– Attends répète ce que tu viens de dire !
– Le livre à disparu !
– Ce n'est pas possible, la bibliothèque était fermée.
– Alors, j'ai besoin de lunettes, persifla Chari.
– Je vais voir, tu n'as peut-être pas cherché au bon endroit.
– Espérons, car, si quelqu’un sait ce que nous faisons, nous sommes bonnes pour être condamnées à mort par le gouvernement. Ils ne laissent pas de deuxièmes chances.
– Je sais bien, d'ailleurs, je suis étonnée qu'ils nous laissent en vie dis-je à mon amie. Non pas que je veuille mourir, mais c'est pas très logique.
– Oui, tu as raison. On est peut-être utiles ?
– Tu espères être utile pour eux ?!
– Non, mais c'est leur genre de laisser des gens qui pourraient leur nuire vivre.
Je rentre dans la boutique et me dirige immédiatement vers le rayon où nous avons passé la matinée. Les livres que nous avons regardé sont toujours empilés. Il sont tous là. Il manque juste le seul qui nous intéressait. C'est très bizarre. Je vérifie sue nous ne l'aurions pas laissé tombé, ou qu'un autre livre soit tombé dessus et l'ai caché, mais non, il a bel et bien disparu. Je vais au comptoir, la femme est en train de lire un roman. Ce n'est malheureusement pas celui que nous cherchons. Je toussote :
– Hum hum
– Oui, me répond la bibliothécaire.
– Vous n'avez pas touché aux livres que nous avions sortis ?
– Non, mais quelqu’un a forcé la serrure pendant la pose de midi. Je pensais qu'il n'avait rien volé, mais apparemment non...
Je sortis de la bibliothèque et allais rejoindre Chari.
– Non ! m’exclamais-je.
– Quoi ? me demanda précipitamment mon amie.
– La bibliothèque à été cambriolée pendant la pose et seul notre livre à disparu !
– Ça, ce n'est pas une coïncidence.
– C'est certain ! Mais, ça veut dire qu'une personne sait qui nous sommes ou ce que nous cherchons. Peut-être bien les deux.
– On est vraiment très très mal.
– Je ne te le fais pas dire.
– On rentre ?
– Oui, mieux vaut ne pas s'attarder ici.
– Je suis d'accord.
Contrairement à l'allée, le trajet du retour se fait dans le silence. Le temps me semble devenir plus long, comme si les secondes devenaient des minutes et les minutes, des heures. L'heure et demie du trajet me parait tellement longue que je me demande si nous ne nous sommes pas trompées de chemin. Je décide d'observer le paysage : nous sommes dans la campagne, il y a des champs à perte de vue, les arbres commencent à perdre leurs feuilles. Nous marchons sur un chemin de terre battue. Des arbres isolés parsèment le long de la route. Nous marchons lentement, nous ne sommes pas pressées de rentrer chez nous.
Quand nous arrivons devant le centre d’entrainement, il est à peine 15h. Nous nous saluons puis nous partons chacune de notre coté. Quand j'arrive chez moi, Gykos me demande :
– Tu es déjà là ! Pourquoi tu as l'air triste ?
– Je n'ai pas trouvé le livre que je cherchais.
– Bah, la personne qui l'a empruntée va bien le rendre.
– Oui, tu as sûrement raison mentis-je.
Je monte dans ma chambre et remarque que les draps sont frais et que des livres ont remplis les étagères moisies. J'en choisis un au hasard et le lis pendant une demie heure avant de me rendre compte que je ne sais absolument pas de quoi il parle. Je décide de sortir faire un tour pour me détendre. Je flâne dans les rues de la ville et décide d'aller dans la librairie pour regarder si il n'y a pas le livre que Chari et moi cherchons. Je ne me rends compte que je ne connais pas la titre que quand je me retrouve devant les rayons. Je passe au comptoir et demande à un homme d'une cinquantaine d'années :
– Je fais des recherches sur les personnes qui contrôlent les esprits. Quels livre pourriez vous me recommander ?
– Je ne vends pas de livres sur ce sujet.
– Pourquoi ? demandais-je, intéressée par sa réponse sèche.
– Cela ne vous regarde pas !
– D'accord, je m'en vais.
Je sors de la boutique, intriguée par les réponses froides, presque méchantes du vendeur. Il a peut-être trop peur des Stochasis pour vendre des livres sur ce qu'ils font. Nous faisons. Je dois me faire à l'idée que c'est moi aussi. Je marche quand une personne inconnue me demande :
– Pourquoi tu fais des recherche sur les gens qui controlent les esprits ?
– Bonjour, d'abord.
– Bonjour, moi, c'est Skoteinos.
Ce n'est qu'à la mention de ce nom qui veux dire : sombre que je le regarde.
Il a les cheveux noirs ! Je ne suis pas la seule !
– Tu... Toi aussi, tu as les cheveux noirs ! m'exclamais-je
– Oui, je croyais que j’étais le seul dans ce cas.
– Moi aussi ! lui répondis-je
– Donc, pourquoi tu faisais des recherches sur les gens qui contrôlent les esprits ? me redemanda-il
– Je ne compte pas te le dire.
– Tant pis, mais sache que c'est bizarre de chercher des choses sur ce sujet, tu pourrais te faire arrêter.
– Pourquoi ? Je fais ce que je veux.
– Et moi je ne te dirais pas pourquoi.
– Pas grave, tu n'es pas la seule personne que je connais ici.
– Mais je suis la seule qui ne va pas te dénoncer.
– Totalement faux.
– Si tu le dit.
Il retourne vers la librairie en haussant les épaules. Bien que je sois soulagée de ne pas être la seule avec les cheveux noirs, ce garçon m’agaçais. Je retournais à la maison et demandais la permission à Gykos d'aller dans le bureau de Lefko pour faire le travail du gouvernement. Elle me dit que je peux y aller sans sa permission car j'allais devoir travailler tout les jours. Je fais de mon mieux pour travailler lentement car je m'ennuyais. Quand mon travail fut terminé, il était près de 17h30. Je retournais dans ma chambre pour essayer de relire le début du livre que j'avais commencé tout à l'heure. J'arrive à me concentrer et découvre que c'est une enquête assez sympathique que je lis avec joie. A 19h, Gykos m'appelle pour manger. Je descends et la remercie pour les livres. Elle sourit et dit que ce n'est rien. Je mange mon repas le plus rapidement possible puis, je remonte pour finir mon livre. Quand j'éteins ma lampe de chevet, il est plus de 22 heures. Je me couche en essayant de ne penser qu'au livre que je viens de lire car je veux dormir. Je m'endors une demie-heure plus tard.
Le lendemain matin, je me lève tôt, en m'habillant, je prends une résolution : je vais aller demander à Skoteinos pourquoi est ce que je risque ma vie à chercher des choses sur le contrôle de l'esprit. Je descends prendre mon petit déjeuner et je laisse une note pour mes tuteurs.
Lefko, Gykos,
Je vais m'entrainer tôt, j'irai à la voir des amis après,
donc je vais surement rentrer un peu tard.
Ouli
Je pars, tranquille, j'ai fait mentions d'amis dans ma note car je vais aller demander le titre du livre que nous cherchons à Chari. J'arrive au centre d'entrainement légèrement stressée car, pendant le trajet, je me suis rendue compte que je n'avais fait que des niveaux assez faciles, ces derniers temps. J'allais surement avoir du mal avec celui-ci. Je me branche à la machine en essayant de me détendre. Peine perdue : cet environnement encore très inhabituel accentue mon énervement. Quand la voix de femme éraillée retentit dans la salle, je ne peux pas m’empêcher de sursauter. J’atterris dans une foret, comme la veille de mon arrestation, mais plus comme une jungle. J’avance prudemment dans cet environnement, où, je suis quasiment sure que des serpents se cachent.
Il y a beaucoup de lianes ! Ça doit être pour nous aider à progresser dans cette jungle. Je ne me rends compte que ce ne sont pas des lianes que quand l'une d'elle s'agrippe à ma main. Ce sont des serpents ! Habituellement, je n'ai pas particulièrement peur de ces reptiles mais là, de leur couleur verte à leur longueur incroyable tout en eux me semble trop agressif, trop dangereux. Avant que je n’ai pu esquisser un mouvement, le serpent vert vif plante ses crocs dans la peau de la main. La douleur est horrible, je ne peux pas m’empêcher de hurler. Je retire vivement ma main et tombe au sol, la main serrée contre ma poitrine. C'est comme si un feu me brulait. Je ferme les yeux. Quand je les rouvre, je suis de nouveau dans la salle, haletante. Je n'ai même pas réussi à me défendre. Je ne prends même pas une pause, je suis trop agacée par mon échec total pour me détendre. Je me rebranche aussitôt. Cette fois, je fais très attention à tout ce que je touche ou agrippe. Malheureusement, la chance n'est pas de mon coté, et un serpent de la même espèce que l'autre me mord la cheville gauche. Je tente en vain de l’assommer avec une branche mais il esquive et me replante ses crocs dans la cuisse. Je hurle et me retrouve quelques minutes plus tard dans la salle. Je vais boire et m'assoir cette fois ci. Je repars ensuite dans la simulation. Cette fois, je réussi à aller plus loin, mais je rencontre un tigre qui m’agrippe le bras. Quand ses gigantesques dents s'enfoncent dans ma chair, je hurle et sens la douleur s'infiltrer dans mon corps. Je me retrouve une fois de plus dans la salle. Une heure c'est écoulée. Je fais une pause un peu plus longue que les précédentes. Je me sens de plus en plus fatiguée par l'épuisement mental de l’exercice. Bien que tout ce que je vive n'est pas réel, quand je ressens la douleur, j'ai l'impression que tout ce que tout est vraiment en train de se produire. Je me réinstalle, en essayant de me persuader que je vais y arriver cette fois ci. Cette fois, c'est un boa constrictor qui m’empêche de réussir. La cinquième fois est la bonne ! Aller, tu peux le faire, c'est pas sorcier de sortir de cette fichue jungle. J’emprunte cette fois, un chemin sur ma droite qui me semble à peu près praticable. Mais, cette fois, je tombe dans des marais et je suis coincée. Le fois d'après, je pars vers la gauche. J'arrive, à mon plus grand bonheur, à apercevoir un peu de lumière extérieure. Mais, je tombe dans un trou, trop contente de savoir que j'allais réussir pour faire attention à où j'allais. Je refis le même chemin que la dernière fois pour terminer la session, avant de me rendre compte que je trou dans lequel je suis tombé est en fait un fossé très long et assez large pour que sauter soit impossible. Je retombe en essayant de sauter. Au bout du troisième échec et plus de deux heures trente dans la salle, une idée me viens. J'utilise une des lianes qui, après une longue inspection ce révèle en être vraiment une. J’arrive, à mon grand soulagement en un seul morceau de l’autre coté. Je cours jusqu'à la lumière et réussi enfin à finir cette maudite simulation. Trois heures de galère ! Cette session m'avait tellement épuisée que j’hésitais à aller voir Skoteinos. Mais, ma réussite me donnais de l'énergie donc, j'allais à la librairie avant de me rendre compte que je n'allais peut-être pas le croiser ici. J'y allais quand même. Il n'y avait personne donc, je partis rapidement chez Chari. Ce fut une jeune fille d'à peu près 18 ans, blonde aux grands yeux verts qui m'ouvrit. Surement Chrysos .Je demandais :
– Je cherche Chari, tu ne saurais où la trouver ?
– Tu es Ouli ? Bien sur, quelle question, tu es la seule à avoir les cheveux noir ici avec le petit Skoteinos !
– Oui, tu ne sais pas où elle est ?
– Elle est partie au centre il y a 2 heures.
– D'accord, sinon, tu ne saurais pas où habite Skoteinos ?
– Pourquoi ? Tu le trouve à ton gout ? Oublie, il a 15 ans, tu n'as aucune chance.
– Non ! Sûrement pas ! m'exclamais-je, outrée.
– Ok, ok, pas besoin de t’énerver. Il habite au dessus de la librairie, son père la dirige.
– Ah, d'accord. Merci pour tout Chrysos.
– Tu connais mon nom ?
– Chari me l'as dit.
– D'accord, bonne journée !
Je m'en vais. Je retourne à la librairie, je sonne à la maison, et quand une femme maigre aux longs cheveux châtains ouvre, la première phrase qu’elle prononce en me voyant est :
– Si tu es venues pour mon fils, part d'ici !
– Je suis venue pour voir Skoteinos, mais c'est car il m'a proposé de m'aider.
– C'est ça, sort d'ici, petite idiote !
– Je ne suis pas une idiote et je ne suis pas venue ici pour me faire jeter dehors alors que je veux juste parler à quelqu'un ! m'énervais-je en serrant les poings, agacée par le comportement de cette femme.
Elle recule, et dit :
– Je suis... je suis désolée.
– Quoi ?! m'étonnais-je en voyant la femme qui me semblait prête à se battre renoncer aussi rapidement.
A ce moment là, Skoteinos apparait derrière sa mère, et lui dit :
– C'est bon, maman, c'est vrai que je lui ai proposée de l'aide.
Mais, la femme ne bouge pas. Je me calme, car, je n'aurais pas à me battre pour entrer voir le garçon. Pile au moment où je prends une grande inspiration pour me détendre, la femme redevient maitresse de ses mouvements. Elle laisse son fils passer et rentre dans la maison. Skoteinos commence :
– Salut,
– Alors, tu as décidé de venir me voir, n'oublie pas que tu dois me dire pourquoi tu fais des recherches.
– Je sais, dis-je.
– Tu commences !
– D'accord. Je fais des recherches sur le contrôle de l'esprit car, je déteste qu'on me contrôle, et je voulais savoir qui pouvais le faire, mentis-je.
– Ok. Tu as déjà entendu parlé des Stochasis, des gens qui seraient capable de contrôler les autres par la pensée, donc, tous nous diriger ou nous tuer ?
– Oui.
– Comme mon père est libraire, il m'a dit qu'il était obligé de prévenir les fylakes si qui que ce soit fait des recherches sur le sujet du contrôle de l'esprit, ou des esprits en général.
– Oh... Alors, il va me dénoncer ?
– Non, je vais lui dire de ne pas le faire car, je te crois.
Et tu as totalement tort, je mens, mais c'est pour ma sécurité. pensais-je.
– Je vais y aller, dis-je, je dois aller voir quelqu’un au centre d'entrainement.
– Ça tombe bien, je dois y aller !
Super ! pensais-je sarcastiquement.
Nous marchons en silence jusqu'au centre d’entrainement. Je sais que Chari allais en avoir pour des heures, donc, je m'assoie sur les marches qui mènent à l'entrée du centre. Skoteinos me fait un petit signe de la main quand il rentre. Je lui réponds avec un "bonne chance" marmonné. Je sors le livre que j'ai emporté de mon sac. Skoteinos sort une heure plus tard du centre. Il me regarde et s'étonne :
– Tu es encore là ?
– Oui, Chari met du temps.
– Tu attends Chari Zoiros ? Je ne savais pas que vous étiez amies.
– Je ne la connais que depuis quelques jours.
– Ah bon ? Pourtant tout le monde connais Chari ici s'étonna-il.
– Je ne suis ici que depuis quelques jours.
– Ah, tes parents ont déménagé ?
Chari arrive à ce moment là, m’épargnant la corvée de répondre à cette question. Quand elle me voit en train de discuter avec Skoteinos, elle me regarde avec de grands yeux et viens vers nous en disant :
– Salut Ouli... Et Skoteinos
– Bonjour Chari lui répond poliment le garçon.
– Slu' Chari marmonnais-je
– Je ne savais pas que vous vous connaissiez dit Chari.
– En fait, on s'en rencontré hier corrigea Skoteinos. Bon, au revoir, je dois retourner chez moi, voir comment va ma mère après que tu l'aie... Étonnée
– Oui, bonne idée répondis-je en baissant la tête, gênée.
Il s'en va par le chemin que nous avons emprunté une heure plus tôt.
– Qu'est ce que tu as fait à sa mère ?
– Je crois que j'ai utilisé mon pouvoir pour avoir la permission de parler à Skoteinos.