Rhume

nuages fendus par la pluie
qui titubent
dans les yeux instables
meme au chevet des mots
je partage la discorde
de ton nez
les pluies incontrôlées
incontrôlables
qui naissent de la rosée
et égrènent sur le papier
des gouttes
non des traces bleutées
grisâtres
fumantes
qui trouent l'encre
et les séries de phrases alignées
celles-là voudraient bien sortir
un parapluie
pour se protéger
mais que faire
contre ce pauvre poète
qui larmoie
et qui courbe la nuque
laborieusement
pour écrire
sans autre fin que la mort

il écrit
même sa maladie
jusque dans son lit d'hôpital

il écrit
pour vivre
vit
pour écrire

et si
son visage
n'était pas si enrhumé
qu'on ne pourrait le croire

et si
ces sillons de buées égouttées
n'étaient que les longs sillons
de son cœur brisé

ce cœur si pauvre
de ne pas savoir pleurer
d'avoir pris à tort
les mots pour les larmes
qui ne savaient pas couler

Prudence

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Nuages fendus par la pluie
Qui titubent
Dans les yeux instables
Même au chevet des mots
Sur une plage désertée par la mer
Et dans le flot de mes veines
Coulent des larmes silencieuses
Comme les remous des vagues absentes
Touches salées murmurées par la joie
Narines venues humer les odeurs ïodées
Doigts de pieds sur les coquilles précieuses
Et en souvenir de la nuit, éternelle amie,
Une lune claire, indétrônable,
Plaquant ses rayons d'argent sur la jetée.
Frissons de mon corps engourdi
Qui s'enrhume
Dans le fond de son large tombeau
Dans une âme condamnée par les fers
Pleurs d'une humeur amante
Souvenirs remués plusieurs fois
A dix mille lieues d'un au-revoir en peine
Et des remords de ta peau brillante
Ainsi que la mèche de cheveux restée sur ma coiffeuse
En guise de ton dernier soupir.

Fy