Tout schuss !

Premier jour

Céline et Seb sont à la bourre.

C’est toujours pénible, le premier jour au ski : faire 20 minutes de file à la boulangerie pour voir les derniers croissants vous filer sous le nez, se rendre compte qu’on n’a pas pris les bonnes capsules pour la machine à café, acheter les forfaits à une mégère acariâtre qui prend un malin plaisir à parler super bas derrière la vitre de son guichet, louer le matos à prix d’or dans un magasin surchauffé qui sent la transpiration, se pincer le doigt en serrant sa chaussure, se rendre compte qu’on a oublié ses gants à l’appart, et, de retour au pied des pistes, réaliser qu’on a déposé la crème solaire sur la table en allant rechercher les gants, s’engueuler parce que merde, racheter un tube de crème de dépannage, chercher son point de rendez-vous parmi la forêt de panneaux qui jonchent l’esplanade de l’école de ski, en se faisant bousculer par une horde de snowboardeurs anglais qui se croient en pays conquis…

Mais au bout du chemin, le sourire décontracté de Romain dissipe toutes les tensions !

  • Céline, Sébastien ?
  • Oui. C’est nous. Désolé, on est en retard.
  • Pas de soucis. Je suis Romain, votre moniteur. Détendez-vous, c’est les vacances. On va passer une super semaine de ski ensemble. Regardez-moi ce beau ciel bleu ! Et la météo annonce du beau temps pour les prochains jours.

C’est vrai. Il fait magnifique. Céline et Sébastien s’en étaient à peine rendus compte. Tant mieux, car cette année, ils ont décidé de s’offrir un cours de ski privé pendant toute la semaine. Et tant pis pour le trou dans la caisse !

Le reste de la journée est un régal : neige excellente, ciel bleu, sensations retrouvées malgré des articulations encore un peu rouillées par des mois de vie trop sédentaire, pique-nique face à un panorama grandiose !

Le soir venu, devant leur plateau de fromages qui s’éclaircit, Céline et Seb sentent leurs jambes s’engourdir et leurs joues s’enflammer sous l’effet du petit cahors qui se vide doucement, et de cette belle journée au soleil que n’a pu entièrement absorber la crème bon marché de ce matin.

C’est la première fois qu’ils viennent au ski sans les enfants. Aux cris, aux rires et aux pleurs des anciennes années, font place des silences, des bruissements, les cliquetis de couverts et les tintements de verres. C’est à la fois terne et savoureux. Une sensation étrange.

Céline se taille un joli cube de tomme, le pose sur son morceau de pain et, au lieu de le gober, interpelle son mari :

  • Tu as compris, toi, ce qu’il voulait dire, Romain, avec sa différence entre « tournant » et « virage » ?
  • Sébastien répond d’un air enjoué : non, mais je sais qu’il veut qu’on vire et pas qu’on tourne !
  • Ça nous fait une belle jambe !
  • Faudra qu’on lui demande de clarifier ça demain.

Sébastien tapote sur son smartphone.

  • Ah, tiens ! Il est sur Facebook. C’est bien Dupraz, son nom ? Romain Dupraz ?
  • Oui, je crois.
  • Ah oui, c’est lui sur les photos, s’exclame Sébastien. Je le reconnais. Il nous a bien dit qu’il était bucheron en été ?
  • Oui.
  • Merde alors ! Bien bâti le mec !
  • Montre !

Seb s’amuse de l’empressement que Céline tente maladroitement de dissimuler en passant une main dans les cheveux. Il la charrie :

  • Mmmh… Si je te montre ça, tu auras du mal à te concentrer demain.
  • Allez, laisse voir !

Sébastien tourne son écran vers Céline. Romain, leur moniteur de ski, se dévoile dans sa tenue d’été : chemise à carreaux entrouverte, qui laisse deviner un torse velu et galbé, les manches retroussées sur de beaux avant-bras fibreux, teint buriné, sourire étincelant, regard délavé. Une vraie pub pour une marque de tronçonneuses ! Mais authentique, sans outrance, sans vulgarité.

  • Céline s’exclame : Ah oui, en effet ! Et son regard ! Ça change tout sans ses lunettes de soleil !
  • Je te l’avais dit. Demain, tu ne pourras plus t’arrêter de penser à son beau corps musclé !
  • Ridicule. Je parie qu’il est plus jeune que moi. Je n’y pense même pas. Je n’aurais aucune chance.
  • Je n’en suis pas si sûr. Je peux te dire que je n’étais pas seul à mater tes jolies fesses tout à l’heure sur les pistes !

Céline hausse les épaules en se rapprochant de Seb pour mieux voir. Ils font défiler les photos sur l’écran. Romain est beau, certes, et il le sait, il le montre. Plein de vigueur : tantôt sur les pistes, tantôt dans les bois, armé de sa hache, tantôt sur un VTT, avec des clients, des amis peut-être. On le voit aussi beaucoup avec de jeunes handicapés. Une maison d’accueil spécialisée apparemment, où il semble être bénévole. Certains personnages apparaissent régulièrement à ses côtés. Sans doute des collègue, ou des potes. Mais c’est d’abord une sorte de mélancolie qui se dégage de ces images. Il semble seul malgré tout. Profondément seul. Il y a bien un jeune garçon qu’il tient contre lui. Peut-être son fils. Mais en tout cas pas de femme, pas de famille. Pas vraiment de joie, plutôt de l’action, une vie chargée, comme pour remplir un vide.

Ce soir-là, Céline se touche sous la douche. Des images défilent. C’est confus. Une photo l’a marquée : celle où Romain fait du vélo sur une route vibrante de chaleur. Ses muscles sont tendus et luisants. Il est arcbouté sur son guidon et les rayons du soleil semblent former une boule de feu en s’abattant sur son épaule saillante. Elle imagine cet homme la serrer très fort contre lui. Il pourrait empoigner ses hanches dans ses mains puissantes, même lui tirer les cheveux ou l’étrangler, à la limite de la douleur, avec la force maîtrisée d’un désir à la fois tendre et ardent.

Son orgasme l’achève complètement. Elle rejoint le lit en chancelant et s’écroule comme une masse à côté de Sébastien qui dort déjà à poings fermés.

 

*

*             *

Jour 2

Seb et Céline ont réservé un petit resto pour le dîner. Ils se remémorent la journée. Elle lui demande ce qu’il pense de ses virages longs :

  • Mes skis sont presque parallèles maintenant, tu as remarqué ? J’ai bien progressé, non ?
  • Oui. C’est vraiment pas mal. Il faut dire que Romain est bon pédagogue, répond Sébastien d’un air malicieux.
  • Céline l’interroge du regard.
  • Seb poursuit, amusé : Je pense que grâce à lui, tu sais à présent où sont tes ischio-jambiers !
  • Céline rosit.
  • Avoue : il t’a carrément caressé l’arrière des cuisses !
  • Céline rétorque : C’est vrai qu’il a parfois des gestes audacieux. En même temps, je crois que c’est l’expérience et sa vision de la pédagogie, justement ! Quoi de mieux que de toucher un muscle pour faire comprendre où il est ?
  • Et quoi de mieux qu’attraper tes hanches pour te faire sentir un mouvement de rotation !
  • Céline rougit : C’est vrai qu’il est tactile. Mais ça reste raisonnable, je trouve.
  • Et ce n’est pas pour te déplaire, réplique Sébastien.
  • Céline renchérit : Toi non plus, il m’a semblé ! Tu le regardais faire avec grand intérêt.
  • Seb est pris au dépourvu. Il cherche ses mots : OK. J’avoue ! J’aime voir que tu plais aux hommes, tu le sais bien !

Les steaks au poivre arrivent. Saignant pour elle, à point pour lui. Entre deux bouchées, Sébastien lâche :

  • Tu pourrais t’imaginer coucher avec lui ?

Céline reste bouche bée un instant. Ses joues s’enflamment et ça picote au creux de son ventre. Elle jette des regards furtifs alentours pour s’assurer que les autres clients n’ont pas entendu, puis se penche fébrilement vers son mari en chuchotant :

  • Tu es sérieux ?

Seb aussi est troublé, presque surpris par sa propre audace. Ça gonfle dans son pantalon. Il bredouille :

  • Oui, enfin je crois… Je crois même que ça me plairait de vous regarder tous les deux !

S’en suit un long silence. Ils mastiquent leur viande pendant que les pensées s’entrechoquent, encore trop brutes, trop foisonnantes pour être formulées. Céline a besoin de reprendre ses esprits. Elle s’éclipse aux toilettes.

Assise sur la cuvette, elle réalise à quel point la proposition de Sébastien l’a ébranlée. Son cœur bat toujours la chamade. C’est moite entre ses cuisses. Bien sûr, elle connaît Seb et son délire candauliste : assister aux ébats de sa femme avec un autre homme ! Ils en parlent parfois, mais sans trop y croire, pour s’émoustiller, sans même vraiment le vouloir. Juste un fantasme en somme ! Mais là, c’est différent, car ce Romain, séducteur, un peu bad boy, un peu paumé même, sans attache… Il a le profil pour ce genre de plan. Et puis, ce garçon lui plaît. À la fois tendre et rugueux, insaisissable, beau, sexy même !

De retour à table, en plantant son regard dans celui de Seb, elle déclare sans ambages :

  • Eh bien pourquoi pas, si l’occasion se présente !

Ce soir-là, ils font l’amour comme des bêtes. Céline vagit, gémit, puis rugit à gorge déployée, comme pour se faire entendre de tout l’immeuble et même au-delà, par-dessus les mélèzes, jusqu’au chalet dans l’alpage où elle imagine Romain, torse nu sur sa terrasse, qui attend son tour en frottant la bosse qui gonfle sous son pantalon.

Alors qu’il lime sa femme à grands coups de reins, Seb sent l’orgasme arriver à son tour. Contre toute attente, elle se dégage de l’emprise et gobe son pieu. Il gicle dans sa bouche. Le sperme coule sur son menton et le long de son cou, alors qu’elle aspire goulument les dernières gouttes. C’est la première fois qu’elle lui fait ça !

C’est comme s’ils venaient tacitement de sceller un pacte : jusqu’à nouvel ordre, elle se conduira comme une petite pute, et le prochain qui viendra en elle sera Romain !

 

*

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Jour 3

Aujourd’hui, quelque chose a changé sur les pistes. Le cours dure deux heures, et c’est comme un compte à rebours. Comment faire comprendre à Romain qu’il est devenu l’objet du fantasme brûlant de ses élèves ? Surtout que Céline et Seb ne se sont pas concertés !

Spontanément, sans trop réfléchir, Céline s’essaye à prendre des pauses plus lascives que d’habitude, à bomber la poitrine et à creuser les reins, mais Romain semble n’y voir que des mauvaises postures de ski à corriger ! Seb tente quelques allusions qui tombent à plat. Il dit qu’il adore regarder sa femme skier, et aussi quand elle fait son stretching en rentrant le soir. Et qu’elle aurait peut-être besoin d’un coach en fitness. Mais Romain n’a décidément pas l’air très réceptif.

Las, ils se retrouvent le soir à débriefer devant une pizza.

  • Céline est amère : Je l’ai presque trouvé froid aujourd’hui, distant. Alors que les autres jours, il était si avenant !
  • Oui. Bizarre, pourtant tu as été très aimable.
  • Pas trop j’espère ?
  • Non, au contraire, je t’ai trouvée charmante.
  • Je lui ai peut-être fait peur !
  • Mais non, c’est un grand garçon. Il a remarqué que tu étais en mode séduction. Il a peut-être été un peu surpris, c’est tout.
  • Tu ne penses pas que c’est ridicule ? Il faudrait peut-être oublier tout ça !
  • Non ! Je voudrais essayer, tenter d’aller jusqu’au bout, pour de vrai… Sauf si tu n’as plus envie, évidemment.
  • Les papillons au creux de son ventre poussent Céline à la sincérité : Non, j’ai envie aussi !

 

  • Mais le doute la reprend le dessus presque immédiatement : Ça ne marchera jamais ! Il reste deux jours. Comment pourrions-nous attirer cet homme dans notre lit en si peu de temps ? En plus, on ne parle pas d’une petite tromperie avec la nana en mal d’amour qui se fait son moniteur à la sauvette ! On parle d’un plan à trois avec le mari qui mate ! C’est pas banal tout de même !
  • Taquin, Seb rebondit : Je ne me contenterais peut-être pas de mater !
  • Face à l’œil curieux de son épouse, il développe en pointant du nez le canapé : Au début, je vous vois bien là tous les deux. Moi je serais sur le tabouret de la cuisine, en train de siroter un verre. On rentrerait du resto ou d’un bar… Sébastien se ravise : Ou alors, peut-être que pour le mettre à l’aise, je commencerais par t’embrasser et te déshabiller devant lui…
  • Céline rougit, mais se prend au jeu : Il faudrait éteindre cette lumière trop crue, dit-elle en désignant le plafonnier.
  • Eh, mais le but c’est de se voir !... Attends, on pourrait peut-être juste allumer la lampe de la hotte. Essaye pour voir !
  • L’ambiance lumineuse que crée ainsi Céline semble leur convenir à tous les deux. Enthousiaste, elle s’exclame : Et la musique !
  • Quelle musique ?
  • Ben il faudrait une musique d’ambiance, non ? Sans rien, ça risquerait d’être un peu glauque.

Et les voilà à la recherche d’une play list. Il leur faut presque une heure pour tomber d’accord. Après avoir écouté des dizaines de morceaux : trop rock, trop français, musique d’ascenseur, trop répétitif, trop disco, mièvre, moche, long, court, pas assez mélodique, vieillot ; ils finissent par tomber sur un album de musique lounge. Ce sera celui-là !

Mais ils ne sont pas au bout de leurs émois. Sébastien s’écrie soudainement : Tu as amené de la lingerie ?

  • Euh non ! L’idée c’était de venir au ski, pas de se faire le moniteur !

La solution s’impose rapidement : ils iront acheter des sous-vêtements sexy dès demain matin, quitte à descendre dans la vallée s’il le faut. La suite du plan est simple : ne pas trop en faire sur les pistes, mais plutôt inviter Romain à passer une soirée dans un bar, le chauffer au maximum, puis on avisera !

 

*

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Jour 4

A part un carambolage avec le groupe de snowboardeurs anglais, heureusement sans gravité, le cours de ski s’est bien passé. Moins tendu qu’hier. Mais surtout, le rendez-vous est pris avec Romain. 21h au Schuss, un bar branché de la station.

Romain a accepté sans difficulté l’invitation de ses élèves pour cette soirée autour d’un verre. C’est même lui qui a proposé le Schuss. Seb et Céline, n’ayant rien d’autre à suggérer, n’ont pu qu’acquiescer, mais avec la crainte de se retrouver dans un de ces bars de montagne bourré à craquer, bruyant, plein de touristes ivres et mal éduqués qui perdent toute retenue au bout du troisième verre… Dans le genre des surfeurs de cet après-midi !

Le couple arrive bien à l’avance, histoire de trouver une bonne place. Malheureusement, tous les fauteuils sont déjà occupés. Ils se rabattent sur les tabourets du bar. Pas mal non plus. Céline se dit que ce sera plus commode pour butiner, comme une abeille !

Une jolie petite abeille, qui s’est faite très sexy pour l’occasion. Ce matin, ils ne se sont pas contentés de lui acheter de la lingerie, mais aussi un beau chemisier satiné, qu’elle a largement échancré, histoire de faire apparaître la fine broderie de son soutien-gorge balconnet. Pour le bas, c’est son jeans moulant, qui lui dessine de si belles fesses. Une valeur sûre dans laquelle elle se sent bien. Idem pour les chaussures. Sébastien lui a fait essayer des escarpins à talons, mais sans succès. Elle porte finalement ses baskets à semelles compensées, ornées de bandes argentées. Ç’est très bien aussi avec le jeans, et ça colle mieux à son humeur : chatoyante !

Romain finit par débouler avec une bonne demi-heure de retard. Arrivés au bout de leur Moscow Mule depuis un bon moment, Seb et Céline commençaient à désespérer. Romain leur présente son large sourire, son regard de jade et quelques mots bredouillés en guise d’excuse.

Le début de la soirée est plutôt décevant. Romain est dissipé. Il est en terrain connu et régulièrement hélé par des gens de toutes sortes : des collègues, des amis, d’autres clients. Il passe même un long moment à plaisanter avec des jeunes femmes.

Céline, un peu jalouse, un peu frustrée, un peu éméchée aussi, décide de passer à la vitesse supérieure.

Profitant de l’ambiance bruyante, elle cherche des occasions de se rapprocher de Romain et lui parler au creux de l’oreille. Surtout ne pas parler de ski ! Ça risquerait de briser le charme immédiatement. Alors, elle commente la musique qui passe, et disserte sur les saveurs de son cocktail. Ce faisant, elle laisse sa main se perdre, tantôt sur l’épaule de son moniteur, tantôt même sur sa cuisse. Délicatement, du bout des doigts, sans vraiment oser, de peur de l’effrayer. Et de peur se s’effrayer elle-même aussi. Car Céline n’en mène pas large. Son cœur palpite, sa gorge est sèche. Entraîneuse de bar, ça ne s’improvise pas !

L’idée est de s’isoler autant que possible du reste de la salle, de créer une bulle de volupté à eux trois, dans laquelle Romain se sente bien, où il ait envie de rester, où il comprenne que quelque chose de spécial se joue : rien moins qu’un couple qui l’entraîne dans son intimité !

Pas évident, pour Céline, de montrer qu’il s’agit d’une proposition de trio, où personne n’est mis de côté, où tous sont consentants, où chacun a sa place. D’autant que Seb ne l’aide pas beaucoup. Certes, il observe sa femme papillonner avec grand intérêt. Et il lance même quelques œillades et des sourires entendus à Romain, mais on le sent tendu, raide. C’est presque contreproductif. Céline comprend bien qu’il s’agit d’excitation mêlée d’impatience, mais Romain pourrait bien ne pas l’interpréter ainsi.

Alors Céline veille à détendre son mari, en lui réservant également des apartés. Avec lui, elle peut lever les inhibitions, et n’hésite pas à le bécoter, à lui caresser le torse et même à lui mordiller l’oreille, non sans observer Romain du coin de l’œil, qui semble toujours sur ses gardes.

La soirée se poursuit ainsi : Céline qui déploie des trésors d’ingéniosité pour faire avancer le programme, Sébastien, cramponné à son verre, qui cherche une posture et Romain, qui perçoit bien la charge libidinale ambiante, certes engageante, mais sans vraiment y céder.

Il est presque minuit et c’est ainsi qu’ils se séparent, sans parvenir à transformer l’essai.

 

De retour à l’appartement, Seb s’excuse pour son attitude. Il a l’impression d’avoir tout faire foirer. Il était trop nerveux, n’a pas réussi à se détendre, à mettre Romain à l’aise. Céline le rassure :

  • Au contraire, c’est moi qui ai été maladroite. J’en ai trop fait.
  • Pas du tout. Je t’ai trouvée super sexy. Tu étais parfaite ! Et crois-moi, Romain a aimé ça.
  • Mes grosses cuisses ont dû l’effrayer !
  • Arrête, tu as un cul parfait, et les jolies cuisses qui vont avec.
  • Tu es bien sûr que tu aimerais me voir avec un autre ? Tu le supporterais ?
  • Je t’avoue que je serais un peu jaloux… Certainement… Mais c’est le but, non ? Et au final, l’excitation l’emporterait… Enfin, pas avec n’importe qui, pas n’importe comment. Mais ici, avec Romain, je le sens bien. Je ne peux pas te dire pourquoi. J’ai l’impression que c’est un gars bien, qu’il a la tête froide, qu’il est capable de comprendre à quel jeu on joue. Et puis, dans quelques jours, des centaines de kilomètres nous sépareront. Il n’y aura donc pas de suite possible… Au cas où tu tomberais amoureuse !
  • Céline baisse les yeux. C’est vrai que je le trouve attirant. Et il a l’air gentil. Respectueux. Pas trop con. Mais je suis certaine qu’une relation prolongée avec ce gars est impossible. Il est du genre à ne pas vouloir s’engager.
  • Par contre, ce doit être un bon coup !
  • Céline sourit : Possible !
  • Tu sais, ce soir, même si j’ai été maladroit, même si j’ai peut-être saboté le plan inconsciemment, je n’avais qu’une envie : vous voir baiser ! Te taper ce beau mâle, sous mes propres yeux !
  • Céline est perplexe. Tu pourrais vraiment te contenter de nous regarder ?
  • Je t’ai déjà dit : pour vous mettre à l’aise, je lancerais les festivités, mais je m’éloignerais rapidement pour pouvoir vous mater. Et toi, de ton côté, ne me perds pas de vue, hein !… Ne m’ignore pas ! C’est important. Il faut qu’on garde le contact pendant que vous le faites !
  • Tu peux compter sur moi !
  • Rassuré, Seb poursuit en chuchotant : alors, je crois que je commencerais par déboutonner ton chemisier. Il poursuit en joignant le geste à la parole : Ensuite, je dégrafe ton soutien-gorge. Comme ça. Je t’embrasse tendrement. Puis je te fais pivoter pour qu’il puisse t’admirer. Il pourrait être là, debout, en face de toi. Tu l’imagines ?
  • Oui !
  • Comme il hésite encore un peu, tu dégages les épaules pour l’inviter à toucher. Il vient caresser tes seins et effleure tes tétons. Je te pousse doucement vers lui. C’est mon feu vert et il te regarde pour savoir si tu es consentante. Tu lui réponds par un baiser.
  • Avec la langue ?
  • Oui, pendant que tu lui caresses la nuque… Vous vous dirigez vers le canapé et moi, je vais m’installer au bar.
  • N’oublie pas de mettre la musique !
  • D’accord !

Et Sébastien de démarrer leur play list, en se hissant sur la chaise haute. Céline s’installe dans le canapé.

  • J’aimerais que tu commences par le sucer !
  • Pas trop vite ! Je voudrais qu’il me caresse d’abord, qu’il m’embrasse les seins.

 

Sébastien porte sa main à l’aine. Sa queue gonfle. Il l’extrait du pantalon et la serre doucement. Céline s’enfonce dans les coussins en frôlant ses seins du bout des doigts. Elle ferme les yeux. Sans prendre la peine de défaire sa ceinture, son autre main trouve un chemin sous le jeans et s’aventure vers le bas-ventre.

  • Seb demande : Tu veux qu’il te lèche après ?
  • Céline hésite. Non, je crois que ça me ferait monter trop vite… Tu as raison, je le suce !
  • Comment ?
  • Il est dans le canapé et je me mets à genoux entre ses jambes… Les yeux toujours fermés, Céline imagine la scène et interpelle son mari : je serai de dos dans cette position, tu risques de ne pas bien voir de là où tu es !
  • J’en verrai assez, avec ta tête qui remue au-dessus de son bassin. Vas-y profond. Suce-le goulument ! J’ai envie d’entendre les bruits de ta bouche. Laisse couler ta salive !
  • Oui ! Je vais essayer de tout mettre dans ma bouche. Même si je crois qu’il en a une trop grosse.  J’ai envie de le rendre dingue, ce macho !
  • Ne le laisse pas jouir trop vite !
  • Bien sûr que non ! Pour ça, il attendra.
  • Alors il faut calmer le jeu !

Au propre comme au figuré, Céline et Sébastien marquent une pause. Ils interrompent chacun la masturbation qui les amenait tout droit vers un orgasme trop empressé. Elle dégouline. Une tache sombre auréole son pantalon. Lui est énorme et dur comme du bois, à la limite de la douleur. Il reprend le dialogue :

  • À ce moment-là, tu devrais revenir vers moi pour que je termine de te déshabiller.
  • Oui, comme ça on souffle un peu. Je crois que j’en profiterais pour te serrer très fort dans mes bras.
  • Pourquoi ?
  • Pour te rassurer, je crois. Aussi pour lui montrer que je t’aime !
  • D’accord, dit Sébastien avec gratitude, mais ne perdons pas le fil. J’enlève ton pantalon !
  • Et ma culotte ?
  • Oui, tes sous-vêtements aussi. Tu es toute nue !
  • Et lui ?
  • Il te regarde évidemment !
  • Je veux dire : il est encore habillé ou pas ?
  • Comme tu veux !
  • Je voudrais qu’il soit torse nu, mais qu’il garde son pantalon, avec juste sa queue qui sort de la braguette. Et avec ses chaussures de rando encore aux pieds !
  • Il t’excite, hein, le bucheron !
  • Oui !... Alors, je retourne vers lui ?
  • Oui. Tu t’embroches sur lui, maintenant ! Tu prends sa queue et tu la fais glisser en toi. Là, sur le canapé, à califourchon sur lui !
  • Tu es sûr que tu supporterais ça ? Je ne veux pas qu’on commette une bourde. Je ne veux pas qu’on regrette !
  • Au contraire, je voudrais même que tu lui tournes le dos et que tu sois face à moi, que tu me regardes bien droit dans les yeux pendant que tu le chevauches !... Et surtout, prends ton temps, laisse ton bassin onduler. Fais-moi profiter du spectacle !

 

Sébastien parle plus fort. Son souffle est court. Il se branle vigoureusement. Céline, gorgée d’émotions, masse son clitoris en feu. Gonflée de désir, elle a envie de crier et de pleurer en même temps. C’est comme une sensation d’absolu, d’amour intense, pour Sébastien, son mari, qu’elle regarde fixement, et indistinctement pour Romain, qu’elle imagine en elle, les mains en tenaille sur ses hanches, en train de grogner pendant qu’il la fait coulisser sur son pieu, le torse tout luisant, en sueur, comme sur la photo.

Elle visualise la suite, où Romain la met à quatre pattes et la prend en levrette. A grands coups de reins, ses abdominaux, durs comme la pierre, claquent sur ses fesses moelleuses. Il l’attrape par les cheveux pour mieux la brider. Pendant ce temps, Sébastien se serait rapproché pour bien voir le plaisir monter dans ses yeux fiévreux et entendre les mots qu’elle lui souffle d’une voix rauque, un mélange de louanges et d’obscénités.

A peine commence-t-elle à décrire la scène à son mari, que ses mots s’étranglent dans un profond râle de jouissance mêlé de sanglots.

Sébastien explose à son tour, répandant des giclées de foutre autour de lui, en étirant le cou vers le ciel, tel un loup qui hurle à la lune.

 

*

*             *

 

Jour 5

En arrivant sur les pistes, Céline s’empresse de proposer à Romain de créer un groupe WhatsApp à eux trois. Il accepte immédiatement. Elle jubile intérieurement. C’était un test pour elle. Insomniaque, cette nuit, elle s’est dit que s’il refusait, il faudrait faire le deuil de toute cette histoire, sans regrets. S’il acceptait, il restait une chance d’aboutir à quelque chose avant demain, jour du départ.

Ce dernier cours de ski n’est pas comme les autres. La tension érotique d’hier soir au bar est toujours palpable. Il y a de l’électricité dans l’air, une forme d’urgence. Les trois acteurs semblent se chercher un rôle pour la scène finale.

Leur itinéraire les mène à une télécabine. Par hasard, il n’y a personne devant et les snowboardeurs anglais qui arrivent derrière préfèrent se rassembler pour prendre la cabine suivante. Pour une fois, ils tombent bien, ceux-là ! Céline, Seb et Romain montent donc à trois. Rien qu’à eux trois ! Les voilà déjà projetés en suspension au-dessus des pentes, portés par le câble d’acier qui les tracte pour une ascension de dix minutes. Le calme s’installe. Seul le son mat des galets de roulement bien huilés se fait entendre. Et au loin, quelques éclats de voix venus des pistes.

Leur cabine est vaste et munie de banquettes, mais ils restent debout tous les trois, accrochés à la barre centrale, collés l’un contre l’autre, comme dans le métro.

Seb et Romain regardent Céline. Intensément. Comme s’ils voulaient la dévorer toute crue, là, sans vergogne. Ils n’attendent que son signal, l’ouverture du dernier acte.

 

Céline est terrifiée. Elle est craquante avec ses grands yeux de biche qui fixent les deux hommes alternativement, comme pour demander de l’aide. Pourtant, elle sait qu’elle a la main. Il faut briser la glace. Un signe, un geste. C’est maintenant ou jamais. Le temps presse. Il doit à peine rester deux minutes. La gare terminale du téléphérique approche.

Finalement, sans plus réfléchir, elle avance son visage vers celui de Seb et l’embrasse sensuellement, puis, attrape la mandibule de Romain et fait de même avec lui. Leurs langues se mêlent dans un profond baiser charnel, sous l’œil brillant de Sébastien, qui serre doucement la main de sa femme.

La cabine arrive à destination dans un grand fracas métallique. Confus, les trois larrons gagnent les pistes les yeux baissés. Affolés par leur propre conduite, leurs regards se croisent à peine pendant le reste du cours, et ils se séparent à la va-vite, presque comme des voleurs.

Le soir venu, le cœur gros, mais aussi encore avides de pousser plus loin la transgression, Seb et Céline décident d’envoyer un message à Romain sur le groupe Whatsapp. Demain, leur train part à 7h00. C’est la tentative de la dernière chance :

Coucou Romain. Si tu es libre ce soir, tu es le bienvenu chez nous. On est à la résidence des Abeilles, appartement 5.C. Bisous. Céline et Seb ;-)

 

*

*             *

 

Jour 6

Il est minuit quinze. Techniquement, c’est le dernier jour des vacances, le jour du départ.

Le tintement d’une notification retentit sur les téléphones de Seb et Céline.

C’est Romain qui a posté un message sur le groupe :

Vous êtes encore debout ? Je peux passer maintenant ?

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Hylla
Posté le 24/10/2024
Hello !

C'est une chouette nouvelle, où la mise en tension progressive est bien menée ! C'est intéressant de voir une romance sous cet angle, c'est nouveau et ça donne un vrai plus au récit.

Je te fais ci-dessous mes commentaires plus ciblés, si jamais tu souhaites un jour retravailler ce texte et que mes retours te sont utiles :
- Romain est clairement le love interest de cette histoire mais pourtant, beaucoup de ce qui le concerne se passe sans lui. Tu pourrais par exemple développer davantage les scènes avec lui avant que le couple ne passe en mode offensif. Il y aurait plein d'émotions qui pourraient être développées chez les personnages : la déconcentration, la gêne, etc. ?
- Il n'est pas clair que Seb et Céline sont ensemble dès le début, ça pourrait être clarifié ?
- Pour quelqu'un qui n'a jamais fait ça encore je trouve que Céline n'a pas beaucoup d'hésitations. Pourrait-elle avoir moins d'assurance ? Ou alors ça pourrait ne pas être leur premier trio ?
- Pour la mise en forme, il vaut mieux privilégier les tirets cadratins et annuler la mise en forme systématique des puces. De même, parfois, tu as mis avec un indicateur de dialogue des passages narratifs, il faudrait les mettre à la ligne avec un alinéa
- Pour le final, pourquoi ne pas offrir cette scène au lecteur ?

Ce sont des pistes, je ne sais pas ce que tu en penses ! En tout cas bien joué, la nouvelle est bien menée :)
Abeille-Bee
Posté le 25/10/2024
Je suis ravi que la nouvelle t’ait plu.

Merci pour ton commentaire très constructif dont je retiendrai certainement des éléments.

Je voudrais néanmoins garder un format court, autour de 5.000 mots, et j’hésite à amener des approfondissements, même si c’est tentant et sans doute utile, voire nécessaire, comme tu le suggères.

Concernant la mise en page, mes tirets se sont transformés en puces quand j’ai téléchargé le texte sur le site. Mais il ne s’agissait pas d’authentiques tirets cadratins en effet, ce qui explique sans doute le problème.

Quant à la scène finale, je pourrais bien l’envisager dans une autre nouvelle, qui pourrait se lire comme la suite de celle-ci ;-)
Hylla
Posté le 25/10/2024
Top ! Je regarderai ça alors ;)
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