Tournez PAnège ! La fête des Alliances

Par Praline
Notes de l’auteur : Petite remise en contexte avant de commencer !
" Baudry Belley est un enquêteur d’une cinquantaine d’années. Il essaye de faire son métier du mieux qu’il peut, même s'il n'a pas beaucoup de travail à cause de taux de criminalité plutôt bas de sa ville. Baudry Belley n’est pas très séduisant, il est aussi un peu ennuyeux, mais son nom et son autorité sont connus de tous. "<br />
Vous pouvez le retrouver dans Astel, fiction originale écrite par Ethel. Vous retrouverez aussi une brève apparition de Corto Manning, le "chef" de la ville d'Astel. 
Les autres personnages viennent de ma fiction, La Recenseuse des Mondes. 
 Bonne lecture ! \o/

L’inspecteur Baudry Belley  ne prenait pas de vacances. C’était l’un de ses principes : le boulot avant tout le reste. Et les récents événements qui s’étaient produits à Astel renforçaient cette conviction. Non pas que Baudry n’avait pas de vie privée, non. Il avait surtout un sens aigu des responsabilités. Il était inspecteur de police, tout de même, et la protection de la ville était sa priorité absolue. C’est pour cela qu’il ne prenait jamais de vacances.

Pourtant, Baudry Belley se retrouvait là, en short et sandales, au milieu d’une place inconnue grouillante de monde. Déstabilisé, le petit homme se demandait encore comment il avait fait pour atterrir dans cette galère.

Trois semaines plus tôt, le Sum en personne l’avait convoqué. Il s’était rendu au Conseil des éligers, confiant. Ce n’était pas la première fois qu’il devait y aller, surtout depuis l’accident de four et celui de la voiture. Corto Manning  l’attendait, assis derrière un imposant bureau en chêne. Baudry, bien qu’il soit déjà venu auparavant, avait eu du mal à dissimuler sa nervosité.

-  Mon cher, très cher Baudry. Vous travaillez beaucoup ces derniers temps, n’est-ce pas ?

- Effectivement, mon équipe et moi avons une tonne de dossiers à traiter. Mais c’est pour la bonne cause, monsieur, ajouta-t-il précipitamment devant l’air sévère du Sum.

- Ah ah, détendez-vous voyons, répondit Corto en perdant son sérieux. Vous faites un travail remarquable. Vraiment. Mais nous nous inquiétons pour vous.

- Comment ça ?

La sueur avait perlé sur son front- Baudry transpirait à vitesse grand v dès qu’il était nerveux. Il l’avait discrètement tamponnée avec un mouchoir. On ne se présentait pas à Corto Manning avec un front luisant.

-  Je vais être direct : vous travaillez trop. Regardez-moi ces cernes de dix pieds de long !

Baudry s’était senti vexé mais n’en laissa rien paraître. Il savait qu’il n’était pas bel homme, mais tout de même. On ne parlait pas comme ça des cernes des gens…

- C’est pour cela que nous vous accordons des vacances. Non. Nous vous forçons à prendre des vacances. Deux mois complets, tout frais payés par le Conseil. Enfin, dans la limite du raisonnable.

- Mais, je…

- Tututu. Pas de mais qui tienne, Belley. J’ai ici votre dossier qui me dit que cela fait trente et un ans que vous travaillez pour la ville et qu’en trente et un ans, vous n’avez jamais pris de congés. Alors vous les prendrez ces vacances, et vous allez vous amuser.  On vous autorise même à sortir d’Astel, profitez-en. Pour vous a-mu-ser. Pas pour enquêter.

Baudry Belley n’avait eu d’autre choix que d’opiner du chef. On ne refusait rien au Sum, pas même des vacances.

Il avait donc fait quelques recherches sur les destinations possibles – le Conseil lui avait fourni une liste de lieux autorisés- mais n’avait rien trouvé d’intéressant. Jusqu’à ce qu’il tombe sur la Cité, cette ville fortifiée, en étoile, comme la sienne. L’idée lui avait plu : une ville qui ressemblait un peu à Astel, sécurisée et d’apparence bien ordonnée. Bien qu’il soit inspecteur de police, il n’était pas friand d’aventures et ne se voyait pas passer les deux mois suivants en pleine nature ou dans une ville sous-marine. C’était donc décidé pour la Cité.

Et le voilà qui se trouvait au milieu de cette place, complètement perdu, à maudire intérieurement Corto Manning et les éligers. Le brouhaha l’empêchait de se concentrer (selon la brochure l’endroit était calme), les gens couraient dans tous les sens (les citéens étaient on ne peut plus disciplinés) et des dizaines de papiers colorés jonchaient le sol (la propreté de la ville était légendaire). Alors qu’il se baissa pour en ramasser un, le klaxon d’une bicyclette résonna à ses oreille, mais trop tard. Baudry se retrouva le nez par terre, un papier jaune collé à la joue.

- Crévindjou, pardon pardon, m’sieur, j’vous avais pas vu.

Deux mains fermes l’agrippèrent sous les aisselles et le décollèrent du sol. L’inspecteur se redressa péniblement et épousseta ses vêtements. Son genou gauche s’était écorché dans sa chute. Il grimaça.

- Chui désolé, m’sieur, pardon, ne dites rien au Conseil, j’vous jure, j’ai glissé sur ces fichus papiers…

Un drôle de petit bonhomme, plus petit encore que Baudry, vêtu d’orange des pieds à la tête, se balançait nerveusement devant lui. Sa bicyclette gisait un peu plus loin, une roue tournait dans le vide. Sa joue saignait.

-  Pourquoi diable irais-je déclarer un accident mineur à votre Conseil ? Allons donc. Et regardez votre bicyclette, il semblerait qu’elle soit à réparer…

Il redressa le vélo et examina la roue arrière. Il n’était pas rancunier, et ce petit homme était au bord des larmes. Ses vêtements râpés, la saleté sous ses ongles, la rouille qui mangeait le cadre du vélo, des détails qui ne trompaient pas. Baudry se radoucit et lui tendit la main.

- Baudry Belley,  je viens d’Astel et je suis en vacances dans votre ville pour quelques temps.

Le bonhomme hésita un bref instant, avant de saisir vigoureusement sa main et de la secouer de haut en bas.

- Saperlotte, ça alors, un vacancier chez nous ! Moi c’est Lambert. Lambert Vadeboncoeur. La ville vous plaît ?

- Eh bien, je viens d’arriver et… Je suis un peu étonné. La brochure disait que la ville était calme.

- Ah ça mon bon m’sieur, c’est parce qu’on prépare une grande fête. Ce bazar là, c’est pas habituel chez nous, non, non. Ca commence ce soir, pis tout l’monde est pris d’panique parce que c’est pas encore prêt.

Ce parlant, il lui fourra un des papiers colorés dans les mains, que Baudy s’empressa de lire.

«  Le Grand Conseil vous invite à la soixantième édition de la Fête des Alliances ! Elle se tiendra à 20h30 sous le Grand Chapiteau dressé exceptionnellement au pied de la Colline. Venez nombreux !

Les inscriptions pour les hommes se font sur place. »

 

 Lambert se gratta la tête, en proie à une réflexion intense.

- Mais vous savez quoi ? J’y vais, moi, à la fête. Ca vous dirait que j’vous y emmène ?

Devant le sourire engageant du bonhomme orange, Baudry ne put qu’accepter. Et avoir un guide dans ces terres inconnues ne lui serait que bénéfique, après tout. Ils convinrent de se retrouver sur la place à 20h et Lambert repartit en poussant péniblement son vélo bancal.

Après avoir trouvé son hôtel, soigné son écorchure et exploré les Quais de la Cité où il avait observé quelques courageux pêcheurs, l’inspecteur se mit en route pour la Place du Commerce. Le capharnaüm de la matinée avait laissé place à une tranquillité que Baudry goûta avec délectation. Peut-être que le Sum avait raison, tout compte fait. Il avait besoin de repos.

-  Hé, l’ami !

Lambert arriva dans son dos, débarrassé de son accoutrement orange. Il avait revêtu à la place un costume trois pièces marron limés aux manches et rapiécé çà et là. Baudry regretta d’avoir gardé son short et ses sandales, la fête était peut-être plus guindée qu’il ne le pensait.

- A la bonne heure, vous êt’ là. J’ai eu peur qu’vous soyez perdus. Allons-y, il se fait pas tôt, nom d’un chien.

Tout en bavardant, le petit homme attrapa l’inspecteur par le bras et l’entraina vers un immense chapiteau monté au pied d’une butte qui surplombait la ville. Une foule de gens faisaient déjà la queue à l’entrée. En s’approchant, Baudry constata qu’il ne s’agissait que d’hommes.

Après avoir patienté une bonne vingtaine de minutes, ils arrivèrent devant une petite table où deux femmes âgées prenaient des noms dans un grand registre. Lambert les inscrivit et ils entrèrent.

Au milieu du chapiteau se dressait une petite estrade avec un micro. Derrière celle-ci s’étendait une grande table, où étaient assis une dizaine d’hommes, la mine grisonnante. Ils discutaient à voix basse, un verre de vin à la main pour certains. Autour de l’estrade, de petites tables étaient disposées de manière aléatoire. Et au fond, à côté de l’entrée, se trouvait un majestueux buffet qui leur mit l’eau à la bouche. Mais Baudry dut ignorer les grondements de son ventre ; un jeune homme blond, habillé d’un élégant costume de soie indigo, était déjà sur la scène et demandait l’attention du public.

- Mes très chers citéens, bienvenue à la Fête des Alliances. Je suis Isidore Aprin, votre hôte pour la soirée.

Une salve d’applaudissements retentit dans la salle. Lambert se pencha à l’oreille de Baudry pour lui expliquer qu’Isidore était une figure importante de la Citée.

-  C’est l’plus jeune Grand Architecte qu’on ait jamais eu ici, lui souffla-t-il.

Baudry se demandait bien ce qu’était un Grand Architecte et pourquoi il était si important, mais il n’eut pas la réponse. Lambert avait les yeux rivés sur ce monsieur Aprin, comme tout le monde sous le chapiteau.

- Comme vous le savez, le mariage est une institution sacrée. Il permet aux êtres qui s’aiment de se réunir, mais surtout à notre chère Cité de continuer à fleurir. Malheureusement, il arrive à certains d’entre nous d’être trop occupé par sa Fonction pour trouver chaussure à son pied.

Cette affirmation provoqua des rires dans l’assemblée. Même Baudry se sentit un peu concerné. C’est vrai qu’il n’avait pas le temps de rencontrer quelqu’un, sans doute parce qu’il était très investi dans son travail d’inspecteur. Mais ça ne lui avait jamais posé problème jusqu’à lors.

- C’est ainsi qu’une fois par an, le Grand Conseil nous offre cette merveilleuse opportunité de rencontrer les jeunes filles à marier et de former, nous l’espérons, une alliance riche en descendance. Avec, bien sûr, le consentement des parents !

Isidore Aprin fit un geste, désignant un groupe d’adultes plutôt joyeux qui se tenait un peu à l’écart. Baudry commença à paniquer : dans quoi donc Lambert l’avait-il amené ?

- Messieurs, je vous rappelle les règles. Vous avez dix minutes pour discuter avec la demoiselle. Au gong, vous changez de table et vous dirigez vers celle de votre droite. Il est interdit d’aborder les sujets suivants : les résultats des concours de fin d’étude, le montant du salaire, les tâches précises de vos Fonctions respectives et le… mmmh… devoir conjugal. En cas de débordement, nous avons le droit d’interrompre la session. Bien, maintenant, accueillons les demoiselles comme il se doit !

A ces mots, une foule de filles plus ou moins jeunes, vêtues de longues robes et  chargées de bijoux, entrèrent dans le chapiteau par une porte dérobée. La plupart, sous leur maquillage outrageux, arboraient un sourire ravi. Les autres affichaient clairement leur ennui. Baudry songea qu’elles n’étaient pas là de leur plein gré, sans doute forcées par leurs parents. Un peu comme lui, finalement. Corto Manning l’avait obligé à prendre des vacances. Et Lambert l’avait attiré là-dedans, sans lui expliquer que cette fête n’était en fait qu’un speed-dating géant. Alors qu’il envisageait de partir, on le tirait déjà par le coude et le forçait à s’asseoir en face d’une fille à la gencive proéminente.

Ce fut l’heure la plus longue de la vie de Baudry. Il passait de table en table pour converser avec des filles trop apprêtées, dont la conversation était la plupart du temps vide de sens. Il passa même dix minutes avec une demoiselle qui ne pipait mot, contraint à meubler le silence en parlant tout seul. Et impossible de s’enfuir : Isidore Aprin veillait au grain, perché sur son estrade.

Le gong sonna, il changea de table et se retrouva assis en face d’une énième jeune fille. Mais, cette fois, sans savoir pourquoi, il pressentit que les dix minutes à venir passeraient bien trop vite.

Celle qui lui faisait face ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Elle avait les cheveux courts tout ébouriffés et n’avait visiblement fait aucun effort vestimentaire. Elle portait un chemisier blanc simple sans aucune fioriture. Elle remuait distraitement une paille dans son verre, ses grands yeux verts perdus dans quelques pensées qu’elle seule connaissait. Comme si elle était détachée du monde qui l’entourait. Elle paraissait si… différente. Le cœur de Baudry rata un battement.

- Bonsoir, je m’appelle Baudry Belley.

- Louise Aprin, répondit-elle avec un petit sursaut.

Baudry regretta presque l’avoir tirée de ses rêveries. Il scruta son visage sans maquillage et la trouva jolie. Tout en serrant sa main fine, il se demanda si elle était apparentée à cet Isidore. Elle semblait à mille lieues de cet extravagant personnage.

- Alors, euhm, monsieur Belley… Quelle est… Quelle est votre Fonction ici ?

Elle faisait visiblement un effort de conversation. Il apprécia son initiative, même s’il se sentait mal à l’aise de la forcer à discuter.

- A vrai dire, je ne viens pas de la Cité. Je suis en vacances ici. Ma ville s’appelle Astel- c’est assez loin d’ici. Sinon, en temps normal, je suis inspecteur de police.

- Je vois… Est-ce que cette Astel fait partie des… Peuples Libres ? demanda-t-elle avec inquiétude.

- Pas à ma connaissance, non. A vrai dire, nous ne sommes pas vraiment… Libres, répondit-il dans un souffle.

A ces mots, la nervosité de la jeune fille semblait s’être dissipée. Le silence fit place à une foule de questions intéressées sur Astel et sur ce qui avait poussé un homme comme Baudry à venir s’aventurer à la Cité. S'ensuivirent des plaisanteries subtiles sur l'absurdité de cette soirée, une discussion enflammée sur la nécessité de se marier ou non, et enfin un échange sur leurs goûts en matière de littérature. Elle était curieuse et vive d’esprit. Baudry se régalait de la conversation malgré sa conscience qui lui soufflait de faire attention. Après tout, elle avait l’âge d’être sa fille...

Juste avant que le gong ne retentisse, il s’aventura tout de même à poser une question qui lui trottait dans la tête. Une question dangereuse.

- Je… J’aurais voulu savoir si… Eh bien, si vous étiez libre pour me faire visiter la ville ?

Elle ouvrit la bouche mais l’inspecteur n’entendit pas la réponse, couverte par le résonnement grave du gong. Il se leva à contrecœur, lui adressant un dernier signe de tête. Une boule dans la gorge l’empêcha de déglutir. Pourquoi avait-il fait ça ? Inviter une fille si jeune à lui servir de guide… Il voulut faire demi-tour et s’excuser, mais déjà, un autre homme prenait sa place.

La table suivante lui réserva une autre surprise. Au lieu d’y trouver une jeune fille, Baudry se trouva assis face à… Un homme. Un homme blond aux yeux bleus, comme Isidore Aprin, et comme la plupart des gens qu’il avait croisé, d’ailleurs.  Il portait à son élégante veste en lin une rose rouge. L’inspecteur hésita : peut-être que cette table ne faisait pas partie de la soirée.

- Asseyez-vous, voyons. Je ne vais pas vous manger, lui adressa le jeune homme avec un grand sourire.  Je m’appelle Gemain. Germain d’Honorée, Grand Ambassadeur. Et vous, bel inconnu ?

Baudry était partagé entre le fou-rire et la politesse. Jamais ne l’avait-on qualifié de « beau », lui-même trouvait cela risible. Et que diable faisait cet homme à des rendez-vous organisés pour marier les filles célibataires ? Mais, en homme bien élevé et ouvert d’esprit qu’il était, il s’assit docilement et répondit à ses questions, comme il l’avait fait avec toutes les autres femmes jusqu’ici.

Non, il se trompait. Pas avec toutes. Pas avec Louise Aprin. Il secoua la tête pour la chasser de son esprit, avant de se concentrer à nouveau sur cet étrange ambassadeur.

Au bout des dix minutes, le gong sonna deux fois et Isidore remonta sur scène.

- Le temps qui nous était imparti touche à sa fin, messieurs dames. Les demoiselles ici présentes… Et Germain – Isidore eut l’air brièvement contrarié- vont maintenant prendre une décision. Si votre nom figure dans la liste qu’elles auront remise au Grand Conseil, vous serez choisis pour l’étape suivante, à savoir l’examen familial. Mais cela, ce n’est plus de notre ressort, ajouta-t-il en riant.

Les hommes se retirèrent près du buffet- l’estomac de Baudry aurait hurlé de bonheur s’il avait pu- tandis que les femmes remettaient leur liste aux conseillers assis derrière la scène. Une petite tape sur l’épaule fit sursauter l’inspecteur, mais ce n’était que Lambert.

- Alors, zavez trouvé l’amour ?

- Je… Euh, à vrai dire je n’étais pas vraiment là pour ça.

- J’ai rencontré une de ces poulettes, embraya-t-il sans même écouter Baudry. Un canon. J’pense que ça va coller entre nous.

Il lui asséna une grande tape dans le dos avant de se saisir d’une assiette. Ils mangèrent debout tout en discutant. Plus précisément, Lambert en discutant et Baudry  en faisant semblant de l’écouter. Il était perdu dans ses pensées : que se passerait-il si une femme avait inscrit son nom sur sa liste?  Et si c’était Louise Aprin ?

Isidore remonta sur scène pour annoncer les résultats. Ce fut long et pénible. Lambert n’avait pas été choisi par sa « poulette » et s’était mis à renifler bruyamment.

- Et enfin, choisi par Monsieur Germain d’Honoré… Bon sang, Germain, tu as choisi TOUS les hommes de la soirée ?

Et ce fut la fin de la fête des Alliances. Baudry entendait encore les éclats de voix d’Isidore et de Germain dans son dos quand il sortit du chapiteau. Une petite main tira sur sa manche et il se retrouva face à Louise Aprin. Une boule de noeuds se forma instantanément dans sa gorge.  

- A propos de tout à l’heure…

Le cœur de Baudry s’emballa dans sa poitrine. Mais que lui arrivait-il ? Il n’avait jamais ressenti ça pour une femme auparavant. Il inspira, expira.

- C’est… Ne le… Ne le prenez pas mal mais je dois partir. Enfin, je veux dire, je dois quitter la Cité. Pour une mission. Je pars demain. Alors euh…

- Je voulais m’excuser, la coupa-t-il brusquement. De vous avoir demandé ça. Vous ne me devez rien, et vous ne devriez pas avoir à vous justifier. Ni à inventer une excuse pour refuser. Surtout à un inconnu. Un vieil inconnu comme moi.

Il s’attendait à du soulagement, mais ne lit que de la déception sur le visage de la jeune fille.

- Je ne vous mentais pas, monsieur Belley. Je dois vraiment partir. Et vous ne m’avez pas fait peur, dit-elle en posant une main réconfortante sur le bras de Baudry.

A ce contact, il sentit une décharge électrique lui parcourir le bras. Mais que lui arrivait-il, bon sang ? Elle retira sa main. Avait-elle compris qu’elle le perturbait autant ?

- Oh, je vois. J’espère que vous ferez bon voyage, dans ce cas.

- Merci, monsieur Baudry Belley, le vieil inconnu.

Un sourire malicieux étira le coin de ses lèvres. Dieu qu’elle était belle ! Baudry ne savait plus s’il était triste ou heureux.

- Oh et… Avant de partir, pourriez-vous me donner votre adresse à Astel ?

- Bien sûr ! Mais pourquoi ?

Elle n’allait tout de même pas lui rendre visite, si ?

- Je voudrais vous envoyer un souvenir de mon voyage. Ainsi, ce sera un petit peu comme si je vous avais fait découvrir les endroits que je visiterai.

 Il griffonna son adresse sur un bout de papier en priant pour qu’elle ne remarque pas les tremblements de sa main. Il lui tendit le papier, et Louise lui planta un petit baiser sur la joue. Et, alors qu’il regardait la silhouette de Louise s’éloigner à petit pas, une pensée le traversa.

Pour la première fois de sa vie, Baudry Belley avait eu un coup de foudre.

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Isapass
Posté le 10/10/2017
Bonjour,
 
Je ne connais pas ton (ou tes) univers, étant nouvelle ici, mais j'ai A-DO-RE !
C'est vivant, c'est fluide, et surtout, c'est drôle ! J'avais un film qui se déroulait devant les yeux tellement que ton texte me parle !
Les personnages sont atypiques, donc passionnants. L'intrigue est légère sans être creuse le moins du monde.
Un bonheur !
Merci.
Est-ce qu'on peut lire le reste de ta fiction sur le site ?
EryBlack
Posté le 26/02/2017
Mooooh :') Je ne connais pas bien ton histoire, Praline, mais ce bon vieux Baudry Belley m'a toute attendrie ! Et du coup ça m'a donné envie de rencontrer ton héroïne - j'ai cru comprendre que Louise était ton héroïne ?
C'était amusant à lire ! J'avoue que j'ai pas réussi à y croire entièrement-entièrement mais ce n'est pas la faute de ton écriture, c'est juste que dans ma tête Astel est une ville fermée à tous contacts >.< Mais si je mets ça de côté, c'était drôle et bien vu comme cross-over ^^ En plus j'ai eu l'impression que tu glissais plein de détails et de personnages de ton univers, du coup, pour moi qui ai lu l'histoire d'Ethel, y'avait vraiment un côté "passage de l'un à l'autre" que j'ai trouvé très chouette !
Bravo pour ta participation :D Et à très vite ! 
Praline
Posté le 26/02/2017
Coucou Ery !
Un grand merci pour ton commentaire et ta visite :) Louise est effectivement mon héroïne.
Oui je comprends le problème. Astel est une ville fermée, et la Cité l'est tout autant, alors j'ai du imaginer une solution quand même pour les faire se rencontrer. Je tenais à le faire parce qu'ils viennent d'environnements semblables tout en étant très différents, voilà voilà. 
 
Merci encore et à très vite :D 
Keina
Posté le 20/02/2017
Je l'ai déjà dit dans le topic des extraits, mais je trouve à la fois ce texte très drôle et très tendre, et c'est un tour de force d'avoir réussi à provoquer les deux sentiments ! Tes personnages sont effectivement haut en couleur, ça donne envie de les connaître. Mais j'ai aussi éprouvé d'emblée beaucoup d'affection pour le pauvre inspecteur ! Et c'est une bonne idée de faire coexister des "univers-villes", celui d'Astel et le tien ! Bravo !
Praline
Posté le 20/02/2017
Coucou Keina,
encore une fois un grand merci de ton passage et de ton commentaire !
Je suis contente d'avoir réussi à faire coexister ces deux univers car j'aime beaucoup le travail d'Ethel. Quand à mes personnages... eh bien ils existent comme ça dans ma tête, les pauvres  je les ridiculise déjà trop :') 
 
A tout bientôt :)  
GueuleDeLoup
Posté le 20/02/2017
Hahaha, j'ai bien rigolé pendant cette histoire Pralinette!
C'est tellement chou d'avoir choisi Baudry <3.
Du coup, ça m'a donné super envie de lire ton histoire et Germain m'a bien fait rigoler.Tes personnages ont l'air hauts en couleur!!
J'admire aussi la technique pour faire un lien entre Astel et l'extérieur.
Des bisous et à bientôt!
Praline
Posté le 20/02/2017
Coucou Loup ! Un grand merci pour ton commentaire en tout cas :')
huhu rien que le nom de Baudry était inspiran, comment ne pas le choisir ?  
A tout bientôt <3 
Vous lisez