Allongée sur le ventre, je rédige mon rapport journalier. Je n'y raconte pas grand chose, les mêmes conneries que la veille et que demain. Temps clair, température de -14°. À défaut d'avoir de nouveaux détails à apporter, je peux faire un tableau des températures automnales.
Un fracas métallique retentit et je sursaute, rayant ainsi trois phrases.
— Lance, pour l'amour du ciel, tu peux arrêter de frapper tout ce que tu trouves ?
Penché sur notre chauffage d'appoint, il finit par tourner la tête vers moi.
— N'empêche qu'il s'est rallumé.
— Parce que tu l'as frappé ? Dis-moi, comment t'es devenu scientifique, déjà ?
Le rire de Camilia retentit, à l'autre bout de la tente.
— Bien envoyé !
Lance s'éloigne vers son sac de couchage, son doigt d'honneur porté comme un étendard au-dessus de sa tête. Je lève les yeux au ciel et roule sur le dos, un sourire amusé sur les lèvres. Je n'ose pas imaginer ce qu'aurait été cette expédition, si nous n’avions pas la chance de nous entendre. Nous sommes partis depuis quatre mois, et toujours pas le moindre signe de ce qu'on est venus chercher. On commence à trouver le temps long, depuis qu'on s'est rendus compte qu'aucune surprise ne nous attendait. Je glisse précieusement mon marque-page Simba - cadeau de la fête des mères - à l’endroit que je viens de noircir et ferme le carnet, que je laisse reposer contre mon ventre.
— Extinction des feux ! lance Camilia.
Mes deux collègues éteignent leurs lampes et en à peine quelques minutes, les ronflements de Lance - toujours les premiers - se font entendre. Comme je les envie, tous, de s'endormir aussi rapidement. Ils ne sauront jamais ce que c'est, de rester à fixer un plafond ou la toile d'une tente, en espérant que le sommeil les prenne subitement. Mais l'insomnie n'est pas ce qui m’empêche de dormir : j'attends le meilleur moment de la journée. Le temps s'écoule lentement, j'essaye de faire défiler les minutes en lisant Vingt Mille Lieues Sous Les Mers, je change au moins cinq fois de position pour tenter de mieux capter la lumière sur les pages jaunies. Je m'ennuie de ma lecture, mais j'attends le milieu du livre pour décider de l'abandonner. J'essaye de rattraper mes classiques, mais les vieilles histoires et les vieux mots ne prennent décidément pas sur moi. Je jette un coup d'œil à ma montre : une heure et cinquante-deux minutes. Je peux presque sentir mon cœur qui bondit de joie.
Je me lève et m'évertue à ne pas faire de bruit, mais j'oublie le carnet laissé sur mon ventre. Il tombe et ses spirales hurlent contre la partie métallique de ma lampe, dont j'évite la chute de justesse. Je me fige comme si je pouvais arrêter l'espace-temps autour de moi, faire oublier le vacarme et régner le silence. Mes yeux se lèvent lentement sur les couches de mes collègues, j’aperçois leurs mines agacées. Ils me fixent tous et je souris maladroitement.
— Sérieux, Francesca...
Je voudrais répliquer, mais ça doit bien faire trois soirs d'affilée que je renverse quelque chose.
— C'est bon, peste Camilia. Dépêche-toi, tu vas être en retard !
— Désolée ! lancé-je en traversant la tente.
Près de l’entrée, j'enfile mes bottes à la va-vite, passe ma parka, mon écharpe, mon bonnet puis mes gants. Enfin, je récupère le téléphone satellite et sors de la tente. La neige crisse à chacun de mes pas, le vent glacé me caresse douloureusement le visage. Je réalise que j'ai oublié la fermeture éclair de mon manteau et m'empresse de corriger ce détail, avant que le froid ne s'infiltre sous mon pull et congèle mes deux organes mammaires. Je plisse les yeux pour composer le numéro, à travers la brume que je souffle. Je me demande trois fois si je n'ai pas fait le 56 au lieu du 59, mais lève ultimement le combiné. Tandis que le bip résonne à mon oreille, je promène mon regard sur le paysage qui m'entoure. Je suis chanceuse, ce soir.
Je m'émerveille toujours, malgré les mois qui nous séparent de notre arrivée. Le sol est blanc, à perte de vue. La neige a cessé de tomber depuis quelques heures mais a renforcé sa couche de quelques solides centimètres. L'étang, à une vingtaine de mètres, est gelé depuis plusieurs semaines. Le ciel nocturne est d'une clarté à couper le souffle, traversé par des sillons qui luisent d'un vert féérique et projettent leur ambiance colorée, partout. Je ne peux m'empêcher de sourire, plissant un peu les yeux pour contempler le spectacle.
— M'man ?
Je sursaute et rit de ma bêtise. On y est, le plus joli moment de la journée.
— Salut, ma puce.
— Y'a les aurores, ce soir ?
— Oui, elles sont là. Je peux te laisser discuter avec les aurores, si tu veux.
— Oh, fais pas ta susceptible !
Depuis quand connaît-elle ce mot, susceptible ? J'essaye de ne pas m'émouvoir pour si peu, et reprends :
— Bon, d'accord. Raconte ta journée.
— Roh, l'école, le goûter, on s'en fiche ! Est-ce que tu as vu les élans ?
Ne dit-on pas qu'on ne devrait jamais mentir aux enfants ? On le devrait, car je suis persuadée que Sasha et ses collègues du même âge ont tous un superpouvoir qui leur permet de déceler le mensonge. Elle ne me lâche plus, avec les élans.
— Non, pas vus depuis la dernière fois !
— Oh...
— Les aurores sont vertes, ce soir. Ça te plairait.
— C'est la couleur la plus courante, me réprimande-t-elle. Je l'ai lu.
— Euh, oui, mais c'est surtout ta couleur préférée.
Elle me dit quelque chose, mais je ne l'écoute pas. Toute mon attention est accaparée par l'immense ombre qui traverse le ciel, parmi les lueurs de l'aurore polaire. Se peut-il que ce soit vrai ? Mon cœur s'emballe, saisi par un mélange de peur et d'excitation.
— Sasha, j'dois te laisser. J'ai une urgence, je te raconterai tout demain soir !
Encore un mensonge.
— Quoi ?
— Je t'aime !
Et je raccroche. Je souffre autant que si j'enfonçais un pieu dans ma poitrine, mais l'euphorie m'anesthésie. Un autre regard vers le ciel me rassure, je suis maintenant sûre que le froid ne m'a pas encore gelé le cerveau. L'immense ombre est là, je devrais me dépêcher mais je suis tétanisée par l'idée que les rumeurs locales soient vraies : les baleines volantes, comme ils les appellent, existent. J'inspire un grand coup et je fonce vers la tente, priant pour que la créature n'ait pas disparu à mon retour. Je lance le téléphone satellite vers mon sac de couchage, je le manque et dégomme l'abat-jour de ma lampe.
— C'est pas possible, tu le fais exprès !
— Pas le temps d'expliquer, dis-je en me précipitant au milieu de la pièce obscure. Réveillez-vous, vous ne voulez pas rater ça !
Je me jette sur le matériel qu'il me faut récupérer, mais j'abandonne en route et soulève directement la caisse. De toute façon, on a besoin de tout.
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— Levez votre cul et venez voir !
Sans plus attendre, je ressors et dépose la caisse au beau milieu de la neige. Je m'effondre sur les genoux, le choc des températures m'assomme et je crains, un instant, de finir par tomber raide. Je lève les yeux avec appréhension : la baleine est toujours là. Sa nageoire caudale bat lentement le rythme de sa traversée sur la toile céleste. Je tremble, je fais tomber la moitié des choses que j'attrape. Je finis par m'emparer de notre appareil d'astrophotographie et capture le phénomène à dix, vingt reprises. J'ai le réflexe de vérifier que la créature est sur les photos, comme s'il pouvait s'agir de quelque entité de film d'horreur. Lance débarque en premier, je regrette presque de ne pas avoir un plus long moment privilégié avec l'animal. Est-ce un animal, d'ailleurs ?
Chacun leur tour, ils s'arrêtent et contemplent le ciel, aussi estomaqués que je l'étais.
— Merde... murmure Camilia.
Lance se précipite sur le matériel, il rit, euphorique. Je ne compte pas les photographies que je prends, chaque seconde est différente de la précédente et mérite d'être immortalisée. Camilia dispose deux autres appareils photographiques plus loin de notre position, je l'entends qui s'active dans la neige, pendant que Lance gère bien mal son excitation : il répète des vulgarités, peste contre le matériel, le froid. Et moi, je ne m'arrête pas de sourire. Une troisième créature est apparue, plus petite que les deux premières. Puis une autre. Et encore une. Bientôt, elles sont une dizaine. Un troupeau dans la prairie céleste.
— Elles se rapprochent ! dis-je.
— C'est qui, les meilleurs scientifiques de la planète ? scande Camilia.
Certainement pas nous, puisqu'on s'est presque contentés de camper au milieu de la neige. Mais moi aussi, j'aime me dire qu'on va marquer l'histoire. Une histoire qu'on taira, ces créatures n'apparaîtront pas dans les bestiaires, en tout cas pas aujourd'hui ni demain. Nous sommes une science de l'ombre, on passe beaucoup de temps à chercher, peu de temps à trouver. Mais lorsqu'on trouve, tout prend son sens.
Les couleurs des baleines se dévoilent, elles sont grises, blanches et plus rarement noires. Je n'arrive pas à déterminer leur envergure, l'horizon et l'obscurité n'aident pas, les émotions confondent mes estimations. Immenses, ça suffira ?
— Où sont-elles, le reste du temps ? interroge Lance au vent.
Je ne réponds pas, trop concentrée. Je quitte l'écran des yeux et observe un bref instant le relief enneigé, plus loin, qui culmine à une trentaine de mètres. Elles s'en approcheront bientôt. Ni une ni deux, je suspends l'appareil à mon cou et je me mets à courir dans la neige, levant haut les genoux pour fracasser la couche blanche.
— Qu'est-ce que tu fais ? appelle Camilia.
— J'ai rendez-vous avec les baleines célestes, salut les nazes !
Quelle imbécile, je me ferais presque rire. Tu parles d'une scientifique. Je les entends protester sans distinguer leurs mots, mon escalade a déjà commencé. Heureusement, la pente n'est pas assez raide pour que je risque de basculer en arrière, mais je m'épuise. Si je n'avais pas choisi la science, je ne me serais sûrement pas tournée vers le sport. Je m'essouffle, j'ai froid, j'essaye de réfugier mon nez dans mon écharpe, mais réalise que de la neige y est tombée. Je ne vois plus les baleines, j'ai peur qu'elles fassent demi-tour et que je rate leur départ. Je ne me précipite que plus, je tombe par trois fois dans la tranchée que je creuse. Les exclamations de Lance et Camilia sont lointaines, maintenant. Lorsque j'atteins le sommet du relief, il n'y a plus que le vent qui siffle à mon oreille. Un sifflement particulier, pareil à nul autre. Leur chant. La mélodie est aiguë, mais elle ne me fait pas grimacer. Elle me berce. Je m'avance lentement et mon ventre se serre : elles progressent dans ma direction. Elles sont immenses. Les baleines aquatiques sont impressionnantes, mais c’est incomparable. Celles-ci doivent être longues d'une cinquantaine de mètres. Des colosses.
Je me saisis de l'appareil suspendu à mon cou, mais stoppe mon mouvement. Au risque de le regretter, je ne veux pas garder les yeux rivés sur l'objectif. Je veux les voir, les contempler, pas les chercher à travers un écran. Les photographies n'écriront pas les rapports, elles ne parleront pas à ma place des créatures grandioses qui sont juste là.
Elles approchent. La plus en-tête du groupe n'est bientôt plus qu'à quelques dizaines de mètres et les frissons qui me parcourent n'ont rien à voir avec le froid mordant. C'est étrange, je meurs de peur mais je ne partirais pour rien au monde. Elles sont rapides, plus que je ne le devinais d'en bas ; la première passe devant moi, me regarde. Je vois son œil, d'un blanc nacré contrastant avec sa robe bleu sombre. Je réalise que sa nageoire va me percuter et je me baisse au dernier moment. Un puissant courant d'air passe au-dessus de moi, j'éclate d'un rire extatique, en observant le défilé titanesque, le fessier bien ancré dans la neige. Je les admire, les aime. Je veux les étudier. Les comprendre. Qui sont-elles ?
— Ça va, Francesca ? crie Camilia.
Je hoche la tête, mais réalise qu’elle n’en verra rien.
— On ne peut mieux !
J'ai peur de déranger les créatures mais elles progressent sans réagir, imperturbables. Elles survoleront bientôt le camp, la dernière du groupe - banc ? - me frôle. Elle est gris pâle, frêle. Pas de cicatrices. Ce doit être la plus jeune, ce qui fait naître une autre question. Combien d'années peuvent-elles bien vivre ?
Je n'ai pas le temps pour ça. Je prends quelques clichés pour apaiser la conscience scientifique de la touriste que je n'assume pas devenir, puis me dirige vers la descente. Je suis scrupuleusement le premier chemin tracé à la force de mes genoux, j'évite de me précipiter, mais me dépêche quand même. Je les entends s'exclamer de joie, je lève la tête pour apercevoir les nombreuses baleines dans le ciel étoilé et le blanc des reliefs qui forment l'horizon. Elles passent juste au-dessus de notre tente, vont vers l'étang. Je glisse, bute contre une motte, bascule en avant et finis ma course sur le ventre. La neige s'accumule dans mon écharpe, trouve un moyen de s'immiscer dans ma parka et fond sur mon corps mal réchauffé. Bordel, ça pique. Je m'apprête à signaler que je vais bien, mais Camilia et Lance ont les yeux rivés sur le spectacle premier.
Allégée de ma honte, je les rejoins. Lance est en train de filmer, ils devraient peut-être arrêter de parler par-dessus de futures images d'une importance capitale, mais je serais mal placée pour faire la remarque. Et après tout, ne s'en fiche-t-on pas ? On vient de passer des mois à se les geler dans un endroit magnifique mais foutrement désert, à s'occuper comme on le pouvait pour ne pas devenir fous. Ces créatures, c’est le rêve d’une vie. On a notre lot d'histoires et de bonnes surprises lors des expéditions, mais ce jour est au-dessus de tous les autres. Il est celui qui valide notre carrière, nos sacrifices n'ont pas été vains. Ce n'est pas très grave, si des centaines de scientifiques nous entendront hurler sur ces images. Nous sommes des héros.
— Qu'est-ce qu'elles font ?! s'écrie Lance.
Elles descendent. Têtes penchées vers le sol, elles semblent se diriger tout droit vers l'étang. Non, dans l'étang.
— Il n'y aura jamais assez de fond !
On s'élance à leur poursuite, comme si nous avions un quelconque moyen d'intervenir. Camilia leur crie d'arrêter, en désespoir de cause. Je réalise brusquement l'ampleur du phénomène qui nous attend. L'immense créature s'apprête à rencontrer la surface gelée.
— Couchez-vous ! hurlé-je.
Je me jette sur le ventre et place les mains sur ma tête. À la seconde près, j'entends la glace se briser, puis les plongeons successifs des baleines. Le sol tremble, je reçois des projections d’eau glacée, dont les gouttelettes roulent jusque sur ma nuque. Je ne peux pas m'en empêcher, je lève les yeux pour regarder. Les baleines s'enfoncent dans l'étang, une à une, sans en rencontrer le fond. Impossible.
— L'étang serait si profond ? s'exclame Lance, sa caméra en main. Comment on a pu manquer ça ?
C'est faux, je le sais avec certitude. Pour tout un tas de raisons liées à notre environnement, mais surtout parce que j'ai passé beaucoup de temps à contempler cette surface cristalline. C'est autre chose. La dernière baleine s'enfonce plus tendrement dans la couche aqueuse et nous éclabousse à peine. Nous sommes indemnes, mais stupéfaits. Je me lève et avance, instinctivement.
— Fran, appelle Camilia. C'est trop dangereux.
— Je dois aller voir.
Bien sûr, que c'est dangereux. Comme à peu près tout ce qu'on a fait jusqu'ici : travailler pour un organisme caché du reste du monde, risquer nos vies pour les informations que nous possédons, obtenir notre visa pour la Russie en prétendant venir étudier l'extraordinairement nombreuse population de rennes que compte le Plateau de Poutorana. Et tout ceci sans mentionner le froid glacial dans lequel nous vivons depuis plusieurs mois, loin de toute civilisation. On a choisi cette vie. Je ne veux pas m'arrêter quand le meilleur est là.
— On a assez d'images, proteste Lance. T'as pas besoin de faire ça.
Mais ce gros malin continue de filmer, au cas où quelque chose se produise. Je ne réponds pas et m'aventure sur la glace. Elle craquelle sous mes bottes, ce n'est pour l'instant qu'un son, je n'aperçois aucune fissure dans la surface blanche. J'avance prudemment, me constitue mon propre silence pour ne plus entendre mes collègues. Un pas après l'autre, je progresse en priant pour ne pas achever mon périple dans l'eau gelée. Je m'approche du cercle laissé par les plongeons : pas de fond, pas de baleines. Ce que je vois, c'est un autre ciel où il fait jour, un soleil et des nuages que nous n'avons pas, au milieu desquels jouent les immenses créatures. Je crois deviner des brins d'herbe, mais c'est comme essayer de voir l'angle mort d'un miroir.
Je pense à Sasha. Suis-je une mère déplorable de tout risquer ainsi ? Je devrais peut-être revenir, au risque de ne plus jamais avoir cette chance. Je passerais le reste de mon existence à étudier ce phénomène, la finirais en croyant que j'avais rêvé. Que j'avais vu ce que je voulais voir. Mais Sasha voudrait que j’y aille.
— Fran ! insiste Camilia. Qu'est-ce que tu fais ?
C’est maintenant ou jamais.
— À tout de suite, dis-je d’une voix tremblante.
Je ferme les yeux et me laisse tomber en avant, prête à accueillir la vérité.
J'ai bien aimé ta créature fantastique. Ce doit être un beau spectacle à voir. Est-ce que les baleines quittent notre monde ou alors elles étaient en visite et rentre chez elle ?
Le début de la nouvelle avec le présentation des personnages m'a bien plu. Mais j'avoue que le moment où elle court dans la neige m'a paru un peu long.
La fin m'a bien plu. Même si je ne suis pas sur que Sacha aurait voulu perdre sa mère.
La question se pose, effectivement. Je ne peux te donner la réponse, mais je peux te dire que c'est proche d'une des deux propositions !
Je note pour la longueur ressentie à ce passage ! Ton point est légitime avec Sasha, j'aime assez voir que tout le monde a son avis sur cette question finale. D'ailleurs, tu me fais penser qu'il serait intéressant d'écrire une suite du pdv de Sasha, éventuellement. :) Merci beaucoup pour ton retour !
J'ai beaucoup apprécié cette expédition avec des repères si réels qu'elle nous fait presque croire que les baleines célestes existent vraiment. Dans tous les cas, elles vivent maintenant dans mon imaginaire car tes descriptions les ont fait naître en moi tant elles étaient bien maniées. Bravo et merci!
Si elles vivent dans ton imaginaire, j'en suis comblée, je n'en attendais pas plus de cette histoire (peut-être pas même autant). Merci beaucoup pour ce commentaire qui me fait sourire. ♥
Je ne suis pas sûre qu’un retour à la normale aurait été une meilleure fin (oui, j’ai lu les autres commentaires). On aurait simplement conclu que c’était un rêve ou une illusion d’optique. L’idée qu’il y ait vraiment une autre dimension est intéressante. Mais bien sûr, avec cette fin ouverte, on peut tout aussi bien imaginer que Francesca meurt ou disparaît à jamais. Je ne pense pas que la narration à la première personne soit un obstacle à la mort de la protagoniste ou qu’elle la rende peu vraisemblable du moment que le récit est au présent. Suivre un narrateur jusqu’à ce qu’il perde conscience n’est ni exceptionnel ni extravagant. Cependant, j’espère quand même que Francesca va trouver un autre monde et, surtout, qu’elle va pouvoir revenir.
Pour moi, la conversation téléphonique n’a pas l’air d’être un prétexte : ça nous permet de mieux connaître la protagoniste à travers sa relation avec sa fille et à travers les réflexions qu’elle se fait. (D'ailleurs, à la fin, quand elle se dit que Sasha voudrait qu'elle aille voir de l'autre côté, je crois qu'elle se trouve une excuse pour justifier un acte qui est finalement assez égoïste.)
Moi aussi, ça m’a dérangée qu’on passe d’une à trois baleines sans que tu aies mentionné la deuxième. Tu évoques ces baleines et les aurores boréales un peu comme si tu partais du principe que tout le monde en a déjà vu. À mon avis, il faudrait peut-être essayer d’impressionner davantage le lecteur.
Quant au style, il est simple et fluide, mais il a quelque chose de disparate. Tu sembles hésiter entre les langages parlé et soutenu, les mots vulgaires tombent parfois comme un cheveu sur la soupe, tu louvoies entre les pronoms « nous » et « on » – parfois dans une même phrase. Ces styles peuvent cohabiter, mais je trouve qu’à ce moment, il faudrait distinguer la narration « pure » des pensées de la narratrice, qui peuvent être à l’image de sa façon de parler.
Enfin, j’ai bien aimé ce récit, que je trouve bien construit et agréable à lire. Comme il est bien écrit, j’ai pensé te faire quelques petites remarques et voilà que je viens avec toute cette liste. Ma punition, c’est que ça m’a pris beaucoup de temps. ;-)
Coquilles et remarques :
— Je n'y raconte pas grand chose, les mêmes conneries que la veille et que demain [pas grand-chose / ce serait plus logique de dire « qu’hier et que demain » ou « que la veille et que le lendemain »]
— Le rire de Camilia retentit, à l'autre bout de la tente. [Pas de virgule après « retentit ».]
—Je n'ose pas imaginer ce qu'aurait été cette expédition, si nous n’avions pas la chance de nous entendre. [Je ne mettrais pas de virgule avant « si ».]
— depuis qu'on s'est rendus compte qu'aucune surprise ne nous attendait [rendu compte ; dans la locution « se rendre compte », le participe passé « rendu » est invariable]
— Je glisse précieusement mon marque-page Simba - cadeau de la fête des mères - [la fête des Mères]
— j'essaye de faire défiler les minutes en lisant Vingt Mille Lieues Sous Les Mers [Vingt Mille Lieues sous les mers ; tous les mots précédant le premier substantif prennent une majuscule, mais pas les suivants.]
— Je m'ennuie de ma lecture, mais j'attends [« dans ma lecture » ou « en lisant » ; « je m’ennuie de » veut dire que qqch ou qqn me manque]
— Désolée ! lancé-je en traversant la tente. [Il y a une autre incise assez proche avec le verbe « lancer ». Je te propose de modifier la première : « Extinction des feux ! lance [claironne] Camilia. ».]
— Je plisse les yeux pour composer le numéro, à travers la brume que je souffle [Je ne mettrais pas de virgule avant « à travers ».]
— des sillons qui luisent d'un vert féérique et projettent leur ambiance colorée, partout [féerique / Je ne mettrais pas de virgule avant « partout » ; on peut même le placer directement après « projettent ».]
— Je sursaute et rit de ma bêtise [Je (…) ris]
— Y'a les aurores, ce soir ? [Y a ; l’apostrophe n’a rien à faire là : il n’y a pas d’élision, mais juste une ellipse du pronom « Il ».]
— pendant que Lance gère bien mal son excitation [maîtrise, contrôle, domine, dompte, surmonte ; le verbe « gérer » ne doit pas être employé pour les émotions ou les situations. Voir ici : https://www.dictionnaire-academie.fr/article/DNP0321]
— Nous sommes une science de l'ombre [« Nous représentons », plutôt. Ces gens ne sont pas une science.]
— La plus en-tête du groupe [en tête ; « en-tête » est un substantif]
— j'éclate d'un rire extatique, en observant le défilé titanesque [Pas de virgule avant « en ».]
— pour apaiser la conscience scientifique de la touriste que je n'assume pas devenir [C’est-à-dire ? que je n’assumerais pas de devenir ? que je ne prévois pas de devenir ? que je ne présume/suppose/crois pas devenir ? en tout cas, « que je n'assume pas devenir » n’est pas correct. Voir ici : https://www.dictionnaire-academie.fr/article/DNP0392]
— Et après tout, ne s'en fiche-t-on pas ? [Si cette phrase est correcte grammaticalement, elle est hautement improbable dans la bouche ou dans la pensée d’un personnage. Je propose : « Et après tout, on s’en fiche, non ? ».]
— Il est celui qui valide notre carrière, nos sacrifices n'ont pas été vains. [Il faudrait un signe de ponctuation plus fort : un point-virgule, par exemple.]
— Ce n'est pas très grave, si des centaines de scientifiques nous entendront hurler sur ces images. [Concordance des temps : « nous entendent », même si c’est une action future.]
— Mais ce gros malin continue de filmer, au cas où quelque chose se produise [se produirait ; voir ici http://www.academie-francaise.fr/au-cas-ou-tu-seras]
— je progresse en priant pour ne pas achever mon périple dans l'eau gelée. [Un périple est un voyage circulaire ; je propose parcours, trajet.]
Les tirets pour les propositions incises – ou incidentes –, devraient être des demi-cadratins et pas ceux qu’on emploie pour lest traits d’union. J’en ai repéré trois occurrences.
Le verbe « réaliser que » est un anglicisme qu’on peut facilement remplacer, avantageusement, par des synonymes. Voir ici : https://www.dictionnaire-academie.fr/article/DNP0702. Pourtant, tu l’emploies quatre fois dans un texte de moins de 3 000 mots.
— Je réalise que j'ai oublié la fermeture éclair de mon manteau [Je m’aperçois]
— j'essaye de réfugier mon nez dans mon écharpe, mais réalise que de la neige y est tombée [mais constate]
— Je réalise que sa nageoire va me percuter [Je vois, je remarque]
— Je hoche la tête, mais réalise qu’elle n’en verra rien [mais je comprends, mais je me rends compte]
— Je réalise brusquement l'ampleur du phénomène qui nous attend. [C’est le seul cas où l’emploi du verbe « réaliser » peut se justifier ; néanmoins, on pourrait le remplacer par mesurer, imaginer, envisager, se représenter.]
Que d'investissement au travers de ce commentaire, je t'en remercie ! J'aime assez la vision que tu as de ce que se dit Francesca, en prenant sa décision. Je n'aime pas trop révéler les fils des histoires, mais il y a beaucoup de vrai là-dedans (et je suis contente que ça se sente).
Je prends bonne note de tes remarques. Comme je l'ai dit un peu plus bas (ou un peu plus haut ?) dans les commentaires, je suis bien d'accord avec le souci que pose ce saut d'une à trois baleines, c'est l'une des bêtes noires que j'éliminerai lors d'une future correction. Du reste, je prends le temps de réfléchir à ce que tu m'as dit. Je ne tombe pas d'accord au sujet des vulgarités, mais je préfère toujours méditer les avis pendant un moment !
Merci, également, pour les corrections et suggestions que tu as pris le temps de faire. Je me mets ça de côté pour les ajustements à venir.
Enfin, je suis contente que la nouvelle t'ait été agréable à lire et qu'elle t'ait motivée à y consacrer tout ce temps. :)
Ta plume aussi participe à l'émotion : le ton informel est sympa, nous rend ta narratrice attachante, mais n'empêche pas l'intensité quand les baleines arrivent et de plus en plus jusqu'à la fin.
Parlons-en de la fin : les baleines célestes, c'était déjà assez féerique, mais le ciel sous la glace du lac... magique ! Je ne sais pas exactement pourquoi, mais ça m'a évoqué la fin du tome 1 de A la croisée des mondes.
Merci pour ce magnifique moment de lecture ! Par contre maintenant, je VEUX voir des baleines célestes !
En bref : merci beaucoup pour ce retour plus que motivant. ♥
C'est là : http://forum.plumedargent.fr/viewtopic.php?p=94914#p94914
A+
Et bien sûr que je veux le voir, merci beaucoup de l'avoir partagé, et surtout : merci mille fois d'avoir pensé à dessiner un bout de ce que j'ai écrit. Je suis très touchée, vraiment. ♥ Et je le trouve très beau, pour en revenir à ton travail !
Pour ce qui est du forum, je ne saurais que trop t'y encourager ! Nous y sommes très accueillants et chacun participe selon son envie ou sa disponibilité. Il y a des échanges et des conseils utiles, parfois des débats, et tu peux éventuellement tenir un journal de bord pour parler de tes projets, ton avancement, poser des questions... et voir ceux des autres. Je dirais que c'est en passant par le forum qu'on entre vraiment dans la communauté ;) Bref, si ça te tente, n'hésite pas ! Il suffira de lire le règlement et de te présenter dans la section "présentation des patients". A+
Je soulèverais une petite chose, mais ce n'est là que mon avis : je trouve que les répliques ne sont pas assez fluides et naturelles. Les traits des caractères sont affinés dans la narration et pas assez, je trouve, dans les dialogues.
La scène avec les baleines est grandiose et j'adore la fin. Avec le portail, c'est génial ! La décision de Francesca laisse présager une grande aventure. Palpitant tout ça. N'empêche, je ne dirais pas non à une suite ;-)
Au plaisir de te lire encore !
Je note pour ta remarque sur les dialogues, je me mets ça de côté pour l'éventuelle correction à suivre. :)
Très touchée que la fin t'ait plu, je ne dirais peut-être pas non à une suite, moi aussi, un de ces quatre. Merci encore pour ton commentaire !
Bien écrit, poétique, vivant, tendre, et belle chute ouverte.
Seule la conversation avec sa fille m'a semblée être un pretexte pour apercevoir les baleines et lancer l'intrigue principale. Car cette conversation en soi n'apporte rien à l'intrigue a proprement parler. Ce n'est pas gênant cependant pour la fluidité de la lecture et ça apporte un côté humain non negligeable.
Merci pour ce partage et bravo
Merci pour ton retour. :) Je comprends ton propos. Je ne peux être d'accord, mais le fait que je connaisse l'arrière-décor et la construction de l'histoire, ça joue peut-être. À mon sens, cette conversation est là pour ce qu'elle apporte au contexte, en relation et en émotions. Elle en dit aussi beaucoup sur Francesca, et influence l'intrigue ultimement, puisqu'elle doit faire un choix.
Mais je ne fais que t'expliquer mon propre ressenti, je comprends que tu l'aies perçu autrement. :p Encore merci pour ton commentaire !
Il n'y a que quelques petits détails que j'ai trouvés dérangeants à la lecture, notamment au niveau des nombres. Je me suis demandée pendant longtemps combien de membres l'expédition comptait au final - j'avais pensé à 3, et puis tu as écrit "comme je les envie, tous" et "ils me fixent tous" et ça m'a immédiatement fait penser à un plus grand groupe. Ça m'a un peu embrouillée. De manière similaire, quand tu écris "Une troisième créature est apparue, plus petite que les deux premières", j'ai bugué, car jusque-là tu ne parlais que d'une seule créature.
Mais c'est bien tout ce qui m'a gênée, car pour le reste j'étais là, avec Francesca, à m'étaler dans la neige et à m'émerveiller. Cette fin m'a surprise, mais je l'aime beaucoup. Elle ouvre la porte sur autre chose, et même si je m'inquiète un peu pour Francesca, je lui souhaite beaucoup d'autres magnifiques découvertes !
Je comprends tes difficultés ! Je vais jouer l'honnêteté : ces deux phrases qui mentionnent un "tous" ont été écrites quand je ne savais pas encore s'ils seraient trois ou quatre scientifiques sous cette tente. La balance a penché pour trois. Ces phrases ne m'ont pas choquée à la relecture, mais tu as raison : "tous les deux" aurait été beaucoup plus compréhensible, par exemple.
Pour les baleines, j'ai plutôt assumé de ne pas mentionner la deuxième arrivée, mais je comprends que ça puisse faire lever un sourcil, le détail pouvait être important pour le passage d'une à deux.
Je suis ravie si j'ai réussi à jeter quelques étoiles dans tes yeux, et d'autant plus si la fin t'a plu. Merci beaucoup pour ton retour détaillé. ^-^
Ta nouvelle est magnifique. Je n'ai pas grand-chose à dire. Sasha aime le vert et c'est donc le meilleur personnage, même si on ne la voit que 5min. J'aime beaucoup ce que tu as fait avec les baleines célestes. J'ai très envie d'en savoir plus et que tu nous racontes l'histoire de Fran une fois qu'elle a sauté !
La seule critique que j'aurais est que le moment où elle sort pour appeler Sasha n'est pas très clair, il m'a fallu plusieurs paragraphes pour comprendre ce qu'il s'était passé. Peut-être qu'ajouter une phrase pour plus de clarté résoudrait le problème ?
En tout cas, chapeau ! C'est magnifique <3
Encore mille mercis, ton avis me fait très plaisir. ♥
Où est ce qu'on signe pour devenir chasseuse de créatures fantastiques ?! Moi aussi je veux voir des baleines volantes dans les aurores boréales èOé !
J'ai vraiment aimé la dualité de ta nouvelle, entre Francesca qui rate sa parentalité pour chasser des "rêves d'enfants" et l'aspect très adultes des recherches comme de ses compagnons de chasse. Entre l'émerveillement des aurores boréales et la stupéfaction de croiser ces baleines volantes. L'émerveillement enfantin des adultes basés sur des secrets et des mensonges à leurs enfants et leurs proches.... j'ai été happée dès le début ! Et je n'ai décroché qu'à la fin, lors du point final, étourdie de ma lecture.
Vraiment, belle réalisation; chapeau !
Mon seul regret serait peut-être cette fin un peu trop "ouverte" avec Francesca qui saute à la suite des baleines. A vrai dire, je ne m'attendais pas à ce qu'elle suive les baleines, mais que la nouvelle s'achève sur leur disparition, fermant cette parenthèse de rêve au milieu d'une vie très concrète.
Vu que le récit est écris à la première personne, on se doute qu'elle va survivre/revenir, mais du coup on reste sur notre faim : qu'est ce qu'il s'est passé ? Qu'est ce qu'elle a découvert ?! Est-ce qu'ils vont tous pouvoir y aller ?
Ou bien alors est-elle morte/disparue et l'écriture au "je" n'est qu'un effet de style ?
Merci d'avoir participé à l'AT !
Je t'avoue que c'était un peu le but, de laisser le lecteur sur sa faim, haha. C'est vrai, ça aurait pu se terminer différemment et j'ai peut-être poussé le cliffhanger mais quelque part, je suis contente que ça ait tout de même suscité autant de questions chez toi et j'espère que ça n'inspire pas trop de frustration sur la fin.
Merci pour l'organisation de l'AT, c'est du pur plaisir !
J'ai eu un peu de mal à rentrer dans la nouvelle, je dois l'avouer. J'ai eu besoin de comprendre ce que cette équipe de scientifiques faisait là avant de vraiment adhérer. Malgré cela, je trouve que dès le début la dynamique de groupe fonctionne bien, tes personnages sont agréables à suivre.
J'ai vraiment été happée vers la moitié de la nouvelle, quand la protagoniste téléphone à sa fille puis voit les baleines. J'ai trouvé néanmoins que , pour mes goûts personnels, cette scène manquait un peu de sel. La protagoniste dit que les baleines sont majestueuses mais j'ai peu ressenti cette majesté, je crois que c'était un peu trop "tell" et pas assez "show" à mes yeux.
Mais la fin était captivante et ce nouveau monde, j'avais envie de plonger dedans aussi !
Plein de bisous !
C'est assez drôle, car j'avais originellement prévu toute une scène pour l'arrivée des scientifiques. Le contexte et le nombre de mots autorisés m'en ont dissuadée, j'ai préféré faire un peu de mystère sur ce qu'ils étaient venus trouver. Mais je comprends ton ressenti, du coup !
En ce qui concerne le "show, don't tell" c'est plus une volonté de ma part suivant la première personne, ça et la quantité de mots, encore une fois. Mais c'est une affaire de goûts, comme tu le dis, et j'entends que ça a pu être un manque pour toi.
Merci pour tes remarques positives, elles me font plaisir ! ^.^
Merci beaucoup (beaucoup).
Ces créatures de rêve nous font également bien comprendre le choix de la narratrice... Bien que personnellement je ne puisse m'empêcher de regretter cette fin et cette phrase "Mais Sasha voudrait que j’y aille." (ma petite voix intérieure me criant : "mais non, il voudrait que sa maman revienne!")
(attention, ce n'est pas une critique, juste mon ressenti à la lecture).
Bravo !
En tout cas, merci beaucoup pour tes mots qui me vont droit au cœur. :)
J'ai passé un vraiment bon moment, la lecture a filé toute seule !