Le sol se mit à trembler. Pas une secousse impressionnante qui vous fait hurler que la fin du monde est là. Non, juste une petite secousse, mais quand même assez dérangeante.
Mo se réveilla en sursaut. Elle avait passé la nuit à guetter les bruits des buissons, redoutant d’entendre un de ces scourbuls dont avait parlé Scorbut. Mais il n’y avait rien eu. Juste la nuit et les moustiques.
Rien jusqu’à ces secousses.
— Ca tremble ! s’exclama Scorbut en bondissant sur ses pieds.
— J’avais remarqué, bougonna Mo.
Elle n’avait jamais été du matin.
— On va tous mourir !
— Mais non.
— Le grand ver des sables va n’manger !
Zut, elle l’avait oublié, lui.
Elle regarda autour d’elle. Il y avait certes du sable, mais rien qui ressemblait à un ver ou à un quelconque truc avec des dents.
— Ca va all… commença-t-elle.
֍
Scorbut ouvrit grand la bouche. Là, juste derrière Mo, il y avait un truc trop grand. Genre, le ver des sables, oui-oui. Il pensait pas vraiment le voir un jour.
Il glapit quelque chose d’incompréhensible, tenta de se réfugier derrière le grand barbu.
— On va tous mourir ! miaula-t-il.
֍
Pupuce fixa pendant quelques secondes la chose qui était sortie de terre. Ça ne ressemblait pas à bégonia. Ça avait des dents. Et puis, ça visait Mo.
Il décrocha le gamin chétif qui s’agrippait à lui et fonça résolument vers le truc qui se confondait avec le sable.
Il rejoignit Mo pile au moment où le gros tas de sable décidait de leur foncer dessus.
֍
— On est morts ? demanda Scorbut.
Ça ne ressemblait pas vraiment à la mort. En tout cas, c’était assez comme avant. Un jour, la Grande Ancienne avait dit que la mort, c’était quand il y avait plus rien. Juste le vide. Et là, bah, le vide, il était quand même très rempli.
— Non, on est pas morts.
Scorbut se frotta les yeux. Il y avait du sable partout, ça piquait, ça grattait. Il n’aimait pas du tout !
— Bon, il était pas aussi terrible que prévu, ton Ver des Sables.
Mo, elle regardait avec attention le grand tas de sable qui restait du truc qui les avait attaqués. Scorbut, lui, tremblait de tout partout et il se disait que revenir au village, c’était peut-être un bon plan.
— Pas le Ver.
Scorbut sursauta. Il n’avait jamais entendu le grand barbu parler.
֍
— Pas le Ver ?
Mo se releva, se rapprocha vivement de Pupuce.
— Comment ça, pas le Ver ? Il était en sable, il avait des dents. Et il ressemblait vachement à un ver.
— Pas le Ver, répéta Pupuce.
Sur ces mots, Pupuce se laissa tomber par terre, devant le feu et recommença à mâchonner une branche.
Mo balada le regard de Pupuce au tas de sable, du tas de sable à Scorbut, de Scorbut à la cime des montagnes.
— Vous avez quoi comme bestioles en sable ici ? demanda-t-elle en revenant à Scorbut.
— Le Ver des Sables !
— Ouais, mais le Ver des Sables, c’est un ver qui vit dans le sable. Il est pas fait de sable, non ?
À cette phrase, elle vit Scorbut froncer les sourcils, se gratter la tête, écarquiller les yeux. Peut-être qu’elle avait balancé trop d’infos d’un coup.
— Oublie, maugréa-t-elle.
— Le Ver des Sables… il… il…
— Eh bien ?
— L’est pas fait d’sable ?
— Mais j’en sais rien, moi ! C’est ta planète… enfin, ta Boule. Tu dois bien savoir de quoi il est fait.
— Non. Non, non. Non.
Mo n’était pas une spécialiste, mais ça voulait sûrement dire « non ».
— L’grand Ver, il mange les gens. Et il… il…
— D’ailleurs, pourquoi « des Sables » ? On est dans la montagne ici.
Elle eut presque pitié de Scorbut pour qui la réflexion ne semblait pas une chose qui venait naturellement.
— Pupuce ?
֍
Pupuce n’aimait pas le bâton qu’il mâchonnait. Il avait un mauvais goût.
Mais il avait faim. Ils avaient pas de provisions pour tenir longtemps. Et ici, il y avait rien qui se mangeait.
Il loucha sur le maigrichon.
Vraiment rien.
֍
— Pupuce ? On y est presque.
Mo ne savait pas trop ce qui le prenait. Il était encore moins causant que d’habitude.
Il grogna, mais se releva et se mit en route comme si de rien n’était.
— On y va, dit-elle à Scorbut.
Elle ne savait d’ailleurs pas pourquoi elle le lui dit. Ce n’était pas comme si elle tenait à ce qu’il les accompagne. De toute manière, il semblait toujours en train de réfléchir au rapport entre le Ver des Sables et la montagne.
֍
Scorbut avait mal à la tête et il ne comprenait plus rien de rien.
Avant que ces deux, là, arrivent, tout était bien rangé. Les buissons, ça poussait. Les scourbuls, c’était mignon. Les prêtres donnaient à manger au Ver des Sables. Et le Ver des Sables vivait dans la montagne.
Mais là, il ne comprenait plus rien.
Il serra très fort contre lui un caillou qu’il venait de ramasser. Ça, au moins, il en était sûr : les cailloux, c’était toujours trop cool.
Tu lui as filé une migraine qu'il va mettre 10 ans à pouvoir s'en débarrasser 🤣
Laisse le avec ses petits cailloux
En tout cas ravie de voir que tu ne lui as pas (encore) fait de mal
J'ai fini. Du coup à dans 20 ans pour la suite ? C'est là que l'on va apprendre que les cailloux n'en sont pas vraiment ? Comme ça Scorbut, il ne va plus rien comprendre et plus jamais il approchera des étrangers venus d'ailleurs.
Je ne vais pas trop spéculer sinon je devrais te séquestrer pour t'obliger à écrire la suite.
J'ai passé un bon moment avec cette fiction, et j'espère qu'il y a aura une suite ou qu'elle saura t'inspirer d'autres fictions plus absurdes les unes que les autres !
J'ai fait un truc complément ouf depuis la première fois que j'ai lu cette histoire : j'ai découvert Dune (... bon, surtout les films). Du coup ce truc de ver de sable me parle encore plus !
10 ans, 10 ans... tu veux que je te passe un briquet pour aider à raviver la flamme de cette histoire... ?