Renaissance

Enfin le grand jour était arrivé. Camille était heureuse, stressée, fière et impatiente. Tout en même temps. Si quelqu’un lui avait dit, il y a un an, qu’un jour elle exposerait ses œuvres dans une galerie, elle ne l’aurait pas cru. Il faut dire qu’il y a un an encore, elle vivait avec Maxime… Vivre, c’est un grand mot. Ce type avait réussi à la manipuler de telle façon qu’elle avait perdu toute estime d’elle-même et lui était totalement soumise. Cela avait duré cinq ans. Cinq longues années… Elle avait rencontré Maxime à l’université, lors d’une soirée étudiante où elle était allée, entrainée par des camarades qui la trouvaient bien trop studieuse. Elle avait fondu devant son regard de brun ténébreux. Il dégageait une assurance qu’elle-même n’avait pas encore.

Il ne participait pas vraiment à la fête, se tenait à l’écart. Il étudiait pour devenir avocat. Son souhait était d’être embauché dans un grand cabinet, car les grands cabinets avaient des affaires plus intéressantes et payaient mieux. Très vite, ils s’étaient bien entendus, partageant le même goût pour les études. Camille était alors en licence de lettres modernes et se rêvait secrètement écrivain. Elle n’avait pas de projet de vie ficelé d’avance, envisageait d’obtenir un poste à l’université et d’enseigner à son tour à des étudiants pour leur transmettre sa passion. Cette passion qu’elle avait depuis toute petite pour les livres et plus particulièrement la poésie : Musset, Rimbaud, Hugo, Aragon. Ah ! Les yeux d’Elsa… « Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire

J'ai vu tous les soleils y venir se mirer

S'y jeter à mourir tous les désespérés

Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire […]

L'été taille la nue au tablier des anges […]

Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur […]

On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages […]

Je suis pris au filet des étoiles filantes […] ».

Ce poème elle le connaissait par cœur… Aragon avait un tel talent pour ciseler les mots…

Rapidement, ils avaient partagé un appartement. Maxime s’était vite lassé des allers-retours entre le petit studio de Camille en cité universitaire et son bel appartement en centre-ville. Camille avait donc emménagé chez lui. Maxime avait commencé à changer. Aux yeux des autres, Maxime était un jeune homme charmant, ambitieux certes, mais pas arrogant. Entre les quatre murs de leur appartement ce n’était plus le même homme.

Le changement s’était fait subrepticement. Camille avait été entraînée dans un engrenage infernal. Au début c’était une remarque, une simple remarque, anodine : le dîner n’était pas prêt quand il rentrait, sa chemise préférée n’était pas repassée… Camille n’y avait pas prêté attention, mettant sa mauvaise humeur récurrente sur le compte du stress des examens qui arrivaient. Puis un jour, ou plutôt un soir, ça avait été une gifle : quand Maxime s’était plaint, une fois de plus, du dîner qui n’était pas à son goût, Camille avait osé répondre qu’elle aussi étudiait et n’était pas sa bonne. Tout de suite, Maxime s’était excusé et Camille avait pardonné. Elle l’aimait, elle n’allait pas le quitter pour une simple gifle. On ne quitte pas quelqu’un qu’on aime pour un désaccord, un mouvement d’humeur. Toutes les relations ont des hauts et des bas. On ne met pas fin à une relation sur un coup de tête. Tout le monde a le droit d’être de mauvaise humeur et de s’emporter. Maxime s’était excusé. Il y avait une telle tristesse dans son regard, il était tellement désolé… Puis il y eut une autre gifle, puis une autre. Puis ce fut un coup et encore un autre. Le cabinet qui l’avait embauché lui mettait beaucoup de pression, ses clients étaient des gens importants, il faisait beaucoup d’heures supplémentaires, était en concurrence avec d’autres jeunes avocats, il fallait qu’il soit performant s’il voulait rester dans ce cabinet.

Les coups pleuvaient. Camille subissait. Silencieusement. Il avait toujours une bonne raison. Chaque fois, Camille pardonnait. Au fil du temps, elle avait appris à composer avec ces violences, était devenue comme un robot, n’avait plus de volonté. Elle avait même fini par abandonner ses études pour s’occuper de la maison, effectuer les tâches ménagères, préparer les repas, etc., afin que Maxime n’ait pas de motif de lui faire des reproches, mais il en trouvait toujours un… Camille vivait dans la crainte et sursautait au moindre bruit.

Sans s’en rendre compte, Camille s’était retrouvée isolée. Sa famille n’avait jamais été très proche et elle la voyait très peu. Cela n’avait rien changé. Ce n’étaient pas des gens méchants, simplement ils vivaient un peu dans leur monde. C’étaient des gens simples qui habitaient à la campagne. Sa mère était couturière, elle reprisait les vêtements qu’on lui apportait. Son père travaillait à l’usine, il faisait les postes et quand il rentrait, il s’occupait du jardin ou bricolait. Bien sûr, ils étaient fiers de leur fille qui allait à l’université, mais ils n’auraient pas su expliquer ce qu’elle faisait vraiment, ni à quoi ça servait… Au fond, ses parents continuaient à vivre comme ses grands-parents, ils n’avaient pas vraiment évolué. Camille avait également peu d’amis. En quittant la fac, elle avait perdu ceux qu’elle s’y était fait. Il s’agissait d’ailleurs bien plus de relations que de véritables amis. Camille était seule…

Depuis qu’elle avait emménagé chez Maxime, cet isolement s’était accentué. Elle n’avait pas de vie sociale. Maxime avait bien trop de travail pour avoir le temps d’emmener Camille au cinéma ou au restaurant. Il considérait d’ailleurs ce genre de sorties comme des futilités. Maxime ne vivait que pour son travail. Leur vie à tous deux tournait exclusivement autour de Maxime. Les seules sorties étaient les cocktails ou réceptions organisées par les clients du cabinet de Maxime. Camille n’aimait pas ces soirées-là mais Maxime exigeait qu’elle l’accompagne. Il ne pouvait pas y paraître seul, il fallait qu’il ait Camille à son bras pour parader. Il choisissait et achetait la robe qu’elle mettrait pour l’occasion, une nouvelle à chaque fois. La soirée était souvent très ennuyeuse. Il fallait sourire à tout le monde, accepter des baises-mains d’hommes puant l’alcool, supporter les réflexions sexistes, les blagues graveleuses… La plupart des hommes étaient des banquiers, des avocats ou des hommes d’affaires aux comptes en banque bien remplis. Mais le retour à la maison était bien pire : l’alcool aidant, Maxime se plaignait toujours que Camille ne s’était pas montrée assez agréable ou au contraire elle avait discuté trop longuement avec un autre homme. Maxime se montrait jaloux, possessif, l’accusait d’être racoleuse. Durant le trajet en voiture, il n’hésitait pas à poser sa main sur la cuisse de Camille et à remonter sous sa robe. Si par malheur, Camille serrait les cuisses, il s’obstinait, allant jusqu’à forcer le passage, quitte à déchirer le tissu s’il était trop léger. Il ne servait à rien à Camille de conseiller à Maxime de rester concentré sur la route et d’attendre d’être à la maison. Si Maxime avait décidé qu’il voulait prendre Camille, il la prendrait. C’était sa femme, il avait tous les droits. Arrivés à la maison, il ne laisserait pas même le temps à Camille de poser son sac ou se changer. A peine la porte d’entrée franchie, il commencerait à l’embrasser, rudement, maladroitement. Puis il soulèverait la robe de Camille. Sans égards, il la jetterait sur le lit, déboutonnerait son pantalon sans prendre le temps de poser ni sa veste ni ses chaussures. Il pénétrerait Camille sans aucun ménagement, ne se préoccupant pas de son plaisir, encore moins de son consentement. Le coït serait brutal, maladroit, rapide, l'alcool étant mauvais partenaire. Maxime s’emporterait, accuserait Camille de ne pas l’aimer assez, de regarder d’autres hommes. Il l’insulterait, s’énerverait encore plus, la frapperait. D’abord une gifle, puis un coup sur le ventre, les cuisses. Il n'hésiterait pas à la pousser du lit et à lui donner des coups de pieds une fois à terre. Camille aurait des bleus le lendemain mais personne ne les verrait. Maxime savait où frapper. Il n’hésitait d’ailleurs pas, quand il était vraiment à bout, à le faire sentir à Camille. L’humiliation, la brutalité, la violence, étaient devenues le quotidien de Camille. Pas d’argent, pas de famille, pas d’amis, Camille dépendait entièrement de Maxime. Celui-ci le savait bien et en profitait.

 

Un jour qu’elle était en ville pour faire des courses, elle passa devant un nouveau magasin, dédié aux loisirs créatifs. La vitrine présentait quelques-uns des articles à vendre et des exemples de réalisations. Une affiche indiquait que la boutique organisait de nombreux ateliers, gratuits, ouverts à tous, sans inscription. Justement, ce jour-là, il y avait une initiation aux pastels. Prise d’une impulsion, Camille entra. A l’accueil du magasin, une jeune femme souriante lui indiqua que l’atelier avait lieu au fond du magasin, qu’elle était la première mais que l’animatrice l’accueillerait avec plaisir. C’était une dame charmante, d’une cinquantaine d’années, avec une voix douce, mais pas mièvre. Elle sut tout de suite mettre Camille à l’aise en lui expliquant que l’atelier n’avait pas pour objectif de former des artistes mais de faire découvrir l’art au plus grand nombre. Les gens ont souvent peur de l’art car ils croient que c’est réservé à une élite, que c’est prétentieux et qu’il faut du talent. Ce n’est pas ça l’art. L’art sert simplement à extérioriser ses émotions, à exprimer ce qu’on ne sait dire, à communiquer d’une manière différente. Le seul but de l’art c’est d’offrir à l’humain de l’émotion, du rêve, du plaisir. C’est un moment de partage. C’est cela que je veux faire avec ces ateliers et c’est pour cette raison qu’ils sont gratuits et sans inscription. J’aime la spontanéité. Elle présenta une feuille, grande, à Camille et lui dit : « Ne réfléchissez pas, prenez les pastels que vous souhaitez, utilisez toute la feuille ou seulement une partie ou même deux. Suivez votre cœur, votre instinct. Dessinez, coloriez sans vous poser de questions. Ne vous limitez pas. Ne vous contraignez pas. Laissez les crayons courir sur le papier. Peu importe le dessin, les couleurs, le temps. Dix minutes ou une heure, cela n’a pas d’importance. Laissez parler vos émotions ». Camille prit un pastel, puis un autre, et encore un autre et continua ainsi pendant un long moment. Quand elle s’arrêta enfin pour observer, elle se mit à pleurer. C’était la première fois depuis si longtemps qu’elle s’autorisait à laisser parler ses émotions. Elle prit conscience de ce que sa vie était devenue et de ce qu’allait être son avenir si elle ne faisait rien. Elle vivrait dans la peur perpétuelle de Maxime, n’aurait aucune vie sociale, camouflerait ses bleus sous du maquillage et des vêtements… Comme elle le faisait déjà. Mais, aujourd’hui, elle se sentait à la fois lasse de cette vie, très loin de tout ce qu’elle avait pu imaginer et résolue à prendre sa vie en main. Elle seule avait le pouvoir de le faire. Elle comprit qu’il fallait qu’elle agisse sans attendre, sinon sa volonté risquait de retomber. Cependant elle avait peur de la réaction de Maxime. Il n’accepterait pas de la laisser partir. Elle était devenue sa chose, sa propriété.

Françoise, c’était le nom de l’animatrice, sentit le trouble de Camille et l’incita à se confier. Elle l’invita à boire un chocolat chaud et elles discutèrent jusqu’à la fermeture du magasin. Camille en avait gros sur le cœur, elle s’était tellement retenue ces dernières années, qu’elle raconta tout. Françoise l’écouta sans l’interrompre. Elle-même vivait seule. Elle proposa à Camille de l’accompagner chez elle pour prendre ses affaires et de l’héberger pour la nuit. Demain, elle l’aiderait à faire des démarches pour trouver un logement et un travail. Rassurée, Camille accepta. Elle eut vite fait de rassembler ses affaires. Elle n’avait pas grand-chose avant de rencontrer Maxime et ne voulait rien emporter de la vie commune, hormis les quelques vêtements achetés avec ses propres économies. En descendant l’escalier, elle se trouva face à face avec Maxime. Françoise était restée dans la voiture, Camille était donc seule face à Maxime. Cependant elle sentait en elle une force inextricable et lui dit calmement : « Je pars. Définitivement. Je ne veux plus entendre parler de toi. C’est fini. Adieu ». Maxime fut si surpris qu’il se mit à bégayer. Camille ne le laissa pas parler : « Tu n’as plus aucun pouvoir sur moi. Je reprends ma liberté et rien de ce que tu diras ou feras ne m’en empêchera ». Maxime remarqua une telle détermination dans ses yeux et dans sa voix qu’il ne fit pas le moindre geste pour la retenir. Camille franchit la porte d’entrée et la referma, sans la claquer. Elle monta dans la voiture de Françoise et partit sans se retourner. Pour la première fois de sa vie, elle se sentait libre. Elle n’avait plus peur de ce que l’avenir lui réservait. Elle était enfin prête à vivre.

 

L’art lui avait en quelque sorte sauvé la vie. Ce jour-là, une étincelle s’était allumée au fond d’elle, qui ne s’était plus jamais éteinte. Depuis ce jour, elle n’avait cessé de dessiner, elle s’était remise à l’écriture aussi. Ses émotions avaient tellement été refrénées, pendant ces années où elle vivait avec Maxime, qu’à présent elle éprouvait le besoin de retranscrire tout ce qu’elle ressentait, que ce soit en dessinant ou en écrivant.

 

Rien n’avait été simple après son départ. Bien sûr, Françoise s’était montrée généreuse en l’hébergeant bien plus qu’une nuit. Elle l’avait également présentée à Annie, responsable du Refuge, une association qui venait en aide aux femmes victimes de violences. Elle leur proposait un espace de parole, une assistance pour obtenir un logement, un travail, reprendre des études et offrait même un toit provisoire aux plus démunies. Camille avait ainsi pu reprendre confiance en elle, se reconstruire peu à peu. Françoise, qui tenait une petite galerie sans prétention, lui proposa de venir travailler avec elle. Ce n’était qu’un temps partiel, au moins pour l‘instant, et le salaire n’était pas élevé mais ça permettrait à Camille de commencer à gagner un peu d’argent. Camille avait accepté et était vite devenue indispensable. Françoise l’appréciait beaucoup et lui confia vite des responsabilités. Camille avait également repris des études et suivait des cours du soir.

Un soir, peut-être une semaine après le départ de Camille, qu’elle sortait du Refuge, Maxime l’attendait. Il commença par lui demander pardon, lui promit de changer, d’être plus patient… Devant le refus de Camille de revenir avec lui, il s’emporta. D’un ton autoritaire, il lui dit qu’elle était sa femme, qu’elle n’avait pas le droit de le quitter, qu’elle lui devait obéissance. Camille lui demanda de se calmer, sinon elle appellerait la police. Cela ne fit que renforcer le courroux de Maxime qui empoigna Camille, lui tordant le bras et la poussa violemment contre le mur. Il l’aurait sans doute violée si, au même moment, un homme n’était pas sorti du bâtiment. Surpris, Maxime prit la fuite, non sans crier à Camille qu’il reviendrait. L’homme téléphona aux secours : il s’avéra que Camille avait une entorse au poignet. Il s’appelait Aurélien et habitait l’étage au-dessus de l’association. Avec son physique de boxeur, il servait d’ange-gardien aux femmes du refuge. Il encouragea Camille à porter plainte : Maxime ne manquerait pas de revenir. Maxime se manifesta, en effet, à nouveau, la semaine suivante. Mais Aurélien était sur le pas de la porte et Maxime n’osa pas approcher Camille. Le même manège se reproduisit la semaine suivante et continua pendant plusieurs semaines, même plusieurs mois. Puis Maxime cessa de venir et Camille put respirer à nouveau. Aurélien ne fut pas surpris de l’abandon de Maxime, ce genre d’hommes prenait plaisir à affirmer sa supériorité en violentant les femmes mais au fond ce n’était que pour masquer sa propre lâcheté.

 

Récemment, Camille avait rencontré Flo. Elle s’était installée dans un parc avec son carnet et ses pastels et dessinait les enfants qui jouaient un peu plus loin quand elle fut soudain bousculée. Pensant que c’était un enfant, elle se retourna pour le gronder et de retrouva face à un homme muni d’un appareil photo. Celui-ci se confondit en excuses et insista pour l’aider à ramasser ses crayons, éparpillés sur le sol. Voyant sa mine déconfite, Camille lui sourit et se présenta. Il en fit de même. Il s’appelait Flo et était photographe indépendant essayant de vivre, sans grand succès pour l’instant, de son art. Pour l’instant, il travaillait pour le journal local. Il était vraiment confus de l’avoir bousculée, il essayait de trouver le meilleur point de vue pour sa photo et ne regardait pas où il allait. Pour se faire pardonner, il lui proposa un billet pour l’exposition consacrée aux peintres romantiques du XIXe siècle. Celle-ci devait être inaugurée le samedi suivant. Le clou de cette exposition serait le tableau : La Liberté guidant le peuple de Delacroix. Le journal avait reçu plusieurs entrées gratuites et lui-même y serait pour couvrir l’évènement. Camille, qui aimait beaucoup Delacroix, accepta avec plaisir l’invitation.

C’est ainsi qu’elle s’était rendue à la soirée inaugurale où elle avait retrouvé Flo devant le fameux tableau. Ils avaient échangé quelques mots sur l’œuvre puis il l’avait invitée à boire un café. Étrangement toute peur avait disparu et elle avait accepté. Ils avaient fait connaissance, avaient discuté des heures. Elle s’était livrée à lui. Tout ce qu’elle avait vécu ces dernières années, sa rencontre avec Maxime, leur vie commune puis sa rencontre avec Françoise et sa séparation d’avec Maxime, elle le lui avait dit. Flo n’en revenait pas de sa bravoure. Camille trouvait ce terme un peu fort, elle n’avait pas l’impression d’avoir fait grand-chose, d’autres femmes avaient vécu bien pire qu’elle. Flo renchérit. Camille avait réussi à s'en sortir. Toutes les femmes dans sa situation n'y parvenaient pas. Ce n'était jamais facile. Pour lui c'était bien plus que du courage. Lorsqu'on est dépendant de quelqu'un qui nous manipule, il est loin d'être évident de reprendre sa liberté. C'est un véritable combat. D'abord contre soi-même. Il faut accepter de voir qu'on a pris un mauvais chemin et qu'il faut en changer. Cela demande une force incommensurable. Puis contre les autres. Le manipulateur, qui ne va pas laisser s'échapper sa proie facilement ; la famille, les amis, qui n'avaient rien vu et ne comprennent pas, deviennent presque accusateurs. Pourquoi t'es tu laissé faire ? Pourquoi n'es-tu pas partie plus tôt ? Alors oui Flo considérait que c'était de la bravoure.

Ils s’étaient revus plusieurs fois et étaient devenus amis. C’est lui qui l’avait convaincue de montrer ses dessins, d’exposer. Il trouvait qu’elle avait du talent et elle avait le devoir de le partager, disait-il. Françoise était du même avis mais n’avait pas réussi à la convaincre jusqu’ici. Camille, finalement, consentit que ses dessins soient exposés dans la galerie de Françoise, à la condition que le bénéfice des ventes soit reversé au Refuge, qui l’avait tant aidée.

Et voici que le grand jour était arrivé. Quel chemin parcouru en un an… Camille était fière d’elle. Enfin.

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Mentheàleau
Posté le 14/07/2023
Ces un beau texte plein de sensibilité. Le poème d'Aragon au début est vraiment une bonne idée, cela marque bien la personnalité de Camille. Maxime est horrible d'une manière affreusement réaliste, c'est très réussi.
B.Cielluna
Posté le 14/07/2023
Merci beaucoup pour ton commentaire ! C'est la première nouvelle que j'ai écrite donc je sais qu'elle n'est pas parfaite (j'espère bien m'être améliorée depuis ;) !). Au départ, c'était un devoir dans le cadre d'une formation et je l'avais quand même pas mal retravaillée pour en faire une histoire un peu plus complète. Je suis contente qu'elle t'ait plu, ça fait toujours plaisir ;) !
Mentheàleau
Posté le 14/07/2023
Je t'en prie, le thème n'est pas facile. Cela fait plaisir de voir ce type de thématique difficile traitée avec des vrais portraits de personnages. Elle mériterait d'etre lu dans le cadre d'une éducation sur ce qui se passe dans les violences conjugales. Je trouve qu'elle est très réaliste et le format est adapté pour accrocher l'auditoire.
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