Prologue

Notes de l’auteur : Bonjour,

Le prologue est tout nouveau et j'avoue avoir eu un peu de mal à l'écriture. Je verrai, à terme, si je le laisse et le retravaille, ou si je le supprime.

Bon dimanche.

France — Novembre 2065

 

Le froid soufflait sur le pays. La neige recouvrait le paysage depuis de nombreux jours et le vent glacial ne cessait de parcourir ces terres. Les villes étaient calmes. Personne dans les rues. Aucune circulation. Les boutiques et les entreprises étaient fermées. Le temps semblait s’être arrêté. Tous s’étaient figés face à la plus grande décision de l’histoire de l’humanité. La population était tournée vers les écrans de télévision. Elle fixait en direct ce qui serait, bientôt, le siège de la Triade si les négociations et le vote se déroulaient sans encombre. Peu doutaient de cette mise en place et de ce renouveau indispensable à la survie de la civilisation. Cette alliance entre la France métropolitaine, l’Angleterre et l’Allemagne était nécessaire pour contrer la guerre qui sévissait hors des frontières, car la crise financière de 2008 avait fait sombrer le monde dans une Troisième Guerre mondiale. Des États entiers avaient été rayés de la carte et les autres chancelaient, proches du gouffre.

Pour survivre, la France avait détruit la République. Elle avait changé de visage dans le but de lutter contre sa propre extinction. Sous l’influence de nombreuses manifestations en 2026, le pays devint une aristocratie dont l’objectif était de donner l’autorité à une élite — des individus de différents milieux sociaux et culturels — élue directement par le peuple. Celle-ci dirigeait les régions françaises et formait le Conseil princier : il représentait l’État français et l’administrait.

Par souci d’efficacité, les princes élisaient des comtes à la tête des départements et ils détenaient des pouvoirs spécifiques régis par la Constitution commune. Le malheur résidait sur le sort de toutes les îles françaises, désormais livrées à elles-mêmes.

La France combattait pour exister et pour vivre encore bien longtemps, et le projet de la Triade était de son fait.

À la suite de longues négociations, l’alliance était sur le point d’aboutir et Berlin avait été désigné pour le vote. La Triade formerait une frontière autour des trois États membres. Elle serait, à elle seule, un état puissant sur le plan économique, social, politique et militaire. Elle serait un rempart, un bouclier, une protectrice contre le chaos extérieur. Même si les pays préserveraient une certaine indépendance, ils seraient soumis à la libre circulation, à l’ouverture totale de leurs propres frontières et à des lois communes.

Au bout de plusieurs heures, les journalistes commençaient à s’agiter. Les téléspectateurs s’impatientaient autour de leur poste télévisé. Chacun guettait l’apparition d’un représentant ou bien des personnes de pouvoir.

Personne. Rien ne bougeait. Que se passait-il au sein de ce bâtiment ?

Un hurlement brisa soudain le silence dans la demeure comtale. Le père se leva du canapé en direction de la pièce de jeux de ses deux jeunes enfants. Il espérait qu’ils ne se soient pas lancé leur magie l’un contre l’autre : l’hydrokinésie pour son fils, la télékinésie pour sa fille, et aucun d’eux maîtrisait encore correctement son propre pouvoir. Par chance, le comte ne déplorait pas de désastre, hormis une coupe de cheveux improvisée.

François, âgé de sept ans, tenait une mèche de cheveux blonds entre ses mains, tandis que sa petite sœur pleurait. Le père se pinça l’arête du nez. Ils lui rendaient la vie impossible et il n’osait imaginer la catastrophe lorsque le troisième enfant viendrait au monde d’ici deux mois. C’était eux l’avenir de la France ? L’angoisse.

— Il y avait de la colle, se défendit François.

— Et pourquoi il y avait de la colle dans les cheveux de ta sœur ?

Aucune réponse. L’homme s’agenouilla près de Marguerite. Il sécha ses larmes et la réconforta.

— Ma puce, ce n’est pas grave. Maman va rectifier cela.

— Veux… veux pas les cheveux courts, sanglota-t-elle.

Le petit garçon s’avança, penaud, et s’excusa pour son geste pourtant anodin selon lui. Loin de lui l’idée de faire du mal à sa petite sœur. Il avait pensé pouvoir régler le problème sans avertir leurs parents. Son regard bleu se leva vers son père à qui il ressemblait tant. Le comte prit Marguerite dans ses bras et invita François à le suivre. Ils se dirigèrent vers l’immense salon où crépitait un feu de cheminée.

La comtesse ne répliqua pas en les voyant revenir dans cet état. Un simple mouvement de tête de son époux l’en avait dissuadé, car il s’occuperait de sévir plus tard. Ils s’installèrent ensemble pendant que les journalistes ressassaient, une nouvelle fois, les événements qui les avaient conduits ici aujourd’hui. Le visage du monde avait bien changé depuis 2008. Qui aurait pu imaginer un tel bouleversement dans l’histoire la civilisation humaine ?

Les portes de l’établissement s’ouvrirent. Les journalistes se pressèrent afin d’être au plus près de l’homme qui s’approchait. Il s’arrêta à mi-escalier et observa un instant cette foule. Il leva la main et le silence fit place au brouhaha.

— Aujourd’hui est un jour important dans l’histoire de notre monde. Après dernières discussions, le vote a eu lieu par l’ensemble les trois pays : la France, l’Angleterre et l’Allemagne. Le vote est unanime et j’ai l’honneur de vous annoncer que la signature définitive pour la création de la Triade par les États membres se déroulera demain à dix heures ici même.

De nombreuses questions fusèrent, mais le représentant n’y répondit pas. Il laisserait le soin aux gouvernements de s’adresser à leur population respective dans la soirée.

Le soulagement envahissait le cœur des citoyens. La Triade était l’espoir de l’humanité. Tous désiraient un avenir sans craindre que la guerre ne vienne à leurs portes, sans craindre de voir leur pays s’effondrer. La Triade préserverait la paix et l’union des États membres. Elle était celle qui relèverait les Hommes et leur permettrait de continuer d’avancer.

Désormais, l’avenir leur appartenait et le monde extérieur n’existait plus. Hors de ces frontières, ce qui restait de la civilisation s’écroulerait et — effectivement — elle s’écroula dans le désordre et le chaos.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Lucinda
Posté le 09/10/2024
Ton récit me donne l'impression d'un avenir très proche, ça fait peur autant que cela est fascinant. Une futur Nostradamus ^^

J'ai envie de lire la suite en tout cas. Cependant la Triade étant une mafia japonaise, je suis curieuse de voir comment tu vas l'amener au cours de ton récit :)
Vous lisez