Puis il y a eu l’histoire des séminaires, car les raccordements à l’eau et à l’électricité, ça se mérite : il faut s'inscrire, payer une cotisation, et ... assister à un séminaire !
Pour le séminaire d’électricité, on nous a dit qu’il commencerait à 8h et que ce n’est pas grave si on arrive à 9 ou 10 h. Mais nous sommes des citoyens exemplaires, et on nous a dit en plus qu’ils y servent du bon café. À 6 heures sonne donc le réveil, et à 8 heures, le-dit jour, nous sommes sagement installés.
Il y avait des enfants, il y avait des chiens, sous un grand hall extérieur avec vue sur la mer. Il y avait deux orateurs et un grand écran sur lequel était projeté un PowerPoint bien illustré. Les orateurs parlaient visaya, la langue locale de cette région. Le PowerPoint était rédigé en visaya, les questions étaient posées en anglais mais les réponses formulées en visaya. Et à la question « où habitez-vous ? », qui nous a aussi été adressée, tout le monde a répondu à notre place ... en visaya ! La réponse a pris la forme d’un long débat qui faisait sans doute quelque chose dans le genre « ils habitent Tag-ibo », « Tag-ibo mais où à Tag-ibo ? », « près de l’école », « côté plage », « t'es sûr ? », « je sais pas », « je crois oui », « non, je crois pas », « c’est en face de Coco », « non ! Près de Giegie ?», « oui mais où est-ce par rapport à Tata ? », « je crois que c’est juste à côté de Nenen », « Nenen ou Neneng ? », ... Nous n’avons pas pu en placer une mais ... apparemment ... après un long et intense échange qui a impliqué toute l'audience (sauf nous), l’énigme a été résolue et tout le monde a su assez précisément où nous allions habiter !
Au séminaire de l’eau, on nous a dit d’arriver à 13 heures et on a compris que là aussi ce n’était pas grave d’arriver à temps. Il y avait des enfants, il n’y avait pas de chiens, beaucoup d’air co et trois orateurs. Après nous avoir posé les trente six mille habituelles questions, les exposés ont pu commencer. En visaya bien sûr et sans Power Point pour les images. Et hop : un niveau de plus ! Mais juste avant, nous avons dû répondre à une dernière question « are you christian ? », et à une invitation « please make a prayer ... in your language it’s ok » Ni le Zozo ni moi-même avons osé demandé s'ils rigolaient, leur recueillement dans l'attente de notre prière parlait de lui-même. J'ai failli pêché ... mais ils y tenaient vraiment. Alors, timidement, les mains en prière, le sourire rangé, et le regard sur nos sandales, nous nous sommes pieusement exécutés ...