou. Et toi ma tante, tâche de te rappeler quelle est ta place dans ce royaume.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Eva lama
Posté le 20/12/2020
Hey bonsoir !! Je viens d'arriver sur la communauté de la plume d'argent ! Je pense que ce prologue est interessant il fait clairement envie ! mais j'ai quelques remarques qui je pense peuvent aider.

paragraphe 1 : la phrase "pleine de recettes" peut porter à confusion et c'est dommage ! De plus vous répétez "fermez l'oeuil" et c'est dommage !

paragraphe 2 : je n'ai rien a dire ! je le trouve bien rédigé et bien cousu !

paragraphe 3 : "conservait leurs lèvres closes", je trouve que c'est une tournure assez lourde, mais le reste de la phrase est super cool !! Je pense que le seul détail serait que j'aurais mis les habillaient au lieu de "leurs enfillaient"

paragraphe 4 : "teinté d'un mélange pourpre, la couleur du royaume et noir la couleur du deuil" pareil je la trouve un peu lourde cette phrase je pense qu'une phrase du type " teinté d'un mélange de pourpre et de noir, les couleurs du royaume et du deuil".

J'aime beaucoup le paragraphe 5, je trouve que c'est bien formulé et que tout s'enchaîne bien, on a envie d'en savoir plus !

pour le paragraphe 6 : "esquissa un pas " me fait un peu bizarre, je pense que j'aurais dis "tentait" ou "avança d'un pas" voir même pourquoi pas "contenait un pas" comme si il se retenait de partir parce que il savait qu'il n'échaperait pas aux commentaires de sa tante.
En suite la phrase " lache moi hurla t'il sans qu'aucun son ne s'échappe de sa bouche" n'est pas très logique, de plus il manque des guillemets !! Je pense aussi que si vous aviez mis " elle pesait de tout son poids sur son corps d'adolescent" serait plus fluide et compréhensible !

Et enfin en tant que petit détail vous avez mis deux fois le verbe "claquer" ce n'est pas trop gênant mais je préfère le signaler !

J'éspère vous avoir aidées ! Merci pour vous écrits ! :)
Benriya
Posté le 22/12/2020
Merci énormément pour tes commentaires (et bienvenue sur plume !). Ils nous ont beaucoup aidé et on a commencé à re modifier le prologue en prenant en compte tes remarques :)
Eva lama
Posté le 22/12/2020
Super je suis contente si ça vous a aidées !! :)
Hastur
Posté le 18/12/2020
Hello ! C'est ma première venue ici :).

Un prologue très intriguant, que j'ai bien imagé dans ma petite tête :).
J'ai trouvé le premier paragraphe assez difficile à lire, assez lourd dans les formulations, autrement pour le reste j'ai trouvé ça plutôt fluide ;).

Je vais poursuivre avec le chapitre 1 sous peu :).
Benriya
Posté le 19/12/2020
Oh merci beaucoup pour ton commentaire :)
Oui on nous l'a dit plusieurs fois pour la lourdeur du prologue donc on va s'atteler à le remodeler pour qu'il soit plus digeste !
On espère que la lecture du chapitre 1 sera plus facile !
NM Lysias
Posté le 06/12/2020
Salutation,

Voilà un début qui pose de belles bases.
Un texte mélangeant Japon et occident, c'est une approche sympathique.
L'histoire promet de l'action et une lutte pour le pouvoir... Les personnages sont à l'images de la narration, intéressant.
^^
Benriya
Posté le 12/12/2020
merci beaucoup pour ton commentaire, on aimait en effet particulièrement ce mélange de civilisations, qu'on peut se permettre grâce au fait qu'on soit dans du fantastique :)
Mathilde.B
Posté le 18/11/2020
Bonjour.
Bon petit prologue qui montre le ton et l'ambiance. J'ai hâte de connaitre la suite.
J'ai déjà entendue parler de l'écriture de roman à plusieurs mains. Personnellement, je n'ai pas encore essayer.

Petite remarque: je trouve que les phrases sont très longues, et donnent donc une effet de lourdeur au récit. Mais c'est peut-être voulu.

Merci en tout cas.
Benriya
Posté le 21/11/2020
Merci beaucoup pour ton commentaire :)

Les autres chapitres ont un ton plus léger que le prologue donc j'espère que tu les apprécieras plus !
Vous lisez