La porte est petite, si petite qu'il nous faut nous baisser de peur de se cogner.
L'odeur de pierre envahit mes narines, celle d'humidité les assaille. J'aime cette odeur. Elle sent la nature, elle sent la terre, elle me berce comme les fragrances d'encens.
Une jeune femme brune nous passe des brochures. Je n'excelle pas en arabe, je ne lis pas l'anglais, alors quand nos parents commencent à les feuilleter, avec ma sœur on préfère les ranger.
On avance. Pas de guide, pas de tour, on est libre d'errer, de pièce en pièce, de marche en marche.
Alors je pénètre dans ce labyrinthe.
La première pièce est sobre, sombre. Un lit, une chaise, une table. Je m'imagine la vie qui devait habiter les lieux, il y a une centaine d'années. C'est beau, c'est terrifiant, d'imaginer un quotidien et d'avoir l'impression de le profaner.
On déambule. Mes yeux s’attachent à ces tableaux et s’en détachent, ces dessins, certains géants, d'autres plus petits. Des corps enchevêtrés, des mains emmêlées. Je les vois danser, se tortiller, me perdre dans la contemplation de cette clarté brouillée.
On débouche face à une pièce, plus basse. Atelier, cave, je n'aurais su définir l'utilisation qui en avait été faite. Deux hautes marches, sculptées dans la même pierre jaune que le reste de l'habitat nous séparent.
Un pas.
La main de mon père se glisse dans la mienne.
_Intebhé*
Un autre. J'attends qu'il descende aussi. Je continue.
Mes cheveux frisottent sous l'humidité.
D'autres dessins sont placardés aux murs. Plus loin, une pièce est tapissée de coussins mangés par l'âge, autour de tables basses aux motifs arabes.
La visite a duré, mais j'ai l'impression qu'elle se termine vite. On revient à l'entrée ou l'hôtesse nous retrouve un sourire aux lèvres.
Sur le bureau, les livres de l'auteur sont exposés, mis en vente. Ils sont en arabe, ils sont en anglais.
J'ai l'impression de quitter de vieilles photos en noir et blanc.
Dehors, le monde est en couleur.
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* fais attention
Merci beaucoup pour ton retour ca me fait chaud au coeur. C'est vrai que la barrière de la langue est une chose dont je me souviens et qu'il serait intéressant de reprendre le texte et la développer !
Merci pour tes mots ♥
Superbe description d'un souvenir, tout est si bien rythmé et chantant, si immersif !
C’était vraiment plaisant à lire ! T'as une coup de plume génial !
Ce texte me tient très a cœur alors je suis réellement heureuse que tu ai pris plaisir a le lire ♥ Merci !
C’est une jolie description que tu nous livres là. On sent presque l’odeur et l’humidité des vieilles pierres. C’est très imagé, il y a de belles phrases, de belles combinaisons de mots, qui jouent avec les sons. On a l’impression de faire cette visite à tes côtés. À la fin, on vit ce changement d’ambiance : comme à la suite d’un rêve, on revient à la réalité du dehors, sa clarté, son air plus sec.
Coquilles et remarques
Résumé :
— C'était il y'a des années [y a ; il n’y a pas d’apostrophe parce qu’il n’y a aucune élision, mais seulement une ellipse du pronom : (il) y a]
— qui nous a mené à une autre visite [menés]
— l'artiste et poète Gibran khalil Gibran [Khalil ; majuscule]
— mais voila [voilà]
Notes :
— mais a l'occasion de plusieurs jeux et thèmes je me suis laissée tenter [à l’occasion / virgule après « thèmes » / laissé tenter ; pas d’accord parce que ce n’est pas « je » qui accomplit l’action du verbe « tenter »]
— Ca date, mais j'aime beaucoup [Ça date]
Texte :
— si petite qu'il nous faut se baisser [« qu’il nous faut nous baisser » ou « qu’il faut se baisser » ; tu ne peux pas associer « nous » et « se »]
— c'est terrifiant, d'imaginer un quotidien et avoir l'impression [pas de virgule ici / et d’avoir]
— Mes yeux s'attachent et se détachent de ces tableaux [on ne dit pas « s’attachent de ces tableaux », donc tu ne peux pas associer ces deux verbes à la préposition « de » ; s’attachent à ces tableaux et s’en détachent]
— Deux hautes marches, (...) nous sépare [nous séparent]
— certains géants, d'autre plus petits [d’autres]
— de vieilles photos en noir est blanc [noir et blanc]
— * fait attention [fais attention ; 2e personne du singulier de l’impératif présent (logiquement)]
Déjà merci beaucoup du commentaire ca me fait très plaisir d'avoir pu t’emmener avec moi pour cette visite !
Merci également pour avoir prit le temps de relever les erreurs, je vais les appliquer au plus tot ♥
C'est très intéressant toutes les émotions que tu arrives à faire passer en peu de mots.
Attention aux quelques fautes d'orthographe, Flammy t'en a relevé quelque unes ;)
J'ai été intriguée par le descriptif, et je suis venue jeter un coup d'oeil. Je ne suis pas déçue ! C'est court, mais je trouve que le texte a une très grande force d'évocation, j'ai tout de suite très fortement ressenti les ambiances, et je me suis très bien représenté les lieux, au cours de la visite, c'est vraiment super =D Bravo pour ces descriptions, en petites touches qui font beaucoup !
Quelques remarques :
"L'odeur de pierre envahis mes narines" envahit
"J'aime cette senteur. Elle sent la nature, elle sent la terre" Je ne suis pas convaincue par la répétition avec "senteur". Les deux "elle sent" ne me choque pas, c'est la structure, mais avec senteur juste avant, je trouve que cela fait beaucoup. Après, ce n'est que mon avis personnel ;)
"Mes yeux s'attachent et se détachent de ces tableaux, ces dessins, certains géants, d'autre plus petits. Des corps enchevêtrés, des mains emmêlées. Je les vois danser, se tortiller, me perdre dans la contemplation de cette clarté brouillée." Je trouve tout ce passage très beau !
"La visite a durée" duré
"On revient à l'entrée ou l'hôtesse" où
"sont exposés, mit en vente" mis
Pluchouille zoubouille !
Merci des corrections, j'arrange ça tout de suite !