Les pieds gelés sur le carrelage froid, déambulant sans but précis.
Je m'arrête, relève la tête, soupire. Fatiguée, exténuée, mon corps est lourd, pesant, mais je reste debout.
Devant moi se tient une femme, elle ne dit rien, elle ne fait rien, elle me regarde simplement, comme moi je la regarde. On reste là, à se contempler silencieusement. Elle a l'air fragile, apeuré.
Je remarque un trou dans sa poitrine, comme un manque persistant qui ne la quitte jamais. Ses yeux sont cernés, rouges et gonflés. J'aimerais l'aider, mais je ne sais pas comment, elle ne me parle pas, je crois qu'elle n'y arrive pas.
Ses mots semblent rester coincer au fond de sa gorge, une barrière invisible les empêchant de se faufiler.
Je m'avance lentement dans sa direction et elle fait de même vers moi. Je tends l'une de mes fines mains pour que nos doigts puissent se toucher, mais je n'obtiens rien de plus que le contacte du verre contre la paume de ma main.
Je la retire lentement, en soupirant, regarde une dernière fois dans le miroir, un léger sourire.
Je suis la seule à la voir, cette moi de l'intérieur que je garde cacher pour la protéger.
Elle loge au plus profond de mon être, attendant la nuit pour faire le mur et prendre le dessus sur ce que je montre, sur ce que les autres pensent que je suis. Je détourne le regarde du miroir pour m'éloigner progressivement.
Je pourrais rester des heures à m'analyser, l'analyser, mais nous sommes beaucoup trop compliquées.
Alors, je me contente de quitter lentement la pièce, en soupirant encore bien-sûr, pour retrouver l'endroit où je passe mes nuits à jouer à cache-cache avec le sommeil et la personne qui fait battre mon cœur chaque jour.