PROLOGUE

D’ordinaire, ça n’arrive qu’aux autres. C’est ce que pensait Bruno lorsqu’il voyait les actualités chaque soir à la télévision. Il s’y était fait. Sa vie était banale et c’était très bien ainsi. Seulement, ce soir tout était différent. La soirée avait pourtant bien commencé. Il avait terminé sa journée de travail et avait garé sa voiture dans l’allée.  Dès qu’il avait franchi la porte, Rufus et Mitch sautèrent sur lui, salissant au passage sa chemise blanche et son pantalon camel. Ce n’était pas grave, il était reconnaissant de recevoir un tel accueil. Après avoir enfilé une tenue plus confortable, il réchauffa ses poulets et s’installa sur son canapé, attendant le début du match de foot. C’était une soirée banale. À une exception près. D’habitude, comme tous les mardis, les chiens sont attirés par l’odeur du poulet. Ils auraient dû s’approcher du canapé pour quémander quelques morceaux. Seulement, cette fois-ci, Rufus grognait. Mitch était figé, les oreilles dressées. Quelque chose clochait. Il se leva et approcha de la baie vitrée. Le quartier était calme, comme toujours. À peine un lampadaire vacillant dans la rue déserte. Peut-être avaient-ils flairé un chat errant ? Les chiens ne se tournèrent même pas à son approche. Ils étaient figés, en alerte, muscles tendus. Quelque chose dehors les terrifiait.

Une sueur froide coula dans le dos de Bruno. Il continua de s’approcher lentement de la baie vitrée. Il écarta le rideau d’un geste lent. Un choc électrique lui traversa l’échine. Debout, de l’autre côté du verre, une femme le fixait. Elle était pieds nus, vêtue d’un simple débardeur blanc et d’une petite culotte. Sa peau, autrefois mate, était couverte d’écorchures, de bleus violacés et de traînées de sang séché. Ses bras tremblaient, ses lèvres aussi. Mais ce fut son regard qui le paralysa. Deux yeux vides, creusés par l’horreur.

Elle leva lentement une main et posa sa paume sur la vitre. Un filet de sang coula le long de son poignet. Bruno recula instinctivement, l’estomac noué. Puis elle ouvrit la bouche. Aucun son ne sortit. Et soudain, elle frappa. Une fois. Deux fois. De plus en plus fort.

BOUM. BOUM.

Bruno sursauta. Rufus aboya, bondissant contre la vitre. Il déverrouilla la porte, son cœur battant à tout rompre. La femme s’effondra aussitôt à ses pieds, comme une poupée brisée. Bruno s’agenouilla, une main tremblante cherchant son téléphone. Son t-shirt se teinta de rouge là où sa tête reposait contre lui. Il n’avait aucune idée de ce qu’elle fuyait. Mais ce n’était pas fini. Quelqu’un, quelque part, allait la chercher. 

C’était ainsi qu’il avait terminé de faire la déposition au policier après qu’il les ait appelés. Bruno se grattait les cheveux, ne revenant pas de ce qui venait de se passer chez lui. Le policier l’écoutait et notait tout ce qu’il disait, lui posant quelques questions sommaires, de routines presque. Pourtant, rien de ce qui s’est passé ce soir n’était normal. Ce soir-là, il n’avait pas vu le PSG gagner le match. Mais au moins, il avait sauvé une vie.

 

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Anais
Posté le 08/02/2025
Tres belle intrigue ! Ça donne envie de lire la suite ! Je me demande bien ce qui est arrivé a cette jeune femme...
En tout cas le resumé m'a beaucoup intrigué et je suis impatiente de lire le prochain chapitre !
Bonne ecriture ^^
Anais
MarwanS
Posté le 08/02/2025
Bonjour, j'aime le style d'écriture, on s'imprègne vite. L'intrigue et le mystère, un mélange qui m'attirent. On attend la suite, continuez dans cette voie ;)
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