Prologue

Ils s’aiment depuis des milliers d’années, non plus que ça.
Nyx. Une silhouette, juste une ombre terne. Elle git à genoux, aucune larme, aucun cri ne parvient à sortir de sa bouche, quelques mèches noires virevoltent au vent; Elle est toute entière aussi grisâtre que la montagne environnante. Crispée comme si on l’avait massacré pourtant elle ne porte pas de marque de violence. Elle qui rayonnée si belle hier encore, en Blanche albâtre aux délicats tons irisé sous son voile. Les sanglots silencieux se voient au bord du précipice, tout en haut de mont Zagros. Pourquoi ici ? Elle ne le savait pas non plus. Elle cache maintenant son visage dans ses mains tremblotantes. Elle commence à renifler tant il est dur de retenir plus longtemps les cris.

Erebe venait de détruire, ici même, où elle appliqua en retour sa sentence pour le détruire tout autant. Jamais plus elle n’aimera tel qu'elle l'avait fait. Avoirs des enfants, plus jamais, plus jamais comme ça, ainsi que toutes les limites qu’Erebe avait dépassées ? Plus jamais. Sa propre lumière plus jamais non plus, Elle, lui devient tout d’un coup insupportable et la rend avec violence à l’Univers “plus jamais je ne la reprendrais ! “ Crit-elle au plus profond de son cœur. Elle ne se sent plus qu'un sombre abîme, une mer de silence plafond infini du cosmos, une Nuit terne et sans étoiles supplémentaires. Une part de son pouvoir créateur s’en est retourné à la Source, ce matin qui se lève.

Elle fait face à l’horizon, debout avec le soleil qui pointe; Il dévoile une Nyx reprenant ses vraies couleurs dans le calme absolu; les larmes inondent toujours son visage. Ses grands yeux ronds concurrence l’aube tant ils sont hypnotiques même l’âme tant en peine. Entre ses paupières marquée et rougie, ses iris se confondent avec ces pupilles et ne se font que plus envoûtants que le vide lui-même. Elles apparaissent parfaitement noires avec des éclats de lumière accentués par le chagrin. Plus sombre et à la fois plus brillant que son mari exclu. C’est l’aurore de sa solitude qui se reflète dans son regard ne craignant pas le jour.

L’un des yeux d’Erebe subsistait, il venait d’être envoyé dans les plus profonds limbes par les griffes de la Nuit. Elle regrette déjà de l’avoir fait partir si loin. Son œil brillant magenta, même séparé de lui, sert encore à voir où l’ont veut, tant que ce n’est pas caché, Erebe a l’omnivoyance. Un pouvoir qu’elle aurait mieux fait de se conserver. Mais elle l’avait entrepris pour le punir et qu’il subisse plus de tourments encore en le récupérant. En forçant qui le souhaite à affronter les niveaux des Enfers et qu'il endure l’aspiration du Néant, l’œil patient qui emmagasine la douleur la rendra à son propriétaire. Ce sort elle lui avait destiné tout entier. Mais en songeant à y aller, c’est son chemin de souffrance en devenir. La contemplation devait cesser. C’est réservé aux esprits tranquilles, elle ne pense qu’à ses enfants abîmés et qu’elle n’a pas pu protéger. Il est temps d’avancer vers son propre châtiment qu’il soit sombre ou lumineux, elle n’en attend plus rien. Elle aimerait juste tout effacer et recommencer, mais se retient de laisser une telle envie la traverser. Jamais elle n’oubliera ceux qui comptent sur elle ad vitam æternam, mais elle avait besoin d’une longue absence, c’est certain, pour se retrouver elle-même.