Eleonora — Trois ans plus tôt
Le compte à rebours est lancé.
Deux mois pour rénover notre local.
60 jours pour faire de cet endroit vide, une boutique spécialisée dans les mariages.
La jeune femme de 18 ans qui a commencé la fac n’aurait pas pensé finir dans le monde du mariage.
Mais la femme de 23 ans est la plus heureuse d’écrire ce nouveau livre. Cette nouvelle étape.
Une aventure que je ne fais pas seule. Je collabore avec ma meilleure amie, Anna. Elle et moi sommes amies depuis l’enfance. Nos parents étaient de très bons amis. Nous avons été élevées ensemble jusqu’au divorce de mes parents.
Anna est comme une sœur. Nous sommes unis à vie.
Elle a étudié la mode.
Anna a toujours confectionné des vêtements, même petites. Je me souviens qu’elle prenait n’importe quel bout de tissus pour nous confectionner des habits. Elle a toujours eu un don pour ce domaine.
La boutique est située dans une petite ruelle de la capitale suédoise. On a adoré l’endroit dès la première visite. Anna s’est projetée directement dans la création de son espace au sous-sol tandis que j’ai adoré l’espace magasin. Nous avons fait rapidement notre proposition. On ne pouvait pas passer à côté d’un tel endroit.
L’ancien propriétaire nous a aussi cédé l’appartement juste au-dessus de la boutique. Heureusement, il n’a pas besoin de travaux. Nous l’avons meublé avec les meubles de nos logements d’étudiantes.
— Eléonora ! Le peintre vient d’arriver ! annonce Anna.
Je quitte le bureau, laissant le papier peint rouge parsemé le sol.
Un homme d’une cinquantaine d’années fait face à ma meilleure amie. Nous avons eu le contact de ce monsieur de la part de son père.
— Enchanté ! Eléonora Nilsson, dis-je en me présentant. Avez-vous reçu les plans concernant nos besoins ?
— Les peintures sont commandées. Je ne dois les recevoir que la semaine prochaine.
— Pourquoi êtes-vous là, du coup ?
— Je vais vous faire une première couche blanche.
Nous laissons le peintre dans le futur showroom. Je retourne dans le bureau pour continuer le retrait du papier peint. Le rouge n’est vraiment pas ce que je préfère. Anna est retourner au sous-sol pour continuer la pose du parquet. Nous ne sommes pas des grandes bricoleuses, mais nous voulons absolument faire le plus gros des travaux nous-mêmes.
Je filme une courte vidéo pour nos réseaux sociaux. Nous ne sommes pas encore installées, mais je trouvais important de nous faire connaître dès maintenant. J’aime partager notre avancement.
L’odeur de la colle mouillée emplit la petite pièce. Le papier quitte facilement le mur tombant sur le sol. La peinture apporte une forte senteur au futur showroom. Je suis impatiente de voir le rendu final.
Le soleil a laissé place à la lune lorsqu’Anna remonte du sous-sol. Le peintre est parti dans l’après-midi nous laissant à nos occupations.
— Nous pouvons être fières de nous pour cette première journée, dit Anna avec un grand sourire.
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L’inauguration a lieu ce soir. Nous sommes tellement fières de notre boutique. Anna et moi avons mis notre cœur dans cette rénovation. Nous avons hâte de le faire découvrir à nos familles ainsi qu’à la ville.
On a réussi à gérer les travaux comme des chefs. Le peintre a fini la peinture en un temps record, nous avons reçu les meubles et premières robes au compte-gouttes. Anna a eu le temps de finir sa première création pour la boutique. J’ai créé un site internet pour la boutique et nos abonnés sur les réseaux sociaux commencent à augmenter.
Finalement, nous avons plutôt bien réussi ce début.
Je suis heureuse de pouvoir présenter ce projet qui nous remplit de bonheur avec Anna. Nous n’avons pas eu une minute à nous depuis la remise des clés. Nous allons profiter de cette soirée pour souffler un peu… avant nos premiers vrais événements.
Je jette un regard à Anna. Vêtue d’une petite robe rose poudrée en satin, elle discute avec ses parents dans un coin de la salle. Mon père n’est pas encore arrivé, il ne devrait pas tarder.
Ma mère quant à elle… ne viendra pas. Je pensais qu’elle ferait l’effort de venir, mais il faut croire que voir sa fille ouvrir sa boutique n’est pas très important pour elle.
Les invités commencent à arriver. La boutique se remplit doucement, une douce ambiance s’installe. Nous avons déposé des annonces dans certaines boutiques du centre-ville. Nous ne savons pas combien de personne seront présentes, mais nous avons prévu en conséquence.
La douce musique des enceintes se mêle aux discussions, créant une atmosphère chaleureuse et festive.
— Ma douce petite fille.
Je me retourne pour faire face à mon père, Hendrik. Ses cheveux courts grisonnants et ses yeux verts s’accordent à son costume gris qu’il a acheté pour l’occasion, le connaissant. Je suis contente qu’il soit arrivé. Sa présence réchauffe mon cœur.
— Je suis si fier de toi, Eléonora. Vous avez créé un chef d’œuvre avec Anna.
Il me serre fort dans ses bras. Déposant ses lèvres sur mon front comme il avait l’habitude de le faire lorsque j’étais petite. Mon père et moi échangeons un regard tendre et plein de sens pour nous. Il y a quelques années, je n’aurais jamais pensé que nous serions là. Lui et moi, ensemble.
— Herman ! Mon Cher Ami ! s’exclame le père d’Anna en l’apercevant.
Anna et ses parents nous rejoignent. Nos pères se font une accolade fraternelle avant que mon père ne salue la mère de ma meilleure amie.
— Je suis contente de voir, dit-elle. Tu as bonne mine.
— Je ne peux pas être plus heureux. Nos filles ouvrent leur boutique et réalisent un projet incroyable.
— Elles ont réussi là où nous avons échoué, mon ami !
Ils rigolent tous les deux. Se souvenant de leur propre business à la fac. Nous avons déjà entendu cette histoire : ils avaient tenté de créer une application destinée à aider les personnes dans le besoin.
Malheureusement, le programmateur a volé le projet pour se l’approprier.
Ils n’ont jamais retenté l’expérience.
Nous laissons nos parents se remémorer leur souvenir de jeunesse.
Anna et moi saluons les personnes présentes. Nous rencontrons des personnes plus ou moins influentes. Une jolie blonde retient notre attention. Elle n’est pas qu’une simple invitée. Elle a fait de nombreuses émissions de télévision suédoise. Je suis assez surprise de la voir ici.
— Stina Norberg, c’est un plaisir de vous parmi nous.
— Plaisir partagé. Écouter, je dois me marier dans un mois et je n’ai pas de robe. La création exposée dans la partie essayage est celle que je veux.
— Oh ! Bien sûr ! Ça serait un honneur pour nous. Nous pouvons convenir d’un rendez-vous pour l’essayer.
Nous prenons rendez-vous avec elle. Anna et moi sommes tellement heureuses. Nous ne pouvions pas rêver mieux comme première cliente.
— Mesdames et Monsieur. Merci, à tous d’être venus aujourd’hui pour l’ouverture de notre boutique, dis Anna en prenant le micro. Nous sommes tellement fières de pouvoir partager avec vous notre projet.
Son regard doux me fait face. Les émotions dans ses yeux transpercent mon cœur de bonheur. Nous sommes l’une comme l’autre, reconnaissante pour tout ce que nous entreprenions ensemble.
— Je ne vais pas parler longtemps, car je ne suis pas la plus à l’aise à l’oral, mais je voudrais remercier ma meilleure amie et ma collaboratrice, Eléonora, sans qui mon rêve n’aurait pas pu se réaliser. Trinquons pour cette merveilleuse femme qui saura faire de votre mariage le plus beau jour de votre vie.
Les verres se lèvent à mon honneur. Je rejoins Anna sur la petite scène improvisée pour l’occasion. Je la serre dans mes bras avant de prendre à mon tour la parole. Je prends un moment pour canaliser mes émotions. Mes mains tremblent autour du micro. Mon regard balaie la salle, retrouvant les regards bienveillants des invités.
— Merci d’être ici ce soir, commence-je, la voix un peu émue. Si vous saviez comme ce projet nous a demandés de la patience, de la persévérance et… surtout beaucoup de café.
Les invités rigolent à petite touche d’humour. L’ambiance redevient douce et mon cœur cesse de louper certains battements.
— Ce soir, en voyant cette boutique pleine de vie, je me dis que les sacrifices en valaient la peine. Ce n’est que le début, mais je promets que nous ferons tout notre possible pour que chaque personne franchissant cette porte se sente unique… et devienne la princesse de son propre conte de fées.
Les applaudissent éclatent, réchauffant mon cœur. Je crois le regard de mon père, fier, puis celui d’Anna remplit de larmes. Ce soir, je n’ai plus aucun doute : notre aventure est bien lancée.
