— C’est vraiment un plan de merde ça. Un plan de merde comme tu les fais bien.
Henry et Susan marchaient sur le bord de la route. Ils voulaient éviter de laisser des empreintes dans la neige de la veille, et le béton salé le matin même était leur seule solution.
— Il faut que t’arrêtes de te mettre dans ces situations Carson, continua Henry. Parce qu’après c’est toute l’équipe qui part avec toi. Tu te rends compte de ce que tu me fais faire ? C’est une bouse. Une vraie bouse et on plonge dedans.
Susan restait silencieuse, menant la marche. Elle savait qu’Henry protesterait, c’était dans ses gènes. Lui se plaignait, et elle trouvait les bouses dans lesquelles se jeter. Elle avait hésité à s'enfuir seule, mais était revenue sur sa décision. Cette merde là valait de l’or, et il fallait qu’elle mette toutes les chances de son côté. Fuir à deux était bien plus sûr.
— Des montagnes d’emmerdement. Des formations géologiques entières de fumier, la cordillère des bouses, comme on l’appelle. Et toi tu vois ça, et tu fais quoi ? Tu te jettes dedans. Les bras ouverts, tu cours dessus et tu m'entraînes avec. Alors attention, je n’ai jamais dit que la cause n'était pas noble, loin de moi cette idée, mais le chemin pour y arriver, ça, ça... Ça non. Alors oui, oui j’accepte de te suivre, je l’avoue, je ne me fais pas tirer de force non plus, mais c’est bien parce que la finalité en vaut le coup. Mais tout de même est-ce vraiment sage ? Est-ce vraiment réfléchi ? La fin justifie-t-elle les emmerdes ?
— Voiture, interrompit Susan tout en poussant son collègue sous l’ombre d’une branche.
Henry poussa un petit cri et se libéra de l’emprise de Susan. Il sortit de l’ombre et secoua le bras en direction des deux phares qui, en face, s’approchaient. La main agrippée à la manche de son complice, Susan essayait de le tirer de nouveau vers le bas-côté. Un de ses accoups fut un peu trop puissant et fit trébucher son collègue, qui dut alors s’expliquer.
— Arrête de t'inquiéter, Carson, c’est la voiture de ma sœur. Tu pensais vraiment qu’on allait marcher jusqu’en ville sous ce temps ?
La voiture s’était arrêtée quelques mètres plus bas, sur un renfoncement de la route assez large pour permettre un demi-tour. Le grondement du moteur avait enfin laissé place au calme des soirs de montagne. Les rocheuses n’étaient jamais silencieuses. On entendait toujours le bruit sec d’une bestiole se mouvant dans les feuilles mortes, ou bien le sifflement du vent s'engorgeant dans la vallée voisine, une vague de froid piquante qui annonçait son arrivée en mélodie. Cette soirée-là, le souffle glacé se faisait entendre au nord. En hiver, les vents froids descendaient vers le Nevada, et Susan se dit que la borée les atteindraient bientôt. Si les bruits ne cessaient jamais, ils étaient cependant toujours lointains. Le hululement de la chouette venait d’un arbre trop loin pour qu’on puisse le voir, les phares des voitures bruissaient sur des routes distantes et les ardeurs de la ville n’étaient qu’un brouhaha lointain. Le silence, c’était autour de soi. Il se posait comme un voile amené par le froid, et l’on percevait alors chaque note qu’un pas dans la neige créait, chaque rythme des frottements de vêtements, chaque souffle de son voisin. Quand quelque chose venait briser ce cocon de silence, les sens se mettaient en alerte, vestiges d’une époque où l’humain était encore proie. Une voiture, par exemple, arrivant en face. Le cœur de Susan battait encore prestissimo, et elle pouvait sentir le sang affluer sous la peau de son cou.
— T’es bleue Carson, dit Henry, je t’ai fait peur non ?
— Au chaud. Allons nous mettre au chaud dans la voiture.
C'est un prologue court mais efficace car la dimension haletante est suffisamment distillée pour nous donner envie d'en savoir plus. Rien que la première phrase donne tout de suite le ton et ça c'est déjà c'est fort !
Il y a peu de dialogues mais ils sont suffisamment vifs et naturels pour permettre une immersion rapide, grâce notamment aux descriptions des alentours (forêts, montagne, hululement...)
Je m'en veux un peu car je ne sais pas trop quel conseil donner pour améliorer ton récit mais d'un autre côté, c'est plutôt positif xD
Voyons où ce prologue va nous mener ^_^
je suis censé écrire plus mais je n'ai pas vraiment grand chose à dire. :"3
Je vais essayé de trouver l'inspi TvT.
J'aime beaucoup la façon d'écrire et le suspense prenant d'un coup.
Cet impression d'être jeter dans le grand bains directement est bien.
C'est un prologue assez prenant, avec une entrée direct dans l'action. Les descriptions sont assez bien amenées et on sent bien la tension et le suspense qui s'installent.
Pour la mise en page, y a des doubles sauts de lignes à certains endroits qui ne me semblent pas forcément nécessaires, je ne sais pas si c'est voulu ?
Pour la forme, la langue est bien maîtrisée, la lecture est agréable et fluide. J'ai juste relevé quelques erreurs :
Fût => fut (c’est du passé simple de l’indicatif, pas du subjonctif passé)
qui dû => qui dut
Arrêtes => arrête (impératif, pas de « s »)
trop loin pour qu’on ne puisse le voir => pour qu’on puisse le voir (si tu as la négation « ne » ça sous-entend « pour qu’on ne puisse pas le voir » qui est un contre-sens dans le contexte de ta phrase du coup)
Je suis curieuse de découvrir la suite et ce qui a poussé les deux protagonistes à prendre la fuite, et en particulier le fait que ce soit "pour la bonne cause", c'est vraiment très intrigant ! ^^
Pour la mise en page c'est un des problèmes que j'ai toujours, qui plus est sur un nouveau site auquel je dois m'habituer. J'ai copié-collé depuis mon doc et en effet les sauts de lignes ne rendent pas très bien, je vais essayer d'améliorer ça sur la suite.
Merci ! ^^