Joyeuse et pleine de vie
Urne bien inviolable
La geôlière protectrice
[d’un] Instant insondable
Elle garde l’âme enfouie
D’un secret protégé
Une femme admirable
Bois mes textes insensés
Océan bienveillant
Inondé de fables
Seule amie si présente
Une âme d’or et d’acier
Ni timide, ni parfaite
Elle cache sa fragilité
À l’intérieur d’elle-même
Malgré les hésitations
Il espère la fusion
Elle, de tout son cœur, l’aime
Rayonnante, point stupide
Élégante et gentille
Également rapide
Laissant les mots sortir
Les mots pour sa famille
Elle crée son avenir
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Extrait du mail envoyé à Chloé par Sélène
Poème à Julie, écrit pour Chloé
La jeune fille était fière de son poème, d’autant plus qu’elle avait utilisé le deuxième prénom de Chloé, Julie, le surnom que seule Sélène connaissait. Elle continua d’écrire son mail et cliqua sur envoyer ; en plus de son poème s’ajoutaient ces mots :
Coucou, compte-rendu du 8 juin :
C’était une après-midi jeux géniale, comme toutes les autres, mais je n’ai pas eu l’occasion de lui demander s’il avait lu la lettre ; je le reverrai peut-être au festival de Gospel le 15 juin. On est censés retrouver les Sherwood à l’entrée. N’empêche, il y a quand même certains « signes » pour que j’aie la chance que mes sentiments soient réciproques :
- Au Loup-Garou, et pour la deuxième fois, son père, dans le rôle de Cupidon, nous a unis pour l’éternité. Deux coïncidences ? Ça m’étonnerait.
- Parfois, on se regarde comme si on comprenait l’autre, comme si on lisait dans ses pensées,
- Et pendant ces moments-là, une étrange « connexion » s’installe entre nous, comme si finalement on s’aimait, et on le savait.
- Tous nos points communs…
- Il y a longtemps, il devait me prêter un livre, ses paroles ne m’ont pas déplu : « D’habitude, j’oublie, mais comme c’est toi… »
Comme si nous avions passé un accord tacite : on s’aime, mais personne ne la sait, nous n’en parlons pas entre nous ni à pas personne… C’est assez galère à décrire. Je pourrai peut-être mieux t’expliquer à la rentrée. Ah, petite anecdote : j’ai enfin gagné contre lui à Awalé ;-)
Gros bisous
S.
P.S.- Tu m’as demandé qui était cité dans mon Carnet Créatif pour le Super-Héros : tu n’as qu’à te regarder dans un miroir !!!
<3
Coucou, pardon pour ma réponse tardive, je suis d'abord très honorée d'être citée dans ton Carnet Créatif ; je meurs d'envie de lire cette fameuse lettre.
Pour cette après-midi magique, je te l'avais bien dit qu'il y a bien qqch entre lui et toi. Je pense qu'il doit quand même être sous ton charme sans te le laisser paraître, mais pour en être vraiment sûre, retente une approche au festival (mets de beaux habits :-) et assure-toi que vous êtes seuls comme ça vous serez tranquille et pose-lui la question. Demande-lui s'il a bien reçu la lettre, et pour le reste improvise car j'ai une grande confiance en toi ; je pense que tu sauras faire les bons choix et tu sauras très certainement quoi lui dire. Même si par mégarde il ne partage pas les mêmes sentiments que toi, ce n'est pas grave car tu l'auras toujours au moins comme ami et je suis certaine que si cette fois n’est pas la bonne, tu trouveras un jour le véritable prince charmant.
Pour cette ultime anecdote, comme pour une partie d'Awalé tu peux aussi gagner son cœur. Je suis sûre que tu sauras gérer la situation. Tiens-moi bien au courant!!!!!!!!!!!!!
À lundi
Gros bisous
Ta chère amie Chloé
Comme Sélène n’avait pas réussi à l’approcher lors du festival (impossible pour elle de lui demander, les mots refusaient de franchir ses lèvres), la jeune fille décida de lui envoyer un mail, à lui aussi.
« As-tu lu le texte sur le Miroir du Riséd ? Je l'avais glissé moi-même dans ta table pendant l'éthique. J'y exprime mon vœu le plus cher, il te concerne (tu comprendras quand tu le liras). Ecrit sur deux pages, dans une enveloppe blanche avec des mots écrit en pourpre, ton "adresse". Réponds-moi, Sélène. »
Le festival avait été d’un ennui mortel. Déjà que Sélène détestait le Gospel (ce qu’elle ne montrait pas), ils avaient tout du long dû rester sur des chaises en plastiques, sous un soleil brûlant, avec la mer qui les narguaient à l’aide de ses vagues et leurs reflets iridescents. La jeune fille n’avait pas eu l’occasion d’approcher Léo. En revanche, elle eut tout le loisir de l’observer de loin. Il faisait mine d’être intéressé, sauf que Sélène voyait bien que ses yeux bougeaient sans cesse.
Alors qu’après trois heures de supplices (trois !!!), ils avaient regagné la voiture. Les Gavillet avaient précédé les Sherwood d’une petite dizaine de minutes, les laissant discuter avec des voisins. Alors que Philomène faisait démarrer le minibus gris orné d’autocollant celtiques, Léo passa devant la voiture en leur faisant de grands signes de la main pour leur dire au-revoir. Sélène aurait juré qu’il lui avait adressé un clin d’œil, et que tous ces signes lui étaient personnellement destinés.
Léo
Douze jours plus tard
Il y a à peine une heure, je contrôlais plus ou moins ma vie. Elle devenait gentiment une catastrophe, mais je la voyais encore venir. Elle s’est débrouillée pour me le dire, finalement. Me demander la seule chose dont elle n’aurait pas dû me parler.
Mes doigts hésitent sur le clavier de mon portable depuis une bonne demi-heure et je n’ai toujours pas écris un mot. La question est pourtant simple : oui ou non. Mais elle implique tellement de choses… Des choses auxquelles je ne veux pas penser. Qu’a donc envisagé Sélène ? Je l’aime beaucoup, comme une de mes meilleures amies, même si elle se fait discrète à l’école. Pourquoi moi ? Pourquoi pas… Je ne sais pas… Arthur ? Gabriel ? Adam ? Liam ? C’est vrai qu’ils iraient bien ensemble, tous les deux… Mais pourquoi moi ?!?
N. O. N. Non. Mes doigts ont couru seuls sur les touches. « Tes mains savent mieux que toi », disait ma prof de piano. Je sais qu’après ça, je ne pourrai plus la regarder dans les yeux avant longtemps. Mais je n’ai pas le choix. La vérité est bien trop cruelle. Je ne peux pas lui dire. Briser notre amitié. Je n’ai pas le choix. J’espère juste qu’elle ne creusera pas plus loin. Qu’elle ne me demandera pas de la tuer. Tuer de chagrin… Mais qu’est-ce que je raconte ??? Elle ne peut pas mourir à cause d’un chagrin d’amour ! C’est tout bonnement impossible… Je crois que je me prends trop la tête avec cette histoire. Et si je répondais la vérité ?... Non. Elle comprendrait vite que je lui ai menti. Ou du moins que j’ai menti par omission… Ce qui revient à la même chose, au final.
J’ai déjà essayé de la percer à jour, plusieurs fois même. A cette après-midi jeux, puis au festival, sans compter toutes les récrés à l’école. Rien. Je n’arrive pas à savoir ce qu’elle veut. Impossible. Elle ne s’en est pas rendu compte, mais le festival a été un peu plus utile que le reste. Un tout petit peu plus. J’ai observé une certaine… je ne sais pas… mélancolie ? sur son visage. Est-ce ma faute ? Si ça l’est, mieux vaux nier et faire comme si je n’étais pas au courant...
<3
« Non. » Sélène avait ouvert sa boîte-mail dans l’espoir d’y trouver une réponse, une habitude qu’elle avait adoptée dès qu’elle eut envoyé l’email à Léo. Ce besoin d’aller vérifier s’était apaisé au fil des jours, mais même maintenant, ça pouvait encore lui arriver plusieurs fois en une seule journée. Et aujourd’hui, un unique mot de Léo. « Non. » Sauf qu’il impliquait tellement de choses. Et tellement, tellement de questions !!! Non. Pourquoi ? Que c’était-il passé ? POURQUOI ? Que s’était-il passé ?
Elle n’en avait aucune idée pour l’instant, mais Sélène était bien décidée à résoudre cette énigme. Trouver une réponse à sa question. Sélène en était certaine ; il ne l’avait pas reçu. Pourtant, une petite voix lui soufflait que cette enveloppe n’avait pas pu disparaître comme ça. La jeune fille l’ignora pourtant.
<3
Sélène arriva à l’école comme tous les lundis matin. Même si les vacances arrivaient à grande vitesse, la jeune fille avait eu le temps de convenir d’un « rendez-vous » avec Léo. 16h15 devant la grille. Elle s’était débrouillée par mail, un miracle avec Léo. Il lui avait promis d’y être : « J’y serai. » Sélène l’avait vu dans le couloir avant qu’il ne disparaisse avec un de ses camarades de classe. Sans compter tous les petits mots, les mails, les regards, les stratagèmes, même une deuxième enveloppe avec le même Miroir du Riséd, cette dernière chance que Sélène lui avait donnée, Léo ne l’avait pas saisie. Pourtant, Dieu sait combien Sélène était prête ! Elle avait même appris par cœur sa question, Est-ce que ton cœur palpite autant que le mien quand on se voit ?, car la jeune fille ne se faisait pas confiance quand Léo se trouvait dans les parages. Ses mots s’emmêlaient, elle devenait rouge comme une tomate… Bref. Sélène essayait de contrôler ce qu’elle pouvait.
- Sélène. Tu sais que cette phrase est débile. Vraiment, vraiment débile.
La jeune fille venait de montrer à Chloé sa phrase toute prête, dont elle semblait extrêmement fière. Hélas, son amie avait une tout autre vision des choses.
Ce jour-là, après tous ses vains efforts, Sélène décida de passer à l’action. S’il le fallait, elle arracherait la réponse aux lèvres de Léo, car elle avait besoin de savoir s’il l’aimait.