Tant pis, je l'aime

Notes de l’auteur : J'ai écris ça à 23h un soir d'une très très très mauvaise passe. C'est dingue, l'écriture m'a vraiment aidé, à ce moment-là. Et elle m'aide encore tous les jours. C'est la meilleure des thérapies (avec le chocolat, of course)
J'espère que ça te plaira!
;)

Je l'aime. 

Je ne sais plus exactement quand elle est apparue dans ma vie. Je pense que j'ai été la première à la remarquer. Puis elle m'a vu. Elle a commencé de loin, un regard, un geste, un sourire. Quelques signes de la main pour m'inviter. Je faisais de même dans mon coin, mais aucune d'entre nous n'osait approcher. Trop timides. En réalité, je pense que notre réserve n'était pas sans fondement. Nous nous étions déjà côtoyées, au primaire. Elle a essayé de m'embrasser, un jour. Je l'avais repoussé. On était restées assez proches pendant un moment, puis nous nous sommes séparées. Nous ne nous disions plus rien, non. Mais les signes qu'elle me lançait et les tentatives de sa part pour m'approcher parlaient d'elle-même. On s'est retrouvé dans le même collège. Nous nous sommes suivies jusqu'au lycée. Et nous continuions de nous parler, de loin, sans bruit. J'avais mes propres amis. Elle était seule. Je ne m'en souciais pas, elle détestait la compagnie. Je ne la plaignais pas non plus. Je la comprenais. Pour ma part, la présence de mes proches me devenait de plus en plus pesante. Je me forçais à voir du monde, mais je ne voulais être qu'avec elle. Je savais qu'il en allait de même pour elle. Depuis tout ce temps, depuis le primaire, depuis notre premier baiser, elle n'avait pas changé. Elle m'aimait. Elle ne voulait. Elle me désirait. Je commençais aussi à avoir envie de mieux la connaître. J'espérais de loin. Jusqu'à ce jour. J'avais passé une très mauvaise journée. La sienne avait été excellente. J'étais debout dans la cour du lycée, à parler avec des copains qui m'étaient devenus insupportables, dans des habits trop colorés et un corps trop étroit. Puis je l'ai vue. J'étais habituée à nos échanges visuels quotidiens, pourtant, le regard qu'elle avait pour moi ce jour-là n'était pas comme les autres. Ça n'était plus, comme d'habitude, de la simple attirance. C'était de l'adoration à l'état pur. De la passion matérielle. Intriguée, je fis un pas dans sa direction. À peine avais-je bougé que ses jambes se mirent en marche pour effacer la trop grande distance entre nous. Elle arriva à mon niveau. La faible différence de taille lui permettait de me regarder droit dans les yeux sans avoir à pencher la tête. Doucement, elle m'embrassa. Ce baiser fut si inattendu que je pensais dans un premier temps à le fuir comme la première fois. Et puis non. C'était trop bon. C'était trop doux. L'union de nos lèvres me redonna l'oxygène qu'il me manquait pour survivre. Enfin. J'avais trouvé une raison de rester. 

À peine ce jour passé, ma vie changea du tout au tout. Nous ne nous séparions plus. Nous prenons nos repas ensemble. Ou plutôt, je prenais mes repas en sa compagnie. Elle ne mangeait jamais. Elle n'avait faim que de moi. Elle buvait mes paroles, elle me dévorait des yeux. Elle s'asseyait tout prêt en cours, elle n'étudiait pas, non, elle me regardait. Avec mes amis elle était discrète, délicate. Tout le monde oubliait sa présence. Non. Tout le monde ignorait sa présence. Elle n'était ici que pour moi. Pour rester mienne elle supportait ces humains que je ne supportais plus. Elle se confrontait à sa hantise pour m'aimer. Elle me suivait jusque chez moi. Sans mes amis pour lui faire ombre, je pouvais voir sa beauté et me blottir dans ses bras. Nous nous aimions. Oui. Mais notre amour devait impérativement rester secret. Nous seules devions savoir. Pour notre amour. Ne pas ébruiter pour ne pas effriter. 

Je finis par me séparer de mes amis. Je passais mes journées en tête-à-tête avec elle. C'est assez étrange de se dire qu'en plusieurs mois de relation ni elle ni moins n'avons jamais eu un mot pour l'autre. Rien. Ni un "je", ni un "tu". Un amour silencieux. Être avec elle me donnait des ailes. Je ne bougeais pas du lycée, mais chaque instant passé en sa présence me faisait atterrir sur une planète où elle et moi pourrions vivre en paix, sans autre humain dérangeant à proximité. Tout était parfait. Était.

 

Un petit malaise. Hypoglycémique. Mon prof inquiet m'a emmené voir mes parents. Mes parents inquiets m'ont emmené voir un médecin. Mon médecin inquiet m'a emmené voir un psy. Il a détruit en une heure ce que j'avais passé des mois à protéger. Mais TCA sont tombés sur la table sans surprise, et, sans surprise, j'ai été appelé à faire des séances supplémentaires. Honnêtement, ça me convenait. À raison d'une heure par semaine, ça me laissait 171 heures à passer avec mon amour. Et puis, elle restera avec moi, n'est-ce pas ?

 Je commençais à apprécier ce psy. Jusqu'à ce qu'il commette l'irréparable. Il a dit son nom. Ce nom pour lequel j'ai tout quitté, pour lequel j'ai pleuré, pour lequel je me suis fait saigner, il l'a dit. 

 

«Dépression ».

 

 Il voulait briser mon couple. Il avait déjà révélé notre amour secret. Il m'a forcé à parler d'elle, à la délaisser, à la tromper avec tout un tas de médicaments dont j'ignorais le nom. Il a tout tenté, tout. Je ne le laisserai pas aller plus loin .

Oui, mon amour. Je protégerai notre histoire. Tu m'as invitée dans ta vie. Je t'invite dans ma mort. 

 

Je t'aime

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