La nature s’est brisée et, avec elle, les liens que partageaient les peuples. Des pensées. Des mots. Des gestes. Interprétation erronée. Suspicion malavisée. Violence pour calmer, pour mater. Des années de souffrance et d’annihilation. Puis, aussi rapidement qu’un souffle, le silence s’est finalement installé sur les régions durement touchées et celles, comme la pensée collective s’évertue à le croire, miraculeusement épargnées. Le sang versé ne s’arrêta pas pour autant de couler. Il infiltra la Terre, corrompit les racines des montagnes et les cimes des arbres, pourrit le vivant présent et à naître. La Terre, bruyamment, souffrit. De rouge se teignit la faune. De noir se para la flore. De rage s’ouvrit le monde. L’amoncellement des corps des vaincus créa une faille. La souffrance des peuples désormais éteints entailla la Terre pour protéger l’âme des défunts. Ce vide, le Vide, aussi profond que peut l’être la noirceur, sera la marque indélébile que la nature n’est plus.
Un millénaire est passé. Les souvenirs se sont taris, broyés par la mort. Les témoignages se sont perdus, paresseusement laissés sur des parchemins que le temps a pris soin de détruire. Plus personne ne s’en souvient, mais la nature s’est brisée et, avec elle, les liens que partageaient les peuples.
On se demande ce qu'il s'est passé, même si on imagine un cataclysme des plus colossaux pour avoir des répercussions pareilles !