Écrire est une forme d’expression de l’art, des sentiments et de l’incompréhension. C’est par lui que je rêvais, que je faisais grandir le monde imaginaire auquel j'aspirais appartenir. j’ai toujours écrit ce que je voulais vivre, ce que je souhaitais ressentir et exprimer. A travers les personnages à qui je donnais vie. Que la situation soit pure et dure désillusion ou impossible.
Tous mes livres n’étaient que pure fantaisie et irréel. Que le sujet soit dans un autre monde ou dans notre monde borné d’actes extraordinaires des héros de chaque histoire. Je leur offrais un foyer, une histoire, un nom, des amis, des amours, je partageais mes personnalités, mon vécu et mes opinions souvent contradictoires. Mais aujourd’hui je suis dans une telle détresse émotionnelle, que le réel me tire vers le fond.
Je veux écrire ma vision de la vie, ni cachée dans les tréfonds de mon âme d’enfant, mais comme je la vois maintenant en tant qu’adulte.
Je suis toujours la même.
La même qu’avant, avec moins de rayons de soleil.
La même qu’avant avec moins de vigueur dans les yeux quand je découvre un endroit.
Mon imagination est intacte, mais quand on grandit, ne devons-nous pas réduire son intensité ? Exposée à de nouvelles émotions, il faut faire de la place dans nos cœurs et nos pensées.
Je veux écrire sur la fine barrière entre le bonheur et le néant, que l’on touche, et ressent tous un jour, et avec beaucoup de vigueur à la vingtaine.
A toi, mon moi du passé, je ne t’oublie pas, je ne te jette pas, mais à ce moment précis de ma vie, j’ai besoin d’un peu plus de morosité pour mieux te retrouver.
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La grande question à laquelle j’essaye de trouver un sens c’est : Comment être heureuse de nouveau ?
Pour être totalement transparente et honnête, je n’ai jamais été face à une situation de grande détresse en grandissant. Je n’ai pas connu de guerre, je n’ai jamais échappé aux frissons de la mort, je n’ai jamais eu faim. J’ai grandi dans la modestie, j’avais un toit sous lequel dormir, des vêtements chauds et confortables, j’allais à l’école et il y avait un vrai suivi de mon éducation.
J’ai grandi dans un environnement sain et aimant. J’arrivais plutôt bien à réussir tout ce que j’entreprenais sur le plan scolaire , relationnel, et des fois amoureux. Ma famille est ma plus grande force et mon cercle d’amis est un deuxième repère que je me suis créé au fil du temps. Alors pourquoi aujourd’hui réside un vide émotionnel qui me tourmente sans arrêt ?
Accablée par la dure réalité de la vie après mes études, celle du capitalisme. Travailler pour vivre, vivre pour travailler. Mon monde a commencé à s’écrouler à petit feu quand j’ai commencé ma recherche d’emploi. Des heures à lire, à adapter mon cv, à relire des offres d’emploi avec les mêmes intitulés que mes rêves, ou des fois avec un peu moins de lien avec eux. Des milliers de candidatures contre des milliers de refus pour les mêmes causes.
Mon quotidien tournait autour de ma situation professionnelle, je ne mangeais plus, je ne sortais plus, je ne vivais plus. Tout mon univers en pause et en stress. Personne ne voulait de moi et quand bien même j’arrivais à la fin des processus, la réponse restait inchangée, voire incompréhensible. Je me suis posée plusieurs fois la question si c’était moi le problème en fin de compte. Si mes ambitions et ma personnalité n'en valaient pas la peine d’être prise au sérieux.
Ce sentiment de ne pas être assez bien était d’autant plus nourrie quand je voyais autour de moi les autres briller. Quand en l’espace de quelques jours ils arrivaient à obtenir ce que je cherchais toujours depuis six mois douloureux.
Le pire c’est que je me sentais égoïste envers eux, de les envier à un tel point, d’envier leur réussite et leur bonheur. Je me sentais hypocrite et c’est contre nature parce que je n’ai jamais été comme ça. Sentiments nouveaux ou sentiments refoulés, je ne savais pas.
Je m’efforçais de me motiver, mais tout comme les mots d’encouragement ne me touchaient pas spécialement, mes réussites passées ne m'aidaient pas non plus. Je vivais dans la comparaison sans cesse avec ma vie antérieure.
Et un jour je me suis réveillée et j’ai compris que comparé à aujourd’hui je n’étais maître de rien. Je ne manquais pas de talent ou d’ambition, mes rêves n’étaient pas puériles, j’étais juste entachée fortement par des personnes extérieures. Et un jour, il a suffit qu’une personne croit enfin en mon avenir pour que mon monde s’illumine un peu plus.
Mais les séquelles sont toujours là, la psychose est toujours là et le moindre échec ou incertitude me replace dans cet état de panique.