Prologue

Je pris une inspiration.

-Dégage.

Le mec, Lucas, je crois ;ou bien serait-ce Matthieu ? ; se leva prestement en me lançant un regard méprisant. Mon lit encore un peu affaissé par les évènements précédent se redressa un peu, le drap froid glissa sur ma peau nue tandis que je les rabattais sur moi.

– Et moi alors ? Siffla Lucas

– Quoi « et toi » ? , Soufflai-je.

– Tu es la seule à avoir pris ton pied là. Je t'ai fait du bien, la moindre des choses, ce serait de...

– De quoi ? De te rendre la pareille ? Ce n'est pas dans mes projets, je le crains. Soutenais-je, un sourire au coin des lèvres, la main sur le cœur.

Pendant la conversation, je m'étais avachie sur mon lit, un bras derrière la tête, les yeux mi-clos, je ne prêtais pas attention à lui. Il semblait chercher ses affaires en fusillant l'entièreté de la pièce du regard. Son eau de Cologne bas de gamme, embaumé mon antre et me filer envie de vomir.

Quel ringard, roulais-je des yeux. Soudain, sortit de nulle part, il agrippa la photo qui trônait sur ce stupide bureau en bois, au milieu des bouquins et des restes de cours que je n'avais pas méticuleusement rangé.

Grossière erreur.

La rage m'envahit, brûlante et suffocante, comme une lave en fusion qui dévore tout sur son passage, je fondis sur lui, mes doigts se transformant en serre, avide de chair, tel un rapace sur un lapin à découvert. Ma fureur le renversa et me retrouvant au-dessus de lui, je ne voyais plus que du rouge, mes mains se resserrant instinctivement autour de sa nuque. Lâchant le cadre qui tenait dans sa main,ses yeux s'écarquillèrent, et sa bouche s'agrandis, cherchant l'air qui n'emplissait plus ses poumons, ses mains tremblait sur ma peau tandis qu'il tentait vainement de me repousser. Mes dents se serrèrent et mes muscles se tendirent, un grondement sourd sur le bord des lèvres, je ne contrôlai plus rien. Seul une rage folle, froide et implacable bouillait dans mes veines. Le regard vide, j'oscultai les larmes de panique qui perlaient sur le coin de ses yeux.

Magnifique.

Puis lorsqu'enfin, l'air se fit nulle. Son visage vira au rouge, puis au violet, ses yeux exorbités implorant une pitié que je n'éprouvais pas. Des sons rauques et désespérés s'échappa de sa gorge, tandis que ses mains griffaient mes bras dans un ultime réflexe de survie. Je le lâchai et attrapai mon appareil photo, souriant au flash qui figeait l'image de ce lent déclin. Une étrange euphorie m'envahit en le voyant se débattre. Chaque respiration ratée, chaque spasme de son corps, était une victoire, une confirmation de mon pouvoir absolu sur lui. Je savourais chaque seconde de son agonie. Je contemplais son visage qui se décomposait avec un intérêt clinique, comme un entomologiste observant un insecte se débattre dans sa toile. La lentille de mon appareil photo enregistrait chaque détail de cette lente agonie, capturant la beauté macabre de la mort qui s'annonçait, rien n'échappait à mon objectif. Je me levais, me désintéressant de lui, laissant l'oxygène entrer de nouveau dans ses poumons. Je laissais l'ivresse du moment me submerger comme une vague rafraîchissante après des jours de chaleur puis elle retomba comme un soufflet pendant que l'anhédonie regagnait sa place. Je me devais de fumer une clope maintenant que l'excitation de sa proche mort m'avait exalté, j'avais besoin de calmer cette euphorie qui faisait faire des loopings à mon cœur.

– Dégage, Lucas.

Il ramassa ses affaires, et sans demander son reste, il se tourna vers l'escalier de secours par laquelle il était entré. Je souris en le sentant tremblotant. Avant de traverser la fenêtre, il se tourna tout de même une dernière fois vers moi.

– Ils ont raisons, tu n'es rien de plus qu'un Monstre. Et, mon nom est Ryan.

Je fronçai les sourcils en regardant son image s'effacer et je haussai les épaules, ramassant la photo de mon père et moi sur le sol, je devais avoir six ou sept ans sur celle-ci. Nous étions accroupis et tous les deux vissés sur nos appareils photo, chassant à travers la lunette, une quelconque scène dans un coin semblant aride. Ce jour-là, j'avais aussi pris en photo, souriante, un faon dévoré par des vautours affamé, me régalant de cette scène primaire où la loi du plus fort remportait encore une fois. Moi ? Un monstre ? Est-ce ce que j'étais ? Si on regardait la morale de la moyenne des personnes de mon âge probablement. J'imagine que nous avions tous une étiquette. Si je devais être un monstre, bien, alors soit. Un sourire en coin se dessina sur mon visage, j'avais des photos à développer. 

 

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naomitoudsyg
Posté le 21/01/2025
un prologue très fort et qui donne envie de connaitre la suite. j'ai hâte d'en apprendre plus sur le personnage principale qui est très intriguante !!
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