Prologue

Quatre-vingt-dix-sept ans plus tôt, dans cette ville alors en ruine qui s’appelait encore Paris, sur cette avenue que l’on nommait encore celle des Champs-Elysées, Line Andelven était littéralement compactée par la foule autour d’elle. 

Un certain nombre de détails auraient pu attirer l’attention de l’observateur non averti. Par exemple, la très grande majorités des gens ici présents étaient des femmes, car les hommes étaient morts à la guerre, la troisième qui fut mondiale. La sorte de frénésie brumeuse dans laquelle ces gens étaient plongés, qui était due à certaines nouvelles fort inquiétantes dont on espérait qu’elles allaient être démenties par le président Lladera, car en effet il semblait que le reste du monde s’était entre-oblitéré à coup d’ogives nucléaires d’une puissance encore jamais vue, développée entre 2021 et les années 2040 par une flopée de pays durant ce que l’on appellerait plus tard le déclin.

On disait que nul autre endroit dans le monde que ce pays n’avait été épargné, et on voulait voir cette histoire démentie. Cependant, les gens la croyaient vraie, car un certain nombre d’éléments étaient venus corroborer cette théorie, tel l’augmentation impressionnantes du nombre de cas de cancer en quelques jours.

Ce qu’espérait Line, c’était que ceci soit faux, et que la guerre se soit arrêtée partout sur une paix heureuse, mais, c’était impossible. Ses deux frères étaient déjà tombés sur le front de Finlande, son cousin en Roumanie et son père pendant la première bataille de Kaliningrad. Sa mère qui avait tenu à servir comme infirmière était morte à Taïwan et elle avait reçu le certificat de décès avant la dernière lettre que celle-ci ne lui parvienne, et alors, elle avait tenter de se pendre mais un agent de police l’en avait empêché. 

En fait, après tout cela, elle idolâtrait l’ASDEN,  le parti du président nouvellement élu Lladera, car celui, en traître efficace avait abandonné tous les alliés Européens quelques semaines plus tôt, signant une paix séparée avec la Russie, la Chine et leurs alliés. En fait, personne ne voulait se battre plus avec la France, car, elle avait des armes nucléaires, et beaucoup, plus de 11 000 à ce moment.

Line voulait que Lladera annonce que la paix soit revenue dans le monde et que plus personne n’ait à mourir pour satisfaire l’ego de quelques autocrates ayant prit en arrogance car se croyant aimés du peuple car démocratiquement élus.

 

Pendant ce temps, Lladera ; un homme de cinquante ans environ, de plus deux mètres en taille et dont les cheveux noirs venaient tout juste de devenir gris était assis au balcon de son palais et il pouvait voir tous ces gens qui se pressaient dans les jardins, encadrés par la garde d’honneur. La télévision nationalisée — la seule autorisée — était venue.

Il sirotait un Mojito, détail incongru en une telle circonstance, mais personne n’aurait pu lui reprocher, sachant que dans quelques minutes, il devrait annoncer à tous ces gens qui l’avaient élu pour vivre la fin de l'humanité.

Il regardait le ciel. Les nuages avaient prit une légère teinte grise-jaunâtre, et il en vallait d’une question de vie ou de mort qu’il ne pleuve pas.

— Carrennd, venez ici ! ordonna-t-il à son assistant. 

Quand il fut juste à côté de lui, il lui dit : 

— Carrennd, dites moi, le peuple me considérera-t-il comme un second Noé et l’ASDEN comme mon arche ou se sentira-t-il floué, car je leur avais promis la paix et non l’hiver nucléaire ?

Carennd sourit de son sourire machiavélique qui faisait parfois peur à Lladera lui même et répondit : 

— Monsieur le président, vous savez comment sont ces pouilleux que l’on regroupe vertueusement sous l'appellation commune de peuple : ils ne savent pas penser par eux même. Pour eux, la pensée est une expérience collective de déformation de l’information. Si l’information n’a qu’une seule source — vous — cette source devient vitale à leur survit. A vrai dire, il m’est avis qu’ils seront plongés dans une transe cauchemardesque et que vous pourrez les dirigés comme on dirige un parplégique sur un fauteuil roulant. Vous en ferez ce que vous voudrez.

Lladera cilla.

— Vous êtes sur ? demanda-t-il presque suppliant.

— Oui, rassurez vous.

— Mais tout de même, Carennd, ces Jeux du Souvenir… êtes vous sur de leur utilité ? Etes vous sur que nous ayons besoin de tuer tous ceux qui parviendront en dernière phase ? D’en tirer au sort dix-milles par Région pour tuer cent d’entre eux ? 

Carennd prurit un ton plus doux et déclara : 

— Monsieur, depuis la nuit des temps la principale fonction des gouvernements a été de faire le sale bouleau dans le dos des concitoyens de façon à ce qu’ils puissent avoir la conscience tranquille. Vous êtes le gouvernement. De plus, les gens qui ont écrit tous ces ouvrages, dit-il en désignant une pile de livres parmis lesquels Dune, Hunger Games, Orange Mécanique ou encore 1984 et autres, se sont tellement amusés à imaginer et prévoir ce qui se passerait lorsque le monde se trouverait dans sa situation actuelle ou une autre qui soit similaire, qu’ils nous ont fourni un véritable mode d’emploi : il faut contrôler le peuple.

Lladera soupira une dernière fois et déclara : 

— Bien… Si tel est mon devoir, j’irai au bout de l’enfer pour l'accomplir ; allons faire cette proclamation.

 

Line, pendant ce temps était parvenue à l’intérieur des Jardins, et, elle scrutait la balcon, bientôt, Lladera parut et elle poussa des cris de joie, repris par la foule que le président fit taire d’un signe de la main ; et bientôt commença le discours.

Plus tard, elle errait l’air hagard dans les ruelles environnantes, titubant comme si elle avait dépassé de trois fois la dose de l’ivresse, mais sans délirer, non, elle cauchemardait. Ainsi donc, tout changerait. La Vème république était abolie à l’instar du calendrier Grégorien et des libertés fondamentales, car les rumeurs étaient vraies, l'humanité avait perdu son age d’or et entrait dans son age sombre ; il fallait donc oublier les haines du passé et pour cela renommer le pays qui deviendrait Asden, en l’honneur du parti, et toutes ses composantes comme le gouvernement qui serait le Consulat ; il fallait se souvenir de l’horreur de la guerre pour que jamais, même de manière interne, une telle horreur ne revienne ; et pour cela, il fallait que 68 adolescents — quatre par Province, remplaçantes des régions — s’entretuent dans une arène érigée à grands frais.

Après vingt minutes de cette errance, Line tomba dans la Seine sans même s’en apercevoir ou crier et elle se noya.

 

Lladera lui, s’armait de courage pour entreprendre les plus grandes modifications de la société et du pays depuis les années 1940, et, ce soir là, il se saoula pour oublier son malheur avant de vomir sur un tapis de prix dans la salle de réception de l’Elysée.

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Re Née
Posté le 25/07/2025
Dès les premières lignes, j'ai été captivée. Même si je ne suis pas encore allée plus loin dans mes lectures, je sais que ça va me plaire. Un ton direct, facile à lire et très réaliste dans son style. Bravo, je lirai certainement tous tes chapitres dans la semaine qui vient!!!
Jon S. Croydon
Posté le 25/07/2025
Merci beaucoup pour ces compliments, j'aprécie vraiment. Juste une petite précision sur les chapitres suivants (surtout les cinq premiers) je ne les ai écrit que quand j'avais treize ans et aucune expérience, et, les ayant à peine retravaillés depuis, ils sont parfois moyens, mais tu pourras en juge par toit même.
Re Née
Posté le 04/08/2025
Mmmhhhh... Pas de soucis. Les meilleurs récits sortent souvent des cœurs les plus purs...
Jon S. Croydon
Posté le 06/08/2025
Je ne penses pas que l'on puisse qualifier le coeur que j'avais à l'époque de pur, étant donné que j'étais pratiquement devenu dépressif, nihiliste et cynique absolu mais voilà t'es prévenu.
Re Née
Posté le 07/08/2025
Alors, je te dirai juste que les profondeurs du drame révèlent toujours le meilleur en soi...
Zouki Muslin
Posté le 23/07/2025
Une ambiance dystopique à la fois glaçante et fascinante. On sent une vraie vision derrière cette fresque politique et humaine. L’effondrement se vit presque en direct, c’est fort.
Lie~~
Posté le 21/07/2025
Wahoooo le titre m'avais surpris mais des le prologue on voit que l'histoire est passionnant poignante et que l'auteur a un sacré talents
Franchement chapeau
Jon S. Croydon
Posté le 21/07/2025
Merci beaucoup our cet éloge de mon talent. Si tu continue, il se pourrait que tu trouve les premiers chapitres moins bons, car ils ont été les premiers à être écrit, à un moment où je n'avais pas la moindre idée du ton que devais donner à mon histoire, ayant rédigé le prologue bien après.
Lie~~
Posté le 21/07/2025
Beh je lirais tout et je te dirais ce que j'en pense à chaque chapitre😁mais je suis sur qu'avec ton talent ils sont tous bien
James Baker
Posté le 09/06/2025
Bonjour Jon!

Ce prologue est récent, je crois, il n'était pas là quand j'ai commencé la lecture. Entretemps, je remarque que la qualité de l'écriture s'est améliorée.

Quelques coquilles : "Ses deux frères étaient déjà tombés sur le front de Finlande," --> en vrai, on dit "le front de la Finlande" en français. La structure que tu as employée est anglophone.

"Sa mère qui avait tenu à servir comme infirmière était morte à Taïwan et elle avait reçu le certificat de décès avant la dernière lettre que celle-ci ne lui parvienne, et alors, elle avait tenter de se pendre mais un agent de police l’en avait empêché. " --> il faudrait une virgule avant "qui" (pronom relatif introduisant une subbordonnée explicative et non déterminative). Cette phrase est aussi longue et pourrait avoir intérêt à être divisée en deux (bien que liée, la pendaison constitue une tout autre idée).

"Pendant ce temps, Lladera ; un homme de cinquante ans environ, de plus deux mètres en taille et dont les cheveux noirs venaient tout juste de devenir gris était assis au balcon de son palais et il pouvait voir tous ces gens qui se pressaient dans les jardins, encadrés par la garde d’honneur. " --> le point-virgule devrait être remplacé par une virgule. Les mots "en taille" sont superflus si tu veux densifier la phrase; si on dit d'un individu qu'il fait plus de deux mètres, c'est forcément en taille.

"Il sirotait un Mojito, détail incongru en une telle circonstance, mais personne n’aurait pu lui reprocher, sachant que dans quelques minutes, il devrait annoncer à tous ces gens qui l’avaient élu pour vivre la fin de l'humanité." -->Ici, pas de coquille à proprement parler, mais je comprends mal la phrase. C'est peut-être moi, le choix de mots ou des mots manquants. Voici comment je comprends la phrase : "Il sirotait un Mojito, détail incongru en une telle circonstance, mais personne n’aurait pu le lui reprocher, sachant que ce qu'il devrait annoncer dans quelques minutes à tous ces gens qui l’avaient élu pour vivre la fin de l'humanité." J'ai réorganisé les mots pour leur donner le sens que je croyais que tu avais en tête, mais seul toi sait si cette structure est juste ou non.

"sale bouleau " --> sale boulot

Ce prologue dit beaucoup sans montrer dans les premiers paragraphes. Entremêler l'information dans plus d'action ou de dialogues pourrait être efficace. Un inconnu questionne Line avant le discours et elle révèle les morts de sa famille à quelqu'un d'autre qui a perdu beaucoup de parents, par exemple. Et comme elle ne compte pas en parler, elle se frotte le cou, là où la corde a eu le temps de serrer avant que l'agent en panique la soulève en hurlant pour qu'on vienne l'aider à la détacher. C'est un exemple pour un passage ; tu en fais ce que tu veux. Je te le donne parce que le lecteur réagit généralement mieux à l'image mentale révélatrice qu'à l'information pure.

La marionnette naïve contrôlée par un bras droit sans pitié est un concept récurrent qui me plaît toujours. Il correspond tellement à la réalité.
Jon S. Croydon
Posté le 09/06/2025
Je te remercie d'être revennu poster des commentaires sur mon histoire. En effet, ce prologue est nouveau puisque je ne l'ai écris qu'avant-hier.

Ici, montrer aurait parru peu naturel, et c'est donc par souci de réalisme mais aussi de concision que j'ai choisi de dire.

Quant à la première coquille pointé du doigt, on peut tout à fait dire "le front de Finlande" tout comme on peut dire "la mairie de Paris". Dire "de la Finlande" aurait été peu naturel, déconcertant, et, personne ne l'aurait dit ainsi à l'oral, même en essyant d'être distingué ou je ne sais quoi.

Comme toujours, tes commentaires sont un vrai régal de précision et sont incroyablement utile, je t'en remmercie encore.
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