2019 fut une année pourrie pour notre héroïne. Elle prit donc la grave décision de ne faire aucune résolution. Hélas ! Le destin en décida autrement. En effet alors qu’elle était tranquillement en train de grignoter quelque chose, sa rivale de toujours prit la parole. Notre héroïne aurait dû s’en douter, sa rivale aimait tout contrôler pour son bien-être personnel. Du coup, comme elle devait avoir envie de se faire mousser, elle annonça qu’elle avait pris de grandes résolutions…
Notre héroïne soupira. Pas intérieurement. Elle soupira avec force ce qui lui valut un regard de travers de sa mère. Ah oui, sa rivale n’était pas une inconnue. Sa rivale était sa sœur. Elle était une mère de famille remariée à un mari parfait, selon ses dires, et spéculait sur la vie financière des gens dans son bureau de banquière. Notre héroïne aurait pu la jalouser, si elle n’évitait pas comme la peste les hommes, les enfants, le sexe et le capitalisme.
Notre héroïne l’écouta donc débiter ses résolutions toutes plus classiques et insupportables les unes que les autres. N’acceptant pas ce débit de conneries, notre héroïne ouvrit la bouche pour énoncer ses résolutions qu’elle improvisait littéralement. Elle allait démissionner, s’installer dans une maisonnée en forêt, survivre à l’inévitable chute du capitalisme et avouer son amour à Grenouille !
Non ! Notre héroïne n’avait quand même pas… Bien sûr que si… Et oh ! Vu la grimace de sa rivale, cela en valait la peine. Sa rivale n’était pas tolérante. Elle avait toujours regardé avec un air hautain ses préférences, jugeant qu’elle reviendrait sur la route normale un jour. Eh bien non ! Notre héroïne ne lui ferait pas ce plaisir. Elle vivrait d’amour et d’eau fraîche loin de ce monde malade !
Pourtant ce ne fut pas victorieuse que notre héroïne alla se coucher. Elle s’y rendit agacée par le fait qu’elle ne gagnerait jamais contre sa rivale. Cette dernière avait sa propre vision du monde et une capacité incroyable à ignorer tout élément pouvant la contredire. Sur ce point, notre héroïne l’enviait, car elle avait bien du mal assumé au grand jour ce qu’elle était…
Après avoir tourné un peu, notre héroïne sombra dans un sommeil sans rêves. Elle n’en émergea qu’au matin. Quand elle ouvrit les yeux, elle ne reconnut pas sa chambre. Ni même son studio. Elle était ailleurs. Elle se leva avec précaution observant avec un petit sourire l’intérieur dans lequel elle se trouvait. Le charme de l’ancien se mêlait à quelques éléments modernes utiles pour la survie. Sans doute était-elle en train de rêver, ce qui l’incita à se pincer le bras…
Et non, notre héroïne ne rêvait pas. Elle ne se lèverait plus pour nettoyer la merde des autres. Joie. Enfin jusqu’à ce qu’un coassement se fasse entendre.
Ah.
Notre héroïne baissa les yeux vers le batracien situé à ses pieds. C’était une grenouille banale, qui la regardait avec ses grands yeux. Apparemment, le destin prenait les choses au sens littéral… Soit, ce ne serait pas la femme cachée derrière le surnom Grenouille…
Mais, ce n’était pas grave. Mieux valait une grenouille qu’un mâle misogyne dans sa vie.
« Apparemment le destin prenait les choses au sens littéral »: j’adore! XD
Merci pour ce bon moment de lecture!
Notre héroïne donne bien trop d’importance à ce que fait et dit sa sœur. Cette dernière ne pourrait pas être sa rivale si elle ne la reconnaissait pas comme telle, si elle n’entrait pas dans la compétition. Si elle veut habiter à la campagne en vivant de petits boulots au jour le jour et avoir une relation amoureuse avec une femme parce qu’elle aspire à ça, c’est très bien. Si elle le fait pour s’opposer à sa sœur, elle sera malheureuse.
Appeler la protagoniste « notre héroïne » donne un ton de dérision à ton récit. Cette nouvelle est très chouette et la chute est excellente ; c’était un bon moment de lecture.
Quelques remarques :
— Elle soupira avec force ce qui lui valut [J’ajouterais une virgule après « force ».]
— car elle avait bien du mal assumé au grand jour [« car elle avait bien du mal à assumer », « car elle avait dû mal assumer », « car elle avait bien mal assumé » ?]
— Elle se leva avec précaution observant [J’ajouterais une virgule avant « observant ».]
— Et non, notre héroïne ne rêvait pas. [Eh non]
Je note pour les remarques et merci d'avoir pris le temps de les faire ! ;)
Merci pour ce texte, Ju ! C'est toujours un plaisir de te lire !
Et peut-être que la suite contient une part de vérité aussi ! Bref merci pour ton commentaire Dédé ! ;)
Sinon, j'ai l'impression que tu emploi "mâle misogyne" comme un pléonasme ?
Laisse une chance au produit !
Bon, après, je suis sûr qu'elle est très sympa, ta Grenouille.
Juste une tournure que je n'ai pas saisie :
"elle avait bien du mal assumé au grand jour"
Veux-tu dire :
"elle avait bien du mal à assumer au grand jour" ?
Merci pour ton commentaire en tout cas ! :)
Ce que j'ai trouvé excellent, c'est qu'au lieu de paniquer et/ou de regretter ses paroles, elle s’accommode parfaitement de la situation et rebondit (c'est le cas de le dire) avec les cartes qu'elle a en main.
Un petit conte moderne tout à fait agréable ;-)
J'ai bien résumé ce conte déjanté ? ;)
(Plus je te lis, plus j'imagine les conversations qu'on pourrait avoir toi et moi si on jour se retrouve IRL ! :-D)
A très vite !
Merci pour ton commentaire ! Et à très vite :)