Nekfeu a dit « Tu m’aimes et pourtant tu me fais plus de mal que mon ennemi. »
Je me répète cette phrase depuis des jours, comme une évidence qui refuse de se taire. Elle tourne dans ma tête, elle me hante. Parce qu’elle contient toute la contradiction de ce que je ressens pour toi. Parce qu’elle dit tout ce que je n’arrive pas à formuler autrement.
Tu m’aimes, je le sais. Je l’ai vu dans ton regard, dans ta façon de me parler, dans ces moments où tes mains cherchaient les miennes sans un mot. Et c’est justement ça qui me détruit. Parce que ton amour ne devrait pas faire si mal. Il ne devrait pas me laisser avec cette impression de vide après chaque discussion, ce nœud dans la poitrine, cette fatigue de devoir comprendre ce qui ne s’explique pas.
Avec un ennemi, c’est simple. Il y a la distance, la défiance, la clarté du conflit. On sait qu’il veut nous blesser, on s’y prépare, on se protège. Mais avec toi, je n’avais pas d’armure. J’ai tout laissé tomber. Je me suis offert sans méfiance, persuadé que l’amour était un refuge. Et c’est dans ce refuge que j’ai été le plus blessé.
Le mal que tu fais n’est pas brutal, il est insidieux. Il se glisse dans les silences, dans les non-dits, dans les absences qui s’étirent. Il s’installe quand tu dis “ça va” alors que tout s’effondre à l’intérieur. Il s’accroche à ces gestes où tu sembles présent sans vraiment l’être. C’est un mal doux, presque tendre, celui qu’on ne remarque pas tout de suite. Il se nourrit de l’amour lui-même, comme si aimer devenait une manière de se détruire lentement.
Je ne te déteste pas. J’en serais incapable. Mais parfois, j’aimerais que ce soit plus simple, que tu sois mon ennemi plutôt que cette présence incertaine qui m’aime à moitié et me blesse en entier. Parce qu’au moins, avec un ennemi, il n’y a pas d’espoir. Avec toi, il y en a toujours un peu, et c’est lui qui me tue à petit feu.
Tu dis que tu m’aimes, mais ton amour me fait douter de moi, de tout. Il me pousse à chercher ce que j’ai fait de mal, à me demander si je mérite ce que tu me donnes ou ce que tu retires. Et quand je commence à comprendre que ce n’est pas moi le problème, que c’est juste… nous, je ressens une tristesse immense. Parce que j’aurais voulu que ça marche. J’aurais voulu que ton amour soit un abri, pas une tempête.
Je crois que le plus cruel, c’est que je continue à t’aimer malgré tout. Malgré les blessures, malgré les déceptions, malgré le manque. C’est absurde, je le sais. Mais l’amour ne suit pas la logique. Il s’accroche là où il ne devrait plus, il s’entête, il espère encore. Peut-être que c’est ça, le vrai danger : aimer quelqu’un qui nous fait du mal, non pas parce qu’il le veut, mais parce qu’il ne sait pas faire autrement.
Et moi, je reste là, à espérer que quelque chose change, que tu apprennes à aimer sans blesser, à être là sans disparaître. Mais plus le temps passe, plus je me rends compte que ce n’est peut-être pas toi qui dois changer, c’est moi. Peut-être que je dois apprendre à me détacher, à ne plus confondre l’amour avec la douleur. À comprendre qu’on peut aimer quelqu’un et pourtant devoir s’en éloigner pour se sauver soi-même.
Tu m’aimes, oui. Mais ton amour me consume. Il m’use comme une flamme trop proche de la peau. Et je ne sais plus comment l’éteindre sans me brûler davantage.
