Tobias

Par MarineD

On frappa à la porte. Trois coups très doux, comme pour ne pas déranger. La clenche tourna sans bruit, le battant s'entrouvrit, un rai de lumière s'engouffra dans la chambre obscure. Dehors, la matinée devait être avancée.

Une tête se glissa dans l'entrebâillement. Elle appartenait à une femme aux joues potelées, avec des lèvres minces, des sourcils arrondis, de grands yeux innocents et en alerte, comme ceux d'une biche, et un petit nez retroussé. L'épaisse chevelure châtain était remontée en deux volumineux chignons qui cachaient presque les oreilles, deux longues mèches libres torsadées encadraient le visage.

Tobias ne leva même pas les yeux de son livre. Il n'avait pas besoin de voir sa mère pour la reconnaître. Il la reconnaissait à la forme de ses pensées. Elle était de bonne humeur. Elle songeait à l'agréable moment qu'elle avait passé en compagnie de la vendeuse de thé. Elle avait envie de lui en faire part, mais son appréhension avait crû à mesure qu'elle approchait de sa porte. Elle ignorait de quelle manière elle serait reçue ce jour-là.

Voyant que son fils était éveillé, elle ouvrit un peu plus grand. Elle portait un tailleur crème avec une robe assortie rayée de motifs ocre sur toute la longueur, et par-dessus, son gilet rose préféré, avec des manches bouffantes et des broderies en coquelicots.

— Tobias, puis-je entrer ?

Sa voix était douce et réservée. Il répondit d'un hochement presque imperceptible, mais sa mère le vit. Elle referma la porte aussi discrètement qu'elle l'avait ouverte et se dirigea à pas feutrés vers les épais rideaux qui plongeaient la chambre dans la pénombre.

— Veux-tu que j'ouvre un peu ? Il fait très beau aujourd'hui, sentir le soleil te ferait sans doute du bien.

Tobias se redressa sur ses oreillers. Ce simple geste fit naître dans sa nuque une douleur diffuse.

— Le soleil me donne des migraines, répondit-il d'un ton las.

La lumière envahit la pièce tandis que sa mère écartait les bras, un rideau dans chaque main.

— Aérons ta chambre au moins quelques minutes, proposa-t-elle.

Sans attendre d'accord de sa part, elle entreprit d'ouvrir la fenêtre. Le vieux bois peint grinçait et râpait contre le cadre, dans un raffut de tous les diables.

— Mère, tu me déranges !

Elle se dépêcha de coincer le loquet sur le second battant pour éviter que la fenêtre ne soit poussée par le vent. Tobias sentait maintenant un filet d'air frais sur ses avant-bras et son visage. Une fois le silence de retour, cela lui fit effectivement du bien, mais il ne l'admettrait pas à voix haute. Depuis qu'on lui avait annoncé que le printemps était revenu, il avait songé plusieurs fois à se lever le matin pour ouvrir sa fenêtre. Mais l'idée même l'épuisait. À quoi bon ? Ses livres se lisaient aussi bien à la lumière de ses lampes de chevet.

Face à la fenêtre, sa mère prit une longue inspiration pour respirer le parfum des fleurs. La beauté des premières roses et des lilas mauves, leur fragrance, la splendeur retrouvée des aulnes et des marronniers lui donnaient l'impression de revivre un peu. Tobias observa le profil tourné vers le jardin du manoir. La lumière du jour faisait apparaître les marques d'un long chagrin. Les petites rides sur le front et au coin des yeux, les cernes creux au-dessus des pommettes. Il connaissait sa responsabilité dans le vieillissement prématuré de ce visage, cela rendait sa vue d'autant plus insoutenable. Il baissa de nouveau les yeux sur son livre, cependant les réflexions de sa mère, qui se demandait comment le convaincre de sortir, l'empêchaient de se concentrer.

Il s'apprêta à la chasser, mais elle le devança :

— J'ai rencontré madame Ueno, tout à l'heure. Elle m'a offert un sachet d'un thé vert excellent. Je pourrais t'en apporter une tasse après ton repas.

— Si ça te fait plaisir.

Tout en parlant, elle aperçut le livre tombé de la table de chevet, la veille. Des pages avaient plié contre la descente de lit duveteuse. Elle fit un peu de place sur le petit meuble en repoussant une jolie boîte à musique nacrée et en se saisissant d'un verre vide, puis elle y reposa l'ouvrage. Tobias s'agaça de constater que le marque-page s'était glissé en dehors.

— Tu n'as qu'à le poser sur la pile au coin de mon bureau, plutôt.

Elle reprit le livre, reposa le verre vide sur la table de chevet, puis contourna le grand lit bateau.

— Si tu voyais son magasin ! poursuivit-elle, l'esprit toujours occupé par la vendeuse de thé. Elle possède des étagères remplies de plantes différentes, et elle élève de petits oiseaux colorés. Je suis sûre que ça t'intéresserait.

Elle plaça le livre au sommet de la pile indiquée. Tobias ne se servait plus de son bureau, alors comme les domestiques n'étaient pas admis ici, le meuble avait fini par s'encombrer. Un certain nombre des babioles entreposées là étaient de vieux présents aussi banals que des eaux de toilette, des amulettes porte-bonheur ou des encens, provenant de connaissances lui souhaitant bon rétablissement. Toutes les attentions périssables avaient été emportées ailleurs. On avait fêté un temps sa sortie du coma, mais Tobias n'avait plus rien reçu depuis longtemps, maintenant. Ces objets n'avaient aucune valeur à ses yeux et, pour la plupart, il ne se rappelait même pas qui les lui avait envoyés. D'autres, comme un porte-document, des carnets reliés de cuir ou une collection de plumes, dataient de sa vie d'avant. Enfin, une pyramide de livres s'était élevée par-dessus ce fatras, après que la longue bibliothèque d'acajou qui longeait le reste du mur s'était trouvée remplie entièrement.

— Madame Ueno connaît aussi très bien les plantes médicinales, continuait sa mère, je suis sûre qu'elle serait capable d'ajouter quelques pages à ces herbiers que tu as quelque part. Peut-être que si tu te sens suffisamment en forme cette semaine...

— Parlons-en une autre fois, je t'en prie.

Il allait ajouter qu'il souhaitait être seul pour l'instant, mais voilà qu'une autre présence venait encombrer son esprit. Le docteur Jeanpinçon, le médecin de famille, se dirigeait d'un pas vif sur sa porte. Sa dernière visite n'était pourtant pas si lointaine, du moins Tobias en avait l'impression. Il frappa quatre coups secs, qui firent se retourner sa mère alors qu'elle replaçait les livres plus sûrement sur leur pile.

— Oui, fit Tobias, résigné à cette visite.

Le docteur Jeanpinçon était un homme assez menu et raide, avec le visage allongé et le nez aquilin. Sa moustache et sa barbe grises étaient taillées en pointe. En entrant, il ôta vivement son pénichier, un petit chapeau fendu de feutre noir, à bords ronds très courts, et s'inclina rapidement en direction de son patient.

— Monsieur Fènnel, salua-t-il, comment nous portons-nous, aujourd'hui ? Oh, Madame la duchesse, bien le bonjour. Vous me semblez en pleine forme, dit-il en s'inclinant un peu plus bas.

Son chapeau dans une main, sa sacoche de cuir brun dans l'autre, le docteur était bien en peine de refermer la porte derrière lui.

— Laissez-moi vous débarrasser.

Il tendit volontiers son chapeau à son hôtesse et s'extirpa maladroitement de son long imperméable marron. Tandis qu'il s'avançait au chevet de Tobias, celui-ci vit sa mère refermer doucement la porte et déposer les vêtements sur la chaise de son bureau.

— Bien, bien... fit le docteur en déposant sa sacoche au pied de l'épais matelas.

Tobias ne put retenir un long soupir fatigué. Jamais il n'avait rencontré homme aussi déconnecté du présent que le docteur Jeanpinçon. Ses gestes comme les mots qu'il prononçait n'étaient qu'une suite d'automatismes. Les saluts, les formules de politesse, la fouille de la sacoche à la recherche du stéthoscope... ces banalités se déroulaient, comme en dehors de lui, alors même que ses pensées étaient tout à ses ennuis de voisinage. Ce voyou de Holf lui avait dérobé ses plants de tomates, vraisemblablement en escaladant la clôture, et sa femme était dans tous ses états. Il avait intérêt à récupérer ces fichus plants s'il voulait manger des tomates cet été. Le policier qu'il avait rencontré lui avait demandé s'il possédait une preuve plus tangible que sa bonne foi quant au propriétaire légitime des plants, et il réfléchissait à présent activement à l'endroit où eût pu se trouver le reçu des pots qu'il avait achetés quelques années auparavant, lorsque sa femme s'était soudain prise de la lubie du jardinage.

Au sein du monde physique, il voulut saisir l'avant-bras de son patient.

— Vos gants, rappela Tobias.

La voix avait sonné comme une remontrance. En réalité, il s'agissait d'une supplique.

— Pardonnez-moi, se reprit le docteur.

Le faux pas sembla le ramener davantage à ce qu'il faisait, ses soucis personnels se firent moins bruyants, comme si la porte donnant sur une grande réception s'était soudain fermée. D'autres pensées dominèrent l'esprit du médecin, celles-ci plus axées sur l'examen qu'il devait mener.

Tobias répondit à ses questions, l'informa de l'intensité des douleurs alors que le jour n'était pas encore levé, et de leur persistance les après-midis, malgré le traitement. Il accepta sans broncher quelques étirements, qui soulignèrent seulement que son état n'évoluait pas. Quelques minutes de ces exercices inutiles laissèrent ses muscles endoloris.

— Essayons de vous faire marcher un peu, proposa le médecin, optimiste.

— Vous plaisantez ? s'irrita Tobias. Pourquoi cela se passerait-il différemment cette fois-ci ? Vous voyez aussi bien que moi que rien n'a changé.

— Mais, Tobias... commença sa mère.

— Ça suffit !

Il s'était exclamé comme si cela pouvait faire taire les pensées étrangères qui envahissaient son esprit, mais c'était impossible. Pour ne rien arranger, Miriane, l'aide qui l'appuyait dans diverses tâches quotidiennes et effectuait les injections d'antidouleur, approchait en soupirant intérieurement. Elle avait aperçu le docteur Jeanpinçon à son arrivée au manoir et savait que Tobias n'était jamais de bonne humeur après ses visites. Son appréhension excéda encore davantage ce dernier.

— Je suis fatigué, dit-il. Merci de votre visite, docteur.

Personne n'eut l'audace d'insister. Le médecin étala une feuille sur la table de chevet et rédigea une ordonnance afin que Tobias puisse se procurer les antalgiques habituels. Bien qu'animé d'une certaine inquiétude, il se résolut à recommander l'augmentation du dosage. Pendant ce temps, Miriane fut accueillie dans la chambre par la duchesse et elles disparurent dans la salle de bain privative pour faire couler un bain et préparer des serviettes.

L'aide repassa pour dénicher une chemise et un caleçon propres dans l'imposante armoire d'acajou. Ses cheveux courts étaient quasiment de la même couleur que le meuble. Elle était de taille moyenne, avec une forte carrure et portait toujours de longues jupes-culottes très sobres. On eût cru à une bonne fée sortie de l'armoire elle-même pour soutenir Tobias, s'il n'y avait pas ces jours avec et ces jours sans. Ce jour-là, en l'occurrence, elle souhaitait être ailleurs, et le jeune homme ne pouvait s'empêcher de lui en tenir rigueur.

Sa mère revint saluer le départ du docteur. Tous craignaient que le moindre mot ne déclenchât la colère de Tobias. Le docteur et Miriane voyaient son attitude puérile et injuste, sa mère la comprenait mieux, mais sa pitié était tout aussi pénible. Qu'ils disparaissent tous de sa vue ! Le docteur le salua avec la forme nécessaire, s'inclina devant la duchesse et quitta enfin la pièce.

— Laissez-moi seul, dit Tobias aux deux femmes.

— L'eau de ton bain est chaude... commença sa mère.

— Plus tard ! Sortez !

Elles obéirent. Tobias suivit leurs idées moroses jusqu'à ce qu'elles eussent atteint l'angle du couloir. Ses muscles le faisaient encore souffrir, mais il était enfin seul avec ses pensées. Comme toujours, le soulagement fut immense.

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R.Azel
Posté le 28/11/2023
Au cours de ma vie, il m'est souvent arrivé de croiser des portails de cimetière bien plus sympathiques et plus accueillants que ce Tobias. °¬°
On comprend bien qu'il s'agit là d'un enfant un peu trop gâté. Certes, son état de santé laisse à désirer. Mais on dirait surtout qu'il le met à profit pour faire valoir ses caprices.
Le texte est plutôt plaisant, quoi qu'un peu trop détaillé à mes goûts. À mon avis, un gros défaut de la littérature francophone. Mais j'ai vu pire, hein. J'espère que ce ne sera pas mal prit. Ce n'est pas une critique, juste un constat. ^_^'
MarineD
Posté le 27/12/2023
Non, je ne le prends pas mal. Ici, le niveau de détail est parfaitement maîtrisé et voulu. Le Vœu de Yoko est mon troisième roman, et j'aime bien varier le style d'un roman à l'autre, ça fait partie du fun. Mon premier roman est justement beaucoup dans l'action, avec assez peu de descriptions et une héroïne très jeune qui ne se pose pas trop de questions. Ici, j'avais envie de renouer avec une prose un peu plus soutenue qui m'a emmené vers la fantasy il y a longtemps, et un rythme plus calme et contemplatif. C'est pas un défaut, c'est juste ce que j'ai choisi de faire pour ce texte là, après on aime ou on n'aime pas, chacun ses goûts.
R.Azel
Posté le 27/12/2023
Comme je le disais, ce n'était en rien une critique. Je sais que ça se fait souvent et je comprends le pourquoi de ce choix, si le but est un rendu plus calme. Qui plus est, varier le style c'est bien aussi. Ça permet d'éviter de possibles similitudes entre deux récits. o_~
Peridotite
Posté le 05/09/2022
Bonjour Marine,
J’ai lu ton premier chapitre et je t’envoie mes ressentis ci-dessous :

++
Le texte est intéressant. L’idée que Tobias est télépathe et que ce pouvoir le rende malade est bonne. Les infos que tu distilles sont suffisantes pour immerger le lecteur. À la fin du chapitre, je suis intriguée et j’ai envie de lire la suite.
Tu en dis suffisamment pour qu’on comprenne que Tobias est duc, on comprend bien sa position sociale.

--
Le fait qu’il lise les pensées pourrait être amené plus en avant dans la première moitié, avec des exemples très concrets des pensées de sa mère qui pourraient être originales et en décalage avec ce que vit Tobias. Elle pourrait ne même pas penser à lui du tout à ce moment.
Les pensées de Tobias sont plus ou moins claires, mais pourraient être encore plus développées, de manière subtile. De même, sa souffrance physique ou le fait qu’il soit sous anti-douleur pourrait être décrit.
Le fait qu’il est duc et sa mère duchesse pourrait être visible dans leur façon de s’exprimer, un peu plus soutenu. Sa mère emploie « ça » alors que je l’imaginerais plus utiliser « cela »
Attention à quelques maladresses stylistiques que j’ai relevées en bas, notamment des répétitions et l’usage de nombreux adverbes qui alourdissent les phrases.
J’ai pris des notes au cours de ma lecture, je te les mets ci-dessous :

Voici mes notes au courant de la lecture :
« — Mère, tu me déranges ! »
S’il l’appelle « mère », ne doit-il pas la vouvoyer ?
« — Si ça te fait plaisir. »
Ce ne serait pas mieux en mode plus soutenu, au moins pour la mère en utilisant « cela » au lieu de « ça » ? Tu dis qu’ils ont des domestiques, mais aussi « duchesse ». Employer un ton légèrement au-dessus montrerait d’emblée leur statut social.

« Il s'apprêta à la chasser »
Vraiment ? Tobias ne semble pas si méchant. Est-ce vraiment le terme que tu voulais employer ?

« qu'une autre présence venait encombrer son esprit »
1ere lecture : Pas que son esprit : le médecin est là en personne.
2e lecture : À ce moment-là, ce n’est pas clair que Tobias est télépathe. Ses pensées envahirent son esprit. Tu pourrais ajouter des pensées envahissantes à tes persos, captés par Tobias.

« comme les domestiques n'étaient pas admis ici » suivie plus loin de « Il tendit volontiers son chapeau à son hôtesse et s'extirpa maladroitement de son long imperméable marron. » et « Pendant ce temps, Miriane fut accueillie dans la chambre par la duchesse »
La première phrase sous-entend qu’ils ont des domestiques, mais qu’ils ne sont pas admis dans sa chambre. On parle d’une duchesse quand même. Pourquoi les domestiques n’ont-ils pas pris le chapeau et le manteau du docteur, avant qu’il ne monte dans la chambre du malade ?

À partir de cette phrase, «ses soucis personnels se firent moins bruyants, comme si la porte donnant sur une grande réception s'était soudain fermée », je comprends que Tobias est télépathe, c’est intriguant. Je comprends mieux mes notes précédentes. Cela devrait être amené par petites touches, en ajoutant qu’il ressentait les pensées ou quelque chose, car on peut croire qu’il s’agit d’une erreur d’utilisation des points de vue. Par exemple, il manque les pensées de sa mère au début, quelque chose de concret et d’original, non centré sur lui. Elle pourrait être distraite par autre chose que lui, et vu qu’il a un caractère désagréable, cela pourrait l’ennuyer par exemple.

La question du point de vue et du pouvoir de Tobias
Voici mes notes prises au cours de la lecture
« Elle appartenait à une femme aux joues potelées, avec des lèvres minces […] »
Je trouve que cette phrase ne va pas si on est dans le point de vue de Tobias, car il sait d’emblée qu’il s’agit de sa mère. Pourquoi ne le saurait-il pas ?
« La beauté des premières roses et des lilas mauves, leur fragrance, la splendeur retrouvée des aulnes et des marronniers lui donnaient l'impression de revivre un peu. »
Si tu es du point de vue, cette description ne devrait pas être là, car Tobias ne voit pas le jardin de son lit. Cela brise l’immersion du lecteur avec Tobias.
2è lecture : ce n’est pas assez clair que Tobias est télépathe. J’ai d’abord cru à une erreur d’utilisation des pdv comme tu vois. Je comprends ton intention d’amener l’info petit à petit, donc j’ajouterais un indice pour montrer que c’est fait exprès. Du genre sa migraine augmente, dès qu’il perçoit que sa mère trouve les fleurs jolies ou qu’elle préfèrerais des roses que des lilas, le jardinier n’a rien écouté cette année, que sais-je.

« Le docteur […] se dirigeait d'un pas vif sur sa porte. »
Cette phrase a un problème grammatical. Peut-on se diriger sur une porte ? De plus, cela rejoint mes remarques précédentes sur le point de vue et le pouvoir de Tobias. Tobias ne le voit pas arriver. Il pourrait sursauter ou quelque chose quand il perçoit sa présence. Après tout, son arrivée est désagréable pour lui. Il manque les émotions de Tobias en mode « show », sa douleur, ses migraines etc
« Ce voyou de Holf lui avait dérobé ses plants de tomates, vraisemblablement en escaladant la clôture, et sa femme était dans tous ses états. Il avait intérêt à récupérer ces fichus plants s'il voulait manger des tomates cet été. Le policier qu'il avait rencontré lui avait demandé s'il possédait une preuve plus tangible que sa bonne foi quant au propriétaire légitime des plants, et il réfléchissait à présent activement à l'endroit où eût pu se trouver le reçu des pots qu'il avait achetés quelques années auparavant, lorsque sa femme s'était soudain prise de la lubie du jardinage.”
Ce paragraphe est bizarre. Je te conseillerais de mieux séparer les pensées des autres, en sautant une ligne par exemple. Il manque la pensée de Tobias qui devrait être agacé selon moi. Ou bien angoissé à l’idée de se faire diagnostiquer queqlque chose.

« La lumière du jour faisait apparaître les marques d'un long chagrin. Les petites rides sur le front et au coin des yeux, les cernes creux au-dessus des pommettes. »
Selon moi, ces deux phrases marcheraient mieux si elles étaient inversées. En gros, tu dis elle est triste car on voit ça sur son visage. Je pense que ce serait mieux son visage exprime ça, donc elle est triste. Je ne sais pas si c’est clair… 😊

« Ses gestes comme les mots qu'il prononçait »
Ses gestes comme ses mots ? Ce serait moins lourd dans la phrase selon moi. C’est comme si tu disais les gestes qu’il faisait et les mots qu’il prononçait. Le « qu’il prononçait » est implicite.

Comme Tobias est télépathe, ce paragraphe mériterait d’être développé, afin d’avoir vraiment les pensées de Tobias. Ce serait bien
« Sa mère revint saluer le départ du docteur. Tous craignaient que le moindre mot ne déclenchât la colère de Tobias. Le docteur et Miriane voyaient son attitude puérile et injuste, sa mère la comprenait mieux, mais sa pitié était tout aussi pénible. »

Idem pour les dernières phrases. Je trouve ton idée très bonne : le fait que lire les pensées l’épuise, voire le rende malade
« Tobias suivit leurs idées moroses jusqu'à ce qu'elles eussent atteint l'angle du couloir. Ses muscles le faisaient encore souffrir, mais il était enfin seul avec ses pensées. Comme toujours, le soulagement fut immense.” Je développerais plus ce paragraphe si j’étais toi.


Attention aux nombreuses répétitions :
Voir : « Voyant que son fils était éveillé » est suivi de « mais sa mère le vit. »
Ouvrir « qu’elle l’avait ouverte » et « veux-tu que j’ouvre »
Mère « sa mère écartait les bras », 1 phrase puis « mère tu me dérange », phrase d’après « s’il l’appelle mère »
Fenêtre dans le même paragraphe 3 fois
« longue inspiration » « long chagrin »
« au coin des yeux » 1 phrase puis « il baissa […] les yeux »
« poser sur la pile » phrase suivante « reposa l’ouvrage »
« un temps » même phrase « longtemps »
« serait capable d’ajouter » 2 phrases puis « il allait ajouter »
« s’inclina rapidement » 1 phrase puis « s’inclinant un peu plus bas »
« déposer les vêtements » phrase suivante « déposant sa sacoche »
Je te les liste tel quel dès qu’un mot revient proche d’un autre : Docteur, Sacoche, Tomate, plants, soudain, faire, visite, armoire, docteur, seul, enfin
« dans la salle de bain privative pour faire couler un bain »
Jours 3 fois en 2 phrases : « s'il n'y avait pas ces jours avec et ces jours sans. Ce jour-là, en l'occurrence,”

Je trouve que les adverbes alourdissent.

J'espère que mes ressentis t'aideront à consolider ton texte,

Globalement, j'ai bien aimé :-)
Tom Bragulat
Posté le 18/08/2022
Coucou !

J'ai trouvé ce premier chapitre à la fois fluide à la lecture et riche en informations sur la psychologie des personnages.
Tobias est d'ores et déjà très profond, on sent ses luttes intérieures : la frustration d'être dépendant de son mère et de Miriane, couplée à un sentiment de culpabilité, le tout exacerbé par cette aptitude à percevoir les pensées de ceux qui l'entourent !

Bien qu'il ne s'agisse que d'une entrée en matière qui ne me donne pas beaucoup d'informations sur ce qui va suivre, le côté atypique de cette mise en place me donne envie de découvrir la suite !
J'ai encore du mal à saisir le contexte (ou sommes-nous ? quel type d'univers, d'époque ?) mais je suis certain que les chapitres suivants répondront à ces questions là ! ^^

Une petite faute que j'ai relevée en cours de lecture, s'il te prend l'envie de la corriger :
- La lumière envahit la pièce "tendis" que => "tandis"
MarineD
Posté le 18/08/2022
Hello !

Ouch, merci pour cette horrible typo \o/ je suis toujours désespérée de voir à quel point il en reste toujours malgré mes relectures.

Contente d'avoir piqué ton intérêt ;)
Je ne fais pas vraiment dans la narration encyclopédique, j'ai tendance à dévoiler l'univers petit à petit au rythme de ce que vivent les personnages, je serais curieuse de connaître tes conclusions sur les chapitres suivants, si tu as envie de continuer :)
Mlle Ellute
Posté le 11/07/2022
J'aime beaucoup cette rencontre avec Tobias jeune, tellement différent du Tobias de Suzuha que je me dit qu'il va beaucoup évoluer. J'ai été très vite happée par la présentation de ses souffrances qu'on imagine permanente.
Part contre, comme dans Suzuha je suis un peu perdue sur le 'niveau technologique' de l'univers. Il y a une duchesse et des antalgiques, ça laisse mon cerveau perplexe mais je devrais m'habituer :)
Mlle Ellute
Posté le 11/07/2022
Ps : il y a une petite faute de frappe au début : "la battant"--> "l'abattant" je pense.
MarineD
Posté le 12/07/2022
En fait c'est "le" battant (partie mobile de la porte), merci beaucoup d'avoir vu ça, je pense avoir lu et relu cette phrase une bonne cinquantaine de fois et personne ne me l'avait jamais dit -______-'

Je crois bien que tu es ma première lectrice sur PA à avoir déjà lu un autre de mes livres avant, ça va donner à tes retours une saveur bien particulière, c'est cool =D
Je vais pas te donner plus d'indications que ça sur le repère temporel, comme ça je verrai bien comment tu le sens sur l'ensemble du récit (si tu accroches) ^^
Saphir
Posté le 09/01/2022
Salut !
Ta plume est très fluide et très facile à lire, sans fautes d'orthographe qui interrompent la lecture, bravo !
Ça me donne envie de lire la suite de ce pas.
A bientôt
MarineD
Posté le 10/01/2022
Merci Saphir,
J'espère que la suite te plaira. Si tu vois la moindre faute, n'hésite pas à me la remonter, que je corrige ça :)
J'ai travaillé Renaissance exactement comme mes autres romans, je vise la même qualité que pour n'importe quel e-book.
lavoixdusabre
Posté le 01/12/2021
Très surprise par ton écriture. Une des premières découvertes sur la plume vraiment prenante. Je vais vite me plonger dans la suite. En plus la lecture est le pencha't du personnage donc je valide doublement
MarineD
Posté le 01/12/2021
Oh, merci beaucoup :D
J'espère que la suite parviendra à t'embarquer tout autant (un personnage qui adore la lecture, je me demande bien d'où j'ai tiré cette idée x))
Nanouchka
Posté le 26/11/2021
Bonjour Marine :)

Je suis impressionnée par la fluidité de ton écriture. J’allais d’une phrase à l’autre avec simplicité et curiosité. Je me suis tout de suite sentie à l’aise dans la pièce et parmi les personnages.

Quelque chose que j’aurais aimé dans ce chapitre : j’aurais adoré que tu développes son goût pour la lecture, parce que ça a l’air d’être la seule chose qui le fait vivre encore. Est-ce qu’il lit plutôt des romans ou des essais ? Est-ce qu’il relit toujours le même livre ? Comment il se procure de nouveaux livres s’il ne sort jamais de chez lui ?
MarineD
Posté le 26/11/2021
Bonsoir Nanouchka,
C'est vrai, Tobias lit énormément de choses différentes. Tu trouveras des références à ses lectures tout au long du récit, mais c'est vrai que je n'ai pas tellement insisté dessus dans un chapitre en particulier.
Merci beaucoup pour ce commentaire :)
noorlayluna
Posté le 19/11/2021
Et bonjour, premier chapitre très prometteur, quelques choix surprenants (Tobias est finalement plus décrit par son état que son apparence) mais qui rendent l'intérêt plus présent, même si on a déjà le portrait de sa mère, qui est absolument adorable. J'apprécie beaucoup ton style d'écriture, très simple à lire et entraînant. Pour le récit je suis curieuse de connaître davantage Tobias. En tout cas ce qui est sûr c'est qu'il n'est pas heureux du tout... Plein de câlins à lui.

Hâte d'en savoir plus ! ^^
MarineD
Posté le 19/11/2021
Merci beaucoup pour ton commentaire,
En effet, j'ai voulu centrer ce premier chapitre sur le ressenti de Tobias, mais le prochain devrait te donner une meilleure idée de son apparence ;)

J'espère que la suite te plaira (tu decouvrira au fil de l'histoire l'effet de tes câlins ^^)
Imane
Posté le 19/11/2021
Hello !! Super chapitre. J'adore la focalisation utilisée. Là où le personnage pourrait paraître mal-aimable, il est à la place attachant. On comprend sa douleur et ce qu'il doit ressentir.
J'ai vraiment hâte d'en savoir plus.
Et puis c'est très bien écrit, on capte si bien la voix du personnage :)
MarineD
Posté le 19/11/2021
Bonjour Imane, merci beaucoup !
Je suis heureuse d'être parvenue à transmettre le mal-être de Tobias, j'espère que la suite te plaira :)
Edouard PArle
Posté le 06/11/2021
Coucou !
C'est un très bon chapitre d'introduction de personnage je trouve !
Tu nous décris un garçon convalescent acariâtre et sec avec ceux qui l'aiment. Et en même temps sa convalescence nous le rend super attachant. Donc à la fois on l'aime et en même temps tu le montres nuancé, joli tour de force xD
Ce chapitre sonne super "vrai", le mal-être du convalescent perce quand il parle des cadeaux entassés avec la fin de son coma.
J'aurais bien appuyé sur "suivant" mais je vais devoir attendre un peu ^^^
A bientôt !
MarineD
Posté le 06/11/2021
Bonsoir Edouard,
Merci pour ce commentaire, "vrai" est sans doute le plus beau compliment que je pouvais recevoir. Ce que tu décris correspond bien à ce que je cherchais à atteindre, je suis heureuse d'être parvenue à créer de l'empathie pour Tobias :)
Les chapitres suivants vont arriver régulièrement, tu n'auras pas à patienter très longtemps ^^
À bientôt !
Elka
Posté le 06/11/2021
Bonjour MarineD !
Voici un premier chapitre très délicat, j'ai trouvé. Ton écriture toute douce s'accordait à merveille avec la prudence extrême de cette maman, partagée entre son envie de prendre le taureau par les cornes pour que son fils ne se laisse pas dépérir, et sa peur de le fâcher de façon irrévocable.
Je l'ai lu comme ça, en tout cas.
J'ai trouvé chouette comme l'humeur acariâtre de Tobias, qui aurait pu être tournée de façon presque humoristique, est en fait lourde de mal-être. L'escalade jusqu'au docteur et son "rien a changé" fonctionne hyper bien. J'ai déjà beaucoup d'empathie pour lui et on est assurément curieux de savoir ce qu'il s'est passé (je crois que tu le dis en résumé, mais j'ai tendance à les lire en diagonal pour avoir plus de surprises à la lecture).

Bonne continuation !
MarineD
Posté le 06/11/2021
Merci beaucoup pour ce premier commentaire qui fait chaud au coeur, Elka (le tout premier de mon expérience Plume d'Argent \o/)

Je suis heureuse d'avoir réussi à transmettre le mal-être de Tobias et j'espère sincèrement que l'évolution de son personnage le rendra attachant.
Le résumé reste volontairement très vague sur ce qui lui est arrivé, réponse dans les prochains chapitres :)
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