Prologue

Par aranck
Notes de l’auteur : Amis-es lecteurs-trices, j'ai posté ce prologue 3 fois déjà sur FPA. Il est la clef de voûte de cette histoire qui se compose de trois tomes dont le premier (et pour certaines, le second) a déjà vu pas mal de lecteurs PAens-ennes.
Il faut dire que j'ai abandonné cette fiction pendant environ 8 ans pour diverses raisons, comme l'écriture d 'ailleurs. Aujourd'hui, je la reprends plus sérieusement, vous êtes donc les bienvenus (avec Nesquik et madeleines au beurre, comme d'hab ;-) ) ainsi que vos commentaires qui je l'espère manqueront de complaisance.
Et pour être plus précise, ce roman est un roman jeunesse (Fantasy) à partir de 11/12 ans

Bannie.

Lorsqu’elle découvrit son châtiment, la stupéfaction la submergea.

Tandis que les membres du Conseil se retiraient en silence, elle commença à entrevoir ce que signifiait cette décision. Une rage viscérale l’envahit. Jamais au cours de l’histoire des peuples une telle sentence n’avait été prononcée.

Ils ne furent pas moins de neuf à l’emmener dans les hauts contreforts de la montagne. Le vent à cet endroit était si glacial, qu’elle comprit que d’autres épreuves viendraient s’ajouter à son exil. Elle resserra les cordons de sa pèlerine et rabattit sa capuche sur ses longues boucles brunes.

Quand ils arrivèrent à l’emplacement désigné par le Conseil, ceux qui l’accompagnaient tracèrent avec un soin extrême la frontière qui délimiterait la zone du bannissement. Impuissante désormais, elle les écouta lancer leurs sortilèges en direction des étoiles.

Enfin, l’eau, le sable et le sel utilisés pour les incantations furent rassemblés et rangés dans les sacs. La pierre à cet endroit était si froide et la terre si aride que l’un d’eux eut la faiblesse de lui céder sa gourde et sa bourse d’herbes à médecine, puis ils la laissèrent là, sans un regard en arrière. Cette humiliation dépassait de loin tout ce qu’elle avait pu subir jusque-là et elle savait d’ores et déjà qu’il n’y aurait ni oubli ni pardon.

Elle erra des jours durant, cherchant un abri où elle pourrait se protéger du vent. Elle vécut de cueillette, but l’eau glacée des ruisseaux, dormit dans le creux des rochers. Sa connaissance des végétaux lui fut infiniment précieuse et ses pensées s’envolèrent un instant vers l’homme qui lui avait tout appris. Comme la vie est étrange parfois.

Alors qu’elle progressait sur une ligne de crête en direction du sud, la pierre sur laquelle elle posa son pied bascula, la faisant chuter de plusieurs mètres. La roche qui accueillit son corps efflanqué entama profondément la chair de son dos. Elle sentit ses dernières forces s’échapper, emportées par le sang qui s’écoulait de sa blessure. Seule sa volonté farouche de châtier ceux qui l’avaient exclue l’aida à tenir. Son esprit tout entier se tourna vers cet ultime objectif et malgré la fièvre qui la tourmentait, un rictus étira lentement ses lèvres crevassées : elle vivante, aucun héritier ne viendrait prolonger la lignée de Merh’yn. Elle en faisait le serment.

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