Est-ce que, dans nos soupirs, c’est un peu de notre âme qui s’en va ?
Elle court…
un moment ’
à la surface d’un lac ;
puis monte jusqu’à la lune,
dans cette pâle nuit bleue
où s’avancent des ombres
intrigantes et malignes
qui tendent des doigts crochus vers l’éthéré soupir.
Si elles l’attrapent, elles le mangent,
cru.
Elles en font des lamelles qu’elles
emberlificotent autour de bâtonnets salés,
comme les larmes de la mer.]
(Mère. Je ne prononcerai jamais ce mot.
Il a quelque chose de sacré redoutable.)
S’il s’enfuit, alors il enfle,
comme une méduse,
et se déhanche,
comme une méduse,
pour atteindre…
quelque chose, mais quoi ?
Des étendues d’argent
aux miroirs sans reflet
où des légions aveugles
tendent leurs bras blancs
au brasier.
Là, il s’étale et s’évapore,
dans un soupir lui-même, – saisi –
et court un moment sur la surface du lac,
gelé.